lundi 4 octobre 2010

Celui qui injuriat sa mère par amour du sein nourricier

Il s’appelait Boucetta, ou on l’appelait comme tel.
Il devait avoir la soixantaine, un peu moins, un peu plus, quand il est mort. Je dis « mort » car je présume qu'il n'est plus de ce monde, ne l’ayant revu nulle part depuis une bonne trentaine d’années. Et la dernière fois que je l’avais vu, comme la première dix ou quinze ans plutôt, Boucetta était plein comme un sac. Assez comme toujours pour baver sur les honnêtes citoyens, disons surtout leurs respectables institutions, leurs symboles sacrés, leurs amulettes, gris-gris, talismans et fétiches de patriotisme à la con, comme il disait, et tout le bataclan. Et se faire immédiatement jeter après en tôle. Médire de la Patrie et la maudire en un tel état d'ébriété, profaner ce qu'elle a de plus saint et, sauf votre respect, du pied en cap! était l'air à boire de Boucetta.
Heureusement qu'il y a la tôle! parce que sans ça, bonjour les dégâts! Vous conviendrez que ceux qui ont inventé la tôle, les premiers bâtisseurs de ces merveilles nées en même temps que la société policée, l'ont fait d'abord, voire exclusivement, par amour de la Patrie. Car il n'est de peste qui puisse inquiéter l'humanité, et à sa tête ceux qui ont l'ingrate tâche de l'en préserver, que l'impiété patriotique.
Boucetta était-il un impie patriotique?
Aux dires de ses vieux compagnons de tasse, le bonhomme n'était assurément ni saint ni apôtre en matière de piété patriotique. Mais ce n’était pas non plus le scélérat justiciable et pendable, et voici pourquoi. D'abord il n'était pas communiste! ni socialiste d'ailleurs. Ni anarchiste. Ni nationaliste. Ni -cela va de soi- intégriste, sauf à se méprendre un peu sur les vignes ou les palmes du Seigneur qui alimentaient son Courant. Opposant, traître, vendu, tous ces qualificatifs s'avèrent impropres à son sujet. Maboul alors? Timbré, et assez, pour se permettre un tel « air à boire»? Se le permettre et l’adopter comme style de vie, ou plutôt principe de survie tant qu'il fut de ce monde.
Non! que non! vous jureraient ses vieux compagnons de tasse. "Mais c'était par amour du sein nourricier que le scélérat insultait sa mère!" Il aurait été même, sauf respect des patriotes décorés de toutes les légions, plus patriotique que le meilleur de vous et moi. Mais il ne lui venait jamais à l'esprit de s'aligner comme vous et moi devant une perche sur laquelle un drapeau est perché pour saluer le drapeau. Ou même seulement la perche! "Pasque c'est pas un salut à vot' dapô qui m' faut à moi, pour mon salut!" qu'il disait Boucetta, quand quelqu'un le narguait là-dessus, manière de dérider un peu l'assemblée.

Et sans le moindrement vouloir faire l'apologie, n'en déplaise à Dieu! de l'impiété patriotique, je dirais qu'il aurait eu tout à fait raison de formuler et soutenir son pasque, ce scélérat d'ivrogne. Jamais salut en bonne et due forme patriotique ne lui assura parcelle de salut! l'injure patriotique, elle, tapageuse et assortie de la marche civile qui lui fut constamment associée, sauva toute sa vie feu Boucetta!
D'ailleurs, sa marche à Boucetta ne pouvait s'accommoder d'aucun alignement ni de perche aucune. Marche, comme la militaire, sauf que la sienne était civile, individuelle et plus dévote! L’injure à la Patrie, à ses dirigeants, était en quelque sorte son hymne national à lui. Et il ne manquait jamais de le scander en lieu et temps opportuns, ni ne se permettait de brider son zèle quand, le dernier verre vidé, il sortait du bistrot, se plantait au milieu de la rue la plus animée, se criait: "marche!" et de sa voix de ténor éraillée par l’alcool et le tabac, titubant mais décidé dans sa marche, s’acquittait ainsi de son devoir de patriote pas comme les autres.
Évidemment, dans une ville où le spectacle était souvent l'œuvre improvisée de la rue -il y avait deux salles de cinéma mais les chefs-d'œuvres de Hollywood pâliraient devant les productions inouïes de nos bars- la marche de Boucetta drainait toujours son fervent public. Badauds, touristes, clients des cafés avoisinants s'attroupaient sur le lieu dès qu'ils entendaient sonner le clairon du Patriote. La circulation s'arrêtait, les commerces suspendaient leurs activités, les balcons qui surplombaient la rue se bariolaient de leurs couleurs féminines, les pieux remettaient à plus tard l'heure de la prière. Et tout le monde prenait sa part à ce spectacle gratuit où l'on pouvait littéralement se tenir les côtes de rire. Il y avait même parmi les touristes quelques objectifs, férus d'art et d'insolite, qui se braquaient sur la scène, immortalisant cet instant qui rajoutait au dépaysement. Ça durait ce que cela pouvait durer, mais il y a toujours un moment où la police doit s'amener quand même -c'est toujours au beau milieu de la marche- non sans froisser une partie du public, pour remettre de l'ordre dans la rue. Et pour ce faire il fallait juste que le fauteur de trouble soit jeté dans le panier. Et que celui-ci ait immédiatement mené sa salade au commissariat.
Vous voulez savoir ce qui faisait sortir du moule commun un tel patriote, la raison de cette conduite, d'aucuns diraient inconduite, qu’aucun code de conduite civique ne reconnaisse ni ne puisse intégrer comme exemple à suivre, pour le bonheur de « bons citoyens » que nous sommes ?
C'est une histoire rocambolesque, pas nécessairement des mieux édifiante, mais puisque je l'ai déjà entamée, je n'ai d'autre choix que la mener à son dénouement. En vérité, de son vivant Boucetta était ce que l’on peut appeler rétrospectivement un SDF. Sans doute le meilleur de son rang, inégalé, sans pair aucun ni en Tunisie ni dans les pays mêmes où les SDF ont acquis ce statut de citoyens à part entière en même temps que ce sigle qui le dit si bien. Et cet SDF qui est parti un jour sans trop se faire remarquer, si ce n'est par des nostalgiques du "bon vieux temps" qui l'évoquent parfois à travers une anecdote comme celle-ci, avait une longue histoire bien ancrée dans le passé. Une histoire qui remonte à l'époque de la Tunisie beylicale. Et qui s'enchâsse aussi dans celle du protectorat français.
Du temps où ce protectorat avait encore quelques belles années devant lui, le premier à l’avoir insulté en public, et à cor et à cri, était Boucetta. Et c'était pour lui dire, à lui ou ses institutions protectrices, qu'en fait de protection certains Tunisiens espéraient encore qu'ils en seraient assurés tellement ils se sentaient orphelins! C’est vous dire de quelle pâte était ce patriote. Qui des Tunisiens vivant dans les années 30 ou 40 ait pu baver autant que Boucetta sur l’honneur de telle puissance coloniale, un empire qui maintenait sous sa domination on ne sait plus combien de pays répartis sur trois continents au moins ? « France, t'es là, ma coquine ? qu’il disait. Pétain, mais dis-moi combien de pères t'as, putain de maréchal!» Et ce ne serait que deux pâles graines dans le chapelet, encore que l'euphémisme inhérent à la traduction aurait expurgé en bonne partie ces graines, le français le mieux adapté au crû arabe ne pouvant rendre toute sa teneur ni même l’essence de sa verdeur aux propos insultants que Boucetta, dans les vignes ou palmes du Seigneur, vociférait à l’encontre de la République.
A quand remonte le baptême du feu, l’étincelle de la « lutte par insulte » contre l’occupant français ? Je m’étais enquis à ce sujet auprès de quelques vieux compagnons de bar de Boucetta, et confrontant les témoignages des uns et des autres, j'en conclus que la première fois que la gendarmerie française eut à arrêter Boucetta fut une nuit d’hiver. L’année ? D’après le calendrier consigné dans la mémoire des vieux, c’était l’Hiver du Gel. Ce n’est ni lunaire ni grégorien ni républicain mais gabésien, et pas moins digne d'historicité.
Un soir donc, au plus fort de l’Hiver du Gel, plein comme un sac mais sans le sou, Boucetta quitte le bar et fait : « brrr ! ça caille, nom de pipe ! » Il est pourtant drapé de son burnous, coiffé de sa chéchia, a un mégot qui brûle encore entre ses lèvres et les vapeurs de tout ce qu'il a pu biberonner le long du jour ne font que monter! En titubant, il fait deux pas à droite, trois à gauche puis, se ravisant, cinq pas d'affilée derrière! Il a fait demi tour pour demander au premier qui lui barre le chemin à ce qu’on condescende à le laisser cuver son vin sur une table vide! Quand il était bourré, Boucetta parlait toujours fekhi, c'est-à-dire comme les docteurs de foi, les ulémas à qui on prête l'oreille parce que justement on ne les comprend pas. Mais, compris ou pas, Boucetta se fait congédier alors même que sa belle langue vient juste de se délier. Il demande alors à ce qu'on veuille lui servir un dernier verre. "Et que ça saute!" appuie-t-il du ton le plus souverain sa requête. Mais ayant entretemps pivoté d'un demi pas et titubé de deux dans le sens le plus commode à cette valse à trois temps, il a juste le temps de voir claquer la porte à son nez.
Alors, étourdi, grisé autant par l'alcool que par le froid, il s’en va errant, comme Jean Valjean à un moment de ses tribulations. Et sans avoir lu les Misérables, à force de geler il s’écrie : « eurêka !» Et sans plus tarder, il va frapper à la porte de la gendarmerie.
« Messieurs ! dit-il quand on lui ouvre, auriez-vous l’amabilité de m’accueillir chez vous, dans la plus chaude des cellules si possible, jusqu’au lever du jour ? » Soit que les gendarmes étaient eux-mêmes bourrés soit qu'ils n’étaient pas enclins, ce soir-là du moins, à une hospitalité bon enfant, on rabroua sans ménagement Boucetta. Et la porte fut fermée à son nez.
Sans le sou, certes SDF pas mal rodé, mais jamais jusque-là confronté à un Hiver du Gel aussi digne de tel nom, Boucetta se sent subitement aux abois, totalement démuni. Que faire ? Que faire pour trouver le gîte jusqu’au lendemain ?
Pressé par l’envie d’uriner, de déféquer selon une autre version, Boucetta n’eut pas le loisir de chercher un abri pour ce faire. Il en voulait un peu aux gendarmes mais répondant bien plus à un réflexe de vivant qu’à une vraie rancune, il a fait ses besoins sur le seuil même de la gendarmerie. Aurait-il pris sa vessie pour une lanterne alors qu’il prenait dans telle posture ses aises ? ou fût-ce le génie du poivrot illuminé qui s’était éveillé en ce moment-là précis pour lui susurrer l’abracadabra salutaire de circonstance ?
« França, yelli bik wa âlik ! qu’il entonna. Pétain, ya « figues et raisins !» Et même l’arabe et le français bougnoul réunis ne feraient qu'ôter tout son jus à ce que Boucetta, dans sa langue crue intraductible, chanta en cette nuit immémoriale de l’An d’Hiver-Gelant. Sérénade ou aubade, peu importe ! Mais la lourde porte avait cédé. Et les gendarmes se firent de bon cœur hospitaliers. Et Boucetta eut à passer non seulement trois jours dans la cellule de dégrisement, mais trois mois supplémentaires en prison. Pour délit d’offense à la République, ce qui avait l’avantage de mettre Boucetta au rang des fellaghas. Le seul, à ma connaissance, à n'avoir pas eu sa pension d'ancien combattant ni son permis de taxi, et qui s'en foutrait si on le rappelait de sa tombe pour lui demander de réclamer son dû! Il les troquerait volontiers contre trois litres de pinard. Et une marche!
Quand il a fini de purger sa peine, Boucetta a décidé de tourner la page à sa vie de SDF. Finies les nuits à la belle étoile, les matins sans petit-déjeuner, les soirs sans bol de soupe ! Grâce à son premier pécule de libération, il a passé son (premier) jour de libéré à se désaltérer comme un chameau. Un chameau ayant sillonné le désert, 90 jours durant, dans l’abstinence totale. Et s’apprêtant à recommencer la traversée le soir même, dans les meilleures conditions. Son dernier litre injecté sous sa double bosse, il alla faire sa sérénade à la fieffée coquine du protectorat. Celle-ci, au fur et à mesure qu'elle se faisait insulter par cet orphelin, se prit d'amour pour lui. Jusqu'à l'indépendance de la Tunisie, elle lui assura gîte, soupe, grabat en son nom, pécule trimestriel du caoua et le loisir d'insulter la coquine en grande pompe pour être constamment à ses bonnes grâces.
A suivre...
Celui qui injuriat sa mère par amour du sein nourricier (2)
A. Amri
04.10.10

dimanche 3 octobre 2010

Se taire c'est dire oui

Il y a ceux, nombreux mais plus morts que vivants, qui voient l'injustice, les abus de pouvoir, les crimes, le mal dans ses manifestations les plus inhumaines, et laissent faire. Ceux-là, qu'ils le veuillent ou non, sont les complices, les alliés objectifs des auteurs directs du mal. Parce que tout silence à ce propos est synonyme de consentement. Se taire c'est dire oui.
Il y a ceux qui entendent à longueur de vie le mensonge et savent que c'est du mensonge. Mais ils ne pipent pas d'un quart de mot pour dire au menteur:" ça suffit!" Parce que poltrons, parce que le menteur est soi-disant puissant, parce qu'opportunistes, croyant que leur silence les assure des grâces du menteur, hypocrites, arrivistes ou pas assez conscients de ce qu'un tel abstentionnisme représente au juste: une incitation à la mythomanie, l'apologie de l'injustice, une bénédiction à ses auteurs.

Et il y a ceux qui, moins nombreux mais plus vivants, refusent d'être les témoins passifs de leur temps. Conscients des aboutissants de tout mutisme consenti, conscients de la répercussion que chaque mot est susceptible d'avoir, ils osent interpeller l'injuste et ses actes. Le moindre mot, le moindre cri, le moindre témoignage qui dénonce ce mal et ses auteurs peuvent contribuer à rendre notre monde plus vivable et nous-mêmes plus dignes d'en faire partie.

A. Amri
03.10.10

vendredi 1 octobre 2010

كيف تم ابتكار الشعب اليهودي - بقلم شلومو صاند - ترجمة أ.ع


 
" أنا من هؤلاء الإسرائيليين الذين كفوا عن الإدعاء لأنفسهم بحقوق تاريخية وهمية فحين نزعم بالفعل أن حدود "الحقوق"في تنظيم العالم تعود لألفي سنة خلت فإننا سنحول هذا العالم إلى ملجأ شاسع للطب النفسي. وكذلك حين نواصل تربية النشء في اسرائيل على أساس ذاكرة جماعية مزيفة لهذه الدرجة فلن نتمكن أبدا من تحقيق تسوية تاريخية دائمة . أنا أتبنى استعارة المؤرخ اسحاق دوتشر الذي شبه تأسيس دولة اسرائيل بوضعية شخص يسقط من منزل شب فيه حريق فإذا به يقع بكل وزنه على رجل آخر كان واقفا أمام بيته فيلحق بهذا الأخير بطبيعة الحال ضررا.  وحكمنا الأخلاقي على الساقط من فوق نسبي".

(شلومو صاند - اسرائيل: نصيبنا من الكذب -لوموند 04. 04. 2002)
 
 
شلومو صاند يهودي اسرائيلي ولد بالنمسا سنة 1946 وهو مؤرخ وأستاذ بجامعة تل أبيب. ينتمي لما يسمى بالجيل الجديد من المؤرخين أصدر سنة 2008 كتابا عنوانه كيف تم اختراع الشعب اليهودي كان له في اسرائيل وقع الزلزال المدوي وجلب له ولعائلته متاعب جمة إذ اعتبر هذا المؤلف شهادة خيانة من صاحبه لإسرائيل وشعبها . الكتاب يعيد قراءة التاريخ اليهودي بدءا بنزول التوراة ووصولا إلى الحقبة الحالية وبالاستناد لحجج دقيقة تعتمد آخر الاكتشافات الأثرية من ناحية ونصوص المؤرخين من ناحية أخرى بما فيها شهادات مفكرين وزعماء صهاينة يبين أن الشعب اليهودي هو في الواقع أسطورة لا أكثر تم ابتكارها من طرف الصهاينة لتؤسس لمشروعية العودة لــ"أرض الميعاد" وكل التاريخ الذي يستند إليه الصهاينة هو تأريخ لا واقع، أي نص تم وضعه منذ بداية المشروع الصهيوني بقصد تسليح الأساطير المؤسسة وإضفاء شرعية مختلقة لعودة "شعب الله المختار" لأرضه. 
 
نشير إلى أن هذا الكتاب تلته عناوين أخرى لنفس المؤرخ تتنزل في ذات السياق: تفكيك التاريخ الأسطوري بالاعتماد على براهين علمية مستقاة من التاريخ تارة ومن آخر ما كشفت عنه الحفريات في "أؤض الميعاد" المزعومة. ومن بين هذه العناوين نذكر بالخصوص "كيف تم ابتكار أرض إسرائيل"، و"كيف كففت أن أكون يهوديا" و" في باب أمة اليهود وشعبهم".

 
 
تفكيك التاريخ الأسطوري: كيف تم اختراع الشعب اليهودي
 
هل يمثل اليهود شعبا؟ سؤال قديم يجيب عنه مؤرخ إسرائيلي بمضمون جديد. فخلافا للفكرة الموروثة أصل يهود الشتات لا يعود ليهود تم طردهم من فلسطين ولكن يتصل باعتناقات دينية متتالية تمت في شمال إفريقيا وجنوب أروبا والشرق الأوسط. وهو رأي يقوض أحد أركان الفكر الصهيوني، وبالتحديد ذاك القائل بأن اليهود هم من نسل مملكة داود وليسوا، والعياذ بالله، ورثة محاربين برابرة أو فرسانا خزرا.
 
بقلم شلومو صاند
 
كل إسرائيلي يعرف بدون أدنى شك أن الشعب اليهودي موجود منذ نزلت عليه التوراة في سيناء وأنه من ذاك الأصل متفرع والكل يعتقد أن هذا الشعب حين أخرج من مصر استقر بأرض الميعاد حيث تم بناء مملكة داوود وسليمان المجيدة التي قسمت فيما بعد بين مملكتي يهوذا وإسرائيل ولا أحد يجهل
كذلك أن هذا الشعب قد عرف المنفى في مرحلتين: بعد تدمير المعبد الأول في القرن السادس ق.م ثم إثر تدمير الثاني سنة 70 ب.م وتلت ذلك حياة تشرد دامت ما يقرب من الألفي سنة وهي محنة قادته إلى اليمن والمغرب وإسبانيا وألمانيا وبولونيا وحتى أقصى أصقاع روسيا ولكنه تمكن دوما من الحفاظ على روابط الدم بين طوائفه المتباعدة وبتلك الصفة لم ينل من وحدته شيء حتى جاءت نهاية القرن التاسع عشر ونضجت الظروف الملائمة لعودته للوطن القديم ولولا الإبادة النازية لكان ملايين من اليهود قد عادوا لإعادة إعمار "إرتز إسرائيل" (أرض إسرائيل) ما داموا قد حلموا بها منذ عشرين قرناوفلسطين العذراء كانت تنتظر أن يعود إليها شعبها الأصلي لتزهر من جديد لأنها أرضه وليست لهذه الأقلية العربية التي لا تملك تاريخا وجاءت إليها بمحض الصدفة وبالتالي فإن الحروب التي خاضها الشعب المشرد لاستعادة أرضه مشروعة في حين أن معارضة السكان المحليين العنيفة تعد إجراما.
 
من أين جاء هذا التفسير للتاريخ اليهودي ؟ هو نتاج بنائين موهوبين في إعادة بناء الماضي خولت لهم مخيلتهم الخصبة ابتكارسلسة نسب على أساس من قطع الذاكرة الدينية، يهودية ومسيحية . والتأريخ(التأريخ وليس التاريخ)الوفيرلليهودية يشتمل بالأكيد على جمع كبير من المقاربات غير أن الجدل الدائر بين أصحابها لم يشكك قط في المفاهيم الأساسية التي تبلورت في نهاية القرن التاسع عشر وبداية القرن العشرين وحين تبرز اكتشافات من شأنها أن تتناقض مع صورة الماضي الخطي فإنها لا تحظى بأي اهتمام لأن الواجب الواطني مثل فك محكم الإغلاق كان يعوق أي نوع من التناقض والانحراف تجاه الرواية السائدة . والهيئات الخاصة بإنتاج المعرفة فيما يتعلق بالماضي اليهودي (الأقسام المخصصة حصريا لـــ"تاريخ الشعب اليهودي" مفصولة عن أقسام التاريخ الذي يسمى في اسرائيل "التاريخ العام") ساهمت بقسط وافر في خلق هذا الشلل النصفي الغريب فحتى الحوار ذا الطابع القانوني حول "من هو يهودي؟" لم يشغل قط بالا لهؤلاء المؤرخين فهم يعتبرون أن كل من ينحدر من الشعب الذي أكره على حياة المنفى منذ ألفي عام يهوديا. هؤلاء الباحثون "المخول لهم" التنقيب في الماضي لم يشتركوا أيضا في الجدل الذي أثاره"المؤرخون الجدد" في نهاية 1980 لأن جل الفاعلين في هذا الحوار العام، وعددهم قليل، جاؤوا من فروع معرفية أخرى أو من آفاق غير جامعية: علماء اجتماع ومستشرقون وألسنيون وجغرافيون واختصاصيون في العلوم السياسية وباحثون في الأدب وعلماء أثار صاغوا أفكارا جديدة حول الماضي اليهودي والصهيوني وكانوا يضمون في صفوفهم أيضا حملة شهائد وافدين من الخارج ولكن لم يصدر عن أقسام "التاريخ اليهودي" سوى أصداء خائفة ومحافظة تغلفها أساليب بلاغية دفاعية ترتكز على الأفكار الموروثة.
 
اليهودية دين تبشيري
 
بإيجاز في ستين عاما لم ينضج التاريخ الوطني إلا قليلا والأرجح أنه لن يتطور في المدى القصير ورغم ذلك فإن الحقائق التي كشفت عنها البحوث تفرض على كل مؤرخ نزيه أسئلة قد تبدو مذهلة للوهلة الأولى ولكنها جوهرية. هل يمكن اعتماد الكتاب المقدس ككتاب تاريخ؟ المؤرخون الأوائل الجدد مثل إسحاق ماركوس جوست أو ليوبولد زونز خلال النصف الأول للقرن التاسع عشر لم يكن لهم تصور كهذا للكتاب المقدس فالــ"العهد القديم" في رأيهم كتاب لاهوتي مكون للطوائف الدينية اليهودية بعد تدمير المعبد الأول ولقد توجب انتظار النصف الثاني من نفس القرن لنجد مؤرخين ونخص في المقام الأول هنريش غرائيتز حاملين لرؤية "وطنية" للكتاب المقدس فقد حولوا رحيل ابراهيم لكنعان والخروج من مصر أو المملكة الموحدة لداوود وسليمان لقصص تؤرخ لماض وطني حقيقي ومنذ ذلك الوقت دأب المؤرخون الصهاينة على اجترار هذه "الحقائق التوراتية" التي أصبحت الغذاء اليومي في وجبات التعليم الوطني.
 
ولكن زلزالا حدث في سنوات الثمانين هز كل هذه الأساطير التي أسست للشعب اليهودي فاكتشافات "علم الآثار الجديد" تتعارض مع احتمال نزوح كبيرلليهود في القرن الثالث عشر قبل الميلاد وكذلك لم يكن بوسع موسى أن يخرج العبريين من مصر ويقودهم باتجاه "أرض الميعاد" لسبب وجيه ألا وهو أن هذه الأرض في تلك الحقبة من التاريخ كانت بيد المصريين ومن ناحية أخرى لا نجد أي أثر لثورة عبيد في امبراطورية الفراعنة ولا لغزو خاطف لبلد الكنعان تم بيد عنصر أجنبي ولا توجد أيضا دلالة أو شهادة ذاكرة على وجود مملكة مترفة لدوود وسليمان . واكتشافات العشرية الماضية تبرز وجود مملكتين صغيرتين في الماضي، إسرائيل وهي أكبر المملكتين ويهوذا المسماة لاحقا اليهودية ولم يتعرض سكان الأخيرة أيضا لنفي في القرن السادس قبل الميلاد ، وإنما اضطرت فقط نخبها السياسية والفكرية للإقامة ببابل وقد نجم عن هذا الإلتقاء الحاسم مع المعتقدات الفارسية مولد اليهودية التوحيدية . 

 
و ماذا بخصوص تهجير سنة 70 بعد الميلاد: هل تم فعلا؟ إنها لمفارقة عجيبة أن يمر هذا "الحدث المؤسس" في تاريخ اليهود والذي يستمد الشتات منه فخرهم دون أن يصدر بشأنه أي مرجع باحث وذلك لسبب بسيط جدا وهو أن الرومان لم يهجروا قط شعبا على كامل الجناح الشرقي للبحر الأبيض المتوسط باستثناء المساجين الذين اصبحوا عبيدا أما سكان يهوذا فقد واصلوا العيش على أراضيهم حتى بعد تدمير المعبد الثاني.
 
وقد اعتنق جزء منهم المسيحية في القرن الرابع في حين أن الأغلبية الساحقة انضمت للإسلام خلال الغزو العربي في القرن السابع وجل المفكرين الصهاينة لا يجهلون شيئا بخصوص هذه الحقائق من ذلك أن اسحق بن زفي ثاني رؤساء إسرائيل، شأنه شأن ديفيد بن غوريون مؤسس الدولة كانوا يكتبون ذلك حتى 1929 سنة الثورة الكبرى للفلسطينيين وقد أشار كلاهما في أكثر من مناسبة إلى أن فلاحي فلسطين هم ذرية سكان يهوذا القديمة.
 
وفي انعدام حقيقة التشرد انطلاقا من فلسطين الرومانية فمن أين أتى هؤلاء اليهود الذين يقطنون في حوض المتوسط منذ القدم ؟ثمة حقيقة تاريخية عجيبة تختفي وراء ستار التأريخ الوطني، فمن ثورة المكابيين في القرن الثاني قبل الميلاد إلى تمرد بار كوشبا في القرن الثانس ب.م كانت اليهودية أول ديانة تبشيرية وقد أجبر الحشمونائيم الأدوميين بجنوب يهودا والإيتوريين بالجليل على اعتناق اليهودية وألحقوا بتلك الصفة بـــ"شعب اسرائيل" وانطلاقا من هذه المملكة اليهودية الهيلينية انتشرت الديانة اليهودية في جميع أنحاء الشرق الأوسط والبحر الأبيض المتوسط وفي في القرن الأول الميلادي على أرض كردستان الحالية برزت مملكة يهود هزوانيون التي لن تكون آخر مملكة تتهود إذ ستليها ممالك أخرى لاحقا.

كتابات يوسيفوس فلافيوس ليست هي الدليل الوحيد للحماسة التبشيرية لليهود، فمن هوراس لسينيكا ثم جوفينال فتاسيس ترجم العديد من الكتاب اليونانيين مخاوفهم من هذه الحماسة . المشناة والتلمود يسمحان بممارسة التهويد حتى وإن عبر بعض حكماء السنة التلمودية عن تحفظاتهم بهذا الموضوع تحت الضغط المتنامي للمسيحية.
 
انتصار ديانة المسيح في بداية القرن الرابع لم يضع حدا لانتشار اليهودية ولكنه دفع بالتبشير اليهودي نحو هوامش العالم الثقافي المسيحي وفي القرن الخامس برزت في موقع اليمن الحالي مملكة يهودية صلبة سميت حمير وهي مملكة سيحافظ فيها نسلها على معتقدهم بعد انتصار الإسلام وحتى وقتنا هذا. أضف إلى ذلك ما ساقه لنا المؤرخون العرب بخصوص وجود قبائل بربرية تم تهويدها في القرن السابع . ولعل أكثر ما يبرز هنا في سياق الزحف العربي الذي بلغ شمال افريقيا في نهاية ذلك القرن الصورة الشهيرة للملكة اليهودية دحية الكاهنة التي حاولت صد ذلك الزحف كما تبرز مشاركة برابرة ممن اعتنقوا اليهودية في غزو شبه الجزيرة الايبيرية وقد وضعوا فيها أسس تعايش فريد بين اليهود والمسلمين خاص بالثقافة الإسبانية العربيةإلا أن أبرز تهويد شامل وذي معنى هو ذلك الذي حدث بين البحر الأسود وبحر قزوين ويهم مملكة الخزر الكبرى في القرن الثامن وقد أولد انتشار اليهودية من القوقاز إلى أوكرانيا عدة طوائف تم كبحها عدديا بفعل غزوات الماغول في القرن الثالث عشر وحصرت في اتجاه أروبا الشرقية. وهناك سترسي هذه الطوائف بمعية اليهود القادمين من المناطق السلافية الجنوبية والأراضي الألمانية الحالية أسس الثقافة اليديشية الكبرى.
 
وهذه الروايات بخصوص الأصول المتعددة لليهود موجودة ولو بصفة محتشمة في التأريخ الصهيوني إلى غاية 1960 وتم فيما بعد تهميش هذه الروايات بصفة تدريجية قبل أن تندثر من الذاكرة العامة في اسرائيل، ذلك لأن الفاتحين لمدينة داوود سنة 1967 كان يتوجب عليهم أن يكونوا من السلالة الخالصة لمملكة داوود الأسطورية وليس ، والعياذ بالله، من ورثة المحاربين البربر او فرسان الخزر وتبرز صورة اليهود عندئذ على أنهم "أتنوس" خاص نجخ بعد ألفي عام من النفي والتشرد في الرجوع لعاصمته أرشليم . إن خصوصيات هذا السرد الخطي والغير قابل للتجزئة لا تحشد فقط اهتمامات مدرس التاريخ بل أيضا تدعو اهتمام علم الحياة ومنذ سنة 1970 هناك في اسرائيل سلسلة من الأبحاث "العلمية" تحاول بكل الوسائل أن تثبت القرابة الجينية لليهود بالعالم أجمع فــ"البحث عن أصول السكان" أصبح يمثل مجالا ثابت الشرعية والشعبية في علم البيولوجيا الجزيئية في حين ان كروموسوم واي الذكر قد حصل على مكان الشرف إلى جانب كليو اليهودية في السعي المحموم لإثبات تفرد لمنشأ "الشعب المختار". هذا التصور التاريخي يمثل أساس سياسة الهوية لدولة إسرائيل وهنا مكمن الداء الذي تجرح فيه البردعة لأن هذا التصور يعطي لليهودية تعريفا جوهرياتــيا وإثــنـيـا يغذي التمييز الذي يفصل اليهود عن غير اليهود سواء كان الأخيرون عربا أو مهاجرين يهودا أو عمالا مهاجرين. وبعد ستين عاما من تأسيسها ترفض اسرائيل أن ينظر إليها كجمهورية قائمة لمواطنيها، فما يقرب من ربع هؤلاء المواطنين يعتبرون غير يهود وفي جوهر قوانينها هذه الدولة ليست لهم وفي المقابل تدعي اسرائيل دوما أنها دولة يهود العالم بأسره حتى وإن أصبحوا لاجئين غير مضطهدين وإنما مواطنين ذوي حقوق كاملة يعيشون في ظل المساواة في البلدان التي يقيمون بها. وبعبارة أخرى فإن نظاما عرقيا بدون حدود يبرر التمييز القاسي الذي تمارسه الدولة تجاه جزء من مواطنيها، متعللة في ذلك بأسطورة الأمة الخالدة التي أعادت تشكيل نفسها لتجتمع على "أرض أجدادها"وبالتالي فإن كتابة تاريخ يهودي جديد، من وراء المنشور الصهيوني ليس مهمة سهلة فالنور الذي ينكسر عند المنشور يتحول إلى ألوان إثــنــية ثابتة والحال أن اليهود قد كونوا دوما طوائف دينية مشكلة في الغالب من اعتناقات جرت في مختلف أنحاء العالم. وبالتالي فهذه الطوائف لا تمثل "أتنوسا" حاملا لنفس الأصل الموحد ويزعم أنه تنقل متشردا بتلك الصفة على امتداد عشرين قرنا. إن تطور أي تــأريخ و عملية الحداثة ، بصفة أعم، يمران لفترة ما بابتكار الأمة. وقد شغلت هذه الأخيرة ملايين البشر كما نعرف خلال القرن التاسع عشر وطوال جزء من القرن العشرين وقد شهدت نهاية القرن الماضي بالتحديد أحلاما بدأت تنهار والعلماء، بعدد يتزايد يوما بعد يوم، يحللون ويشرحون القصص الوطنية الكبيرة وبالخصوص منها أساطير الأصل المشترك التي يتمسك بها مؤرخو الماضي أو كتاب الوقائع وإن كوابيس الأمس الهويتية ستحل محلها أحلام هوية أخرى والتاريخ مثل أي شخصية مكونة من هويات "سائلة" ومتعددة له أيضا هويته المتحركة.
 
شلومو صاند
 
ترجمة أحمد عامري
2010. 10. 01
 
 
النص الفرنسي

Quand les médias crachent sur Aaron Bushnell (Par Olivier Mukuna)

Visant à médiatiser son refus d'être « complice d'un génocide » et son soutien à une « Palestine libre », l'immolation d'Aar...