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jeudi 13 février 2020

Godolphin l'Arabe, ou le Roi du vent




King of the Wind par Wesley Dennis
"Quand Allah a créé le cheval, il a dit au vent: « Je veux qu'une créature vienne de toi. Condense-toi. » Le vent s'est condensé, et le résultat fut le cheval. " (Marguerite Henry, King of the Wind, 1948)

 "L'hiver de 1732 avait été très froid et les gelées fréquentes. Vers la fin du mois de janvier de cette année, une assez grande foule s'était amassée au bas du Pont-Neuf, à l'angle de la rue Dauphine et du quai des Augustins, à Paris.
Rien n'était et n'est encore malheureusement plus commun que le triste spectacle qui ras-semblait ces oisifs. Le pavé, rendu très glissant par le givre et le verglas, ne donnant aucune tenue aux chevaux, un de ces animaux, attelé à une grosse charrette pleine de bois, ne pouvait parvenir à faire avancer d'un pas cette pesante voiture. Le charretier, homme grand et vigoureux, vêtu d'une blouse bleue, à l'air dur et grossier, accablait ce cheval de coups de fouet, le frappant tantôt sur la tête, tantôt sur le corps, avec une impitoyable brutalité
."

C'est ainsi que commence, sous la plume d'Eugène Sue(1), l'histoire palpitante de Godolphin l'Arabe(2). Et la scène (3) racontée à travers cet extrait, véridique, nous restitue l'un des moments les plus tristes de la vie de ce cheval. Un moment qui s'imbrique dans ce que l'on pourrait appeler les tribulations parisiennes de Godolphin.


Qui aurait pu l'imaginer, à Tunis et au milieu du 18e siècle, que le cheval de course beylical offert au roi français Louis XV, par un absurde revers de fortune insoupçonné, deviendrait bête de somme attelée à une charrette, « comme le génie à la misère » suivant la comparaison de Théophile Gautier ? Et pire, objet des plus abominables traitements d'une brute de charretier ?


Barbe selon les uns, arabe selon d'autres(4), ce cheval, né vers 1724 au Yémen, avait traversé toute l'Arabie, en son âge tendre, pour séjourner quelque temps à Damas. Il avait été été acquis d'abord par un chérif syien qui l'avait baptisé du nom de Scham(5). Puis, toujours poulain, il avait franchi la Méditerranée une première fois, de la rive est à la rive ouest, ayant été revendu à Hussein Ier, alors bey de Tunisie.  Enfin, après avoir reçu la meilleure éducation hippique dans les haras de ce souverain et fait ses preuves de bon coureur, Scham, âgé de 7 ans, a traversé une seconde fois la Méditerranée, cette fois-ci du sud au nord, vers la France. En en faisant cadeau (6) avec sept autres coureurs aux écuries royales de Fontainebleau, Hussein Ier  devait probablement croire qu'il ferait le bonheur du jeune roi français. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Mais, avant d'en expliquer les raisons, revenons encore à la scène racontée par Eugène Sue:

"Renâclant, soufflant, le pauvre cheval s'épuisait en efforts si continus, que, malgré le froid, il était inondé de sueur et blanc d'écume. Tantôt, se jetant avec une sorte de furie dans le collier, il y donnait si vigou-reusement que des étincelles jaillissaient sous ses fers; tantôt, sans être découragé par ces énergiques mais impuissants essais, il reculait de quelques pas pour reprendre son élan; puis, rassemblant de nouveau toutes ses forces, il tentait encore, mais toujours en vain, de mettre en mouvement cette lourde voiture. Deux fois il s'abattit sous son pesant harnais, deux fois ses genoux touchèrent le pavé glissant, et deux fois le charretier, redoublant de coups et d'imprécations, le releva en le secouant si rudement par son mors, que la bouche du malheureux animal était toute saignante." (7)

Pourquoi une telle injure du sort ? Arrivé un an plus tôt en France en compagnie de sept (8) autres chevaux, Scham et ses compagnons de traversée étaient venus jusqu'au château de Fontainebleau, accompagnés chacun de son saïs. Une fois la livraison faite, tous ces garçons d'écurie étaient rentrés à Tunis. A l'exception d'un seul, Agba, un garçon muet, qui s'occupait de Scham. Pour des raisons à la fois affectives et superstitieuses, étant, d'une part, si attaché au cheval qui lui avait été confié, et d'autre part porteur d'une médaille-amulette censée protéger le cheval contre toutes sortes de maléfices(9), Agba est resté sur les lieux, intégré au personnel domestique de Louis XV.

Louis XV, qui n'avait que quinze ans en 1731, n'ayant pu apprécier à leur juste valeur ces chevaux apparemment marqués par les traversées successives de la mer et de la France(10), on comprend ce qui a valu à Scham
, sur le sol français, ce destin mal emmanché, cette triste page de mektoub. D'ailleurs les autres chevaux n'en furent pas plus chanceux. Si quelques uns avaient été affectés au trait, confiés aux carrossiers du roi, les autres ont dû se faire vendre aussi à des charretiers parisiens. Quant au saïs de Scham, ne pouvant souffrir d'abandonner à son triste sort son protégé, il dut mener une vie errante, à la bohème, afin de suivre au quotidien les traces de son ami.

Retour au récit d'Eugène Sue: "Une troisième fois , enfin , après un dernier et violent effort tenté avec l'énergie désespérée de la douleur, le cheval tomba sur ses genoux ; mais une de ses jambes s'engageant sous lui, il ne put se redresser et resta renversé sur le côté, tremblant, baigné de sueur, et l’œil attaché sur son maître. La rage de celui-ci fut alors à son comble : après avoir cassé son fouet sur la tète du cheval, qui, abattu dans les brancards, pouvait à peine remuer et allongeait en gémissant son col sur le pavé, le charretier, par un odieux raffinement de méchanceté, se mit à donner à sa victime de furieux coups de pied dans les naseaux." (11)

Et de guerre lasse, le cheval ne put que se résigner à encaisser les coups. Tout en léchant, dans une "fierté stoïque" qui n'est pas sans rappeler le loup de Vigny, le sang répandu sur son museau. Tandis que la foule de spectateurs qui ne cessait de grossir, soutenait de son regard l'insoutenable, faute de courage pour faire autre chose que de regarder.

Quand il épuisa toutes les brutalités sans parvenir à faire redresser son cheval, le charretier "avisant une botte de paille accrochée derrière sa voiture, en arracha une poignée, la tordit en forme de torche et, tirant un briquet de sa poche, se disposa, avec la plus impitoyable cruauté, à faire souffrir une autre torture à ce malheureux animal, disant aux spectateurs, assez lâches pour le laisser faire : — Je vais griller cette rosse-là... ça la fera peut-être se relever."(12

Le rebondissement qui suit cette scène est-il inscrit dans la logique de ce qui a l'air de quelque chose de providentiel, qui s'était produit à Londres une semaine avant ? 

Au matin de ce même jour de janvier 1732, un
quaker britannique en visite à Paris a reçu de Londres une correspondance lui annonçant une bonne nouvelle. Ce qu'il désirait ardemment depuis tantôt neuf mois, s'était enfin réalisé. Sa  fille avait accouché d'un beau garçon. Et lui, le père et grand-père ainsi comblé, sitôt la lettre reçue et lue, a voulu remercier le ciel par un acte de gratitude singulière. Aussi a-t-il quitté son auberge,  se laissant guider par ses pas dans les rues et les artères de Paris, à la recherche de la créature digne de l'acte médité. Au moment précis où le charretier s'apprêtait à faire subir à son cheval l'ultime supplice évoqué, lequel -est-il besoin de le dire ? pouvant n'être en la circonstance qu'un cautère sur une jambe de bois, en homme providentiel le quaker arriva sur les lieux. Et s'étant frayé un chemin au milieu de la foule, quand il a pu croiser le regard du cheval et aviser le dessein du charretier, d'un bond il sauta et tira ce dernier de la manche de sa blouse.
Arabian, sculpture, par Arthur Du Passage (1838-1909)
S'arrêtant à ce regard furtif échangé entre Scham et le quaker britannique, Maurice Druon écrit: "Pour qui connait les chevaux et les aime, le regard d'un cheval peut être aussi expressif, aussi révélateur qu'un regard humain. Et les chevaux aussi reconnaissent parmi les hommes ceux qui savent les comprendre. Un cheval choisit son maître, autant que le maître choisit la monture. Ce grand œil sombre, à la fois fier et effrayé, qui se tournait vers l'Anglais, n'appartenait pas à une bête de trait, un animal né pour une condition serve."(13)


Acquis par ce quaker au prix de quinze louis d'or, Scham et son indéfectible ange gardien, ainsi qu'un chat, plus tard nommé Grimalkin (14), qui s'était attaché lui aussi au cheval arabe, ont pu clore ce triste épisode des tribulations parisiennes. Et traverser la Manche peu de temps après derrière leur bienfaiteur. Après maintes péripéties tout aussi émouvantes, Scham, devenu le légendaire Godolphin Arabian, a fait inscrire son nom en lettres d'or dans les annales hippiques de l'Angleterre. C'est à lui, après deux étalons précédents de la même race(15), que le pur sang anglais doit sa filiation.

Tombe d'Arabian
A sa mort en 1753,  honneur assurément peu commun qui le distingue de ses congénères disparus, Godolphin a eu droit à une tombe à Wandlebury. Et de nombreux auteurs, des peintres ainsi que des cinéastes lui ont consacré des œuvres inspirées de sa légende (16).

Cette légende, -il faut le souligner, Arabian la doit surtout aux honneurs consécutifs à un combat pour sa "Dame de cœur": Roxana. Et jamais à une performance quelconque sur un champs de course. Car ce cheval n'a jamais couru, n'a jamais voulu courir, sur un hippodrome britannique. Comme on l'a déjà dit, dès que sa rêne n'est plus tenue par Agba son saïs, Arabian devient indocile, et aucun jockey ne peut l'approcher. D'ailleurs, il semble qu'il n'ait été acquis par lord Godolphin que pour servir de boute-en-train
, afin de préparer une jument nouvellement acquise, Roxana, à s'accoupler avec Hobgoblin, l'étalon chouchouté de l'écurie.

Mais plutôt que de se prêter à ce rôle peu honorable de souffleur,
The Duel par Rosa Bonheur (1895)
Arabian a préféré viser plus haut: percevant, à travers divers signes reçus de Roxana, que celle-ci lui donnait la préférence sur le gras et pesant
Hobgoblin, il a décidé de détrôner d'abord cet étalon infatué, ce rival briguant un honneur qui ne lui revenait pas. Et s'introniser ensuite par le mérite de son propre sang sultan de l'écurie Godolphin. Pour ce faire, il a provoqué en duel son rival. Et un vrai duel s'en est effectivement suivi, dont l'auteur français précité, avec l'extraordinaire brio de sa narration, a fait l'un des épisodes les plus saisissants de l'épopée schamienne. Un épisode qui se termine par ces lignes: "Hobgoblin tomba sur ses genoux ; mais, se relevant par un dernier effort, il prit la fuite, et alla honteusement se réfugier dans la box de Scham. Resté vainqueur, Scham n'abusa pas de la défaite de son rival pour le poursuivre. Fier, radieux, triomphant, il s'arrêta. Alors, la tête haute, l’œil ombragé par une longue mèche de sa crinière sanglante, il jeta un hennissement long et retentissant comme un chant de gloire. Un autre hennissement, impatient, nerveux, passionné , haletant, lui répondit. C'était Roxana, noble prix du vainqueur..."(17)


De l'union de Roxana et d'Arabian vont naître des fils, petits-fils et arrière-petits fils champions. "Au meeting de Newmarket, en 1738, écrit Henry Lee, trois de ces fils se trouvaient engagés, le même jour, dans des courses différentes. C'étaient Lath, cinq ans, Cade, quatre ans, et Regulis, trois ans. Ils gagnèrent tous trois. Leur propriétaire, lord Godolphin, avait tellement escompté ce triple succès, qu'il avait fait conduire leur père sur l'hippodrome, afin qu'il pût assister à la victoire de ses enfants."(18).

On ne compte pas ses descendants qui ont contribué à leur tour à honorer cette légende: Eclipse (1764-1789), cheval de course britannique invaincu toute sa carrière, Man o 'War (1917-1947), affectueusement surnommé Big Red, meilleur cheval de l'histoire des courses américaines,  Secrétariat, (1970 –1989) surnommé lui aussi « Big Red », l'un des plus grands champions américains de l'histoire des courses...

En guise de conclusion, rappelons qu'une étude faite par Barbara Wallner et ses collègues de l'Institut d'élevage et de génétique animale (Université de médecine vétérinaire de Vienne), publiée en 2013, a révélé que presque tous les pur-sang anglais et près de la moitié des races de chevaux de sport modernes dans le monde portent l'haplotype Eclipse, descendant de Godolphin, le Roi du vent (19).



A. Amri
15..02.2020




Notes:
 
1- La Cucaracha, V. 2, Paris, 1842, p. 101. 

2- Edward Coke (le quaker britannique dans le récit d'Eugène Sue) fut le premier propriétaire britannique de ce cheval. A sa mort, le cheval est légué à Roger Williams. Et quand lord Godolphin l'achète, il le baptise de ce nom: Godolphin Arabian.

3- Ce mot, attesté en français depuis 1531 au sens de « représentations théâtrales de l'Antiquité » , du latin  scaena (tente, berceau, scène de théâtre), du grec σκηνή skènè (construction en bois, couverte), est en fait emprunté à l'arabe سَكَنٌ sakan (habitat), du verbe سَكَنَ sakana (habiter). Voir à ce propos:
- Etienne Guichard, Harmonie étymologique des langues, Paris, 1606, p. 952
- Samuel Bochart, Geographia Sacra, Caen, 1646, p. 185.

- Louis Thomassin, Méthode d'étudier et d'enseigner chrestiennement et utilement la grammaire, ou les langues, François Muguet, 1690, p. 249
- Beuzelin, Nouvelle méthode pour faciliter la première étude de l'arabe, Paris, 1855, p. 138
- William Muss-Arnolt , On Semitic Words in Greek and Latin, American Philological Association, 1892, p. 75, note 10
- Antoine-Paulin Pihan, Dictionnaire étymologique des mots de la langue française dérivés de l'arabe..., Paris, 1866, p. 329.

- Giovanni Semerano, Le origini della cultura europea: rivelazioni della linguistica storica. Dizionari etimologici : basi semitiche delle lingue indeuropee, L.S. Olschki, 1994, p. 552

4- Pour le "General Stud Book", registre généalogique de chevaux en Grande-Bretagne et en Irlande, c'est un barbe. Mais il y a lieu de croire que cette identification ne serait que le produit d'une confusion faite avec le cheval Brown Western Barb (voir L'histoire de DNA : Godolphin Arabian le roi des boute-en-train). Pour Eugène Sue également, c'est un barbe, et de l'une de ses meilleures branches, le Bou-ghareb, « un des plus dignes descendants d'une des plus anciennes races de Barbarie, nommée, à cause de sa vigueur et de sa vitesse, race des rois du jarret »( La Cucaracha, V. 2, Paris, 1842, pp. 118/119). Cet avis est partagé par de J. Brunton Stephens (The Godolphin Arabian: The Story of a Horse, Londres, 1873). Pour Judith Blunt-Lytton (éleveuse de chevaux arabes et joueuse de tennis), Godolophin arabian est probablement de race arabe ou descendant de chevaux arabes. (The Authentic Arabian Horse, George Allen & Unwin Ltd., 1979, 3e éd.)

5- Dans son King of the Wind, Marguerite Henry interprète ce nom comme une apocope de "شمس chams" (soleil).

6- Rappelons que l'arabe الهدية al hadya (le cadeau) a déjà donné l'espagnol alfadia et le portugais odia, adia (de même sens). Le mot "hadie" (de sens identique) est attesté dans Maqrê Dardeqé, un dictionnaire hébreu-italien-arabe écrit en 1395 et publié à Naples en 1488. On en trouve également l'attestation dans le Glossaire Hébreu-Français du 13e siècle (Mayer Lambert et Louis Brandin, Genève 1977, p. 256).

7- Eugène Sue, op. cit., p. 101/102.


8- Le chiffre varie selon les sources, allant de 6 à 9, mais on s'accorde à dire que tous les chevaux avaient été sélectionnés parmi des mâles destinés à devenir étalons.

9- Eugène Sue, op. cit., p. 102.

10-Selon le site Thoroughbred Heritage,  pendant son séjour en France, le vicomte de Manty, qui a pu voir Scham dans les écuries de Louis XV, l'a décrit comme étant magnifiquement fait mais "à moitié affamé", avec un tempérament têtu qui le rendait mal aimé du personnel de l'étable. Il est très probable qu'il était en mauvaise condition physique, après son voyage de Tunis, à la cour du roi français. Le film tiré de l'oeuvre de Marguerite Henry (King of the Win) évoque également ce fait.

11- Selon la légende qui sera tissée plus tard autour de Godolphin l'Arabe, ce garçon d'écurie était persuadé qu'un signe blanc, sur son pied droit arrière, prédestinait le cheval à une existence d'exception. En même temps, un autre signe sur le poitrail, en forme d'épis de blé, augurait de qulque malheur pouvant frapper le cheval. Et le garçon d'écurie aurait reçu du bey tunisien en personne une médaille-amulette dont le pouvoir est de contrer, justement, ce malheur.


12- Eugène Sue, op. cit., p. 103.


13- Le Prince Noir, in Des seigneurs de la plaine à L'hôtel de Mondez: nouvelles, R. Julliard, 1962, p. 111.

14- "Godolphin fut le héros d'un exemple d'amitié rare, écrit Henry Lee. Il avait pour camarade de
Peinture de George Stubbs (1724-1806)
box un chat qui ne le quittait pas pour ainsi dire, et qui passait son temps, soit sur son dos, soit couché entre ses jambes de devant. Quand Godolphin mourut, en 1753, à l'âge de 29 ans, le chat refusa de manger, languit quelque temps et mourut à son tour. Le portrait de Godolphin et de son chat, par Stubbs, se trouve encore au château de Gog-Magog." (
Historique des courses de chevaux de l'antiquité à ce jour, Paris, 1914, p. 40)

15- Byerley Turk (1684-1706) et Darley Arabian (1700-1730)

16- Pour les livres: outre le récit en français d'Eugène Sue, , - Eugène Sue, La Cucaracha, V. 2, Paris, 1842, on peut citer encore, dans l'ordre chronologique de leurs parutions:
- Eugène Sue, The Godolphin Arabian; or, The history of a thorough-bred, Londres, 1845
- James Brunton Stephens, The Godolphin Arabian: The Story of a Horse, London, 1873
- Frederic George Stephens & Lefevre Gallery, The Duel (the Godolphin Arabian and Hobgoblin), L. H. Lefèvre (Londres), 1896
- Marguerite Henry, King of the Wind, Chicago: Rand McNally, 1948 

- Maurice Druon, Le Prince Noir, in Des seigneurs de la plaine à L'hôtel de Mondez: nouvelles, R. Julliard, 1962
- Peter Cannon-Brookes, The Crabbet Park Portrait of The Godolphin Arabian, hrupp Farm Publishing, 2004

Peinture: The Godolphin Arabian, par George Stubbs
The Godolphin Arabian par Daniel Quigley
Le Duel par Rosa Bonheur (Musée du Louvre).

Sculpture:
Arabian par Arthur Du Passage (1838-1909)

Cinéma

King of the Wind de Peter Duffell (1990), d'après le roman éponyme de Marguerite Henry (1948)

Partie I:



Partie II:

 

Partie III:


Godolphin arabian: documentaire tunisien de Taieb Jallouli (2011).

17- Eugène Sue, op. cit., p. 200.

18 Op. cit., p. 40.

19The father of ALL racehorses: Scientists discover majority of modern thoroughbreds are descended from the British stallion Eclipse.



mardi 14 octobre 2014

A la recherche d'un mendiant tunisien - par Amr Abdelhamid

Quand ils parlent de leur pays, surtout à l'intérieur, les Tunisiens ont rarement l'occasion de se montrer élogieux. Il y a toujours mille et une choses qui ne vont pas. Et quand la politique est de la partie, le plus chauvin comme le moins ne manqueraient jamais de prétexte pour renchérir et accabler en toute circonstance le pays.
Fort heureusement, cette vision si réductrice de la Tunisie n'est jamais corroborée par les  étrangers qui y viennent du Nord comme du Sud. Et en livrent souvent des impressions pour le moins flatteuses.

En témoigne l'article ci-dessous écrit par 
Amr Abdelhamid, homme de médias égyptien.
 
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J'avoue que mon premier voyage en Tunisie a longuement tardé. J'avais envie de faire la visite de ce pays depuis le départ, à la gare Sidi Bouzid, du train de printemps arabe en fin de décembre 2010. J'ai maintes fois projeté d'y aller. Mais il y avait toujours un contretemps qui m'en empêchait.

Et finalement, j'y suis parti et j'y ai passé cinq jours entiers, me déplaçant entre la capitale Tunis, le village enchanté de Sidi Bou Saïd et Carthage, sa riveraine pittoresque.

Les impressions que j'en ai gardées sont celles d'un homme qui y avait fugué pour oublier la politique et ses palabres, et non celles d'un homme de médias.


A la célèbre avenue Habib Bourguiba, j'ai scruté les visages des gens assis aux terrasses des cafés sur les deux bords. Des centaines de jeunes des deux sexes, des hommes, des femmes, des enfants, des étrangers. A les voir si nombreux, on penserait qu'ils se sont donné rendez-vous pour se voir à la même heure. Tandis que à voir sur l'allée piétonne séparant les deux voies de l'avenue de nombreuses patrouilles de police, de la statue Ibn Khaldoun à la place 14 Janvier, on a le sentiment d'être, en tout instant, en sécurité.

Mais quelle que soit l'importance de ce sentiment, on ne peut le comparer à un sentiment plus merveilleux qui fait défaut au touriste dans les rues du Caire: le sentiment de vie privée. Flâner ici et là sans avoir à se faire agacer par des importuns, si le touriste est un homme, ou par des harceleurs s'il s'agit d'une femme âgée entre 12 et 62 ans !
La plupart des Tunisiennes et des étrangères sont "branchées", habillées à la mode. Néanmoins on ne voit nulle part ni n'entend acte ou parole de harcèlement.

"Peut-être que ce constat ne s'appliquerait qu'au centre de la capitale, me suis-je dit, en raison des forces de l'ordre déployées à proximité du ministère de l'intérieur et de l'ambassade de France". J'ai gardé cette réserve et je me suis dirigé vers le Vieux Marché qui rappelle  Khan El Khalili au Caire. Là, les venelles sont étroites et s'étendent de Bab B'har à la vieille mosquée la Zitouna. Des boutiques étalent ce qui peut affrioler les visiteurs de la Médina: mosaïques, poteries, curiosités artisanales, parfums, confiseries, etc. La plupart des marchands ne se retournent même pas à votre passage, comme si votre présence ne les intéresse pas, quand bien même vous vous arrêteriez pour tourner et retourner à votre guise leurs marchandises. Si un marchand pressent que vous avez réellement envie d'acheter quelque chose, et seulement dans cette condition-là, il vous propose alors ses conseils. Mais de manière pudique et avec civilité. Et sans jamais courir après vous si vous repartez sans rien lui acheter. Ici, vous êtes libre de flâner, de vous arrêter, de vous assoir à l'intérieur d'un café au style européen ou un autre populaire. Et à la Médina comme à l'avenue Bourguiba, c'est le même constat.

Sidi Bou Saïd
Je me suis dit alors:" rien ne peut objectiver le sentiment de vie privée autant qu'une course dans un taxi." J'ai décidé d'aller à Sidi Bou Saïd. Un village perché en douceur sur une colline qui surplombe la Méditerranée. Regarder la mer d'une telle hauteur est une volupté indicible. J'ai arrêté un taxi et je me suis engouffré dedans. On a déclenché le compteur. L'auto-radio diffusait une chanson de Amr Dhiab. A la faveur d'un appel que j'ai reçu du Caire, le chauffeur a compris que je suis égyptien. Mais il ne s'est  permis de causer avec moi que lorsque je l'y ai incité. Je me suis enquis de la situation du pays, des préparatifs aux élections présidentielles. Il m'a répondu sur le ton d'une personne plutôt satisfaite. On ne pourrait espérer mieux, dit-il, quand on voit ce qui se passe chez nos voisins les Libyens. Il ne s'est plaint ni de la hausse des prix des carburants, de la flambée des prix en général, ni du décès de sa tante. Il n'a parlé ni du coût de la rentrée scolaire ni de l'échéance de taxi tombant mal à propos. Et il n'a pas abusé de mon statut de touriste pour garder la monnaie quand je l'ai payé. Ce n'était pas, là, un taxi d'exception en Tunisie. C'était la conduite communément observée que j'ai constatée durant ce séjour, faisant appel aux services de 4 à 5 taxis au quotidien.
Carthage: site archéologique

Sur les sites archéologiques de Carthage, j'ai été frappé par la propreté et l'ordre qui règnent partout. J'ai vu la résidence de notre ambassadeur sur le rivage de la mer, avoisinant d'un côté avec la Méditerranée, de l'autre avec ce que la civilisation romaine a "offert" à l'humanité. Je me suis exclamé en invoquant le Prophète, pour ne pas avoir l'air d'envier l'heureux ambassadeur !

Dans la périphérie du Musée de Carthage, il n'y avait pas la trace d'une poubelle. Il n'y avait pas non plus un quelconque arbitraire dans les rapports avec les visiteurs. Je n'ai pas vu de marchands ambulants. Par contre, il y avait de nombreux kiosques, mais alignés de manière ordonnée et proposant des souvenirs qu'on achèterait en toute spontanéité. Je n'ai pas vu des types qui vous extorquent en vous proposant des services que vous n'avez pas requis. Et personne ne vous aborderait de manière intruse dans votre promenade pour vous lancer comme un robot:" Bonne année, Pacha!"
Durant cinq jours, j'ai été heureux de ne pas entendre cette formule rituelle en Egypte, qu'on entend six mois avant l'Aïd et six mois après. Pour l'obole à en tirer par ses diseurs ! Je n'ai entendu que: " joyeux Aïd !" Un souhait sincère et désintéressé.
Tunis - La Médina

Encore une fois, je me suis dit:" est-ce que je me trompe dans mes constations? Est-ce que je suis injuste à l'égard de mon pays en le mettant dans une telle comparaison?"
Peut-être ! mais nonobstant l'amertume de l'Egyptien pour son pays, c'est le sentiment fort d'avoir à bon droit de telles impressions qui l'emporte toujours sur toute tentation de nuancer. C'est du moins ce que j'ai acquis durant ce voyage.

Tout marche en Tunisie comme j'aurais voulu que ce soit en Egypte ! Normalement à tout le moins. Sans tout le superflu qui devient source d'ennuis, d'énervement, de tensions. Et je me suis rappelé l'expression "la Tunisie comme réponse!"

Les Egyptiens ont répété cette expression quand les Tunisiens s'étaient révoltés contre Ben Ali. Et l'ont réitérée encore quand les dirigeants du mouvement Ennahdha (branche tunisienne des Frères Musulmans) se sont conduits de manière intelligente à leur accession au pouvoir. Ils ont tiré profit des erreurs de leurs frères en Egypte, ne perdant pas la raison lorsque les Tunisiens ont investi la rue pour contester la façon dont le chef de gouvernement islamiste a géré le pays.

Au dernier jour de mon séjour en Tunisie, je me suis assis dans un café et j'ai demandé une confiserie tunisienne. J'ai été surpris de constater que ce qu'on m'a servi suffirait amplement à satisfaire trois personnes. Au moment de m'en aller, j'ai hésité un moment pour laisser le reste de l'assiette. Puis j'ai décidé de l'emporter à la "take away". Mon intention était de donner ce reste au premier mendiant croisé dans la rue. Et là, nouvelle surprise pour moi ! J'ai découvert que durant les cinq jours passés en Tunisie, je n'ai vu nulle part des mendiants. Est-ce logique?

J'ai voyagé dans pas moins de 50 pays. Et même dans certains appartenant à ce qu'on appelle premier monde, j'avais l'habitude de rencontrer des nécessiteux faisant la manche à l'entrée des stations du métro ou sur les places publiques. Néanmoins, tout en étant certain qu'il devrait y avoir des mendiants à Tunis, pour l'honnêteté je n'en ai pas vu un durant mes promenades quotidiennes dans son centre ou dans son vieux marché.
    
Alors que le taxi me conduisait à l'aéroport de Tunis-Carthage, veillant à ce que le chauffeur ne m'entende pas, j'ai dit en guise d'adieu à Tunis:  " heureuse cité où les mendiants et les harceleurs n'ont pas droit de cité!"  



Amr Abdelhamid
Traduction A. Amri
14 octobre 2014



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