mardi 14 novembre 2023

Palestine-Israël : la fronde des ambassadeurs de France contre la diplomatie de Macron (Agence de presse IRNA)

 

Encore depuis vendredi, Macron se voit obligé d’appeler le président israélien et quelques membres du cabinet extrémiste sioniste en vue d’atténuer la colère de Tel Aviv.  

Comment justifier ces comportements contradictoires du président français ?


 

Une note envoyée par les ambassadeurs de France dans les pays arabes contre la politique pro-sioniste de Macron qui a causé des tensions dans les capitales arabo-musulmanes de la région contre Paris.

Le fait a été dévoilé hier par Georges Malbrunot, le journaliste de Figaro. Mais Le Monde aussi a publié un article sur ce sujet.

Via une note commune, plusieurs ambassadeurs de France au Moyen-Orient regrettent la position de Paris dans le conflit israélo-palestinien.

« C’est un geste inédit dans l’histoire récente de la diplomatie française dans le monde arabe. Plusieurs ambassadeurs de France au Moyen-Orient et dans certains pays du Maghreb - une dizaine, selon nos informations - ont collectivement rédigé et signé une note, regrettant le virage pro-israélien pris par Emmanuel Macron. », écrit Le Figaro.


« Cette note commune a été adressée au Quai d’Orsay, avec des destinataires à l’Élysée, précise un diplomate à Paris, qui l’a lue. « Dans la note que l’on pourrait tout de même qualifier de note de dissidence, ces ambassadeurs affirment que la position [de la France] en faveur d’Israël au début de la crise est incomprise au Moyen-Orient et qu’elle est en rupture avec notre position traditionnellement équilibrée entre Israéliens et Palestiniens. » 

Selon ce diplomate, « elle établit une perte de crédibilité et d’influence de la France, et constate la mauvaise image de notre pays dans le monde arabe. Ensuite, sous une forme assez diplomatique, elle laisse entendre que tout cela est le résultat des positions prises par le président de la République ». Sollicités par Le Figaro, trois anciens diplomates chevronnés ont confirmé qu’il s’agissait « d’une démarche collective, sans précédent de la part d’ambassadeurs de France au Moyen-Orient », rappellent Denis Bauchard, Charles Henri d’Aragon et Yves Aubin de la Messuzière, ex-ambassadeurs au Maghreb et au Moyen-Orient. Les auteurs de la note se sont collectivement engagés à rester discrets. Un autre diplomate, en poste au Quai d’Orsay et proche des contestataires, explique qu’« ils ont pris leurs responsabilités, ils sont solidaires et dans leur esprit, il s’agit d’une première étape».

En fait, ces remarques ont été plusieurs fois abordées par les députés de l’Opposition politique.

« C’est la position historique de la diplomatie française. Elle est partagée par la plupart des États membres des Nations Unies, qui l’expriment régulièrement dans leurs votes lors d’Assemblées générales, par de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG), et par des spécialistes du conflit. », annonce le site de La France Insoumise.


Dans un article titré « La diplomatie française contrariée par les choix d’Emmanuel Macron sur le Proche-Orient », le quotidien Le Monde souligne : « Le positionnement adopté par le chef de l’Etat sur la guerre d’Israël [contre Gaza], parfois sans concertation avec le Quai d’Orsay, suscite un malaise dans les rangs du ministère. »


« Les crispations sont discrètes, jamais exprimées ouvertement, mais bien réelles. Le positionnement d’Emmanuel Macron […] suscite de l’agacement, voire de vives réserves, au sein de l’appareil diplomatique français. »

Le jeudi 9 novembre, l’Elysée a organisé une « conférence humanitaire sur Gaza », lors de laquelle Macron entendait afficher une forme d’équilibre dans ses positions. Mais les pays arabes n’ont pas participé sérieusement dans cette conférence organisée un peu à l’improviste. « La gestion du conflit, depuis le 7 octobre, suscite un vrai malaise parmi une partie des diplomates. Parmi les plus critiques figurent les personnels de la direction de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (ANMO), la plus en contact avec les pays de la région, et souvent surnommée la « rue arabe » au sein du Quai d’Orsay. Leur frustration est d’autant plus vive que le conflit alimente en interne le clivage traditionnel avec les tenants d’une ligne très atlantiste, et pro-israélienne. », continue l’article du Monde signé par Philippe Ricard, Chef-adjoint du Service International du journal français.

« On s’oppose à ce qui s’apparente à un alignement sur Israël, mais nous n’avons pas moyen de le faire savoir. Il est absurde de ne pas appeler à un cessez-le-feu. Un cessez-le-feu n’est pas une trêve humanitaire, résume un diplomate. Ce qui se passe maintenant aura un impact énorme, pendant des dizaines d’années, sur l’image et la sécurité de la France. Les gagnants sont la Russie et la Turquie. Tout est lié au problème du cessez-le-feu : la France donne une caution morale et politique à Nétanyahou dans sa conduite de la guerre. », ajoute Le Monde.


Huffington Post revient à son tour sur l’histoire des relations Paris-Tel Aviv depuis  le début de la Vᵉ République : « Le groupe de gauche [LFI] se justifie en estimant porter « la position historique de la France depuis Charles de Gaulle. » Effectivement héritée de la politique du premier président de la Vᵉ République qui, avec la guerre des Six jours au cours de laquelle Israël, lance une offensive contre l’Égypte ; le président de la République décrète alors un embargo sur la vente d’armes à Israël. Sous Giscard, et en pleine crise pétrolière, le rapprochement de la France avec les pays arabes se poursuit. Le président français reconnaît l’OLP, l’Organisation de Libération de la Palestine, présidée par Yasser Arafat, et la France vote pour l’obtention de son statut d’observateur aux Nations unies. En 1980, Valéry Giscard d’Estaing va plus loin, et reconnaît le droit du peuple palestinien à l’auto-détermination. Sous Jacques Chirac, c’est le retour d’une diplomatie considérée comme pro-arabe. Dans les mémoires des Palestiniens, le chef d’État français est considéré comme un ami. »

Selon ce média, le président Macron montre une position différente par rapport à ses prédécesseurs, « Sous Emmanuel Macron, les relations avec Israël restent fluides, malgré des accrochages sur le dossier nucléaire iranien. Tout en continuant à apporter une aide financière conséquente aux territoires palestiniens, le président ne bouge pas d’un iota sur sa position exprimée en 2017 : la France ne reconnaîtra pas de manière unilatérale l’État de Palestine. »

Le site Internet du ministère français des Affaires étrangères explique la position officielle de Paris à propos de la crise en Palestine occupée : « La France plaide de longue date en faveur de la création d’un État palestinien. Le 22 novembre 1974, la France a voté en faveur de la reconnaissance de l’OLP au sein de l’ONU en tant que membre observateur, réaffirmant les droits inaliénables du peuple palestinien. Plus récemment, la France a voté en faveur de l’adhésion de l’Autorité palestinienne en 2011 à l’UNESCO et en faveur du statut d’État observateur non-membre aux Nations Unies en novembre 2012. »


En ce qui concerne la ville d’Al-Quds, la diplomatie française précise : « Dans l’attente d’un règlement négocié du conflit et en vertu de la légalité internationale, la France ne reconnaît aucune souveraineté sur Jérusalem. La France, comme le reste de la communauté internationale, considère par ailleurs que tant que le statut de Jérusalem n’aura pas été réglé par les négociations sur le statut final, les parties doivent s’abstenir de toute action susceptible de remettre en cause le statu quo. »


En guise de conclusion, nous pouvons souligner que le président Macron, suivant ses gestes amateurs de diplomate, contredit parfois les politiques de base de la diplomatie française et cela a déjà causé plusieurs crises pour le Quai d’Orsay.

 

Agence de presse IRNA

 15. 11. 2023

 

lundi 13 novembre 2023

Nous n'allons pas décamper

 

Si lourde puisse être la rançon de leur résistance, les Gazaouis ne décamperont pas. Et c'est le message que transmet à qui de droit l'auteur de ce cri sur la vidéo ci-dessous: un officier de la Protection civile palestinien dont la femme, les enfants et les parents ont été décimés par une frappe israélienne ayant détruit son appartement et ceux des voisins, dans un habitat collectif au camp Jabalya, le plus surpeuplé de tout Gaza. 

"Hamdoullah malgré tout ! crie-t-il. Nous ne dirons pas "ouille"! Nous ne hisserons pas de drapeau blanc ! Nous resterons ici sur les décombres de nos maisons. Nous n'allons décamper nulle part, quitte à nous faire enterrer sous le dernier pan de mur qui nous servira d'abri !"





A. Amri
13. 11. 2023

vendredi 10 novembre 2023

Emily Callahan: "Je reviendrai au plus tôt à Gaza, là où j'ai laissé mon cœur"

Emily Cali Callahan est une infirmière américaine qui vient de rentrer aux USA après avoir été évacuée de Gaza. Au sein de Médecins Sans Frontières (MSF), elle a travaillé à l'Hôpital indonésien qui, à l'heure où la vidéo ci-dessous est mise en ligne, risque de subir (avec l'Hôpital Al-Shifa et l'Hôpital al-Rantissi entre autres) le même sort que l'Hôpital baptiste rasé, le 17 octobre dernier, par un missile israélien. Pour rappel, cette frappe a fait près de 500 personnes entre morts et blessés et soulevé des vagues d'indignation dans le monde entier. 

Interviewée par Anderson Cooper sur CNN, Emily Callahan nous fournit un poignant témoignage sur la situation catastrophique de l'ensemble de la population gazaouie et du personnel infirmier et médical des hôpitaux qu'elle a laissé derrière elle. A travers l'épreuve personnelle qu'elle a vécue avant de pouvoir quitter Gaza, ce ne sont pas seulement ses propres affres et celles de tout un peuple livré à l'intenable enfer de la guerre qu'elle a voulu nous transmettre. Mais aussi et surtout une image "revue et corrigée" du Palestinien que certains idiots tentent incessamment d'assimiler à un "animal humain"*. 

"Ceux que j'ai laissés derrière moi, dit-elle, ceux qui refusent de partir de Gaza, sont des héros. Et le peuple palestinien avec lequel j'ai travaillé, à la fois notre personnel gazaoui au bureau et mon personnel à l'hôpital indonésien, sont parmi les personnes les plus incroyables que j'ai jamais rencontrées dans ma vie." 

Ne nous étonnons pas que cette femme dise au journaliste qui lui demande à la fin de l'interview si elle compte revenir un jour à Gaza: "Le plus tôt possible. Mon cœur est à Gaza, et il restera à Gaza." 

 


 

A. Amri 

10. 11. 2023 

 

* Yoav Galant n'est pas le premier israélien à adopter cette vision sioniste du Palestinien et de l'Arabe en général. Rappelons qu'en 1982, Menahem Begin disait que “les Palestiniens sont des bêtes qui marchent sur deux pattes”. Et 18 ans plus tard, soit en 2000, Ehud Barak "affine" davantage cette image en affirmant que "les Palestiniens sont comme les crocodiles, plus vous leur donnez de viande, plus ils en veulent".

jeudi 9 novembre 2023

Gaza-Palestine, nous n’avons pas trahi nos poèmes (Abdellatif Laâbi)

 

« Ces extraits d’un poème que j’ai écrit il y a plus de vingt ans démontrent à mon avis que, de l’histoire dite humaine, c’est la barbarie qui se répète le plus. Ceux qui dissèquent le phénomène gardent les yeux secs. Moi, je ne le peux pas. Je dis plutôt ce qui me brise le cœur. » (A. Laâbi)

 

Dessin de Naji al-Ali
 

 
Le tunnel, le revoici
long, long
sur une autre terre
où l’on ne peut même pas enterrer ses morts
Je t’ai nommée : Palestine !
Je pense à vous
mes amis de là-bas
dont j’ai traduit les poèmes
« Je vous appelle
et serre vos mains* »
puis je me sens tout bête
Qu’ai-je à dire que vous ne diriez
non pas mieux, mais avec une autre matière des mots :
le blanc insondable de la terreur
le noir indélébile du sang
le pourpre du rêve violé
le gris vénéneux des décombres
le jaune dément de la chair brûlée
le vert du torrent injuste des larmes
le bleu ivre des malédictions ?
Le tunnel, que voici
long, long !
Quelle est cette époque
qui nous broie dans son camion à ordures
Quelle est cette planète
qui nous ferme au nez toutes ses portes
et ne nous laisse comme voie de sortie
que celle où il faut apporter la preuve
du désespoir absolu ?
Ô nuit !
toi de nouveau
rare refuge pour les désemparés
Et pour l’œil
pâturage unique
Peut-être y a-t-il sur une de tes étoiles
un esprit pur, un témoin juste
qui nous regarde et souffre de ne pas pouvoir
lever son petit doigt
Peut-être n’y a-t-il rien
et que ce silence sidéral obéit lui aussi
à l’abjecte loi de l’indifférence
Comment en être sûr ?
Ô nuit !
donne quelque chose
ne serait-ce qu’un brin d’illusion
ce succédané de l’espoir
ne serait-ce qu’un rai
identifiable à une promesse
même la plus vague
ne serait-ce qu’un souffle
même le plus ténu
qui ranime un peu les cendres de l’âme
Mais de grâce, épargne-nous la pitié
Tout, sauf cela !
Je pense à vous
mes amis de là-bas
et brusquement, je ne sais plus ce que penser veut dire
ce qu’écrire veut dire
La douleur a pris les rênes et fouette à mort
la monture du corps
Les parois du tunnel se rapprochent
J’étouffe de votre étouffement
Je me protège la tête comme j’ai vu tant de fois
le faire vos enfants
Je crie pour ne pas nous voir enterrés vivants
Je tremble comme tout être intègre
au moment de la vérité
Je crois un instant et apostasie au suivant
Je crache sur la table des Lois
et appelle à mon secours
l’apocalypse
Je rampe à l’aveuglette sous les décombres
de la défunte humanité
et parfois, ô délice
je doute ferme de mon existence
D’un battement de paupières
j’annule tout
D’abord ma condition de ver de terre
ensuite la Genèse, le jour des Comptes
en passant par le purgatoire
Sans état d’âme, j’efface cette caricature
et sur le métier remets l’ouvrage
Je sens monter en moi la parole sans égale
et je ne suis l’émissaire de personne
Je ne dis pas à la lumière : soit !
mais s’il te plaît
Je ne dis pas à la justice : frappe !
mais sois juste
Je ne dis pas à la beauté: couche-toi !
mais rayonne tel un soleil libre
de toute obligation
Je ne m’adresse pas à des tribus ou à des peuples
mais à ceux-là seuls
qui souffrent de la souffrance des autres
et ne s’en vantent pas
Je délire de votre délire
ô mes amis
pardonnez-moi
Le tunnel est encore là
long, long !
J’y suis tant que vous y serez
car moi non plus
je n’ai pas « trahi mes poèmes »
« Je vous appelle
et serre vos mains »
 
Abdellatif Laâbi (poète marocain)

 



Du même auteur: version arabe
غزّة-فلسطين
لا، لم نَخُنْ أشْعارَنا
النفَق
ها هوذا من جديد
طويلٌ، طويل
في أرض أخرى
لا يستطيع فيها الناسُ
حتى أن يدفنوا موْتاهم
أسْميْتُكِ يا فلسطين!
أفكر بكم
يا أصدقائي هناك
الذين تَرجمْتُ قصائدَهم
"أناديكم
أشدُّ على أياديكم"
ثم أشعر بالغباء
ماذا لديّ لأقوله
ممّا قد تقولونه أنتم
ليس بطريقة أفضل
بل بمادَّةٍ مختلفة من الكلمات:
بياضُ الرّعْب، الذي يتعذَّر سَبُره
سوادُ الدم، الذي يتعذّر مَحْوُه
أرجوانيُّ الحلم المغتَصَب
رماديُّ الأنقاض المسمومُ
الأصفرُ المعتوهُ للَّحمِ المحروقِ
أخضرُ السيْلِ الظالمِ للدموع
أزرقُ اللعَنات الثمِلُ؟
هذا النفق
طويلٌ... طويلٌ
ما هذا العصر
الذي يطْحنُنا في شاحنةِ قمامته
ما هذا الكوكب
الذي يغلق في وجوهنا كلَّ أبوابه
ولا يترك لنا من مَخرجٍ
سوى المسلَك الذي يجب فيه تقديمُ الدليل
على اليأس المطلق؟
يا ليلُ
أنتَ من جديد
أيّها الملاذُ النادر للْحَيارى
والمَرْعى الوحيد
للعَين
ربما توجدُ فوق إحدى نجماتكَ
روحٌ نقيّةٌ، شاهِدٌ منصِفٌ
ينظر إلينا ويتألم من عجزه
على رفْعِ إصبعه الصغير
ربما لا يوجد شيء
وهذا الصمت النجْميّ يمتثل هو أيضا
لقانون اللّامبالاة الوَضيع
كيف لنا أن نعرف؟
يا ليلُ
اِعطِ شيئاً ما
ولو ذرة وهْمٍ
هذا البديلُ البخْس للأمل
ولو شُعاعا يمكن تمييزه من وعدٍ
وإن كان أشدّ الوعود ضبابيةً
ولو نفْحةً وإن كانت في غاية الخفّة
تُحْيي رَمادَ الروح قليلاً
ولكن رجاءً، جنِّبْنا الشفقة
كلُّه، إلاّ هذا!
أفكّر بكم
يا أصدقائي هناك
وفجأةً لا أعودُ أعرف ما معنى تفكير
ما معنى كِتابَة
لقد أمسكَ الألمُ بالزمام
وراح يسوطُ حتى الموت مطيَّةَ الجسد
تتقاربُ جدران النفق الداخلية
أختنقُ من اختناقكم
أحْمي رأسي
مثلما رأيتُ أولادكم مرّات كثيرة
يفعلون
أصرخُ كي لا أرانا نُدفَنُ أحياء
أرتجف مثل أيِّ كائنٍ
ساعةَ الحقيقة
أؤمن في لحظة وأكفُر في التالية
أبصق على لوح الوصايا
وأستنجدُ بالفَناء
أزْحفُ على غير هدىً تحت أنقاضِ
البشريةِ المُتوفّاة
وأحياناً، يا للنعيم!
أشكُّ بشدةٍ بوجودي
بِرَفَّةِ جفنٍ
أُلغي كلَّ شيء
أولاً ظَرفي كدُودةِ أرض
وبَعدَهُ سِفر التكوين
يوم الحساب
مروراً بالمَطهر
بدون تردّد
أمحو هذا الكاريكاتير
وفوق النَّوْلِ أضع من جديدٍ عملي
أشعر بالكلام الفريد من نوعه يصعد بداخلي
ولستُ رسولَ أحد
لا أقول للضّوءِ
كُنْ!
بل من فضلك
لا أقول للعدالةِ
اضرِبي!
بل كوني عادلةً
لا أقول للجمال
استلْقِ!
بل اِسْطَعْ
مثل شمسٍ حُرّةٍ من كل إكراه
لا أتوجَّهُ إلى قبائل أو شعوب
وإنما فقط إلى أولئك
الذين يتألّمون لألم الآخرين
ولا يتباهون بذلك
أهذي لهذيانكم
يا أصدقائي
سامحوني
النفق ما يزال هنا
طويل، طويل
سأبقى فيه طالما بَقيتُمْ
لأنني أنا أيضاً
لم "أخُنْ أشْعاري"
"أناديكم
أشدُّ على أياديكم"
 
 
عبد اللطيف اللعبي ، شاعر مغربي



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