jeudi 17 juillet 2014

Hommage à Ahmed Matar


"Je n'écris pas de la poésie; c'est la poésie qui m'écrit. Je voudrais bien me taire pour mieux vivre. Mais ce que j'endure me fait parler." Ahmed Matar

Selon des sources électroniques relayées par Oasis FM, le poète irakien Ahmed Matar serait décédé ce 17 juillet 2014 à Londres, à l'âge de 60 ans. Mais il semble que cette information est mensongère. Et nous souhaitons en avoir la confirmation au plus tôt.
Né dans la banlieue de Bassorah en 1954, Ahmed Matar a commencé à écrire la poésie alors qu'il était collégien âgé de 14 ans. Engagé depuis sa prime jeunesse, il connut la prison puis l'exil à deux reprises à cause de ses écrits. Une première fois au milieu des années 70 quand il fut contraint d'aller vivre et travailler au Koweït, puis en 1986 quand, expulsé avec son ami le caricaturiste palestinien Néji Al-ali, il alla s'installer en Grande Bretagne.

En modeste hommage à ce grand poète insoumis qui, où qu'il a vécu, n'est jamais resté à l'écart des problèmes politiques et sociaux des peuples arabes, ci-dessous deux poèmes traduits par l'auteur de ce blog. (A.Amri - 17 juillet 2014)


Pamphlet contre le tartufe Karadhaoui















 

Il revient à la charge
l'émetteur de fatwas

baver tout son soûl
sur l'honneur des femmes
excepté la quatrinité sacrée
ma mère, ma sœur
ma fille, ma femme
est halal

halal et sanctifié ici-bas
tout acte terroriste
à condition que ce ne soit pas moi
qui y passe de vie à trépas

que les maisons habitées
soient dynamitées
c'est du jihad
cent pour cent saint
pour autant que mon toit
à moi
en sorte sauf et sain

la vertu chez moi
une chenille qui se tord
selon les tribulations de la vie
et l'étoile sous laquelle
tel ou tel est né

quand loin de moi
elle tombe avec fracas
sur tel ou tel infortuné
l'épreuve m'engage
bouche cousue
à ne pas lever le nez
si elle percute mon nez
ma voix tonne et tempête
à grand fracas

Ainsi donc
à la guise d'une telle vertu
je ponds vendredi une fatwa
que samedi je ravale
si les bottes du plus fort
me la renvoient au panier

la modération en islam
c'est fifty-fifty
les délits
simultanément
on les consent et interdit

tels actes sont jugés impies
si le gros pis
de ma chamelle pie
s'en tarit
sinon pieux et zélés
s'ils drainent plus de jus
à ma chamelle et son pis

lui le mufti
a émis ses fatwas
et moi à mon tour
j'émets les miennes
le vice est dans l'ivraie
non dans le bon grain
la laideur
au cœur du sculpteur
et non dans la pierre
à sculpter
votre pondeur de fatwas
c'est la bombe et son poseur
n'accusez pas son consultant
pris dans la toilé d'araignée

par conséquent
nous sommes voués
à la destinée du troupeau
à l'abattoir alignés
écartelés entre les hachoirs
des sentences de mort
et les bottes de nos bourreaux

Et l'islam même en deviendra athée
si l'on ne musèle à temps ce mufti!

Ahmed Matar
Traduction A.Amri


23.01.2013

Entretien avec l'espoir



Hier j'ai contacté l'espoir
"Est-il possible, lui dis-je,
que l'exquis parfum puisse s'extraire
de l'oignon
et du hareng salé?"
- Oui, qu'il a dit.
- Est-il possible
que dans un foyer
inondé de pluie
le feu puisse s'allumer?
- Oui-da! qu'il a dit.
- Est-il possible
que de la coloquinte
on puisse distiller du miel?
-Assurément! qu'il a dit.
- Est-il possible
de mettre la terre
dans les anneaux de Saturne?
- Bah oui, qu'il a dit.
Oui-da! assurément!
car tout est probable!
- Alors, dis-je,
un jour assurément
nos potentats arabes
rougiront de honte."

L'espoir me dit alors:
"Si cela se produit
viens cracher à ma figure!"

Ahmed Matar
Traduction A. Amri

19.02.2013
 
 
 
Poèmes traduits du même auteur:
Abbas, fourbis ton arme !
 
Au sujet de Ahmed Matar:

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir,
Je suis une poétesse Française d'origine Marocaine, je traduis de l'Arabe la poésie engagée du grand poète Irakien Ahmed MATAR. Maintes fois j'ai essayé de le joindre pour avoir son accord pour publier sa poésie traduite, tout le courrier que j'ai envoyé aux adresses que j'ai trouvé malheureusement, m'était retourné. Là sur votre site je vois que vous avez mentionné sa mort est-ce vrai?
Merci de me répondre sur cet émail: sadiahajib@yahoo.fr
Merci d'avance Mr AMRI

Unknown a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit…

Bonsoir,

J'ai découvert tout à fait par hasard ce poète. Malheureusement, je suis étonné de ne trouver aucun recueil traduit en français.

SLATNI (Citoyen du monde ) a dit…

Merci de continuer de traduire ses poèmes et moi je partage vos traductions à nos amies de langue française

Ahmed Amri a dit…

Bonjour Poétesse!
Pardonne-moi si je n'ai pu découvrir ton message plus tôt pour y donner suite. A. Matar est mort le 22 mai 2014 à Londres, soit près de 2 mois avant la publication du modeste hommage que j'ai dédié à sa mémoire. J'espère que tu as déjà publié ses traductions car un tel hommage n'a pas besoin d'accord ni de l'auteur ni de ses ayants droit.
Amitiés,
Ahmed

sadiahajib a dit…

Bonjour, Je dépose sur ce site le poème "Al hirbaa" Du grand feu poète Irakien Ahmed MATAR, traduit par mes soins, en essayant de bien préserver en respectant le sens de l'écris de cet éloquent poème. je l'ai déposé pour permettre aux Francophones de connaître la belle poésie de ce grand poète. Cordialement Saadia HAJIB PIERRARD.



CAMELEON







Sa seigneurie l’ancien occultiste(mollah)
A repris ses fatwas:
« Violer toutes les femmes est permis sauf ces quatre:
Ma femme, ma fille, ma mère et ma sœur»
« tout terrorisme est résistance,
Sauf celui qui conduira à ma mort»
« Faire exploser les maisons,
Est un acte martyre, sauf exploser la mienne »
« Pour moi, la piété serpente entre malheur et, malheur
Selon la chance, s’il tombe sur un autre
J’étouffe mon silence
Si ça s’approche en douce derrière moi
Je sèmerai un ouragan dans ma voix »
Selon l’humeur de cette piété,
Je crache ma fatwa le vendredi
S’elle touche les souliers d’un tyran,
Je la lèche le samedi »
«Modération, moitié, moitié
Les actes criminels sont en même temps



Illicites et, licites
Mécréance s’ils tombent au-dessus de moi
Guidance, s’ils passent en dessous »







Lui a émet sa fatwa,
Moi j’émets la mienne
Le mal, c’est dans la mauvaise graine
Le mal n’est pas dans la plante
La laideur d’une œuvre revient au sculpteur
Et, non à la matière glaise
Meurtrier, celui qui émet une fatwa,
Qui incite à tuer
Et non, celui qui va l’exécuter
Sinon, on va devenir du bétail
Entre les haches de nos meneurs
Et, sur leurs étals



Et, l’islam reniera sa foi
Si on ne met pas une muselière à ce mollah !







sadiahajib a dit…

Bonjour, J'ai oublié de mentionner que le poème traduit " LE CAMELEON" que je viens de déposer sur ce site fait parti du recueil "LE BEST OF AHMED MATAR" traduit par mes soins du poète Irakien Ahmed MATAR.

Ahmed Amri a dit…

Merci pour toutes vos interactions; elles sont enrichissantes.

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