samedi 26 mars 2022

Si de l’« îtifar » l’Arabie se souvient

 A l'heure où la menace de pénurie alimentaire pèse de plus en plus sur de nombreux pays dont les réserves céréalières dépendaient essentiellement du blé ukrainien, il ne serait pas indécent de rappeler à certains Arabes et musulmans impliqués dans la tragédie syrienne, et qui crient famine aujourd'hui, sur quelle manne providentielle ils avaient craché en contribuant à la destruction du bilad es-scham

     Parce que, hélas ! beaucoup de « frères » et de musulmans sont mouillés jusqu’au menton dans les crimes perpétrés contre la Syrie, j’estime qu’il ne serait pas indécent de leur rappeler que la Syrie fut à juste titre la mère nourricière de leurs ancêtres. Mais avant de remonter à plus de 15 siècles pour parler du fameux « îtifar » préislamique, il faut dire à tous les amnésiques de la généreuse terre syrienne que le bilâd asch-scham a été et demeura jusqu’à un passé très récent le pays de la manne céréalière dont une bonne partie de l’humanité tirait son pain. Quand en 1958, Naceur clamait que « Damas est le cœur palpitant de l’arabité »[1], son assertion n’était pas une simple métaphore due à un lyrisme panarabiste naissant, ni seulement l’expression sincère de cet élan de ferveur unioniste née au lendemain de la Révolte arabe de 1916-1918. Outre les donations gracieuses allant à tel ou tel pays frères frappés de quelque calamité, il n’est pas un seul pays arabe ni musulman qui n’ait joui du tarif préférentiel[2] en s’approvisionnant du blé syrien. Par ailleurs, c’est un fait historique connu que le bilâd ash-Châm [la grande Syrie historique] fut toujours un pays de prédilection pour les Mecquois. L’arrière-grand-père du Prophète, Hachim ibn Abd Manaf, après en avoir fait le principal pôle du commerce extérieur du Hedjaz, n’a cessé de s’y rendre tout au long de sa vie.  Depuis le fameux « pacte de Quraïsh », plus tard évoqué par le Coran, il fut constamment à la tête des caravanes reliant sur « la Route de l’encens » l’Ethiopie, le Yémen et le Châm. Et d’ailleurs, c’est à Gaza, à l’époque province syrienne, que ce personnage mourut vers 497 et fut enterré. Bien des siècles plus tard, ses petits-fils seront les fondateurs de la dynastie hachémite qui gouverne actuellement la Jordanie. Près d’un siècle après Hachim, comme si l’ancêtre avait transmis à son arrière-petit-fils cet attachement particulier à la Syrie, le Prophète, alors que la Syrie était encore byzantine, en disait : « Le Châm est à Dieu ce qu’il y a de mieux sur terre. Et c’est vers ce pays que Dieu guide ce qu’il y a de meilleur parmi les hommes »[3].  Une perception identique se dégage d’un éloge décerné à ce pays par Abdallah ibn Amr ibn al-Âs (616-683), compagnon du Prophète et compilateur de sa tradition. « Le Bien ainsi que le Mal, dit-il, furent divisés en dix parts. Alors que neuf dixièmes du Bien et seulement un dixième du Mal ont été attribués au bilâd ash-Châm, le dixième restant du Bien ainsi que les neuf dixièmes du Mal ont échu au reste du monde. »[4]

     Quand au 20e siècle André Parrot découvre une inestimable part des trésors archéologiques de la Syrie, il ne peut que souligner à son tour, et d’un accent que la science, l’archéologie et l’histoire rendent plus souverain que « Tout être civilisé au monde doit reconnaître qu’il a deux patries : celle dans laquelle il vit et la Syrie »[5]. L’hommage ainsi rendu au bilâd ash-Châm par cet archéologue français et ancien directeur du musée du Louvre ne fait, en réalité, que revigorer l’assertion de Naceur et la doter de plus de justesse. Renchérissant d’une part sur le leader arabe en honorant davantage la Syrie comme patrie universelle de l’humanité, et d’autre part sur une citation du même ordre faite auparavant par l’orientaliste belge Henri Lammens[6], Parrot, à mon sens, tout en conviant le monde entier à respecter et chérir cette matrice civilisationnelle de l’Orient et de l’Occident, devrait convier aussi nos amnésiques, que ceux-ci soient arabes, islamistes ou autres, à se remémorer ce que fut au juste la Syrie à l’Arabie par le passé. Quand la Mecque laissait mourir d’inanition ses enfants, c’était de la Syrie que vint aux Mecquois la manne providentielle : le blé et le pain. 

       Si le mérite de la Syrie comme berceau de la civilisation humaine semble reconnu depuis l’antiquité[7], le lecteur averti n’ignore pas non plus que ce pays, conformément à l’articulation territoriale qui le soude au monde arabe, forma très tôt avec le Yémen d’une part, et l’Ethiopie d’autre part, le triangle géographique de ce que l’on peut appeler « espace vital du Hedjaz ». Et c’était grâce au pacte commercial conclu, vers la fin du 5e siècle, entre Hachim ibn Abd Manaf, bisaïeul du Prophète et chef de l’aristocratie mecquoise, et les instances politiques gouvernant les trois pôles de ce triangle, que la « manne syrienne » a pu mettre fin au tristement célèbre « îtifar/إعْتِفَار ».

     Jadis, quand une disette frappait la Mecque, et que les plus démunis de sa population ne trouvaient plus rien à manger, ils se résignaient à recourir à une pratique préislamique assez courante qui, quoique pouvant nous paraître insensée de nos jours, leur était plus digne que d’exposer leur triste condition de dénuement au public. L’îtifar [إِعْتِفَار], appelé aussi ihtifad [احتفاد], sorte d’auto-ubasute[8] qui s’étend le plus souvent à toute une famille, consistait à se bannir d’abord de la société, trouver quelque dune de sable pour y dresser une tente, s’étendre à l’intérieur à même le sol, la face contre la poussière, et se laisser mourir ainsi d’inanition[9]. Cette résignation à la mort lente mais inéluctable au bout d’un long supplice de la faim et de la soif, était dictée par un sens aigu de la fierté qui ne tolérait pas de tendre la main pour mendier de quoi subsister. Elle se perpétua on ne sait combien de temps au Hedjaz, jusqu’au jour où elle toucha l’une des trois tribus les plus puissantes de la Mecque, décidant Hachim ibn Abd Manaf à haranguer la population de de cette cité pour la sermonner comme il se devait[10], et décréter les fameuses « pérégrinations d’hiver et d’été / رحلة الشتاء والصيف » dont parle le Coran. De ces voyages de négoce associés au « Pacte de Quraïch », la masse écrasante des musulmans ne savent que la sourate qui les évoque à travers quelques versets. Or quand le texte de ces versets rappelle la grâce divine qui a délivré de la famine les Mecquois [أطعمهم من جوع] à la faveur dudit pacte, et les a assurés contre la peur [وآمنهم من خوف], en fait c’est de cette manne syrienne providentielle qu’il parle, grâce à quoi l’îtifar devint une page du triste passé révolu. Et si, après toutes les épreuves de la décennie écoulée, le bilâd as-Châm ne rappelle plus ce glorieux passé de mère nourricière des Arabes et d’une bonne partie de l’Europe, c’est qu’une bonne partie de cette Europe justement, la main dans la main avec ceux qui lisent en dents de scie le Coran, et ceux que Bruno Guigue appelle judicieusement « Charlatans de la révolution syrienne »[11], ne s’étaient pas embarrassés de faire montre de vile ingratitude, crachant au clair du jour sur la généreuse terre qui pourvoyait à leur subsistance et à celle  de leurs ancêtres.

 

Ahmed Amri
Extrait de ma postface à Décennie avec le Lion de Damas de Bouthaïna Chaaban, Ed° ITRI, 2022
26. 03. 2022


 



[1] Dans un discours prononcé à la capitale syrienne en date du 24 février 1958.

[2] C’est peu dire quand on sait que c’est à la moitié du prix en vigueur que correspond au juste ce tarif préférentiel.

[3] Yaqout al-Rumi, Kitab Muʿdjam al-buldān, T. 3, Dar Sadir, Beyrouth, p. 312.

[4][4] Opt. cit. p. 311.

[5] Certains Français pourraient objecter ici que Parrot n’a fait que pasticher une citation qui honorait en fait la France. Toutefois, pour autant que l’on sache qui a pastiché d’abord et ce qui fut pastiché au juste, l’on verra qu’il n’y a pas lieu de crier au « viol du copyright » en la matière. S’il est vrai que l’opinion communément répandue en France veut que Thomas Jefferson (1743-1826), ait dit : « Chaque homme a deux pays : le sien et la France », il n’en demeure pas moins que cette citation n’est nulle part attestée dans les écrits de cet ancien président américain. Par contre, probablement à l’époque où ce personnage fut ambassadeur des USA en France (1785-1789), il a dit : « ... demandez au voyageur de n'importe quelle nation : Dans quel pays sur terre préféreriez-vous vivre ? — Certainement dans le mien, vous dira-t-il, là où sont tous mes amis, mes relations, les affections et les souvenirs les plus anciens et les plus doux de ma vie. Dites-lui encore : Quel serait votre deuxième choix ? - La France, vous dira-t-il ». C’est la seule référence autobiographique qui atteste les propos exacts de Jefferson. (Edmund Clarence Stedman, Literature of the revolutionary period,1765-1787, W. E. Benjamin, 1894, p. 272). Ces propos ont été repris plus tard par Henri Bornier, attribués à Charlemagne dans une tirade de son drame « La Fille de Roland » (Ed° Paris, 1875, Acte 3, p. 69), et refondus sous ce vers : « Tout homme a deux pays, le sien et puis la France ! ». Voilà toute l’histoire de ces propos pastichés et auxquels Pierre Larousse, à travers son Grand dictionnaire universel du XIXe siècle (Vol. 9, Paris, 1866-1877, p. 943), a donné l’autorité et le credo d’une authentique citation.  

[6] Celui-ci disait : « Pour le religieux, tout homme a deux patries : la sienne puis la Syrie. » (La Syrie et son importance géographique, Polleunis et Ceuterick, 1904, p. 30).

[7][7] Interpellant le chauvinisme européen qui nie cette évidence, Victor Bérard écrit : « Vainement, Hérodote nous dit que tout vint de la Phénicie et de l'Egypte. Nous savons ce qu'il faut penser du bon Hérodote : depuis vingt ans l'archéologie nous a fourni, chaque jour et dans tous les pays grecs, des preuves indiscutables de l'influence orientale et nous n'en sommes pas encore à traiter la Grèce comme une province orientale au même titre que la Carie, la Lycie, la Cilicie ou Chypre. Si dans notre géographie nous séparons l'Europe de l'Asie, nous séparons dans notre histoire ce que nous appelons l'histoire grecque de ce que nous appelons l'histoire ancienne. Nous voyons pourtant de nos propres yeux, sur des monuments matériels et tangibles, que les Grecs, pour la partie technique de leurs arts, furent les élèves de la Phénicie et de l'Egypte; nous voyons qu'ils ont emprunté à l'Orient sémitique jusqu'à leur alphabet; et nous reculons avec un peu d'effroi devant l'hypothèse sacrilège que leurs institutions et leurs mœurs, leurs religions et leurs rites, leurs idées et leur littérature, toute leur civilisation primitive peut n'être aussi qu'un héritage de l'Orient. » (De l'origine des cultes arcadiens, Paris, 1894, p. 9-10.)

[8] Au Japon, l’ubasute est une vieille pratique consistait à porter un infirme ou un parent âgé sur une montagne, ou un autre endroit éloigné et désolé, pour le laisser mourir. Et c’était à seule fin de préserver la dignité de cette personne. Le cinéaste japonais Shōhei Imamura a consacré un très beau film à cette pratique, sorti en 1983 et qui a obtenu la Palme d’or au festival de Cannes : La Ballade de Narayama

[9] Voir Jalāl al-Dīn al-Suyūtī, Tafsir, Tome 6, DKi (Beyrouth), 2015, p. 678.

[10] « Vous avez inventé, leur dit-il, un expédient qui réduit votre nombre cependant que les Arabes autour de vous s'accroissent. Il vous avilit alors que ces mêmes Arabes s'en enorgueillissent. Vous êtes cependant les maîtres de céans [la Kaaba] et le reste des Arabes est censé vous être des subordonnés. Cet îtifar vous condamne presque à l'extinction. » ( محمد الجيزاوي، صناعة الوعي الاقتصادي في ثلاثين درسا، لندن، 2018، ص. 16)

Plus vierge et immaculé que la fille de joie édentée !

Il y a des indignations sélectives qui indignent tout autant que ce qui peut les susciter, des réquisitoires à géométrie variable que la justice, celle digne de ce nom, ne peut d'aucune façon admettre. 
 
Et si la guerre d'Ukraine (comme toute guerre ne pouvant qu'engendrer la mort et les malheurs) pouvait malgré tout prétendre à quelque "mérite", si minime soit-il, je crois que celui-ci serait d'avoir mis à nu encore une fois, pour l'énième rappel aux amnésiques de tout bord, ce deux poids deux mesures si haineux, si révoltant, qui semble vouloir nous persuader qu'il y aurait dans ce monde deux humanités distinctes: celle qui mérite notre compassion, notre appui, nos cris et nos écrits de solidarité, et celle qui ne devrait jamais figurer sur le point de mire de notre radar, sauf s'il s'avère nécessaire de la traquer depuis le ciel, de localiser à un dixième de millimètre près le trou où elle se terre, pour être sûr de larguer à bons droit et endroit et sans risque de gaspi, les bombes conçues par le génie éclectique à seule fin de "faire le bon débarras".
 
Quand je dis "deux humanités", je prie certains lecteurs de ne pas se méprendre sur le sens précis de celle qu'ils pourraient indument confondre ici à ces "Barbares" vivant loin de l'Europe, loin de l'Occident, et dont moi-même, hélas! je fais partie! Ce serait un outrage presque blasphématoire de corrompre le noble sens restreint de "humanité" pour y inclure de façon grotesque, utopiste, extrapolée, ceux qui végètent, à titre d'exemple, au sud de la Méditerranée. En Asie -excepté la seule citadelle de démocratie reconnue et qui police à merveille ses ennemis, dans les déserts et jungles d'Afrique ou dans celles de l'Amérique latine, il n'y a que des périls de toutes les couleurs qui pullulent, hélas! et menacent sérieusement l'avenir de l'humanité! Non, lecteurs, akarbi je n'oserais caser dans l'Espèce humaine celles et ceux qui, autrefois chez eux, étaient judicieusement interdits d'entrée, eux et les chiens, dans les cabarets de certaines colonies de l'Humanité, l'humanité à part entière, à l'époque maîtresse des dites concessions étrangères comme celles du Shanghai. D'autant qu'aujourd'hui-même, ces vieilles pancartes à tort appelées discriminatoires, l'humanité à part entière les honore sans complexe aucun par des hommages mémoriels des plus édifiant [*].
 

 
 
Padamalgame, chers lecteurs; je parle exclusivement de cette humanité susceptible d'être promue un jour, peut-être à moyen ou à long terme, au rang de celle, entièrement digne de ce nom, qui s'indigne à bon droit contre les crimes de Poutine. 
 
Je parle d'Européens que leur peau, leur ADN, leur mitochondrie, leurs ovules et chromosomes, bref presque tout, assimilent à des Blancs. Mais dont le seul tort est d'avoir le cœur plus à gauche, ou à l'est, que les "Blancs normaux". D'où l'étiquette « mafia Judéo-Moscovite » dont ils sont épinglés en Ukraine. Et ce qui s'ensuit à leur encontre depuis près de 10 ans à l'est de ce pays. 
 
Je parle de cette "sous-humanité" (puisqu'il faudrait l'appeler ainsi afin de ne pas couvrir les crimes de Poutine) qui a refusé de faire partie de l'UE, ce qui est un tort, évidemment, l'Humanité à part entière étant incapable de résorber ce qui ne lui appartient pas.
 
Je parle de ces 7,5 millions de russophones représentant 17,2% de la population d'Ukraine, que les très blancs, très purs et très aryens Petro Porochenko, Vitali Klitschko, Oleg Tiagnybok, Andriy Biletsky... leurs SVOBODA (sous diverses étiquettes), leurs Azovian, leurs frères héritiers du fascisme dont se réclamait Stephan Bandera, entre autres brigades arborant l’emblème de la division SS Das Reich et le Wolfsangel (la belle Croix gammée hitlérienne remise à la forme et au goût du jour), pourchassent depuis une décennie, nettoient au Kärcher selon l'expression française consacrée, avec sinon la bénédiction directe de leurs frères et amis en Europe de l'Ouest et aux USA, du moins la complaisance bienveillante de tous les chefs d’État du "monde libre". Ce même monde qui, tout en ayant la face encore empoussiérée de tant de "Tempêtes" contre les "États voyous" (je ne sais plus les compter), et les mains couvertes d'un henné de luxe tiré du sang d'autant de populations sacrifiées sur l'autel de la "démocratie", tente de nous persuader qu'en matière de "crimes de guerre", l'innommé "criminel du Kremlin" est le "nouvel Hitler" des temps modernes. 
 
Quant à lui l'Ange aux mains si bien teintées de tant de couches indélébiles dudit henné, en matière de crimes contre l'humanité il serait plus vierge et immaculé, sauf votre respect, que la fille de joie édentée! 
 
A. Amri
26. 03. 2022



* A l'époque des concessions étrangères en Chine, il y avait, à l'entrée de certains bars à Shanghai, des pancartes sur lesquels on pouvait lire: «Interdit aux Chinois et aux chiens». De nos jours, les nostalgiques de cette "belle époque" semblent vouloir remettre à l'honneur cet interdit, comme le suggère le roman du controversé auteur François Gibault, sorti en 1997, et qui reproduit mot à mot la fameuse pancarte discriminatoire.





 

jeudi 24 mars 2022

خطاب فلادمير بوتين الكامل بتاريخ 24 فبراير 2022

تقديم موجز: هذا الخطاب أهملته وسائل الإعلام الغربية لغاية رقابية بحتة، وهو يفند كل الأكاذيب التي تشاع بخصوص الأسباب الحقيقية لما يجري حاليا في أكرانيا. أ.ع.

 

أعزائي المواطنون الروس، أيها الأصدقاء الأعزاء،

اليوم، يبدو لي من الضروري العودة للأحداث المأساوية التي تجري في دونباس والقضايا الرئيسية التي ترتبط بالأمن في روسيا. وسأبدأ بما قلته في خطابي بتاريخ 21 فيفري لهذه السنة.  وأنا أشير تحديدا إلى ما يثير قلقي بشكل خاص، ألا وهي التهديدات الأساسية التي يتعرض لها بلدنا، خطوة بخطوة، سنة بعد أخرى، بطريقة متعجرفة وعديمة التوازن، من قبل سياسيين غربيين غير مسؤولين. هذا هو توسع الناتو باتجاه الشرق، حيث تقترب بنيته التحتية العسكرية من حدود روسيا. ومن المعروف أننا على مدى 30 عامًا نسعى جاهدين بإصرار وصبر للتوصل إلى اتفاق مع دول الناتو الرئيسية حول مبادئ الأمن المتكافئ وغير القابل للتجزئة في أوروبا. لكن الرد على مقترحاتنا كان دائماً إما أكاذيب خادعة وساخرة، أو محاولات للضغط والابتزاز، بينما يواصل الحلف الأطلسي اتساعه، رغم كل احتجاجاتنا ومخاوفنا. والآن آلة الحرب تتحرك، وأكرر أنها تقترب من حدودنا.


لماذا يحدث كل هذا؟ لماذا هذا الموقف المتغطرس الذي يتمثل في التحدث من منظور التفرد والعصمة واستباحة كل شيء؟ من أين يأتي هذا الموقف اللامبالي بمصالحنا والرافض لمطالبنا المشروعة بشكل مطلق؟ الجواب واضح، كل شيء واضح وضوح الشمس في النهار. ضَعُفَ الاتحاد السوفياتي في أواخر الثمانينيات ثم انهار. وكل ما حدث في ذلك الوقت هو درس جيد لنا اليوم؛ إذ  بيَّنَ بشكل بارز أن شلل القوة والإرادة هو الخطوة الأولى نحو التدهور الكامل والنسيان. فبمجرد أن فقدنا ثقتنا بأنفسنا لبعض الوقت، انهار ميزان القوى في العالم. وقد أدى ذلك إلى وضع لم تعد فيه المعاهدات والاتفاقيات القائمة سارية المفعول بالفعل. وما عاد لمحاولات الإقناع ولا المطالب أي تأثير. كل ما لا يناسب الماسكين بزمام الهيمنة، عظماء هذا العالم، بات باليا وعديم الجدوى، ويُعَدٌُ شيئا عفا عليه الزمن. وفي المقابل، كل ما يبدو لهم ملائما لمصالحهم يُقَدَّمُ على أنه الحقيقة المطلقة، ويتم فرضه بأي ثمن وبوقاحة وبكل الوسائل. أما أولئك الذين يختلفون معهم حينئذ فالأمر ينتهي بهم الى الركوع لهذا الطغيان.

ما أتحدث عنه الآن لا يهم فقط روسيا ولسنا الوحيدين المعنيين بهذا الأمر. إذ أن هذا الحيف يتعلق بنظام العلاقات الدولية بأكمله، وفي بعض الأحيان يشمل حتى حلفاء الولايات المتحدة أنفسهم. فبعد انهيار الاتحاد السوفياتي، أعيد تشكيل العالم، وبدأت الأسس الراسخة للقانون الدولي، والتي تم تبني قواعدها الهامة والأساسية في نهاية الحرب العالمية الثانية وتعززت نتائجها إلى حد كبير، بدأت في إحراج أولئك الذين أعلنوا أنفسهم منتصرين في الحرب الباردة.

بالطبع، في الحياة العملية، في العلاقات الدولية، في قواعد تنظيم هذه العلاقات، كان الأحرى أن يُرَاعَى ما طرأ من تغيرات على الوضع في العالم وفي ميزان القوى ذاته. وكان ينبغي أن يتم ذلك بشكل يتسم بِالحِرََفِيّة والتدرج والتمهل، مع مراعاة مصالح جميع الدول واحترامها، ومع وعي كامل بمسؤولياتها. لكن ليس هذا ما تم توخيه. فتبعا للنشوة التي عصفت برؤوسهم جراء [وَهْمِ] التفوق المطلق، وتبعا لنوع من الشكل الحديث للحكم المطلق، وفي سياق المستوى المتدني للثقافة العامة يضاف إليه الغرور الذاتي لأولئك الذين أعدوا واتخذوا وعززوا قرارات كانت مربحة لهم دون سواهم، أخذ الوضع منعطفًا مختلفًا.

فيما يلي بعض الأمثلة الجاهزة. بادئ ذي بدء، دون أي تصريح من مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة، نفذوا عملية عسكرية دموية ضد بلغراد، واستخدموا الطائرات والصواريخ في قلب أوروبا، وذلك على مدى عدة أسابيع من القصف المتواصل على مدن سلمية وعلى بنى تحتية حيوية. ومن الضروري التذكير بهذه الحقائق لأن بعض الزملاء الغربيين لا يحبون استرداد هذه الأحداث، وعندما نتحدث عنها فإنهم يفضلون الإشارة ليس إلى قواعد القانون الدولي ولكن إلى الظروف التي يفسرونها وفق تصور ذاتي لهم بأنها ضرورية.

نفس هذا المصير عاشته سوريا: دون موافقة لا الحكومة السورية ولا مجلس الأمن الدولي، قام التحالف الغربي بتنفيذ عملياته العسكرية على أراضي هذا البلد، مرتكبا عدوانا سافرا وتدخلا مخالفا لكل القواعد الأخلاقية. وقبل سوريا، يُعَدُْ غزو العراق واحتلاله حالة تستوجب وضعها في إطار غاية في الخصوصية: إذ دون أي أساس قانوني، وبالاستناد فقط لذريعة لفقوها وأشاعوا بخصوصها أن لديهم معلومات موثوق بصحتها تفيد امتلاك العراق لأسلحة دمار شامل، وبعد أن لَوَّحَ وزير الخارجية الأمريكي علنًا بأنبوب مليء بالمسحوق الأبيض أمام العالم، زاعما للجميع أنه سلاح كيميائي يتم تطويره في العراق، أُعْلِنَت الحرب ضد العراق. وبعد ذلك اتضح أن الأمر كله كان تلاعبا وخدعة، فلم تكن هناك قَطٌُ أسلحة كيماوية في العراق. وهذا أمر لا يُصَدَّقُ، أمر صادم، لكن تلك هي الحقيقة. الأكاذيب تَفَشٌَتْ على أعلى مستوى في الدولة ومن أعلى منبر للأمم المتحدة. ونتيجة لذلك، حصل ما حصل من زهق هائل للأرواح، ودمار، وانتشار لا يصدق للإرهاب.

في الواقع، الشعور الذي ينتابنا هو أنه في كل مكان، في أجزاء كثيرة من العالم، حيثما فرض الغرب نظامه، الأمر ينتهي دوما بندوب وجروح دامية لا تلتئم، بما فيها الجراح الناتجة عن الإرهاب والتطرف الدوليين. وكل ما ذكرته هي أمثلة بليغة بهذا الخصوص، لكنها ليست بأي حال الوحيدة في هذا الباب، باب تجاهل القانون الدولي.

تضاف إلى كل هذا الوعود التي قُطعت لبلدنا بعدم تمدد حلف شمال الأطلسي شبرًا واحدًا إلى الشرق. وأكرر: لقد كذبوا أو، بعبارات عامية، قاموا ببساطة بنهبنا. نعم، كثيرًا ما نسمع أن السياسة شيء قذر. وهذا قول ربما يجوز. لكن ليس بهذا المستوى! فبعد كل شيء، مثل هذا السلوك الخَتَّال يتعارض ليس فقط مع مبادئ العلاقات الدولية، ولكن بالخصوص مع معايير الأخلاق، والقيم المقبولة عموما. أين العدل والحقيقة هنا؟ هذه كلها أكاذيب ونفاق.

من ناحية أخرى، السياسيون الأمريكيون وعلماء السياسة والصحفيون أنفسهم يكتبون ويتحدثون عن حقيقة أنه تم إنشاء "إمبراطورية أكاذيب" بالمعنى التام للعبارة في الولايات المتحدة خلال السنوات الأخيرة. ومن الصعب الاختلاف حول هذا الرأي، هذا هو الحال. لكن يجب ألا نلعب دور المتواضع: الولايات المتحدة تظل دولة عظيمة، قوة لها دور قيادي. وكل قنواتها الفضائية لا فقط تتفق معها فيما تقول وتفعل، مزكية بكل انضباط وبساطة خطابها أيا كان مبرره، ولكن أيضًا تقلد سلوكها، وتقبل بحماس القواعد المقترحة. لذلك لدينا كل الأسباب التي تجعلنا نؤكد على وجه اليقين أن ما يسمى الكتلة الغربية، التي شكلتها الولايات المتحدة على صورتها، هي ككل "إمبراطورية الأكاذيب".

أما بالنسبة لبلدنا، بعد انهيار الاتحاد السوفياتي، على الرغم من كل الانفتاح غير المسبوق لروسيا الحديثة، والاستعداد للتعاون بصدق مع الولايات المتحدة والشركاء الغربيين الآخرين، وفي ظروف نزع السلاح من جانب واحد تقريبًا، فقد حاولوا دون انتظار حرق كل المراحل للقضاء علينا فورا، وتدميرنا تماما. هذا بالضبط ما حدث في تسعينيات القرن الماضي، وأوائل القرن الحادي والعشرين، عندما دَعَّمَتْ ما تسمى بكتلة البلدان الغربية بشكل نشط للغاية الانفصالية وعصابات المرتزقة في جنوب روسيا. كم من خسائر جسيمة وتضحيات هائلة سببها لنا كل هذا، وكم من المحن توجب علينا مجابهتها قبل الوصول نهائيا لكسر الإرهاب الدولي في القوقاز؟ نحن نتذكر كل هذه المحن ولن ننساها أبدًا.

في الواقع، حتى وقت قريب، كانوا يسعون لاستخدامنا لمصالحهم الخاصة، لتدمير قيمنا التقليدية، وفرض قيمهم الزائفة علينا، وهي قيم من شأنها أن تلتهمنا – تبالع شعبنا - من الداخل؛ هذه القيم التي يفرضوها بالفعل بصفة جائرة في بلدانهم والتي تؤدي مباشرة إلى الانحطاط والانحلال لأنها تتعارض مع الطبيعة البشرية، لن يكتب لها قبول في بلادنا لأنها منبتة لا جذور لها ولن تقبلها أرضنا.

على الرغم من كل شيء، في ديسمبر 2021، حاولنا مرة أخرى الاتفاق مع الولايات المتحدة وحلفائها على مبادئ ضمان الأمن في أوروبا وعدم توسيع الناتو. غير أن كل محاولاتنا ذهبت سدى. إن الموقف الأمريكي لا يتغير وهم لا يرون أنه من الضروري التفاوض مع روسيا حول هذه القضية الأساسية بالنسبة لنا، إذ يسعون فقط وراء تحقيق أهدافهم الخاصة ويهملون مصالحنا.

وبالطبع، في هذه الحالة، نسأل أنفسنا: ماذا عسان نفعل في إطار كهذا، وماذا نتوقع؟  التاريخ يُعَلُِْمنَا أنه في عام 1940 وأوائل عام 1941، حاول الاتحاد السوفياتي منع الحرب أو على الأقل تأخيرها بكل الوسائل. وبغية تحقيق هذه الغاية، حاول تدقيقا حتى اللحظة الأخيرة عدم استفزاز أي معتد محتمل، ولم يتخذ أو يضع في الحسبان الإجراءات الأكثر ضرورة ووضوحا بغاية الاستعداد لصد هجوم لا مفر منه. وما تم اتخاذه من اجراءات في نهاية المطاف قد تأخر كثيرًا.

نتيجة لذلك، لم تكن البلاد مستعدة لمواجهة غزو ألمانيا النازية التي هاجمت وطننا بكامل طاقتها دون إعلان حرب في 22 يونيو 1941. وإذ تم إيقاف العدو ثم سحقه لاحقا، فهذا قد حدث بتكلفة باهضه. وتبين أن محاولة استرضاء المعتدي قُبَيْلَ الحرب الوطنية العظمى كانت خطأ كلف شعبنا غالياً. فخلال الأشهر الأولى من الحرب، فقدنا مناطق شاسعة ذات أهمية استراتيجية وخسرنا الملايين من الناس. ولن نرتكب مثل هذا الخطأ مرة ثانية، فليس لنا الحق في أن نُلْدَغَ من نفس الجحر مرتين.

أولئك الذين يدعون سيطرتهم على العالم، علانية ودونما أدنى خوف من تبعات ادعاءاتهم، وأ شَدَّد على هذه النقطة، دون أي مبرر، يصرحون لنا أننا، نحن روسيا، عدوهم. وفي الواقع، هم لديهم الآن قدرات مالية وعلمية وتكنولوجية وعسكرية كبيرة. ونحن ندرك ذلك ونقيم بشكل موضوعي التهديدات التي نتعرض لها باستمرار في مجال الاقتصاد، وكذلك قدرتنا على مقاومة هذا الابتزاز الوقح والدائم. أكرر، نحن نقيم كل هذه الجوانب بدون أوهام وبطريقة واقعية للغاية.

فيما يتعلق بالمجال العسكري، فإن روسيا الحديثة، حتى بعد انهيار الاتحاد السوفياتي وفقدان الكثير من إمكاناته، هي اليوم واحدة من أقوى القوى النووية في العالم ولديها مزايا إضافية عندما يتعلق الأمر بعدد من الأسلحة المتطورة. لذلك لا ينبغي أن يكون هناك شك في أن أي هجوم مباشر على بلدنا سيؤدي إلى هزيمة أي معتد محتمل وعواقبه ستكون كارثية بالنسبة للمعتدي.

ومع ذلك، فإن التقنيات، بما في ذلك في مجال الدفاع، تتغير بسرعة. لقد تغيرت القيادة في هذا المجال وستتغير السيطرة مرة أخرى، في حين أن الغزو العسكري للأراضي المجاورة لحدودنا، إذا سمحنا بذلك، سيستمر لعقود أو ربما إلى الأبد، ويشكل تهديدًا أكبر من أي وقت مضى وغير مقبول على الإطلاق روسيًّا.

حتى اليوم، مع توسع الناتو باتجاه الشرق، فإن الوضع في بلدنا يتدهور ويصبح أكثر خطورة كل عام. بالإضافة إلى ذلك، تحدث قادة الناتو صراحة في الأيام الأخيرة عن الحاجة إلى الإسراع، لفرض تقدم البنية التحتية للحلف نحو حدود روسيا. وبعبارة أخرى، فإنهم يُقَوُّونَ موقفهم. ولم يعد بإمكاننا الاكتفاء بالمشاهدة السلبية لما يحدث. سيكون ذلك غير مسؤول تمامًا من جانبنا.

إن التوسع المستمر في البنية التحتية لحلف الأطلسي، والغزو العسكري لأراضي أوكرانيا الذي بدأ، أمر غير مقبول بالنسبة لنا. والمشكلة، بالطبع، ليست هيكل الناتو نفسه، الذي هو مجرد أداة للسياسة الخارجية للولايات المتحدة. المشكلة هي أنه في الأراضي المجاورة لنا، أُنَبٌِهُكُمْ، في أراضينا التاريخية، يتم إنشاء "كيان مناهض لروسيا" تم وضعه تحت السيطرة الخارجية الكاملة، وقد وقع استعماره بخطى حثيثة من قبل القوات المسلحة لدول الناتو ويجري العمل على تدفق أحدث الأسلحة الى شراينه.

بالنسبة للولايات المتحدة وحلفائها، هذا ما يسمى بسياسة الردع في مواجهة روسيا، والمكاسب الجيوسياسية التي يأملون جنيها واضحة هنا. وبالنسبة لبلدنا، فهي في النهاية مسألة حياة أو موت، مسألة مستقبلنا التاريخي كشعب. وهذه ليست مبالغة، إنها الحقيقة. هذا تهديد حقيقي، ليس فقط لمصالحنا، ولكن لوجود دولتنا ذاته، لسيادتها. إنه نفس الخط الأحمر الذي تحدثنا عنه عدة مرات. الآن لقد عبروه.

في هذا الصدد، نحن بحاجة للحديث عن الوضع في دونباس. نرى أن القوى التي نفذت انقلابًا في أوكرانيا عام 2014، واستولت على السلطة واحتفظت بها فعليًا بمساعدة إجراءات انتخابية زخرفية، قد تخلت أخيرًا عن تسوية سلمية للصراع. لمدة ثماني سنوات، ثماني سنوات طويلة وقاسية، بذلنا كل ما في وسعنا لحل الوضع بالوسائل السلمية والسياسية. غير أن كل ما بذلناه ذهب عبثا.

كما قلت في حديثي السابق، لا يمكن للمرء أن ينظر إلى ما يحدث هناك دون تعاطف مع السكان. ولم يعد من الممكن تحمل كل ما رأيناه بعد الآن. وفي الواقع، كان الأحرى بنا وضع حد فوري لهذا الكابوس، للإبادة الجماعية لملايين الأشخاص الذين يعيشون هناك، والذين لا أمل لهم غير نجدة روسيا، غير هَبَّتِنَا نحن لنصرتهم. كانت هذه التطلعات، هذه المشاعر، آلام الناس، هي السبب الرئيسي لنا لاتخاذ قرار بالاعتراف بجمهوريات دونباس الشعبية.

والآن إليكم ما يبدو لي هاما بدرجة أولى ويستوجب التأكيد عليه. لتحقيق مآربها، تساند أهم بلدان الناتو القوميين المتطرفين والنازيين الجدد في أوكرانيا، وهؤلاء بدورهم لن يغفروا لشعب القرم وسكان سيفاستوبول اختيارهم الحر، أي إعادة توحيد مقاطعاتهم مع روسيا. بالطبع، سوف يذهبون إلى شبه جزيرة القرم، تمامًا مثلما حدث في دونباس، حاملين معهم فتيل الحرب، ليرتكبوا المجازر، تمامًا مثل عصابات القوميين الأوكرانيين المتواطئين مع هتلر خلال الحرب الوطنية العظمى الذين ذبحوا الأشخاص العزل. أضيفوا لذلك أن هؤلاء القتلة يزعمون صراحة أن لهم حقوقا يطالبون بها على عدد من الأراضي الروسية الأخرى.

ويُظهر مجمل الأحداث وتحليل المعلومات الواردة أن مواجهة روسيا مع هذه القوات أمر لا مفر منه. إنها مسألة وقت فقط: هم يستعدون وينتظرون اللحظة المواتية. والآن يَدَّعُون أيضا حيازة أسلحة نووية. لن ندع ذلك يحدث.

كما ذكرت من قبل، بعد انهيار الاتحاد السوفياتي، قبلت روسيا الحقائق الجيوسياسية الجديدة. ونحن نحترم وسنعامل باحترام جميع البلدان التي تشكلت حديثًا في منطقة ما بعد الاتحاد السوفيتي. إننا نحترم وسنحترم سيادتها، كما يتضح ذلك من مساعدتنا لكازاخستان التي واجهت أحداثًا مأساوية وتحديًا لدولتها وسلامتها. لكن لا يمكن لروسيا أن تشعر بالأمان والتطور والبقاء مع وجود تهديد دائم من أراضي أوكرانيا المعاصرة.

أذكر أنه في السنوات 2000-2005، قمنا بالرد عسكريًا على الإرهابيين في القوقاز، ودافعنا عن وحدة دولتنا، وحافظنا على روسيا. وفي عام 2014، قمنا بدعم أهالي القرم وسكان سيفاستوبول. ثم في عام 2015، استخدمنا القوات المسلحة لوضع عقبة أكيدة أمام تسلل الإرهابيين من سوريا إلى روسيا. ولم يكن لدينا طريقة أخرى لحماية أنفسنا.

نفس الشيء يحدث الآن. ببساطة لم يتم منحنا أي خيار آخر لحماية روسيا وشعبنا، باستثناء الخيار الذي يتعين علينا استخدامه اليوم. فالظروف تتطلب منا اتخاذ إجراءات حاسمة وفورية لأن جمهوريات دونباس الشعبية طلبت المساعدة من روسيا.

في هذا السياق، ووفقًا للمادة 51، في نقطتها السابعة، من ميثاق الأمم المتحدة، وفقًا للإذن الذي صوّت عليه مجلس الشيوخ في الاتحاد الروسي، وتطبيقا لمعاهدات الصداقة والمساعدة المتبادلة مع جمهورية دونيتسك وجمهورية لوغانسك الشعبية التي صدقت عليها الجمعية الفيدرالية في 22 فبراير، قررت تنفيذ عملية عسكرية خاصة، هدفها حماية الأشخاص الذين عانوا من سوء المعاملة والإبادة الجماعية على يد نظام كييف لمدة ثماني سنوات. وحتى نحقق هذه الغاية، سنسعى جاهدين لنزع السلاح وتطهير أوكرانيا من النازية، وتقديم أولئك الذين ارتكبوا جرائم عديدة ودموية ضد المدنيين، بمن فيهم مواطنو الاتحاد الروسي، إلى العدالة.

في الوقت نفسه، نحن لا نخطط لاحتلال الأراضي الأوكرانية. ولا ننوي فرض أي شيء على أحد بالقوة. ومع ذلك، نسمع أكثر فأكثر في الغرب أن الوثائق التي وقعها النظام الشمولي السوفياتي والتي أسست لما جاء بعد الحرب العالمية الثانية يجب أن ينتهي تُطبيقها. حسنًا، ما هو الجواب على هذا السؤال؟ نتائج الحرب العالمية الثانية مقدسة، وكذلك تضحيات شعبنا على مذبح النصر على النازية. وهذا لا يتعارض مع القيم السامية لحقوق الإنسان والحريات المستندة إلى حقائق كل عقود ما بعد الحرب. كما أنه لا ينفي حق الشعوب في تقرير المصير بموجب المادة 1 من ميثاق الأمم المتحدة. وأود تذكيركم أنه لا خلال إنشاء الاتحاد السوفياتي، ولا بعد الحرب العالمية الثانية لا أحد طلب من سكان بعض المناطق في اكرانيا الأمس كيف يرغبون في تنظيم حياتهم.

فسياستنا تعتمد على الحرية وحرية الاختيار التي تسمح للجميع بأن يقرروا بشكل مستقل مستقبلهم ومستقبل أبنائهم. ونرى أنه من المهم أن هذا الحق - الحق في الاختيار - يمكن أن يمارسه جميع الناس الذين يعيشون في أراضي أوكرانيا المعاصرة، كل الذين يرغبون في ذلك. ولهذا الاعتبار، أخاطب أيضًا مواطني أوكرانيا. في عام 2014، اضطرت روسيا إلى حماية سكان القرم وسيفاستوبول ممن تسموهم "النازيين". لقد اختار سكان القرم وسيفاستوبول الانضمام إلى وطنهم التاريخي، روسيا، وقد أيدنا ذلك. أكرر: كان من المستحيل ببساطة أن نفعل غير ذلك.

وأحداث اليوم لا تتعلق بالرغبة في الإضرار بمصالح أوكرانيا والشعب الأوكراني؛ إنها مرتبطة بالحاجة إلى حماية روسيا لنفسها من أولئك الذين اختطفوا أوكرانيا كرهينة ويحاولون استخدامها ضد بلدنا وشعبها. أكرر: ما نقوم به هو دفاع عن النفس ضد التهديدات المعلقة علينا وضد كارثة أخطر مما هي عليه اليوم. مهما كان الأمر صعبًا، أطلب منكم فهم هذه الغاية وأدعوكم للتعاون من أجل طي هذه الصفحة المأساوية في أسرع وقت ممكن والمضي قدمًا للأمام، حتى لا نسمح لأي أحد بالتدخل في شؤوننا، مفضلين تطوير ما يهمنا بشكل مستقل بحيث يخلق الظروف اللازمة لحل جميع المشاكل، وعلى الرغم من وجود الحدود بين الدول، فإن هذا العامل سيقوينا من الداخل هنا وهناك كما لو كنا شعبا واحدًا. أنا أؤمن بهذا، وأعتقد أن هذا هو مستقبلنا.  

يجب أن أخاطب أيضًا جنود القوات المسلحة لأوكرانيا. رفاقي الأعزاء! آباؤكم وأجدادكم وأجداد أجدادكم قاتلوا ضد النازيين ليس من أجل أن يتسلم النازيون الجدد اليوم السلطة في أوكرانيا، ولكن دفاعًا عن وطننا المشترك. لقد أقسمتم على الولاء لشعب أوكرانيا وليس للمجلس العسكري المناهض للشعب الذي ينهب أوكرانيا ويضهدها. لا تتبعوا أوامره الجنائية. أحثكم على إلقاء السلاح على الفور والعودة إلى دياركم. وأود أن أوضح: سيتمكن جميع جنود الجيش الأوكراني الذين يلتزمون بهذا المطلب من مغادرة منطقة القتال والعودة إلى عائلاتهم بحرية. مرة أخرى، أصر بشدة: إن أي مسؤولية عن إراقة دماء محتملة ستقع بالكامل على ضمير النظام الحاكم على أراضي أوكرانيا.

 والآن بضع كلمات مهمة، مهمة جدًا لأولئك الذين قد يميلون إلى التدخل في الأحداث الجارية. يجب على أي كان يحاول التدخل ضدنا، بل وأكثر من ذلك خلق تهديدات لبلدنا وشعبنا، أن يعرف أن رد روسيا سيكون فوريًا وسيقود المتدخل إلى عواقب لم يواجها من قبل في تاريخه. نحن جاهزون لأي تطور في الوضع. وقد تم اتخاذ كافة القرارات اللازمة بهذا الشأن. وأتمنى أن يُسْمَعَ كلامي هذا جيدا.

 أعزائي المواطنون الروس، الرفاهية، ووجود دول وشعوب بأكملها، ونجاحها، واستمراريتها، غالبا ما تجد جذورها في النظام القوي الذي يشمل ثقافتها وقيمها، وتجربة أسلافها وتقاليدهم، وبالطبع تعتمد بشكل مباشر على قدرة التكيف بسرعة مع حياة تكون في تطور مستمر، وعلى تماسك المجتمع، ورغبته في التوحيد، وجمع كل القوى للمضي قدمًا للأمام.

 القوى دائما ضرورية، ولكن القوة يمكن أن تكون لها صفات مختلفة. إن سياسة "إمبراطورية الأكاذيب" التي أشرت إليها في بداية حديثي تقوم قبل كل شيء على القوة الوحشية والمباشرة. وفي مثل هذه الحالة نقول: "عندما تفرض هذه القوة ذاتها، ليس ثمة حاجة لأن يكون في الرأس عقل". لكن نحن نعلم أن القوة الحقيقية تكمن في العدل والحقيقة، وهما إلى جانبنا. وإذا كان الأمر كذلك، فمن الصعب الاختلاف حول حقيقة أن القوة والإرادة القتالية هما أسس الاستقلال والسيادة، والأسس الضرورية التي يمكن للمرء أن يبني عليها مستقبله بشكل موثوق، ويشيد عليها منزله، ويُكَوِّنُ على ركائزها عائلته، ووطنه.

 

أبناء الوطن الأعزاء، أنا واثق من أن جنود وضباط القوات المسلحة الروسية الموالين لبلادهم سوف يقومون بواجبهم بحرفية وشجاعة. وليس لدي أدنى شك في أن جميع مستويات السلطة والمتخصصين المسؤولين عن استقرار اقتصادنا والنظام المالي والمجال الاجتماعي، وكذلك قادة مؤسساتنا وجميع دوائر الأعمال الروسية سيعملون بشكل متناغم وفعال. إني أعول على موقف وطني موحد لجميع الأحزاب الممثلة في البرلمان والقوى العامة. ثم بعد كل شيء، كما كان الحال دائمًا في التاريخ، يكمن مصير روسيا في أيدي موثوق بها لشعبنا متعدد الجنسيات. هذا يعني أن القرارات المعتمدة سيتم تنفيذها، وأن أهدافنا سوف تتحقق وأن أمن وطننا سيكون مضمونًا بطريقة مؤكدة. أنا أؤمن بدعمكم وبالقوة التي لا تقهر التي يمنحها لنا حب الوطن.    

 

 فلاديمير بوتين


 ترجمة أ. عامري

24. 03. 2022

 
الخطاب في ترجمته الفرنسية

بوتين بالصورة والصوت: فيديو على هذا الرابط

 

La Syrie et le « printemps arabe »

 

Début novembre 2004, alors qu'il était reçu par la conseillère à la Sécurité nationale sous le premier mandat de George W. Bush, l’ancien dissident soviétique et sioniste Natan Sharansky a constaté que son livre The Case For Democracy était sur le bureau de Condoleezza Rice. « Savez-vous pourquoi je le lis ? » lui demanda celle-ci. Et sans lui laisser le temps de parler, elle enchaîna : « Parce que le Président a consacré tout le week-end à le lire, et m'a demandé de le lire aussi. Ma fonction veut que j'applique la volonté du Président et que je sache aussi comment le Président pense. »[1]

     En tant que l’une des « Dix têtes du mal » auxquelles l’auteur égyptien Majdi Hussein Kamel a consacré le livre ainsi intitulé[2], Natan Sharansky est l’auteur de prédilection que choyaient Georges W. Bush, ses amis et son administration. C’est à cet apôtre de la démocratie dans le monde arabe que les USA doivent les principes directeurs de ce qu’ils appellent « instabilité constructive ». « Si vous voulez une idée de ma conception de la politique étrangère, disait Busch à ses collaborateurs ainsi qu’à ses intervieweurs, lisez le livre de Nathan Sharansky. Il vous aidera à comprendre beaucoup de décisions qui seront prises ou qui l’ont été. »[3]

     Mais en quoi cet ancien refuznik soviétique devenu « héros juif » en Israël[4] serait-il concerné, et si intéressé, par la démocratisation du monde arabe ? Parce que ce moyen est la « condition indispensable à la signature d’une paix globale au Proche-Orient et à la sécurité du monde »[5]. Après Nicolas Ier, le Tsar russe qui qualifiait au 19e siècle l’empire ottoman d’« homme malade », d’où le coup de grâce qui a achevé cet empire sous la main de la Triple-Entente, l’Occident atlantiste s’est tourné dès le début de ce siècle vers le monde arabe, « homme malade » du 21e, pour l’achever à son tour. L’invasion de l’Irak en 2003 et l’exécution de Saddam Hussein en 2006 étaient le préambule du « wilsonisme botté » marquant les deux premières décennies de ce siècle, lequel wilsonisme n’est que le produit de l’influence néo-conservatrice dont s’inspirent les « Dix têtes du mal » évoquées.       

     L’on pourrait se demander à bon droit pourquoi la Tunisie fut le foyer de ce fameux printemps dont, jusqu’à présent, les seuls bénéficiaires sont Israël, la nébuleuse islamiste transnationale et les pétromonarchies réactionnaires arabes. Les peuples, quant à eux, de l’Euphrate à l’Océan, n’en ont tiré que des déboires.

     En vérité, Ben Ali aurait été dans le collimateur de l’administration américaine depuis 2001, si ce n’est avant. En 1991, quand il a refusé de se faire enrôler dans la coalition dirigée par les USA pour libérer le Koweït, Ben Ali n’était plus déjà dans les bonnes grâces de Bush père. Sous Bush fils, Ben Ali a tendu la main à Bachar el-Assad au moment précis où le Pentagone, en 2001, plaçait au « couloir de la mort » sept Etats arabo-musulmans, dont l’Etat syrien figurant en deuxième position, condamnés à disparaître dans les cinq ans à venir[6]. C’est précisément à partir de cette même année que les relations syro-tunisiennes connurent une relance qui leur donnera jusqu’en 2010 une consolidation sans précédent. En janvier 2001, le Comité supérieur paritaire présidé par Mohamed Ghannouchi et Mohamed Moustapha Mero, chefs de gouvernements tunisien et syrien, avait signé 15 accords bilatéraux et un programme de coopération dans de multiples domaines économiques et sociaux. Les deux parties ont également décidé de booster l'échange commercial pour le faire atteindre le niveau septuplé de 73 millions de dollars au lieu de 11 millions au cours de l'année précédente[7]. Trois mois plus tard, en avril, Bachar el-Assad et la première dame syrienne entament une visite officielle, la première, de deux jours en Tunisie. Elle sera suivie de deux autres au cours de la même décennie, l’une en mai 2004 et l’autre en juillet 2010. Et c’est à partir de la deuxième invitation adressée au couple présidentiel syrien que Ben Ali commença à agacer véritablement les Américains. Pour en comprendre le pourquoi, il suffit de rappeler que cette invitation intervenait dans un contexte historique marqué par de vives tensions entre la Syrie et les USA. Le 3 mai 2003, Colin Powell s’est rendu à Damas pour enjoindre à Bachar de suspendre tout soutien au Hezbollah, de rompre son alliance avec l’Iran et de retirer les troupes syriennes du Liban. Mais le nouveau Lion de Damas, pas moins intransigeant que son père, ne pouvait pas se soumettre à un tel diktat.  Raimbaud souligne à ce propos que « Le refus coupant du président syrien ayant été reçu comme une déclaration de guerre, la contre-attaque américaine survenait en décembre 2003 avec le « Syrian Accountability and Lebanese Sovereignty Recovery Act » marquant l’ouverture des hostilités, un feu vert pour le lancement de « plans » contre la Syrie et le Liban. »[8]

     C’est dire combien, aux yeux de l’administration américaine, l’invitation de Bachar par Ben Ali en 2004 faisait du président tunisien un « allié de l’axe du mal », axe dont la construction conceptuelle, comme tout un chacun le sait, est issue du choc des attentats du 11 septembre 2001. « Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous », disait Bush. Et dans cette logique, Ben Ali allait conforter encore cette perception négative en invitant une 3e fois, en 2010, le président syrien. Cette fois, Ben Ali se permettait même d’humilier sans ménagement les USA, puisqu’il refusa de recevoir l’ambassadeur américain en Tunisie, Gordon Gray, qui voulait lui enjoindre d’annuler cette invitation[9]. Et c’est probablement la goutte qui a fait déborder le vase. Même si la révolte des Tunisiens, déclenchée quelques mois plus tard, semble revêtir un caractère populaire et spontané, la fuite de Ben Ali vers l’Arabie saoudite n’aurait été que la conséquence d’une destitution préparée de longue date par les Américains[10]. 

     Mais la chute de Ben Ali ne marque pas, comme le veut l’opinion communément admise, le début de ce « printemps arabe ». Celui-ci était déjà initié, à mon sens, huit ans plus tôt, par l’exportation vers Bagdad, sur des bombardiers et des chars américains, d’un premier modèle de démocratie « printanière ». Le 5 février 2003, alors que les USA étaient déjà engagés dans la guerre d’Afghanistan, Colin Powell dressa son fameux réquisitoire contre le régime de Saddam. Pendant près d’une heure, il a soutenu à la tribune des Nations-Unies que l’Irak était lié à al-Qaïda et qu’il détenait des armes de destruction massive. Et afin de persuader le monde que ce pays appartenait au même « axe du mal » que les Talibans, le secrétaire d’Etat américain a brandi une fiole supposée contenir de l’anthrax. On devine aisément, à un moment où le syndrome du 11 septembre et des attaques à l’aide de courrier contaminé au bacille de charbon marquait encore les USA, quel effet persuasif était dévolu à cette rhétorique illustrée. Le flacon d’anthrax, c’est un peu le fameux argument de la figue carthaginoise, encore toute fraîche, brandie par Caton l’Ancien pour convaincre le sénat romain de la proximité de l’ennemi, et partant de l’impérieuse nécessité d’engager contre lui la 3e guerre punique[11]. Autant par la virulence des mots que par le recours à cet avatar de figue et figure emblématiques, ce dont Powell voulait persuader l’ONU, et à travers elle la communauté internationale, c’était la justesse d’un casus belli justifiant : « Irak delenda est ! »[12] 

     En juillet 2004, une fois le régime baasiste irakien détruit et alors même que Saddam Hussein était encore en vie, le monde entier apprend, non sans stupéfaction, que l’argument des armes de destruction massive soutenu par l’administration Bush n’était qu’un mensonge inventé de toutes pièces à seule fin de se débarrasser du « dictateur irakien »[13]. Il n’y avait en Irak ni armes chimiques ni armes bactériologiques ni accointance quelconque entre le régime de Saddam et al-Qaïda[14]. Et tout le réquisitoire de Powell contre Saddam, condamné en la circonstance sans appel sur des présomptions, était fondé sur une belle blague, c’est le cas de le dire, brodée par l’un des opposants au régime baasiste. Lorsque l’auteur de ce mensonge, un transfuge ou soi-disant ex-ingénieur chimiste irakien qui s’appelle Rafid Ahmed Alwan al-Janabi, apprendra plus tard que sa fable a fourni aux faucons américains l’épine dorsale du casus belli qu’ils cherchaient, il n’en reviendra pas. Interrogé par le Guardian sur les raisons qui l’avaient incité à inventer cette fable, il dira : « J’avais un problème avec le régime de Saddam. Je voulais qu’on s’en débarrasse et j’avais soudain cette opportunité. »[15]

     Sans doute faut-il souligner ici que le mensonge de Colin Powell n’est ni le premier ni le dernier à avoir servi une guerre impérialiste. Un excellent article d’Ignacio Ramonet, publié au Monde diplomatique de juillet 2003[16], rappelle un nombre indéfini de mensonges d’Etat que les Américains et leurs alliés atlantistes, en parfaits intrigants machiavéliques et mythomanes invétérés, avaient inventés et propagés à des fins bellicistes, soit contre l’Irak, soit ailleurs.  Avant d’évoquer quelques fables du même ordre tissées en vue de faire rééditer le scénario irakien en Syrie, il convient de rappeler qu’à ce propos précis, il y a beaucoup à apprendre dans les ouvrages de Raimbaud, de Guigue, d’Izambert, de Belliot[17], entre autres. Rappelons aussi ce que Roland Dumas révélait en 2013[18] : un plan préparé à Londres dès 2007 et dévoilé quelques mois avant le début de la guerre en Syrie, visant à renverser le régime de Bachar el-Assad. Ci-dessous un extrait de cette révélation : « … des Anglais authentiques, un jour m’ont demandé si j’acceptais de rencontrer des Syriens. J’ai trouvé la question un peu insolite et j’ai voulu en savoir davantage. Je leur ai demandé qui étaient ces Syriens. C’est alors qu’ils m’ont révélé tout de go, sans précautions, qu’il se préparait une action en Syrie, à partir de l’Angleterre, avec des Syriens, des gens du Proche Orient, ils ne m’ont pas dit lesquels, et que cela avait pour but de renverser le régime […]. C’est du reste ce qui s’est produit par la suite. D’autres éléments se sont agrégés à cela, notamment les pays arabes, mais l’objectif était de partir d’un petit groupe, ils avaient tout organisé, y compris le remplacement du président : il y avait là dans la réunion, je n’en ai pas parlé, le remplaçant de Bachar el Assad. C’était un vieux général. Il n’a peut-être pas gardé cette fonction, mais il était présenté comme celui qui devait succéder à Bachar el Assad. Donc c’est parti de ce moment-là, à peu près 6 mois avant le déclenchement des hostilités. »[19]




Ahmed Amri
Extrait de ma postface à Décennie avec le Lion de Damais de Bouthaïna Chaaban, Ed° ITRI, 2022
24. 03. 2022





[1]  مجدي كامل، رؤوس الشر العشرة، دار الكتاب العربي للنشر والتوزيع، 2014، ص. 41-42

[2] Je cite dans l’ordre de leur classement par l’auteur : Zbigniew Brzezinski, Bernard Lewis, Natan Sharansky, Gene Elmer Sharp, Georges Soros, Peter Ackerman, Bernard-Henri Lévy, Robert Stephen Ford, John Negroponte et Anne Woods Patterson. (Opt. cit. pp. 5-6).

[3] Walid Charara, « Instabilité constructive », Le Monde diplomatique, juillet 2005.

[4] Times of Israel Staff, Le « héros juif » Natan Sharansly lauréat du prix Genesis 2020, 10. 12. 2019.

[5] Walid Charara, opt. cit.

[6] Cet arrêt de politicide a été révélé, le 3 octobre 2007, par Wesly Clark, ancien Commandant en chef des forces de l’OTAN en Yougoslavie, qui en fut informé au Pentagone, quelques jours après les attaques du 11 septembre 2001.

https://www.youtube.com/watch?v=vE4DgsCqP8U

[7] صلاح الدين الجورشي، سوريا تعزز علاقاتها مع المغرب العربي، 13 ابريل 2001، https://www.swissinfo.ch/ara/

[8] Plutôt une guerre sans fin qu’une fin de la guerre [Visioconférence], 26 mars 2021, sur www.institutschiller.org

[9] « La visite de Bachar en Tunisie avait précipité la chute de Ben Ali ? », 11 mars 2016, sur ce lien : https://www.tunisie-secret.com/La-visite-de-Bachar-en-Tunisie-avait-precipite-la-chute-de-Ben-Ali_a1556.html

[10] Pauline Tissot, Les Etats-Unis ont-ils joué un rôle dans le départ de Ben Ali?, L'Express, 24. 01. 2011.

[11] « Répondez [dit-il aux sénateurs romains] : depuis quand cette figue vous paraît-elle cueillie ? Tous s'accordèrent à dire qu'elle était fraîche. - Eh bien ! reprit-il, sachez qu'il y a trois jours elle était encore sur l'arbre à Carthage : tant nous avons l'ennemi près de nos murs ! » (Pline l'Ancien, Morceaux choisis extraits de l'histoire naturelle, Vol. 1, Paris, 1809, pp. 439-441)

[12] Le 6 février 2005, soit le lendemain de ce réquisitoire contre Saddam, Dominique Jung, rédacteur en chef des Dernières Nouvelles d'Alsace, écrit : « … l'objectif des Etats-Unis était-il vraiment d'apporter la preuve recherchée en vain, sur le terrain, par des équipes d'experts qui ne cessent de s'étoffer ? N'était-ce pas plutôt de redire - images et sons à l'appui - que l'Oncle Sam est décidé à régler son compte à Saddam ? Colin Powell était hier dans la robe d'un procureur qui, fort de son intime conviction, met toute son éloquence au service de son réquisitoire, afin d'obtenir la peine maximum contre l'accusé. »   

https://www.nouvelobs.com/monde/20030206.OBS6416/revue-de-presse.html

[14] Est-il besoin de rappeler que cette organisation est sortie des entrailles de la CIA, financée, armée et entraînée pour servir d’abord les fins géopolitiques étasuniennes dans la guerre froide contre l’URSS ? Al-Qaïda n’est en l’occurrence qu’un « monstre de Frankenstein » qui s’est retourné contre son créateur. 

[15] L'Irakien dont le mensonge a déclenché la guerre en Irak, Slate.fr, 15 février 2011.

[16] Mensonges d’État, Le Monde diplomatique, juillet 2003.

https://www.monde-diplomatique.fr/2003/07/RAMONET/10193

[17] Pour Raimbaud:  Les Guerres de Syrie : Essai historique, Glyphe, 2020 ; حروب سورية، وزارة الثقافة السورية، 2020 ; « Tempête sur le Grand Moyen-Orient », Ellipses, 2015-2017. Pour Guigue : Chroniques de l'impérialisme et de ceux qui lui résistent (2013-2017), Éditions Delga, 2017 ; وقائع الإمبريالية والمقاومة، نشر المعهد التونسي للعلاقات الدولية، 2018. Pour Izambert : 56 - Tome 1 : L'État français complice de groupes criminels, IS Edition, 2015 ; Trump face à l’Europe : Peut-on éviter une nouvelle guerre mondiale ? IS Edition ; 2017. Pour Belliot : Guerre en Syrie, ITRI, 2017

[18] A travers son livre Dans l'œil du minotaure : le labyrinthe de mes vies (Ed° Cherche midi, 2013) ainsi que de nombreuses déclarations mises en ligne ; voir :

- https://www.youtube.com/watch?v=BH9SHxetO1I

- Entretien avec Roland Dumas sur la crise syrienne et la politique étrangère de la France, Observatoire Des Mensonges d’Etat, agorx.fr/ ; 24 février 2014.

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