mardi 6 mars 2012

Le voile n'est pas une obligation islamique (Traduction)





L'auteur de ce texte, Cheikh Mustafa Mohamed Rached, était un éminent professeur de la charia et du droit islamique à l'Université d'Al-Azhar. Pas très conforme au rigorisme d'une certaine pensée islamique sclérosée, il ne tarde pas à se faire beaucoup d'ennemis dans les
milieux conservateurs égyptiens. Outre ses courageuses postions au sujet du hijab qu'on découvrira en lisant l'article ici traduit, sa contestation de l'interdit coranique frappant l'union d'une musulmane avec un non musulman, entre autres lectures dynamiques du Coran et de la Tradition, ne peuvent laisser indifférents les cerbères de la doxa obscurantiste. 

 En 2008, Cheikh Mustafa Mohamed Rached est invité à Chypre par des compatriotes coptes qui voulaient lui témoigner leur sympathie, tant l'originalité et d'ouverture d'esprit de ce cheikh pas comme les autres les subjuguaient. L'homme accepte avec plaisir cette invitation, alors que ses détracteurs, à l'affût, qui cabalent depuis longtemps pour lui rogner les ailes ne ratent pas le coche.  Pour avoir assisté aux fêtes du nouvel an organisées sur cette île sous l'égide de l'église égyptienne et "récidivé" en se rendant à une autre église chypriote, des journaux égyptiens annoncent la conversion du "mécréant" au christianisme. Pure calomnie, cela va de soi, mais apparemment bien orchestrée et bénéficiant de l'aval d'hommes haut placés. A son retour en Égypte, Cheikh Mustafa Mohamed Rached apprend que la Sûreté de l’État lui a retiré sa nationalité. Sans autre avis ni formalité. Sans qu'aucun tribunal n'ait enquêté ni statué sur l'affaire,  Dr Mustafa Mohamed Rached est cloué au pilori depuis 4 ans. La paranoïa puritaine des islamistes qui n'ont reculé devant rien pour briser la vie et la carrière de cet universitaire égyptien n'a d'égale que la lâcheté des politiques refusant de le réhabiliter.   Mustafa Mohamed Rached n'arrête pas pour autant de se battre pour dénoncer l'infâme cabale et recouvrer ses droits de citoyen égyptien.

Ci-dessous la traduction d'un article rédigé par ce cheikh, qui démontre de façon structurée et étoffée que le hijab n'a d'islamique que les "bonnes intentions" de ceux qui en prônent le port. En passant au crible les versets du Coran en rapport avec le voile, ainsi que l'unique citation de la Tradition supposée corroborer tels versets, soit le même corpus servant de support aux prédicateurs du hijab,  l'auteur nous convainc à bon droit que non seulement le voile n'est pas une obligation islamique, mais que la lecture du Coran faite par des abrutis n'engage que les abrutis!


Ces jours-ci, ce qu'on appelle voile islamique est en vogue et se propage à un rythme frénétique. Le port
du voile fonde son credo sur une présumée prescription de "couvrir la tête", alors que le Coran ne mentionne nulle part telle prescription. Il y a néanmoins une fratrie de cheiks qui a tenu à en faire une obligation et considérer celle-ci comme l'un des principaux piliers de l'islam. Ces cheikhs altèrent de la sorte les fins de la charia islamique et passent à côté de l'interprétation correcte des Textes. Refusant toute approche rationnelle de ceux-ci, ils s'attachent bien plus à une translation statique fondée sur la lecture littérale et non soumise à la raison. De surcroît, ils décontextualisnt les Textes et interprètent ceux-ci selon leurs caprices, imitant en cela quelques uns de nos anciens cheiks, comme si les avis de ces derniers étaient sacrés et n'admettaient aucune remise en question. Il y a là un écart par rapport à l'approche correcte fondée sur le raisonnement argumenté et l'interprétation. Les sourates sont censées s'interpréter en vertu de leur contexte historique et en rapport avec les raisons ayant motivé leur révélation. Or ces cheikhs s'arrêtent au niveau strictement littéral des sourates et omettent fâcheusement ce qui fut aux origines de leur révélation. Cette démarche s'explique soit par des raisons purement arbitraires, soit parce que les "bonnes intentions" de ces cheiks plaident pour ladite interprétation, leurs capacités analytiques, pour une débilité d'ordre cérébral ou psychologique, ne leur permettant pas d'aller au-delà!


Ceci ne concerne pas uniquement la question de ce qu'on appelle voile mais touche aussi à des centaines de questions importantes.Si nous nous intéressons aujourd'hui exclusivement à la question du hijab c'est parce
que d'une part le champ de notre propos ne permet pas d'évoquer les autres questions, et d'autre part parce que la question du hijab interpelle présentement la raison du musulman comme du non musulman. D'autant qu'elle est devenue, aux yeux des non musulmans, un critère en fonction de quoi le sens, l'objectif et la nature de l'islam sont (mal) discernés.
Il n'est que de réfléchir sur l'attitude de certains Etats de pays non musulmans pour lesquels le voile islamique s'assimile à un mot d'ordre politique, lequel mot d'ordre conduit à diviser les citoyens et instaurer entre eux une forme de ségrégation. En témoignent les heurts qui s'en sont suivis et la révocation de certaines employées attachées à ce qu'on appelle voile.

Quelle est donc la vérité à propos du hijab? Quelles en sont les significations? Et quels arguments religieux invoquent  ceux qui prétendent que le voile est une obligation islamique?

Nous allons passer au crible les allégations érigées en dogmes à ce propos, en faisant appel à la raison, la logique et l'argument. Parce qu'il nous faudra débarrasser l'islam de ce dont on l'affuble à tort.
En vérité les allégations de ces cheikhs se révèlent tordues et incohérentes. A commencer par le jargon qui emploie tantôt "hijabالحجاب" tantôt "khimar الخمار " et  quelquefois aussi "jalabib الجلابيب ". La confusion à ce niveau précis démontre qu'ils passent à côté du sens exact qu'ils visent, en l'occurence la couverture de la tête. Ce qui signifie que ces messieurs veulent à tout prix accréditer leur dogme, et de façon arbitraire.

Primo: le terme "hijab" signifie au sens dénotatif du terme:" cloison ou mur". Le "hajb" de quelque chose signifie sa couverture. Une femme "mahjouba" est une femme cachée par une cloison.
Quant à la sourate révélée au sujet du hijab, elle concerne exclusivement les épouses du Prophète. Et elle appelait à séparer celles-ci des compagnons du Prophète par une cloison. A ce propos, ni les oulémas ni les cheiks n'ont la moindre  divergence d'opinions. Et la sourate les Partis (Al-Ahzab), dit au verset 53:" O vous qui croyez [en Dieu], n’entrez pas dans la maison du prophète à moins qu’il vous soit donné la permission de manger, et vous ne devrez forcer en aucune manière une telle invitation. Quand vous finissez de manger, vous devrez partir; n’engagez pas avec lui de longues conversations. Ceci incommodait le Prophète, et il s'embarrassait pour vous le dire. Mais DIEU ne s'embarrasse pas de vous révéler la vérité. Si vous devez demander à ses femmes quelque chose, demandez-le-leur derrière une cloison.
Ceci est plus pur pour vos cœurs et pour les leurs. Vous ne devez pas outrager dans son honneur le Messager de Dieu. Vous ne devrez pas épouser ses femmes après lui, car ce serait une grave offense à la vue de Dieu."
Ce verset comporte trois préceptes: le premier concerne la conduite des compagnons quand ils sont invités à manger chez le Prophète (SWS); le deuxième concerne la cloison ou la paroi qui doit séparer ces compagnons des épouses du Prophètes et le dernier l'interdit qui empêche ces compagnons de prendre pour épouse l'une des femmes du Prophète (SWS) après la mort de celui-ci.
Ainsi le mot "hijab" remis dans son contexte nous permet-il de comprendre qu'il avait pour objectif de mettre une barrière entre les femmes du Prophète (SWS) et ses compagnons. Il en ressort aussi que cette disposition  concernait uniquement les épouses du Prophète (SWS). Elle ne s'étend ni à ce qu'il "a pu avoir comme odalisques" ni à ses filles  ni au reste des musulmanes. Autrement, le verset l'aurait dit explicitement et généralisé la disposition pour toutes les croyantes musulmanes.

Deuxio: comme la citation de ce verset pour étayer l'obligation du port de voile  entendu comme "couverture de la tête" n'est pas pertinente, ces mêmes cheikhs se rabattent sur le verset 31 de la sourate de la Lumière (Ennour): " Invite les croyantes à baisser pudiquement une partie de leurs regards, à préserver leur vertu, à ne faire paraître de leurs charmes que ceux qui ne peuvent être cachés, à rabattre leurs voiles sur leurs poitrines."
Ce verset a été révélé parce qu'à l'époque du Prophète et bien avant encore, les femmes portaient des coiffes qui couvraient leurs têtes et laissaient pendre la traine de ces coiffes sur le dos. En même temps, ces femmes étaient décolletées, qui laissaient nus le cou et le haut de la poitrine.
D'ailleurs, une autre thèse assimile "al-khimar" à une abaya. Par conséquent, ce verset demande  aux femmes de rabattre la couverture de la tête sur l'encolure, autrement dit leur recommande de cacher ce qu'un décolleté peut révéler. Le verset ne visait donc, à sa révélation, que l'amendement d'un usage courant. Parce que l'islam n'autorise pas la femme à s'exhiber dans un décolleté découvrant de façon voyante la poitrine. C'est dire que le verset n'entend pas imposer tel ou tel vêtement ni surtout le port du voile. Mais il recommande seulement la couverture de la poitrine! Et c'était pour permettre aux musulmanes de se faire distinguer au milieu des non musulmanes portant éventuellemnt un décolleté.

Tertio: remettons dans son contexte le verset 59 et l'évocation des "jalabib", sourate les Partis (Al-Ahzab): "O prophète, dis à tes femmes, tes filles, et les femmes des croyants qu’elles devront rallonger leurs
vêtements. Ainsi, elles seront reconnues [en tant que femmes justes] et éviteront d’être insultées."
Ce verset a été révélé dans la circonstance qui suit: à l'époque de la révélation, il était de coutume  que les femmes, toutes conditions confondues, aient le visage découvert, quand en rase campagne et faute de selles dans les habitations, elles devaient déféquer ou uriner. Et il y avait incessamment quelque fieffé coquin qui regardait en cachette ces femmes dans une telle posture. Quand le Prophète (SWS) en a été prévenu, ledit verset lui a été révélé pour établir un signe de reconnaissance, une distinction, permettant de ne pas confondre dans la foule des croyantes femmes libres, esclaves et odalisques. Et cela afin que les femmes libres ne soient pas lésées dans leur honneur.
C'est dans cet esprit-là qu'Omar Ibn Al-Khattab, quand il voyait une esclave ou une odalisque masquée, c'est-à-dire complètement couverte ou rabattant sur son visage son abaya, il lui donnait un coup de fouet. Par tel châtiment,  le compagnon du Prophète voulait préserver le port distinctif des femmes libres (Cf Ibn Taymiya - Le hijab et le port de la femme pour la prière).

Quarto: la citation du propos attribué au Prophète (SWS): selon Abou Daoud citant Aicha, celle-ci citant à son tour Asma Bent Abou Bakr qui s'étant introduite un jour chez le Prophète (SWS) et rapportant ce qui suit: le Prophète (SWS) lui avait dit:" Asma, sache qu'il ne sied à aucune femme ayant atteint la puberté de montrer d'elle-même autre chose que ceci et cecla." Et le Prophète aurait montré son visage et la paume de ses mains.
En vérité ceux qui s'appuient sur cette citation pour soutenir que le hijab fait de la couverture de la tête une obligation invoquent un texte à source unique, et non un texte sur quoi concordent plusieurs références de source sûre, qui bénéficie de la tradition et du consensus. Le texte ne peut donc être doté d'autorité autre que "consultative". Il ne peut servir ni à fonder une disposition législative légitime ni à l'annuler.

C'est à Dieu de juger de notre bonne foi. Et à part Sa voix nous ne suivons d'autre chemin.

Cheikh Mustafa Mohamed Rached

Traduit par A. Amri
06.03.2012

Texte original:
http://nowearhijab.blogspot.com/2010/07/blog-post_703.html


dimanche 5 février 2012

Tunisie: spectre du fascisme islamiste


Fascisme islamiste?
Certes, l'expression a de quoi offenser l'hypersensibilité de nos puritains locaux. Et pour cause! Néanmoins ce n'est pas parce que le fascisme a fait son triste renom ailleurs, et plus exactement en Europe, qu'il nous serait interdit ou obscène de l'associer à l'extrémisme religieux chez nous. Sur la rive sud de la Méditerranée et plus précisément en Tunisie.

Le salafisme dont la montée alarme à bon droit les composantes de la société civile et les défenseurs de la démocratie en général est de plus en plus désigné du doigt en Tunisie. Il est décrié comme l'avatar islamiste de la vieille peste brune européenne, avatar dont les menaces pèsent sérieusement sur notre pays. Entre autres touchés par les révolutions du Printemps arabe.
Mais ce qui inquiète davantage les Tunisiens, parce que plus pernicieux, c'est la collusion d'intérêts fondamentalistes factuelle et la connivence politique probable entre les élus islamistes et ce fascisme du même qualificatif, tel qu'incarnent les radicaux du salafisme qui pullulent à l'ombre d'Ennahdha. Même s'il est trop tôt pour le dire sur un ton incisif, même si les élus d'Ennahdha ne sont pas tous à l'image de Chourou, il y a lieu de croire que la complaisance de ceux qui nous gouvernent à l'égard de ce fascisme local naissant, nonobstant discours officiel et vulgaires oripeaux de démocratie, ne sont pas seulement dus aux difficultés inhérentes à la transition.

Alors que la Tunisie ne cesse d'être adulée pour sa révolution somme toute exemplaire et son engagement en bonne et due forme sur la voie de la transition démocratique, jour après jour l'euphorie qui a succédé au départ de Ben Ali cède la place au scepticisme et à l'angoisse. L'islamisme, qui n'était ni au programme de Bouazizi et des martyrs tombés derrière lui ni dans les objectifs du peuple qui a acculé à la fuite le dictateur, a cueilli les primeurs du Printemps tunisien. Pour les perdants aux élections du 23 octobre dernier, majoritaires en masse électorale mais pénalisés par la rançon de leur division, cette déroute est d'autant plus lourde de conséquences qu'elle menace la démocratie naissante. 
 
 Le gouvernement et le mouvement Ennahdha dont est issue la majorité ministérielle ont beau se défendre d'être des instances islamistes, beau se dire défenseurs de la démocratie, aux yeux d'une large tranche du peuple, ils font preuve d'une dangereuse incurie face aux extrémistes religieux. Les salafistes qui émergent de l'ombre depuis la chute de Ben Ali, multipliant les démonstrations de force et les actions spectaculaires sur le terrain, comme tout un chacun le sait, n'entendent pas se plier au jeu démocratique. D'ailleurs, la plupart des groupes salafistes locaux, issus du wahabisme saoudien puritain et des plus réactionnaire, prêchent une ligne rigoriste ouvertement obscurantiste, et qui pis est, rejette en bloc la démocratie.

D'où ce sentiment de plus en plus partagé que Haj Moussa et Moussa Haj ne font en réalité qu'une seule personne(1). Derrière chaque projet fasciste, il y a des milices d'avant-garde à qui incombent la terreur, les tâches ardues, les basses besognes. Les salafistes tunisiens et leurs activistes zélés surtout sont-ils les poulains de chargement d'un fascisme nahdhaoui non déclaré?

Sans vouloir pérorer sur l'origine du mot fascisme ni sur son sens, dans les contextes mussolinien et hitlérien surtout, je voudrais faire une petite analogie à la volée. Quand Mussolini a pris le pouvoir en Italie en 1922, il a puisé l'essentiel de son soutien sur le terrain dans les groupes de choc, les Chemises noires (camicie nere ou squadristi). Idem pour Hitler en Allemagne avec ses Chemises brunes (les SA). Point commun entre ces deux fascismes et leurs chemises respectives la célèbre devise mussolinienne: « Tout par l'État, rien hors de l'État, rien contre l'État ! ». Et sa réplique hitlérienne:" Un seul peuple, un seul Etat, un seul chef"(2) Est-il besoin de rappeler que conformément à cet idéal totalitaire, le fascisme s'est défini d'abord comme ennemi de la démocratie, ennemi des valeurs de l'humanisme démocratique du siècle des Lumières? Il ne reconnait ni droits de l'homme, libertés individuelles, libéralisme ni communisme. La laïcité et la gauche sont ses principaux ennemis. Et le pouvoir dans sa totalité est aux mains du commandant suprême politique (Guide, Führer, Chef...)
A présent, pour compléter l'analogie, venons-en aux fractions salafistes les plus pacifistes chez nous, nos "Chemises blanches"! et demandons-leur un projet, une devise, un idéal: selon la tendance, peu ou prou rigoriste , le mot central sera soit islam soit califat, mais l'un ou l'autre mot ne changera rien au sens global de la devise: « Tout par l'islam, rien hors de l'islam, rien contre l'islam! »

Demandons à ces salafistes de situer pour nous leurs principaux ennemis à l'intérieur du pays, ils diront: gauche, laïques. Et si les mots en eux-mêmes ne sont pas assez puants ou nauséabonds, ils y rajouteront ce qu'il faut pour les rendre assez persuasifs: mécréants, francs-maçons, sionistes ou pro-, orphelins de Ben Ali et parti de la France(3), entre autres éléments de la phraséologie servant à diaboliser les opposants tunisiens d'aujourd'hui.

Sur le terrain, le fascisme islamiste évolue selon une ligne ascendante qu'on pourrait schématiser comme suit: takbir, takfir, tafjir(4). Depuis l'été dernier, voire dès le lendemain de la fuite de Ben Ali, la Tunisie n'a cessé de vivre au rythme du tawhid et takbir annonçant ici ou là une bataille salafiste. Cela a commencé d'abord à Tunis la capitale, où il a fallu l'intervention de l'armée pour empêcher des jihadistes résolus de mettre le feu au quartier réservé Abdallah Guech. Peu de temps après, les mêmes jihadistes s'en sont pris à la synagogue de cette même ville qu'ils voulaient détruire. Et comme il était de bon ton à l'époque d'accuser les contre-révolutionnaires d'être derrière ces actes criminels, dès qu'une barbe assez voyante se faisait repérer quelque part dans une manifestation ou un sit-in on y soupçonnait immédiatement des ornements postiches, l'ercédiste travesti en islamiste qui tentait de faire jeter le discrédit sur le mouvement Ennahdha et ses partisans. D'ailleurs, suite à une campagne anti-bikini menée sur certaines plages du Sahel, les nahdhaouis, alors à la veille de la campagne électorale, ont crié aux "barbes postiches", dénonçant à travers ce coup monté des manœuvres de sape menées par leurs adversaires politiques en vue de salir Ennahdha.

Mais c'est surtout depuis le début de l'été dernier que les actes de violence davantage systématisés et se réclamant de la charia islamique ont commencé à prendre une tournure de plus en plus alarmante. Au mois de mai, un bar et une boîte de nuit sont brûlés à Bizerte. A Jendouba des débits de boissons alcoolisées clandestins et des restaurants ouverts au mois de ramadan seront pillés et incendiés à leur tour. Les lieux de débauche
Entretemps l'attaque de Cinémafricart le 26 juin 2011 et, deux mois plus tôt, l'agression contre le cinéaste Nouri Bouzid marquent le début d'un terrorisme salafiste ciblant les artistes (5) et les intellectuels se réclamant de la laïcité. Les médias et les journalistes ne seront pas épargnés. Le 9 octobre 2011, une attaque contre les locaux de Nessma TV a été avortée par les forces de l'ordre. Une autre contre la maison de Nabil Karoui directeur de cette chaîne (fort heureusement ce directeur et sa famille étaient absents lors de l'attaque) s'est soldée par l'incendie de la maison et la destruction de deux voitures garées à l'intérieur. Et comme si les détracteurs de Karoui et sa chaîne, qu'on voulait corriger ainsi pour avoir diffusé le film iranien Persepolis(6), n'étaient pas assez rétribués, de surcroit une poursuite judiciaire a été engagée par une légion d'avocats (7) contre ce directeur et deux employés de Nessma TV pour «atteinte aux bonnes mœurs et aux valeurs du sacré». Et alors que le tribunal ne s'est pas encore prononcé à ce sujet, la violence salafiste continue de plus belle, ciblant d'autres journalistes et intellectuels. Le 23 janvier 2012, Zied Krichen(8) et Hamadi Redissi(9), ont failli se faire lyncher par une foule de fanatiques, et ce à leur sortie du tribunal qui jugeait Nessma TV et son directeur. Après avoir essuyé les huées et les insultes, ils se font agresser simultanément par le même individu qui assène à l'un un coup de de poing, à l'autre un coup de tête. Au même lieu et le jour même, un autre journaliste, Abdelhalim Messaoudi(10), et deux avocats, Chokri Belaïd(11) et Saïda Grach(12), sont agressés en marge dudit procès.



Dans tous ces faits et bien d'autres imputés aux salafistes tunisiens, Ennahdha et ses partisans ne seraient que des colombes blanches, dira-t-on. La faute des actions ici énumérées ne pouvant incomber qu'à la situation sécuritaire de transition et le gouvernement à majorité nahdhaouie ne pouvant assumer la responsabilité de tant de dérives antérieures pour la plupart à sa prise de pouvoir.
Mais que dire de la non ingérence gouvernementale dans la violence qui s'abat sur les institutions universitaires? Que dire de l'absence de réaction officielle face à la confiscation de l'imamat des mosquées par les salafistes (13)? Que dire de l'incurie gouvernementale face à la tragédie de Sejnane?(14)



Que dire encore des élus nahdhaouis qui prônent la crucifixion, l'amputation d'une jambe ou d'une main aux contestataires "empêchant le gouvernement de faire son travail"?



A. Amri
08.01.2012


Notes:



1- Historiquement, la mouvance islamiste tunisienne est issue du même noyau: Mouvement de la tendance islamique (MTI) fondé le 6 juin 1981 et dont les thèses sont, grosso modo, celles des Frères musulmans d'Egypte. Persécutés sous le règne de Bourguiba, avec l'arrivée au pouvoir de Zine el-Abidine Ben Ali le 7 novembre 1987 ils bénéficient d'une trêve, les membres emprisonnés sont graciés et une certaine liberté d'action est accordée au mouvement. Le 7 novembre 1988, pour prouver leur insertion dans le jeu démocratique ils signent le Pacte National, sorte de contrat rassemblant les différentes formations politiques et sociales du pays autour d'un code de conduite démocratique: respect de l’égalité des citoyens des deux sexes, des acquis du Code du statut personnel (CSP), des principes républicains et refus d’utiliser l’Islam à des fins politiques.
C'est au lendemain de la signature de ce pacte par Rached Ghannouchi que le MTI va se scinder en deux ailes: les modérés représentés notamment par Rached Ghannouchi et Abdelfettah Mourou; les radicaux dont certains rejoindront, à sa création en 1983 par Mohamed Fadhel Chtara, le parti Attahrir, tandis que d'autres comme Sadok Chourou continueront de militer au sein d'Ennahdha (la Renaissance), nom par lequel la partie impliquée dans le Pacte National a rebaptisé le MTI pour gommer toute référence explicite à l'islam.
Aujourd'hui, si les dirigeants d'Ennahdha se déclarent en public davantage proches des modèles islamiques à succès comme les modèles turc, malaisien et indonésien ; des modèles qui combinent islam et modernité (Rached Ghannouchi) les salafistes radicaux quant à eux sont plus proches du modèle taliban et des thèses d'Al-Qaîda.

2- «Ein Volk, Ein Reich, Ein Führer» est le slogan d'une affiche politique conçue pour l’annexion de l’Autriche par l'Allemagne nazie en 1938.

3- L'expression injurieuse Parti de la France ne date pas d'aujourd'hui. Elle semble ancrée jusque dans la doctrine des islamistes, sans doute par aversion pour Bourguiba en qui les islamistes tunisiens voient un défenseur de la laïcité et de la francophonie. Que Rafik Bouchlaka, gendre de Rached Ghannouchi et ministre des affaires étrangères dans l'actuel gouvernement de Jebali, soit anglophone et ne sache pas le moindrement s'exprimer en français, que Rached Ghannouchi, leader d'Ennahda, fustige en octobre 2011 "la pollution linguistique" de la langue arabe par le français, ce sont là deux exemples qui illustrent le parti pris islamiste à l'encontre de la France et de sa culture laïque. Rappelons par ailleurs que ce rejet de la francophonie fut l'un des thèmes de prédilection du FIS (Front islamique du salut) algérien au début des années quatre-vingt-dix. Belhadj déclarait à ce propos:«Si mon père et ses frères (en religion) ont expulsé, physiquement, la France oppressive de l'Algérie, moi je me consacre, avec mes frères, avec les armes de la foi, à la bannir intellectuellement et idéologiquement et en finir avec ses partisans qui en ont tété le lait vénéneux», (in Gilles Kepel, A l'Ouest d'Allah, p. 2

4- Le takbir conssite à dire Allahou akbar (Dieu est plus grand). Alors que cette expression n'avait aux origines d'autre sens que la glorification de la toute-puissance de Dieu (plus grand que tout le reste), scandée en foule à la faveur des conquêtes islamiques, l'expression devient peu à peu le cri de guerre annonçant l'assaut contre l'ennemi. Les salafistes qui usent et abusent de ce cri en ont fait une formule incantatoire pour endormir leurs disciples.
Le takfir est une fatwa de déchéance du statut de musulman émise à l'encontre de celui que l'auteur de la fatwa juge mécréant.
Le tafjir qui signifie en arabe dynamitage est, à mon sens, la prochaine étape du fascisme islamiste en Tunisie. Il y a tant de bourrage de cerveaux, tant de violence entretenue par les prêches et les discours politiques que, tôt ou tard, les fascistes salafistes passeront à la vitesse supérieure dans l'usage de la violence. Si je me trompe, et je le souhaite de tout mon cœur, alors tant mieux!



5- Le 17 décembre 2011, alors que les Tunisiens commémorent le premier anniversaire du martyr de Bouazizi qui a déclenché la révolution, c'est dans la région même de Bouazizi que les salafistes s'en prennent à la troupe musicale Ouled Al-manajem, détruisant leur matériel estimé à 8 000 dinars et tabassant de nombreux musiciens dont l'un a dû se faire hospitaliser.

6- Il est curieux que ce long métrage d’animation réalisé par Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud et qui a fait son entrée en Tunisie au lendemain de sa sortie en France, soit en 2007, se soit diffusé dans les salles de cinéma sans susciter la moindre réaction négative. La hargne des islamistes contre Nessma TV est, en vérité, motivée par des raisons purement politiques

7- 140 avocats qu'on présume pour la plupart nahdhaouis.

8- Directeur et rédacteur en chef de l'édition arabe du magazine hebdomadaire Le Maghreb.

9- Juriste, écrivain et professeur de sciences politiques à l'Université de Tunis.

10- Professeur à l'Institut des Beaux Arts de Sousse, Abdelhalim Messaoudi est producteur-animateur d'une émission culturelle de Nessma TV, intitulée Notre Maghreb dans l'émancipation et les lumières مغربنا في التحرير والتنوير

11- Chokri Belaïd est également leader du Mouvement des Patriotes Démocrates (MPD, Al Watad) et membre de l'Assemblée Constituante.

12- Cette dame est également membre de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution.

13- Selon des estimations datant du mois d'août 2011, près de 400 mosquées seraient sous contrôle salafiste.

14- Au début de janvier 2012, alors que des journalistes tunisiens et étrangers dénoncent la terreur qui s'abat sur Sejnane, localité qui se trouve au nord de la Tunisie (Gouvernorat de Bizerte), que des témoignages recueillis sur place par les représentants de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) font état d'une talibanisation de la localité, devenue émirat salafiste, à part l'envoi de renforts policiers à Sejnane ni le ministre de l'intérieur ni le chef du gouvernement n'ont pipé mot sur la gravité de la situation. Les partisans d'Ennahdha quant à eux ont accusé sur les réseaux sociaux les orphelins de Ben Ali de divulguer de fausses informations afin de déstabiliser le pays.


jeudi 17 novembre 2011

Yosri Trigui: exécution ou lâche assassinat?

En ce mercredi 16 novembre 2011, il est 6h du matin (heure de Baghdad) quand M.Fakher Trigui, résidant à Sfax (Tunisie), reçoit un premier appel téléphonique de la prison de Khadhimya à Baghdad. Ce sont des détenus tunisiens incarcérés à la même prison que son fils Yosri qui le préviennent que ce dernier a été sorti depuis peu de sa cellule et que selon toute vraisemblance on l'emmenait à l'échafaud.

Il n'est pas aisé de recevoir une telle information ni surtout de la digérer!
D'autant que quelques heures seulement plus tôt, dans la nuit, le père et le fils chattaient ensemble(1), que l'un et l'autre étaient plus confiants depuis une dizaine de jours, sachant que suite à l'intervention de M. Rached Ghannouchi(2), le premier ministre irakien en personne s'était engagé à faire réviser le procès de Yosri au lendemain de l'Aïd.
Cette promesse inespérée tombant à la veille de la fête a ressuscité un immense espoir chez la
famille du condamné et ses amis. Enfin, et après de rudes années de souffrances, il était permis d'espérer à bon droit que la révision promise conduirait à un non-lieu dans les deux crimes incessamment contestées par l'accusé. Et cet optimisme était d'autant plus légitime que le président par intérim M. Fouad Mbazaâ a adressé à son tour à son homologue irakien une demande d'amnistie en faveur de Yosri, que certains élus de la constituante, dont Me Mohamed Abbou, probable futur ministre dans le nouveau gouvernement de coalition, ont promis de se battre pour faire rapatrier Yosri et les autres détenus dans les prisons irakiennes.

M. Nouri Al Maliki, chef du gouvernement irakien, peut-il se permettre de manquer à sa parole, et dans une circonstance aussi grave que celle-ci? C'est vraisemblablement la question que M. Fakher Trigui a dû se poser quand, en ce jour fatidique, il a reçu ce premier coup de téléphone.

Une heure et demi plus tard, M.Fakher Trigui reçoit un deuxième appel venant d'un autre groupe de détenus et, cette fois-ci, on lui confirme l'exécution de son fils. Le père téléphone immédiatement à l'ambassadeur de la Tunisie en Irak pour vérifier. Ce dernier dément alors l'information et tente de rassurer le père en lui disant que si Yosri devait être exécuté, on l'aurait prévenu personnellement en sa qualité de représentant des intérêts tunisiens en Irak. Il ne s'agirait, dit-il, et il insiste là-dessus, que d'une fausse alarme. Le père demande alors au diplomate de contacter les autorités irakiennes pour
s'enquérir de source sûre à ce sujet et le prévenir dès que possible. Et l'ambassadeur lui promet de faire le nécessaire et l'appeler dès qu'il en saura plus.

Vers midi, le mouvement Ennahdha réussit à entrer en contact avec le ministère de la justice irakien et la sinistre nouvelle est alors confirmée.

Sans doute toujours incrédule, et il y a de quoi l'être, contactant de nouveau l'ambassadeur de la Tunisie en Irak, le père entend encore une fois ce dernier démentir catégoriquement la nouvelle et soutenir que c'était juste une rumeur.

Vers 16h45', c'est le ministère tunisien des Affaires étrangères qui téléphone au père pour confirmer l'exécution.

Le récit de M. Fakher Trigui apprenant la triste nouvelle


Pour les amis de Yosri Trigui comme pour sa famille, cette exécution en traître, et contre la parole donnée, est un lâche assassinat. Gloire au martyr et honte sur ses bourreaux!
Mes condoléances personnelles à tous les Trigui, et en premier lieu les parents et les trois frères du disparu, aux milliers d'amis sur internet qui ont soutenu cette famille éprouvée, cru ferme à l'innocence de Yosri et, à défaut d'avoir pu le sauver, réussi quand même à le réhabiliter aux yeux d'une bonne partie de l'opinion publique.

A. Amri
17.11.11


1- Je ne sais pas s'il s'agit de faveur accordée au condamné à mort ou si ce dernier a joui d'une certaine complaisance de la part de ses gardiens, néanmoins il semble que Yosri pouvait chatter aisément avec sa famille depuis plusieurs mois.

2- Selon un communiqué rendu public par un porte-parole du mouvement Ennahdha, vendredi 4 novembre 2011 le Premier ministre irakien a promis, suite à un entretien téléphonique avec Ghannouchi, de reporter l’exécution de Yosri Trigui le temps qu’il faut pour une entière révision de l’affaire.


Pour en savoir plus sur Yosri Trigui:
http://yosri.trigui.voila.net/

vendredi 7 octobre 2011

توكل كرمان والحجاب وما وراء الحجاب

توكل كرمان، صديقي نورالدين(*)، مثلما تفضلت بالقول نالت الجائزة تكريما لنضالها وليس لأنها محجبة. وفي الواقع هي ليست "محجبة" بالمفهوم التقليدي للكلمة وسأعود للحديث لاحقا بهذا الخصوص لوضع حجاب توكل كرمان في سياقه الصحيح ومهما يكن نحن نفخر بهذه المناضلة التي كرمها المجتمع الدولي لأنها عربية ومسلمة اخترقت جدار السواد المسلح إقليميا، وأعني هنا دول الجزيرة والخليج لتفرض صورة غير تلك التي يروج لها من يدعي دونية المرأة ولا يسمح لها بالمشاركة في الحياة العامة والإضطلاع بدورها كاملا على الساحة السياسية. الصورة النمطية التي أشرت إليها موجودة وسائدة ولكنها ليست بالضرورة وليدة عقل معاد للحجاب بقدر ما هي نتاج ذهنية لا تقبل الخروج من سجن الفكر العقائدي والإنحراف عن أحادية القطب، سواء كان هذا الفكر يساريا أو يمينيا، ذا اتجاه إسلامي أو غير إسلامي، والدليل الزوابع التي أثرناها في تونس، وهي في غير محلها، بخصوص ترشيح راضية النصراوي و لينا بن مهني لجائزة نوبل وسواء كان لهذه الزوابع دور في ترجيح قرار اللجنة بالسويد لصالح توكل كرمان أو لم يكن فهي غنية بالدلالات لمن يقرأ بين السطور. لا أريد الخوض في هذه المسألة ولا تقليص الأحقية التي نالت بقتضاها الأخت اليمنية هذه الجائزة ولكن أود الوقوف أولا عند "الخلخلة" التي أشرت إليها وحددت شقا معنيا بها دون غيره، وكأن هذا "الغير" أفضل حالا مما تسميهم بــ"الجهلة الذين يتلاعب بهم الإعلام". دون سلخ كلامك من سياقه في اعتقادي تكريم توكل كرمان بنوبل إن كتب له أن يصدم ويخلخل شيئا في العقول، وهذا ما نرجوه، يجب أن نرى صدى هذه الصدمة والخلخلة على حد السواء في العقول "المستنيرة أكثر من اللازم" كما في العقول التي لم تنل من النور إلا ما "قذفه الله في صدر"حامليها. فمن يكرس ثقافة الميز والإضطهاد الجنسيين أيا كان لونه السياسي جدير هو أيضا بالخلخلة المأمولة، ولا أقل ممن يدعو لمسخ قيمنا باسم محاربة هذا الميز، ولست من سجناء الراي الأوحد فيما أعتقد لأنكر وجود فئة مغتربة بل متصهينة في شق اليسار ولكن الشجرة لا تحجب الغابة. والغابة في منظوري ليست شقا عقائديا ينتسب لصف الحداثة مثلما يدعيه أو يتصوره البعض ولكنها أكبر من ذلك بكثير. فثقافة النضال النسائي لم تبدأ مع راضية النصراوي أو سهام بن سدرين ولا مع الحداد أو بورقيبة حتى نتهم كل من ينادي بتحرير المرأة بأنه غريب عن دار تونس والإسلام لأن هذا النضال راسخ في تاريخنا وما عليسة الشرقية وسفونيسب وبربيتي وفيليستي القرطاجنيات ومونيكا والكاهنة البربريتين وفاطمة الفهرية والجازية والأميرة الحفصية عطف وعائشة المنوبية وعزيزة عثمانة وغيرهن وغيرهن إلا بعض من محطات لا تحصى في مسيرة النضال النسائية الطويلة والتي أسست قبل مجيء الفكر التنويري والإصلاحي بقرون للثقافة التي ننسبها اليوم جورا لدعاة الحداثة.
والحهل بالتاريخ ليس أقل خطرا على واقعنا من الإستلاب الحظاري بل هو جزء من هذا الإستلاب لأن "المتغربين المنبتين المقتلعين من جذورهم" ليسوا فقط ضمن "الفئة الضالة" المتمردة على القيم الدينية ولكنهم موجودون أيضا في الشق الآخر. وقد لا نراهم بنفس الوضوح لأننا آنيون أو ننظر للمستقبل وفق تصوراتنا ونتناسى الماضي أو لا نعرف من التاريخ إلا الذي شربناه على مقاعد الدراسة أو في خطب الجمعة. وبالتالي يسهل علينا التنكر لرموز نضالية حية بيننا كسهام بن سدرين وراضية النصراوي وغيرهما واتهام هذه الرموز بالزيغ والتصهين والإغتراب فيما لا ننسى قول الشيخ والفقيه والسلف الصالح (الذي استثنينا منه جداتنا) وهم بـرددون وصية علي بن طالب بخصوص "ناقصة العقل والدين".
"أوصيكم بالنساء خيرا فإنهن ناقصات عقل ودين/ أوصيكم بالنساء خيرا فإنهن خلقن من ضلع أعوج" والذين يعتمدون في معاملتهم للمرأة على مبدا وصاية السلف الصالح بحقها ، أخي نورالدين، ألا تعتقد أنهم ليسوا أقل حاجة من "المتغربين المنبتين المقتلعين من جذورهم" لمراجعة تصوراتهم الخاطئة بخصوص المرأة؟ لأنك لو سألت أهل الذكر منهم أو السواد الأعضم من هؤلاء: ما رأيكم في توكل كرمان؟ لقالوا لك معوجة ومن ضلع أعوج ولو نالت جائزة نوبل للسلام عشر مرات. محجبة أو وغير محجبة، لن تستقيم بجائزة إحدى أبرز دلالتها في المنظور الضيق لهؤلاء: أنها من رضى اليهود والنصارى.

نقطة ثانية لا بأس من الوقوف عندها أيضا، أخي الكريم، مثلما أشرت في بداية التعليق، حتى نعيد توكل كرمان لسياقها اليمني الدقيق ولا نسلخ الحجاب من بعدين أساسيين لإتمام الصورة: ثقافيا وتقليديا "الحجاب" اليمني المتداول منذ القديم هو النقاب أو البرقع وهو السائد لساعتنا هذه كما نراه يوميا منذ أشهر على الفضائيات في ساحات الثورة اليمنية. وحتى في الجنوب وأيام الإشتراكية لم تشذ اليمنيات على هذه القاعدة .أما الحجاب فيكاد يكون بدعة في التقليد اليمني، والمحجبات، وهذا ما نعاينه أيضا من خلال ما يردنا من صور المظاهرات والإعتصامات، يكدن يعددن على أصابع اليد، بل أجزم أنهن أقل من هذه الأصابع وفق الصورة التي تنقلها لنا الجزيرة وأنت من العاملين فيها و تستطيع التثبت من هذه الحقيقة. وبالتالي لا يمكننا تجريد الحجاب هنا من بعد تقدمي بل ثوري أكيد في السياق اليمني بالذات. وتوكل كرمان التي "خرجت" عن صف المنقبات فرضت صورتها إعلاميا ليس فقط لأنها مناضلة سياسية تنادي بإسقاط النظام بل لأنها تجسد أيضا النضال النسائي بمفهومه التقدمي في ثورة لا تستثني إرثا ثقافيا يشمل هذا المستوى ويتجاوزه لأبعاد أخرى نرى تأثيرها في المحيط الخليجي وليس أقلها برامج تشريك المرأة في الإنتخابات والترشح للمسؤوليات في سعودية الغد أو غيرها على سبيل المثال. ومن ثمة حين نقف عند "رد الإعتبار للحجاب" ونحجب النقاب من الصورة نكون قد حملنا الحجاب هنا ما لا يقبل استيعابه، إلا إذا أردنا توضيفا عقائديا يخدم الإنشاء ولا يقر بالسياق المذكور. إذ لو كانت هذه المرأة من تونس أو مصر لجاز لنا القول أن الجائزة تمثل فعلا رد اعتبار للمحجبات. أما ونحن في اليمن، فإن توكل كرمان تفرض أولا الصورة التي يراها اليمني ولا يراها التونسي: وأعني بها سيدة سافرة الوجه وليست إحدى محجباته(أو منقباته) ولو عملنا بمبدإ القياس والنسبية لقلنا أن المحافظين في اليمن لا ينظرون لتوكل كرمان بنفس العين التي تبدو من خلالها لنا وللمجتمع الدولي بل يعتبرونها إحدى "النعاج الشاردة" وقد تجر وراءها شاردات أخريات من القطيع اعتصم لحد الآن بالساحات دون تبني الحجاب كبديل تقدمي للنقاب.
ومعذرة إن أطلت
نورالدين العيدودي- على الفيس بوك بتاريخ 07- 10- 2011 كتب ما يلي:-*

هذا اليوم وهذه الليلة سيشاهد مئات ملايين الناس على شاشات التلفزيون في كل مكان في العالم، سيدة عربية مسلمة محجبة، لم يمنعها الحجاب من أن تكون مناضلة فاعلة مؤثرة حالمة بالتغيير وبالأفضل لها ولشعبها وأمتها..

سيرون سيدة، وأستعير عبارة صديقي الجنيدي طالب، لا تحمل قنبلة في جلبابها، ولا تفكر في الإرهاب والتفجير، كما اعتادت التلفزيونات أن تصور العرب والمسلمين قاطبة.. بل سيدة محجبة مناضلة، لم يمنعها الحجاب من النضال، ولا حال بينها وبين الثورة..
إن هذه الجائزة بالغة الرمزية هذه المرة، وفيها إنصاف للعرب والمسلمين جميعا ولثقافتهم ودينهم.. فيها إعادة اعتبار للحجاب.. فيها إقرار بأن الحجاب، بخلاف ما يقول المتغربون المنبتون المقتلعون من جذورهم، في بلادنا، ليس حاجزا يمنع العلم والثقافة والفهم عن رأس المرأة..
هذه الجائزة أكبر إنصاف للعرب والمسلمين، وهي من أجمل ثمار ثورات الكرامة العربية، ومن علامات انتقال العرب والمسلمين من مرحلة التأثر برياح الخارج، إلى مرحلة التأثير في العالم بأسره.
فلم تعد المنطقة العربية والإسلامية منطقة منخفض جوي تتقبل رياح الآخرين تعبث بها، بل أضحت بحمد الله منطقة مرتفع جوي سياسيا تهب منها رياح التأثير على العالم كله. وها نحن صرنا نرى الأمريكان والأوروبيين يقلدون الشباب العربي الثائر، ويتجمعون مثل شباب أمتنا العظيم في الساحات، ويسمون ساحات اعتصامهم في وول ستريت وغيرها ساحة حرية على شاكلة ساحات الحرية في بلاد العرب والمسلمين

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samedi 1 octobre 2011

Le vote utile pour servir la démocratie

Près de 50 listes électorales vont se disputer bientôt dans la circonscription de Gabès les 7 sièges attribués à la région dans l'assemblée constituante. Ailleurs, le nombre de listes est presque le même, si ce n'est plus(1), et les sièges variant selon le nombre d'habitants.
Les enjeux sont énormes pour la région comme pour le pays. C'est la première fois depuis l'indépendance que le peuple, en quête de havre de salut pour sa révolution, est appelé à élire ses représentants de façon démocratique et transparente. Espérons que la démocratie que nous appelons de tous nos vœux, sans quoi la période de transition sera longue et pénible, sortira victorieuse de ce scrutin. Nous voulons une Tunisie pluraliste et engagée sur la voie de la prospérité et du progrès. Une Tunisie où la justice, les droits de l'homme et les libertés civiles soient souverains. Une Tunisie où l'identité arabo-musulmane ne soit soumise ni à la négation soi-disant laïque ni aux enchères et tutelles des partis politiques. Une Tunisie où cohabitent toutes les croyances, d'où soit bannie toute forme d'exclusion, religieuse, politique ou sociale.
Mais nous savons que les ennemis de la révolution ne désarment pas. Nous savons aussi que les ennemis du progrès sont à l'affût de l'opportunité qui ferait basculer le pays sous leur houlette. Notre "utopie", notre rêve, le monde meilleur, vivable, pour lequel les martyrs sont tombés ne nous sera pas offert sur un plateau d'or. Il ne nous sera pas concédé par les urnes si nous ne le méritons pas. D'où la nécessité pour les défenseurs de ce projet, les partisans de ce rêve, les progressistes où qu'ils soient d'être vigilants.

Si certains observateurs internationaux considèrent qu'en Tunisie « le curseur de la révolution est au centre gauche »(2), la plupart des Tunisiens, quant à eux, semblent complètement déboussolés face à tant de prétendants au pouvoir. Compte tenu du grand nombre de listes candidates, du désarroi des électeurs dont 74%, à en croire un sondage datant de juillet dernier(3), ne savent pas encore pour qui voter et plus de 50% ne savent rien sur les partis politiques en compétition, personne ne peut prévoir le taux approximatif de participation dans ces élections, ni quelles couleurs seraient plus distinctes dans le futur panorama politique national.
Il n'est caché pour personne qu'un taux élevé d'abstentions sera fatal à la démocratie. D'autre part, celle-ci risque de pâtir davantage de la division des forces progressistes et des luttes intestines au sein de la gauche. Situation qui, indiscutablement, ne peut que conforter leurs adversaires. Ceux-ci étant plus disciplinés et polarisés tablent à la fois sur la mobilisation de leurs partisans et sur l'éparpillement de la gauche pour récolter une majorité relative ou absolue. L'émiettement prévisible de la masse électorale de gauche, voire du centre, et nous ne le dirions jamais assez, donnera aux urnes plus de voix inutiles qu'utiles.
Dans des élections à un seul tour (à deux tours, ça serait différent) cet émiettement ne profitera qu'aux ennemis de la démocratie. Et il est de notre devoir de mettre en garde contre ce danger aux incalculables retombées. Étant réel et pas fantasmé, il devrait hanter à bon droit tout citoyen conscient et responsable. Pour le conjurer, deux imprudences à ne pas commettre:

- Un: l'abstention parce qu'elle sera synonyme de vote sanction contre les représentants des forces progressistes; dans l'autre camp, sans préjuger, il n'y aura pas d'abstentionnistes.
- Deux: la voix "blanche" donnée à une liste ne bénéficiant d'aucune assise populaire, synonyme elle aussi de vote indirect en faveur de la réaction.

En conséquence, le mot d'ordre qui doit être le nôtre: vote utile, vote utile, vote utile.
La moindre voix accordée sans ce principe risque d'être fatale aux défenseurs des valeurs républicaines et progressistes.

A bon entendeur.. !

A.Amri
01.10.2011

1- A l'échelle nationale, plus d'une centaine de partis -pour la plupart inconnus ou ercédistes reconstitués sous de nouveaux labels- sont engagés dans ces élections. On dénombre 63 listes candidates à Bizerte, à majorité "indépendantes".

2- C'est l'avis de Nicolas Dot-Pouillard, chercheur à l’International Crisis Group, lequel a publié plusieurs rapports sur la Tunisie. (D'après Le Monde Diplomatique - Octobre 2011)
3- Sondage réalisé par Sigma Conseil le 24 juillet dernier.

dimanche 4 septembre 2011

Le droit d'aimer

Le politique est-il libre d'aimer qui il veut?
Entre la soumission au poids des traditions, lui interdisant une liaison jugée dangereuse, et
au risque de compromettre son avenir politique, la révolte contre le conformisme bien-pensant qui pérennise de telles traditions, Amr Hamzawi a fait son choix.

Le cœur et le politique ont leur raison que la raison et la politique n'ont pas.


C'est en substance ce message que l’académicien et politique égyptien Amr Hamzawy a voulu transmettre à ses compatriotes, en faisant de sa liaison avec une femme du milieu artistique
une affaire publique.

Professeur de sciences po à l'Université de Berlin puis à l'Université du Caire, chercheur et ex-directeur de la fondation Carnegie pour la Paix Internationale, écrivain(1) et collaborateur à plusieurs journaux, Amr Hamzaoui est aussi depuis quelques années, une vedette de télé. A la faveur de sa quasi omniprésence aux tribunes et journaux télévisés, il a acquis l'image d'un académicien arabe ayant pignon sur rue. La rigueur et la pertinence de ses analyses politiques, que ce soit sur des questions locales ou internationales, lui ont assuré un charisme médiatique peu commun. Pendant la révolution égyptienne, cette popularité n'a pu qu'aller croissant. Membre du comité des sages et du front de la révolution, dans l’Égypte nouvelle où le processus révolutionnaire n’est pas près de se terminer, il ne se contente plus de son rôle médiatique et de son statut d’académicien. Ayant décliné un porte-feuilles dans le gouvernement de Chafik, il semble davantage intéressé par les défis et les enjeux de l'après-transition. Déjà, il a fondé avec des amis le parti Masr Al Hureyya (Egypte-Liberté), tendance libérale. Et certains observateurs voient en lui un bon candidat aux futures présidentielles en Égypte.


Cependant, le
bon candidat semble avoir fait récemment un faux pas. En se liant à une femme du milieu artistique, ce que ses proches, au sein de la famille et du parti, jugent compromettant pour son avenir politique.

Âgé de 44 ans, Amr Hamzaoui est divorcé d’une allemande dont il a deux enfants. A la mi-ramadan dernier, alors qu'il est en voiture en compagnie de Besma Ahmed Darwiche, chanteuse et actrice de cinéma, l’homme et son amie se font braquer en plein centre du Caire par une bande de
baltagias(2). Les agresseurs les dépouillent de leur argent, s’emparent de la voiture et prennent la fuite. Les victimes déposent alors une plainte. Et le fait n'échappe pas aux échotiers cairotes. Depuis les rumeurs d'une liaison amoureuse ne cessent de se propager. En un premier temps, Hamzawi a démenti catégoriquement ces rumeurs. Puis dans un volte-face politisé, il a confirmé la liaison en lui consacrant un éditorial du quotidien Eshorouk dont il est directeur.

D'aucuns diraient:" mais où est le problème, si l'homme et la femme s'aiment déjà?"

En fait, ce n'est pas tant le statut professionnel de la femme qui semble peser le plus ici, même s'il y a toujours et partout des gens qui y trouveraient à redire(3). Ce sont surtout les origines confessionnelles de l’artiste, pas conformes à un certain puritanisme local, qui gênent le plus l'entourage familial et politique de l'homme. Descendante d'une famille juive, Besma Ahmed Darwiche a beau être musulmane depuis deux générations(4), beau être impliquée dans la vie politique de son pays, aux yeux de l’Égyptien bien-pensant, et pas nécessairement que dans les milieux islamistes, elle serait
une intouchable.


Le 18 août dernier, les lecteurs du journal égyptien Eshorouk sont surpris par l'éditorial pour le moins inouï du quotidien. La plume qui les a habitués aux analyses politiques a rompu ce jour-là avec le contenu et la forme de ses écrits. Sous le titre
Je doute et à grand renfort d'anaphores et d'interrogations, Amr Hamzawi plaide son droit d'aimer, loin de toute tutelle familiale ou politique. A travers cet article dont nous traduisons ci-dessous quelques extraits, l’homme politique estime que les libertés qu’il défend sont indissociables de celle qui consiste à choisir la personne à aimer et la compagne de sa vie. En s'adressant à l’opinion publique de son pays, l’auteur entend dénoncer non seulement une forme d'intolérance dont il pâtit lui-même dans sa vie privée, mais un certain puritanisme politique dont la démocratie ne peut s'accommoder. Ni l'islam d'ailleurs(5)."Peut-on respecter un homme qui prône le respect de chaque humain dans le choix de l'orientation et des détails de sa vie privée et professionnelle [...] puis s'écarte de ses convictions dès qu'il est soumis lui-même à des pressions de sa famille ou de la société, concernant des décisions personnelles? J'en doute.
Peut-on respecter un homme qui prône le droit de choisir, revendique ce droit pour sa société et ses concitoyens puis, quand il doit en faire lui-même l'exercice, se révèle lâche et incapable? Et pourquoi? par prévoyance d’un rôle public ou politique, dans une société où la majorité ne tolère pas qu'un militant politique approche une dame du milieu artistique ou médiatique! et ce parce que ce milieu baigne dans les lumières propices aux rumeurs! J'en doute.

Peut-on respecter un homme qui prône le droit de choisir, qui croit que la littérature, l'art, la musique sont ce qu'il y a de plus profond dans le domaine de la créativité humaine, ce qu'il y a de plus expressif et apte à célébrer ledit droit, puis se dissocie de son sentiment d'amour sincère quand la personne aimée est une femme de lettres, une artiste ou musicienne? Et pourquoi? par crainte d'être mal vu par certains de ses proches, en famille ou dans la société! J'en doute.

[...]Peut-on respecter celui qui prône le droit de choisir alors qu'il est incapable d'affronter les pressions familiales et sociales exercées sur lui, pressions lui réclamant de désavouer son amour pour la dame de son cœur, soit pour le travail de celle-ci qu'il trouve lui-même respectable et merveilleux, soit pour les origines juives de l'un de ses descendants[...]? J'en doute [...]

Et en guise de conclusion, l'éditorialiste écrit:
"Je ne m'inquiète pas pour un rôle public ou politique qui soit assis sur les vestiges de ma personne réconciliée avec elle-même. Je ne regrette pas une éventuelle perte de ce rôle, tant que l'alternative pouvant éloigner le spectre de cette perte ne serait que la duperie de mon humanisme et l'abjuration de mon amour pour une femme extraordinairement belle et respectable [...]"

A. Amri
04.09.2011

04.09.2011
1- Principales publications:
- Between Religion and Politics, with Nathan Brown (Entre Religion et Politique, avec Nathan Brown)- 2010
-المستقبل العربي المعاصر مناظرات حول الديمقراطية والإسلام السياسي والمقاومة (L'avenir arabe contemporain: débats autour de la démocratie, de l'islam et de la résistance) - 2010
- Political Actors in the Arab World, with Marina Ottaway and Michele Dunne (Les acteurs politiques dans le monde arabe, avec Marina Ottaway et Michele Dunne) -2009
- Zeitgenössisches Arabisches Denken: Kontinuität und Wandel (Pensée arabe contemporaine: continuité et changement) - Verlag des Deutschen Orient-Instituts, 2005
- Human Rights in the Arab World: Independent Voices, coedited with Anthony Chase, (University of Pennsylvania, 2006)

2- On lui a proposé un porte-feuilles dans le gouvernement de Chafik mais il l' décliné.

2- D'origine turque, le terme baltagi (plur. baltagias) signifie intimidateurs. Depuis les heurts à place Tahrir au Caire entre révolutionnaires et partisans de Moubarek, le terme semble avoir conquis sa place dans les dicos des médias non arabes.

3- Sans vouloir donner à croire que le contexte et les personnages sont partout les mêmes, en France, pourtant pays de grandes traditions libérales, Paul-Éric Blanrue et Chris Laffaille n'ont pas ménagé Sarkosy épousant Carla Bruni. Les auteurs ont consacré un livre de 155 pages à cette liaison entre une libertine romanesque et un président divorcé : Chronique d'une liaison dangereuse (Editions SCALI).

4- Il faut souligner ici que, bien avant sa conversion à l'islam, le grand-père maternel de l'artiste, Youssef Darwiche, était une grande figure de la gauche égyptienne. Licencié en droits, il fut le fondateur du Parti communiste égyptienne et connut la prison à plusieurs reprises. En 1947, il s'est converti à l'islam tout en poursuivant sa lutte politique. Dès la fondation de l'état hébreu, il était connu pour son combat antisioniste et son soutien sans nuance à la cause palestinienne.
D'autre part, il est regrettable que ceux qui jettent traditionnellement l'anathème sur les artistes féminins, s'en prenant à Besma Ahmed Darwiche pour des rôles osés à l'écran, ne s’embarrassent pas d'établir un lien entre telle audace artistique et ce qu'ils appellent sang corrompu et corrupteur des juifs.

5- L'une des épouses du Prophète, en l’occurrence Safia Bent Hay Ibn Akhteb صفية بنت حيي بن أخطب était juive. Et on raconte que le Prophète, entendant l'une de ses épouses s'enorgueillir de son ascendance et sa parenté avec lui en présence de Safia, dit à celle-ci: "réponds-lui:"comment pourrais-tu être plus généreuse que moi alors que mon mari est Mohamed, mon père est Haroun et mon oncle est Moïse?" Sachant que Haroun, le père de cette épouse, est mort combattant le Prophète et les musulmans.
Par ailleurs, le prophète a épousé aussi une chrétienne, Maria la Copte ماريا القبطية, que Muqawqis (le caucasien) qui était à la fois patriarche melkite d'Alexandrie et gouverneur byzantin d'Egypte lui a offerte avec sa sœur Syrine comme esclaves. L'islam ne tolérant pas de s'unir à deux sœurs en même temps, le Prophète a gardé pour lui Maria et offert sa sœur à son poète Hassen Ib Thabet Al-Ansari. De cette union est né un garçon appelé Ibrahim, mort à peine âgé de 18 mois.


mercredi 17 août 2011

سماحة السيد حسن نصر الله


يسري الطريقي شاب تونسي مهدد بالشنق بين الفينة والأخرى في العراق بعد أن صدر ضده حكم جائر بالإعدام وصادق عليه نائب الرئيس العراقي في أواخر حزيران الماضي

اسمحوا لي، سماحة السيد، أن أوجه إليكم باسمي الخاص ونيابة عن عائلة المحكوم عليه بالإعدام نداء الإستغاثة هذا، ملتمسا منكم التدخل السريع لدى السلطات العراقية لإيقاف التنفيذ وإعادة المحاكمة

سماحة السيد

قبل أن يغادر يسري الطريقي تونس سنة 2003، كان من خيرة الطلبة بين أقرانه وكان بإمكانه أن يتمتع برغد العيش في ظل عائلة ميسورة الحال تنتمي لسلك التربية وتسهر على تكوين الشباب في المجال الرياضي وليس لها مشاكل باستثناء انتمائها للمعارضة وغيرتها على القضايا القومية وعلى رأسها قضية فلسطين الأم. وكان يسري من أكثر الشباب تحمسا لهذه القضية ويتابع يوميا أخبار المقاومة سواء داخل التراب الفلسطيني أو في لبنان بلد البطولات الذي غرس في نفسه من خلال مواقف سماحتكم المشرفة ونضالات حزب الله وملاحمه حب الجهاد لتحرير فلسطين ورد الإعتبار للأمة المغلوبة على أمرها في شتى أصقاع بلاد المسلمين. ويذكرالأهل والقريبون من يسري أن استشهاد الطفل محمد الدرة سنة 2002 ومذابح جنين التي تلت تلك الجريمة النكراء كان لها الدور الفصل في الدفع بالشاب اليافع لاتخاذ قراره بمغادرة تونس. وحين نفذ يسري هذا القرار،حرص على أن يتم ذلك بدون علم عائلته ولم يكن عمره يتجاوزحينذاك التاسعة عشر، وفي الواقع ما كان ليسري أن يلتحق بالعراق لو كان له خيار أفضل، إذ كانت أمنيته الأولى أن يتسلل مباشرة للأرض الفلسطينية المحتلة أو ينضم لمقاومة حزب الله في الجنوب اللبناني وهما خياران ليسا بالهينين من حيث التنفيذ ولذلك سافر يسري لسوريا ومنها عبر الحدود خلسة للعراق حيث انضم لصفوف المقاومة ضد المحتل الأمريكي والقوى المتحالفة معه. وفي سنة 2006 تم إيقافه وهو يحاول اختراق نقطة تفتيش غير بعيدة عن بغداد بعد مصادمة شرسة مع القوات المشتركة أسفرت عن مقتل رفاقه الستة عشر وتعرضه شخصيا لجروح بليغة كادت تودي بحياته حيث أصيب بما لا يقل عن سبع رصاصات استقرت في مناطق عدة من جسده. اعتقل الأسير الجريح في سجن بمخيم كروبر تابع للإدارة الأمريكية وفي الفترات القليلة التي كان يسترجع فيها وعيه، إذ مكث لشهور عدة في شبه غيبوبة تامة، تعرض للتعذيب الذي ماتزال أثاره بارزة لليوم في جسده(1) ولفقت له اعترافات تدينه في تفجير المرقدين الشريفين بسامراء واختطاف الصحافية أطوار بهجت ومقتلها

وخلال محاكمته سنة 2006 أنكر يسري هذه التهم وغيرها مما نسب له أثناء التحقيق وأكد على براءته من أي جريمة ذات طابع طائفي أو تكفيري لكن المحكمة أصرت على إدانته جورا وأصدرت ضده حكمها الأول بالإعدام. وقد أفادت العديد من الشهادات التي وردت على ألسنة عراقيين ومن سامراء تحديدا (2) أن المسؤولين عن تفجير المرقدين الشريفين هم عراقيون ومن أعوان الداخلية وهو أمر دعمته التفجيرات الثانيه التي تمت لاحقا سنة 2007 واعتقل منفذها فيما بعد، كما أثبتت المستجدات التي سجلت بتاريخ 2009 واعترافات المسمى ياسر علي براءة يسري من دم الإعلامية أطوار بهجت. وبالتالي سقطت كل الإدعاءات التي بررت ظلما حكم الإعدام الأول

وفي الواقع، عند استئناف الحكم الذي تم سنة 2008، برأت المحكمة يسري من كل الجرائم التي نسبت إليه ولم تبق إلا على تهمة واحدة وهي دخوله التراب العراقي خلسة. ورغم أن التهمة ليست على حد يذكر من الخطورة، فإن قانون مكافحة الإرهاب الذي أصدره بوش عقب أحداث سبتمبر 2001 قد دفع بالمحكمة لتسليط عقوبة قاسية على الشاب يسري إذ حكمت عليه بـــ15 سنة سجنا. ومهما يكن فإن تراجع المحكمة عن الإعدام وإسقاط جرائم القتل والتفجير كانت في حد ذاتها منصفة وخففت من وقع عقوبة الإستئناف بالنسبة للمتهم وعائلته

لكن يسري الذي سلم للإدارة العراقية بعد صدور هذا الحكم خضع لحكم ثالث في بداية السنة الجارية وهو حكم التمييز الذي أعاد مقاضاته وفق محاضر التحقيق الأولى ليثبت من جديد إدانته دونما اعتبار لحكم الإستئناف ولا للمستجدات والشهادات التي برأته مما نسب إليه تحت التعذيب. وقد شابت هذه المحاكمة العديد من الشوائب إذ تمت في غياب المتهم والمحامي المكلف بالدفاع عنه وهو خرق صارخ للقوانين المعمول بها في جميع الدول وقضت المحكمة مجددا بتسليط عقوبة الإعدام على يسري الذي تم إعلامه لاحقا بهذا الحكم عن طريق رسالة تلقاها في سجنه من وزارة العدل العراقية

سماحة السيد

لسائل أن يسأل كيف يعاود التعقيب (التمييز) سنة 2011 الإستناد لمحاضر التحقيق التي سجلت سنة 2006، والحال أن المتهم في ذلك التاريخ كان أقرب للموت منه للحياة، وبأي حق يحكم عليه مجددا بالإعدام؟ لماذا لم يأخذ القضاء بالإعتبار ما صدر في حكم الإستئناف؟ ولماذا يحاكم المتهم غيابيا والحال أنه معتقل وبيد السلطات القضائية ؟ ولماذا يحرم من حق الدفاع إن شخصيا أو من خلال محاميه ؟ ولماذا لا يتم إعلام المتهم بصدور الحكم ضده إلا بعد أسابيع عدة وبواسطة رسالة من وزارة العدل؟ ولماذا منع المتهم منذ 2006 وليومنا هذا من الإطلاع على ملفه القضائي؟ إن كل هذه المخالفات الجائرة في حق المتهم لا يمكن تبريرها إلا بقضاء تعسفي غيب أبسط حقوق الدفاع وقواعد القانون ولم يراع المستجدات التي طرأت بين صدورالحكم الإبتدائي وحكم الإستئناف، وتحديدا سقوط أبرز التهمتين الرئيسيتين اللتين رجحتا حكم الإعدام الأول. وبالتالي لا يمكن لحكم الإعدام الذي صدر عن محكمة التمييز إلا أن يكون جائرا، شكلا ومضمونا، وفق القوانين الدولية ومنطق الإنصاف

سماحة السيد، أنتم صاحب الوعد الصادق لكم علينا كتونسيين الفضل في إعادة جثامين شهدائنا عقب النصر التاريخي الذي حققته المقاومة في حرب تموز. ولكم علينا الفضل في رفع رؤوسنا عاليا كعرب ومسلمين إذ ألحقتم بآلة البغي الصهيوني شر هزيمة لن ينساها الأعداء على مر التاريخ. ولكم علينا الفضل أيضا في مآزرة ربيع الشعوب إذ كان موقفكم من ثورتي تونس ومصر مناصرا منذ البداية ولا غبار عليه، وبالتالي يحق لنا أن نلجأ لسماحتكم في هذا الظرف الذي يتسم بالجور لنلتمس مساعدتكم في إغاثة مظلوم وذويه بعد أن عجزنا عن إبلاغ صوتنا لأهل القرار في العراق. نحن مقتنعون، يا سماحة السيد، أن يسري الطريقي بريء مما نسب إليه ولا نريد من القضاء العراقي سوى إعادة المحاكمة بصفة عادلة حتى لا يهدر دم هذا الشاب جورا ولأسباب سياسية بحتة

املنا في الله كبير ان يسخركم سبحانه و تعالى بفضله و رحمته لنصرة مقاوم مظلوم ونحن واثقون أن سماحتكم ستولون هذا النداء ما يستحقه من العناية

أحمد العامري

2011.08.17


1- بتاريخ اغسطس 2011 قام وفد من الصليب الأحمر الدولي بزيارة ليسري الطريقي في سجنه بالكاضمية وعاين أثارا للتعذيب على جسد السجين

2- أولى هذه الشهادات جاءت على لسان محافظ سامراء الذي وجه إصبع الإتهام لقوات من الأمن العراقي ودعمتها شهادات أخرى لمواطنين من سامراء نشرت على مواقع الويب نذكر منهم علي السامرائي والمسمى الأنباري والمسمى محمد السامرائي وهذه عينة من تلك الشهادات:

انا محمد السامرائي وعندي محل انترنيت قرب الامام عليه السلام. جاء الحرس الوطني في الساعة الثامنة والنصف في مساء الربعاء وطوقوا الصحن الشريف وقالوا ممنوع الخروج من المحلات، ونحن في العادة نبيت في المحل ليلا لأن نخاف عليه وعلى الحاسبات من الحرامية.
الحرس الوطني والأمريكان طوقوا الامام على الهادي عليه السلام ثم ذهبوا في الساعة التاسعة مساء يوم الأربعاء، بعدها رجعوا الى الصحن الشريف في الساعة الحادية عشر مساء الأربعاء ثم أخذوا يتجولون قرب الصحن،
وبقوا الى الفجر حتى الساعة السادسة صباحاَ قرب الامام عليه السلام
بعدها غادر الأمريكان وبقى الحرس الوطني قرب الامام علية السلام، ثم عاد الأمريكان ليغادروا الساعة السادسة والنصف في صباح الأربعاء، ثم وقع العمل الجبان على جدنا الامام علي الهادي وحسن العسكري عليهم السلام، الانفجار الاول في الساعة السادسة واربعون دقيقة والانفجار الثاني في الساعة السادسة وخمسة وربعون دقيقة من صبح الأربعاء
لم نكن نعلم اين كان الانفجاران القويان اللذان هزا ارض سامراء وعند خروجنا من المحل رأينا أسد سامراء الامام علي الهادي علية السلام والحرس يقولون انهم ارهابين
ولكن والله والله والله ان العمل الاجرامي قامت به عناصر الحرس الوطني والأمريكان وانا على ماأقول شهيد، فنحن في سامراء الساعة الثامنة يبدأ عندنا حضر التجوال، ولا يستطيع أحد أن يخرج من البيت بعد الساعة الثامنة من اى مكان لأنه عندما تكون الساعة الثامنة تتحاصر المدينة من قبل القوات الأمريكية والحرس الوطني

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