samedi 11 juin 2016

Chanson pour le citoyen Mokhtar - Taieb Bouallegue

Mokhtar, de l'arabe اختار ikhtara (choisir), de خير khayr (bienfait), est un prénom masculin qui signifie littéralement "élu / choisi"1.  Il s'apparente au turc muchtar (qui signifie "maire/ élu"), mot que les relations des voyageurs ont introduit en français dans la 2e moitié du 17e s., attesté une première fois sous l'orthographe de "muctar"(1680), qui signifie "l'«élu allumeur de lampes » engagé au service d'une mosquée", d'où muctariat (1680), (office, charge de ces "falotiers"), puis sous les variantes "muktar"(1830), "muchtar"(1857),  et dès 1930 "mokhtar", au sens de maire.

En règle générale, le destin d'un «élu » ne peut qu'être enviable. Mais ce n'est pas le cas du « Mokhtar/ Elu » qu'interpelle à travers son «  poème oral » Taieb Bouallegue. Ce Mokhtar ne fait penser ni à l’Élu de Dieu ni à quelque Elu de Nation. Aux antipodes de l'un et de l'autre, il est le Mokhtar d'une histoire badine, coquine, qui se joue de lui et de sa bonne foi. Il est le dindon que cette coquine farcit à chaque jour, et de balles, cela va de soi, pour convertir son « sang halal » en argent liquide, et sa chair en charbon de bois entretenant l'ardeur des bûchers printaniers. Bref, ce Mokhtar est l'hostie humaine d'une grande débauche sacrificielle à laquelle se livrent les rentiers de tout bord du Printemps arabe.



Et ils te donnent le choix
Ils te persuadent de leurs bonnes intentions
A la croisée des chemins
Et de mille sentiers
Et si les pas se perdent dans l'obscurité
Ils te troquent la sécurité contre la liberté
Et tu te trouves Mokhtar
En décembre et janvier
Dans la nécessité de choisir
Entre la glace et l'eau
Tu t'es noyé Mokhtar
Dans l'excès de bonne foi
Et ils te donnent le choix
Entre sept vipères qui rampent
Et des fauves noctambules affamés
Le vendeur et l'acheteur logent à la même enseigne
Et le bourreau endosse l'habit de la victime
Alors que la victime expiatoire c'est toi
Toi que terrasse l'amour d'une patrie verte et pucelle
Et tu te trouves Mokhtar
Dans cet univers saugrenu désemparé
Comment l'alliance a-t-elle pu se faire
Pour qu'ils nagent ensemble à la surface de l'eau ?
Tu t'es noyé Mokhtar
A force de bonne foi
Et ils te donnent le choix
Sunna et Turcs frères ?
Ou bien l'Iran: chiisme et persanisme ?
Sinon l'abattoir des axes russe et américain
Et toi leur hostie,
Et tu leur paies en-sus un tribut
Toi des peines sur des montagnes de peines
N'ayant ni terre libre ni bouchée digne
Et tu te trouves Mokhtar
Jour et nuit dans les supplices
Couché sur le bûcher
et sur le bûcher rouvrant les yeux
Tu es brûlé Mokhtar
A force de bonne foi
Pauvre de toi, de quelle mort tu meurs ?
Égorgé d'un couteau l'autre
Ton sang coule halal au nom de la religion
Et viré en mandats, renfloue des comptes bancaires
Au lieu d'une marée vers la Palestine
C'est le raz-de-marée siono-barbaro-naphtien
Et tu passes Mokhtar
Un nom dans un journal télévisé
Et une scène pas assez claire
Dans une problématique fiqhienne
Et tu t'es noyé Mokhtar
A force de bonne foi
Et tu capitules, tu te résignes,
Comme si c'était le mektoub
Tu apostasies ces révolutions
Tu en fais pénitence
Et tu te mets à faire le procès de leur cœur en panne
A cause du tohu-bohu de situations et d'instances
Ainsi pour faire repentir un jeteur de toubs2

Il lui faut une prison et une maison de correction
A ce point Mokhtar
L'honneur et le déshonneur sont devenus synonymes
Le parcours s'est allongé, a viré
Puis s'est embobiné comme un serpent
3
Et il a sangloté
Son rêve s'est envolé
Se sont volatilisées la sécurité et la liberté
Ah, que n'aurais-tu, Mokhtar,
Entouré de clôture ce parcours
Pour prévenir le vent, les pluies
Et choisi une autre voie !
Les révolutions, Mokhtar,
Ne se font pas toutes sur de bonnes intentions


Taieb Bouallegue
Traduit par A. Amri
11.06.2016



Qui est Taieb Bouallegue ?


«Je suis un poète de ce pays, originaire de Tébourba, ville à une
trentaine de kilomètres à l'ouest de Tunis. Je n'ai d'autre bien en ce monde que la poésie.

J'écris la qasida dans la langue parlée, imitant en cela mes prédécesseurs: Belgacem Yakoubi, Kamel Ghali, Abdeljabbar Eleuch, Adem Fethi, Ali Saïdane et bien d'autres dont l'expérience a épousé le projet de l'art alternatif. Aussi ne pourrais-je me voir que de la même lignée et sur la même ligne.


J'ai entamé cette expérience avec le groupe Oyoun Al-Kalam, le duo Amel Hamrouni et Khémaïes Bahri, et je la reconduis avec ce même duo. Cela a donné de nombreuses œuvres dont Al-Bahia [l'Exquise], Anfas [Souffles], Wattan wa in ken [Patrie, même si...], Nesj Khayal [Trame d'imaginaire], Ward qbilna [Des roses, on en a reçu], Ya souta [Ô sa voix], Baâth al-kalam [Quelques propos].


En gardant le même esprit, je tente de vivre d'autres expériences comme ma rencontre avec le professeur de luth l'artiste Isan Laribi autour de certaines créations: Fi-essijn min barra [En prison de l'extra-muros], texte écrit en 2008 et dédié aux prisonniers du Bassin minier, Sektat ellil [Silence de la nuit] et d'autres textes, ou encore ce qui va paraître bientôt avec Mohamed Bhar.


Pour les publications, mon recueil Nesj Khayal [Trame d'Imaginaire]en est à ses touches finales. J'attends seulement l'opportunité de le publier. Enfin, ma hantise de l'alternatif: poésie, musique, mot, phrase, est une forme de rêve d'une alternative nationale juste. »



A. Amri
11.06.2016



==== Notes ====


1- Il faut remarquer que ce prénom est l'un des quelque 200 noms-attributs du Prophète. Il a le même sens que Mustapha.

 


2- Ce mot, défini par Charles Brosselard (Les inscriptions arabes de Tlemcen, in Revue africaine, Alger, octobre 1859, p. 196) comme « grosse brique cuite au soleil », est attesté en français 9 ans plus tôt que le mot adobe (de mêmes racine et sens), emprunté à l'arabe الطوب attoub (par la voie de l'espagnol) en 1868, et n'en serait pas moins digne de figurer au dictionnaire français. On le rencontre dans de nombreux auteurs comme Louis Piesse (1862), Jean Chalon (1877), Mathéa Gaudry (1921), Jean Despois (1940), Madeleine Rouvillois-Brigol (1975), Joëlle Deluz-La Bruyère (1988)... Sous la plume d'Isabelle Eberhardt (1908), "toub" revient quasiment comme un leitmotiv. 
D'autres variantes du même mot sont attestés en français, comme "tôb" (1862), "tolb" (1877), "thôb" (1881), "tob" (1922).

3- Serpent : (1100 « reptile à corps cylindrique, très allongé, dépourvu de membres ») n.m. du lat. serpentem, de serpens « serpent », participe présent du verbe serpĕre (« ramper, se traîner par terre »). Comparez le verbe latin ainsi que les substantifs catalan serp, corse sarpe, maltais serp, occitan sèrp,  roumain șarpe (signifiant tous serpent) avec l'arabe سَرَبَ saraba, verbe qui signifie à la fois « courir », « avancer », « marcher », « glisser, se mouvoir », « couler », « pénétrer dans son gite » [en parlant d’une bête sauvage]. De la racine arabe dérivent مسرب « mesrab » (sentier), مسارب « meçarab » [du serpent] (traces laissées par ce reptile), « sarab »(mirage, "ainsi appelé", précise Al Khalil, "parce qu'il donne l'impression de courir", سرب « serb » (eau qui coule + repaire, antre de bête sauvage), insaraba [en parlant d'une bête sauvage] (s'engouffrer dans une tanière)... Hermann Möller, qui a remarqué l'analogie des racines trilitères latine [s-r-p] et arabe [s-r-b] (sans toutefois explorer la large gamme des dérivés arabes), rattache le latin serpère à un substrat pré-indo-européen.

======== Pour le même poète sur youtube webamri =========



Une erreur de frappe a altéré l'orthographe de "néanmoins" une première fois, le copier-coller trois fois de suite juste après. Merci de votre indulgence.





mercredi 8 juin 2016

Dis à la belle vêtue de voile noir - Rabiâ ibn Ameur Attamimi

Rabiâ ibn Ameur Attamimi, alias Meskin ad-Drami, est un poète arabe mort en 709. Il n'est pas assez connu, et surtout beaucoup moins que son « Dis à la Belle vêtue de khimar noir ». Alors que ce poème  écrit vers la fin du VIIe est célèbre dans tout le monde arabe, que des millions -pas nécessairement lettrés- devraient savoir par cœur l'essentiel de sa version chantée1, son auteur, lui, est pour le moins méconnu. Surtout loin de la sphère des littéraires.  

Né à Koufa en Irak, Rabiâ ibn Ameur Attamimi a vécu sous le califat des Omeyyades. Il faut remarquer qu'en son temps non plus, le poète ne fut pas assez connu sous son véritable nom. Il était souvent désigné par un surnom, un sobriquet pas assez flatteur: Meskin ad-Drami
Pourquoi ce sobriquet ? Selon Al-Asmai2, le poète est tombé amoureux de l'une de ses cousines, et quand il a demandé la main de celle-ci à ses parents, la fille  a dit non. Elle le trouvait très noiraud et peu argenté. Dès que cette sèche éconduite se fut répandue, Rabiâ ibn Ameur Attamimi s'appela malgré lui Meskin ad-Drami: le « mesquin » des Drami3. Il dut porter ce surnom comme une nouvelle flétrissure. Et cela ne l'a pas laissé indifférent, qui le fit réagir en maintes circonstances par des vers bien tournés, vers où l'amertume le dispute à la fierté, voire la révolte.4
 


« Dis à la Belle vêtue de khimar noir » est le chant de cygne, à
mon sens,  de Meskin ad-Drami. Quand le poète a composé ce poème devenu vite célèbre, cela faisait longtemps qu'il s'était retiré du monde, ayant quitté la cour de l'émir d'Azerbaïdjan5 pour se faire anachorète et ne s'intéressant plus à la poésie. L'un de ses amis, qui était commerçant de tissus, le fit toutefois renouer avec la poésie pour une raison fort singulière. Le marchand, en mauvaise passe, songeait à mettre la clé sous la porte en raison de la mévente qui frappait sa marchandise. Il avait un stock considérable de voiles noirs, importés d'Irak, et il ne réussissait pas à en vendre un seul, les femmes du pays les boudant pour des voiles à couleurs chaudes qu'il n'avait pas. 

Meskin ad-Drami a alors ôté sa burda d'ermite et pris son calame. Il a composé pour le secours de son ami un poème à vocation publicitaire avant la lettre, et l'a confié à un chanteur, un de ces achougs6 de l'Azerbaïdjan dont l'art survit à ce jour, qui se chargea de le mettre en musique, avant d'en faire une large diffusion par le biais de sa voix ambulante. A travers des vers écrits à la 2e personne,
Meskin ad-Drami donne l'impression d'interpeller une femme réelle qui l'a soumis à l'imparable magie de sa fitna, et dévoyé le chaste ermite qu'il était. Et quand on cherche où réside au juste ce pouvoir redoutable et fatidique, on s'aperçoit que le poète l'attribue implicitement au voile noir. Celui-ci n'est plus une simple pièce vestimentaire qui couvre la tête; il devient le signe distinctif d'un port qui charme, d'une coquetterie qui désarme, et n'épargne même pas ceux qui se vouent à Dieu ! Bref, on voit que le poète arabe, au 7e siècle, savait parfaitement fourbir les armes aujourd'hui en vogue chez les publicitaires.

Selon Kitab Al-Aghani
7, quand ce poème s'est répandu, la légende qu'il véhiculait faisant croire que
Meskin ad-Drami a apostasié l'ermitage pour l'amour de « la Belle au khimar noir » a vite produit l'effet escompté. En peu de temps, le marchand d'Azerbaïdjan est devenu la qibla des « femmes à la page ». Il a liquidé toute la marchandise invendue. Et il a commandé à ses fournisseurs en Irak une nouvelle cargaison. Tandis que le voile noir, du jour au lendemain, est devenu le fétiche de toute femme, toute femme soucieuse de se faire voir et valoir.

Dis à la Beauté vêtue d'un khimar noir
Qu'as-tu fait d'un ermite en dévotion confit ?
Il retroussait pour la prière ses habits
Quand  à la porte de la mosquée il t'a vue
Tu lui as subtilisé certitude et  foi
Le livrant à la déroute désemparé
Belle, redonne-lui sa prière et son jeûne

Ne le tue pas pour l'amour de Jésus et de Mohamed



Sabah Fakhri interprétant le poème




Traduction A.Amri
08.06.16
 

=== Notes ===


1- Composée de 8 vers, 4 en arabe; le vers arabe classique étant constitué de deux hémistiches égaux, la traduction de ceux-ci donne 8 vers en français.

2- Meskin ad-Drami, Mustapha Chikh Mustapha.


3- Drami est le nom de sa tribu.

4-  Quelques exemples traduits par moi-même:

Je suis Meskin pour celui qui m'a méconnu
Celui qui me connait reconnait l'éloquent

أنا مسكين لمن أنكرني 
 ولمن يعرفني جدّ نطق

- Que je sois surnommé Meskin ne m'ôte pas l'honneur 
d'être de haute naissance et bouclier des miens
إن أدع مسكينا فإني ابن معشر
من الناس أحمي عنهم وأذودُ

- Je fus appelé Meskin, quelle impertinence !
Quoique je veuille bien être mesquin * d'Allah
 سميت مسكينا وكانت لجاجة
 وإني لمسكين إلى الله راغب

(* - Mesquin, emprunté à l'arabe مسكين meskin [pauvre], est à prendre ici au sens déconnoté de pauvre, démuni, humble. Mesquin d'Allah est ici synonyme de pauvre de Dieu, faqir d'Allah.

5- Ayant participé à la révolte qui a soulevé Koufa contre Al-Mokhtar Athaqafi, quand ce dernier a réussi à mater le soulèvement, Meskin ad-Drami a pris la fuite et rejoint la cour de Mohamed ben Omar ben Ottard ad-Drami, émir d'Azerbaïdjan.

6- Les achougs, en Turquie, en Russie, en Azerbaïdjan, sont ce que furent les troubadours en Occident chrétien médiéval.  

7- Volume 20, p.227, cité par Chikh Mustapha Chikh.



Au même sujet sur ce blog:

Le voile n'est pas une obligation islamique (Traduction)


mercredi 1 juin 2016

Circoncision - Poème traduit de Ahmed Matar


pour sa grâce opérante
au jour de circoncision
je fus harnaché
d'une burda transparente
et de chéchia empanaché
puis s'amorça une pantomime
ouvrant l'ère de ma honte
 
Ahmed Matar


on fendit ma burda
sur mes parties intimes
et l'on égorgea

mes parties intimes
le sang gicla dans mon giron

et de toutes parts exubérante
la joie cria
bénissant la fontaine de sang
mabrouk !

mille mabrouks !
et que la grâce demain 

comble de même la langue !

 
 
 
Ahmed Matar
Trad. A. Amri
22.05.2016



Poèmes traduits du même auteur:

jeudi 19 mai 2016

رسالة مفتوحة لــــ« مشعوذي الثورة السورية » بقلم برونو ڨـيـڨ


برونو ڨـيـڨ (Bruno Guigue) هو أحد الأقلام التي تعتبرها اسرائيل عن حق "فدائية" وتخشاها أكثر مما كانت تخشى في السابق فدائيي المقاومة المسلحة1. ولا غرابة أن يكون هذا القلم بهذا الحجم لمن قرأه وعرفه وتابع كتاباته منذ صنفته الصهيونية عدوا لها وعملت على فصله من الإدارة، إذ كان موظفا ساميا بالداخلية الفرنسية، ونجحت في ذلك عام 2008.. وهي لليوم تشهر به وتعتبره "خرقة" متسخة بكراهية السامية2.
لا يمكن لعربي عرف
برونو ڨـيـڨ ونضاله الا أن ينحني تقديرا له، سيما وأن الرجل، كاتبا وفيلسوفا وأستاذا، لم يعرف شحا ولا كللا في مساندة القضايا الجوهرية للشعوب العربية وعلى رأسها قضية فلسطين.
النص الذي نقدمه هنا مترجما هو رسالة مفتوحة موجهة لليسار والمثقفين في الغرب.. لكن الرسالة تهمنا أيضا كعرب لا فقط لأنها تكشف حقائق عن الشق المعني مباشرة بالرسالة ولكن لأن لائحة الإتهام هذه صالحة في بلادنا أيضا إذ هي تهم بنفس الشرعية كل عربي أعطى للثورة السورية صكا على بياض واعتبر فرضية نجاحها انجازا للعرب ومفتاحا لمستقبل فلسطين.
أ. العامري - 2016.05.19

21 فيفري 2016 : تفجيران في دمشق والحصيلة 120 قتيل

في الوقت الذي يستشهد فيه أحد القادة التاريخيين للمقاومة العربية اللبنانية برصاص الغدر الصهيوني في سوريا، أتوجه بهذه الرسالة المفتوحة للمثقفين ومناضلي "اليسار" الذين اصطفوا وراء المتمردين في سوريا ويتصورون أن حلمهم بسقوط دمشق هو مناصرة للقضية الفلسطينية.

في ربيع 2011، كنتم تقولون لنا أن الثورات العربية تمثل أملا لا سابق له للشعوب التي ترزح تحت نير الإستبداد الدموي. وفي غمرة التفاؤل استمعنا لكم ونحن مقدرين لدفاعكم عن هذه الديمقراطية-المعجزة الوليدة، ولخطبكم بخصوص كونية حقوق الإنسان. لقد كدتم تنجحون في إقناعنا بأن هذا الإحتجاج الشعبي الذي أسقط دكتاتوري تونس ومصر سيطيح يالإستبداد في كل مكان آخر بالعالم العربي، في ليبيا كما في سوريا، في اليمن كما في البحرين، و من يدري،
ربما في مكان آخر.
 
لكن شدوكم الشجي هذا سرعان ما كشف البعض من المستور. وكان أول العيوب بدا  كأجلى ما يكون في ليبيا. فقرار
الأمم المتحدة تحول لصك على بياض لخلع رئيس دولة بالقوة العسكرية لأن هذا الرئيس أصبح يشكل عبئا على شركائه الغربيين. وعملية "صرف النظام" هذه التي تليق بأسوء اللحظات في العهد الجديد للمحافظين والتي أنجزت لحساب الولايات المتحدة من طرف قوتين أروبيتين في حاجة لتأكيد امبرياليتهما الجديدة كان حصادها كارثة ما تزال ليبيا المسكينة تدفع لليوم ثمنها. فانهيار هذه الدولة التي كانت موحدة أوقع البلاد في براثن طموحات لا حد لها لقبائل وفصائل تقف وراءها بدراية تامة الأطماع النفطية لحيوانات القمامة في الغرب.
ومع هذا كانت فيكم أنفس طيبة لتشفع لهذه العملية بظروف التخفيف وهي أنفس زاد عددها للمطالبة بتطبيق نفس المعاملة تجاه النظام في سوريا لأن ريح الثورة التي كانت تهب حينئذ على سوريا بدت لكم وكأنها تزكي تفسيركم للأحداث وتعطي تبريرا لاحقا  للمروجين  لحرب إنسانية بلا هوادة ضد صاحب السلطة الأوحد في ليبيا.
لكن البعض من المحللين، بعيدا عن وسائل الإعلام "التيار" لاحظ بأن الشعب السوري كان بعيدا عن الإجماع وأن الإحتجاجات المناهضة للحكومة نظمت بصورة رئيسية في المدن والمعاقل التقليدية للمعارضة الاسلامية وأن الحمى الإجتماعية للطبقات التي تفاقم فقرها بسبب الأزمة لن تؤدي بالضرورة لإسقاط النظام.
هذه التحذيرات النابعة من حس سليم تجاهلتموها . ولأن الأحداث كانت لا تتطابق مع سردكم لها، فقد قمتم بفرزها كما طاب لكم. وحيث شهد المراقبون المحايدون استقطابا في المجتمع السوري، حلا لكم أن تروا طاغية متعطشا للدماء يقتل شعبه.
وحيث كانت النظرة المتزنة تسمح برؤية نقاط الضعف ولكن أيضا نقاط القوة للدولة السورية ، حلا لكم أن تسيؤوا استعمال البلاغة بتوضيفها في الوعظ الأخلاقي قصد شحن الرأي المضاد لمقاضاة حكومة كانت أبعد ما تكون عن تحمل المسؤولية لوحدها في أعمال العنف.
قرأتم الكثير من المظاهرات المضادة لبشار لكنكم لم تشاهدوا مسيرات الدعم الضخمة للحكومة والإصلاحات التي ملأت شوارع دمشق وحلب وطرطوس. رسمتم بيانات المحاسبة المروعة لضحايا الحكومة لكنكم نسيتم البيانات التي تهم ضحايا المعارضة المسلحة.
حسب رأيكم، كان هناك ضحايا طيبون وآخرون سيؤون، ضحايا يستحقون أن نتحدث عنهم وضحايا لا نريد أن نسمع عنهم شيئا. عن عمد رأيتم الشق الأول من الضحايا وأصبحتم عميانا كلما تعلق الأمر بالشق الثاني.
 
وفي الوقت نفسه، فإن هذه الحكومة الفرنسية التي تنتقدون سياستها الداخلية للإبقاء على الوهم بأنكم مستقلين، قد منحتكم الحق على كامل الخط. والغريب أن سردكم للدراما السورية كان مطابقا للسياسة الخارجية للسيد فابيوس، وهي  تحفة من الخنوع  امتزج فيها الدعم اللامشروط للحرب الإسرائيلية على الفلسطينيين بالإنحياز البافلوفي للقيادة الأمريكية والعداء المعاد طبخه للمقاومة العربية.
لكن زواجكم الغير خاف بوزارة الخارجية لم يقلقكم فيما بدا. في الساحة الخلفية انتم أنصار للفلسطينيين وتجلسون قبالة الحديقة جنبا لجنب مع قتلة الفلسطينيين. لا بل حدث أنكم رافقتم القادة الفرنسيين في زيارة دولة رسمية لإسرائيل. ها أنتم على نفس السفينة، متواطئين لحظور عرض لرئيس يصرح  بأنه "سيحب دوما القادة الإسرائليين" وكأن هذا ما كان ليكفيكم عارا فركبتم مجددا الطائرة مع الرئيس ككل أنيس له.
كنتم أدنتم بحق التدخل العسكري الأمريكي ضد العراق في عام 2003 ، إذ لم يكن للقنابل المنشطة للديمقراطية تأثير عليكم وكنتم تشكون في المزايا البيداغوجية للضربات الجراحية لكن سخطكم فيما يتعلق بهذا الإصدار من دبلوماسية البوارج ذات التقنية العالية أثبت لاحقا أنه انتقائي وذي مكيالين. لأنكم بالعويل والصراخ طالبتم في 2013 بأن يطبق ضد سوريا ما كنتم تعتبرونه غير مسموح ضد بغداد قبل عشر سنوات. عقد من الزمان فقط كان كافيا ليجعلكم مرنين لدرجة بدا لكم فيها أن خلاص الشعب السوري يتوقف اليوم على غيث من الصواريخ الجوالة يتهاطل على هذا البلد الذي لم يقترف في حقكم ذنبا.
بين عشية وضحاها تنكرتم لقناعاتكم المعادية للإمبريالية وتبنيتم بحماس أجندة واشنطن، ودون حياء لم تكتفوا بالتصفيق لقاذفات القنابل بي-52 ولكنكم جعلتم من حناجركم أبواقا لنشر الدعاية الأمريكية الأكثر بشاعة ، في حين كان يفترض أن تحصل لكم مناعة من سابقة العراق وأكاذيب بوش التي لا تنسى .
بينما كنتم تغرقون الصحافة الفرنسية بهرائكم كشف صحافي أمريكي وهو استقصائي لا مثيل له زيف التهمة الموجهة ضد بشارالأسد لتلصق به مسؤولية لا صحة لها في هجوم كيمياوي وهي تهمة لم تصدر عن أي جهة دولية ونسبت لاحقا  فحوصات  معهد ماساتشوستس للتكنولوجيا ومنظمة حظر الأسلحة الكيميائية مسؤولية الهجوم للطرف الخصم.
تجاهلتم الحقائق حينئذ وتشويه الحقيقة كلما اقتضى الأمر، وأديتم بالمناسبة تقاسيمكم البائسة  في هذه القطعة الموسيقية. والأدهى والأمر أنكم مازلتم تؤدون التقاسيم. مازلتم مصرين على ترديد الهراء في حين أن أوباما نفسه يوحي في تصريحاته بأنه لم يصدق ما راج بهذا الخصوص. أنتم ككلاب الحراسة لا ينقطع نباحكم حتى وإن اختفى الشبح الذي أثار حفيظتكم. ولأي سبب يا ترى ؟ لتمنحوا تبريرا تقصف بمقتضاه حكومتكم دولة صغيرة ذات سيادة  ذنبها الأساسي أنها ترفض الخنوع للنظام الإمبراطوري ويتسنى لكم مساعدة تمرد سوري تعمدتم إخفاء وجهه الحقيقي وأضفيتم
مصداقية على اسطورة معارضته الديمقراطية والعلمانية التي لا وجود لها إلا في صالونات الفنادق الضخمة بالدوحة وباريس وأنقرة.
هذه "الثورة السورية" قمتم بتمجديها ولكنكم صرفتم أبصاركم بحياء عن ممارساتها المافوية وعن ايديولوجيتها الطائفية وتمويلها المثير للشك. أخفيتم بعناية كبيرة الكراهية الطائفية التي تستلهم منها "نضالها" ونفورها المرضي من المعتقد الديني المخالف ومصدر عقيدتها النابع من الوهابية وهو الإسمنت الإديولوجي الذي ترتكز عليه.
كنتم تعرفون جيدا أن النظام البعثي باعتباره علمانيا وغير طائفي يشكل الدرع الواقي للأقليات وبوليصة التأمين على حياتها، ولكنم لم تكترثوا لهذا الشأن، لا بل ذهبتم لحد وصف الذين دافعوا عن المسيحيين المضطهدين بأنهم "بلداء". ليس هذا فقط، بل حين دقت ساعة الحساب، أبقيتم على هذا العارالذي لا عار بعده: أيدتم دونا تحفظ سياسة لوران فابيوس الذي يرى أن جبهة النصرة وهي الفرع السوري لتنظيم القاعدة "تقوم بعمل جيد". لا حرج أن تنتشر في شوارع حمص أشلاء المارين أو في الزهرة أشلاء العلويين . فهذه الأشلاء في رأيكم يرقات صيد لا غير.
 بين 2012 و 2016 سقطت الأقنعة. تدعون أنكم مع القانون الدولي ولكنكم تصفقون لخرق هذا القانون ضد دولة ذات سيادة. تزعمون أنكم تريدون تعزيز الديمقراطية في سوريا ولكنكم أصبحتم ضباط الإمدادات والتموين للإرهاب الذي يكتوي منه السوريون.
  تقولون أنكم تدافعون عن الفلسطينيين ولكنكم في نفس المعسكر مع اسرائيل. كونوا عل طمأنينة: حين يسقط صاروخ اسرائيلي على سوريا لن يقع على أصدقائكم. فبضل اسرائيل وبفضل السي أي أي وبفضلكم أنتم، هؤلاء الثوار الشجعان سيواصلون تمهيد  المستقبل الزاهر لسوريا تحت شعار التكفير. في حين سيقتل الصاروخ الصهيوني أحد قادة المقاومة العربية التي خنتوها.

  برونو ڨـيـڨ Bruno Guigue
13. 05. 2016
تعريب أحمد العامري
19. 05. 2016
2- راجع مقال الكاتب الذي انتقد فيه الصهيونية وهو بتاريخ ديسمبر 2006 وكان القطرة التي أفاضت كأس الحقد الإسرائيلي عليه: La conférence de Téhéran et les Faurisson pro-israéliens



برونو ڨـيـڨ Bruno Guigue
  برونو ڨـيـڨ من مواليد 1962 بتولوز (فرنسا) هو مفكر ومحلل سياسي فرنسي وأستاذ فلسفة جامعي محاضر في العلاقات الدولية . شغل خطة موظف دولة سام في عهد ساركوزي وأقيل من منصبه لعدم تأييده للانحياز السركوزي لاسرائيل وعدائه للصهيونية. يكتب باستمرار في موقع أمة كوم oumma.com ويناصر بلا هوادة القضايا العادلة للعرب والمسلمين وعلى رأسها قضية فلسطين ونضالات المقاومة في لبنان وسوريا.

له العديد من المؤلفات نذكر منها:
في جذور الصراع الإسرائيلي العربي:الندم الغير مرئي للغرب

Aux origines du conflit Israélo-arabe: l’invisible remords de l’Occident (L’Harmattan, 2002)

الشرق الأوسط وحرب الكلمات
Proche-Orient : la guerre des mots, L'Harmattan, coll. « Comprendre le Moyen-Orient », Paris, Budapest et Turin, 2003

أسباب العبودية
Les raisons de l'esclavage, L'Harmattan, coll. « Économie et innovation. Krisis », Paris, Budapest et Turin, 2002

هل يتوجب حرق لينين ؟
Faut-il brûler Lénine ?, L'Harmattan, Paris, Montréal et Budapest, 2001
اقتصاد التضامن: بديل أو حل مؤقت؟
Économie solidaire : alternative ou palliatif ?, L'Harmattan, coll. « Économie et innovation », Paris et Montréal, 2002



 مقالات للكاتب على امة كوم oumma.com
  
 مقالات في نفس الموضوع:

كيف تم ابتكار الشعب اليهودي - بقلم شلومو صاند - ترجمة أ.ع 

 ساركوزي وإسرائيل واليهود- بول إيريك بلانرو 

  Promothée et les maîtres chanteurs à l'antisémitisme

                                                 


   

mardi 17 mai 2016

Etymologies, mythémologies et prestige du verbe

«Prestige du verbe, orgueil de soi, volonté de surélévation : lorsque nous avons prononcé le mot Occident, nous avons tout dit, comme si l’Occident était autre chose que la pente déclinante de l’Orient.» Pierre Rossi1

Anémone, nous dit Littré, se tire du grec ἄνεμος, ánemos (« vent »), « parce que la fleur s'ouvre au moindre vent » selon Pline. Il faut peut-être rappeler ce détail plinien à tous les auteurs2 qui se sont apparemment gourés en tirant le mot de l'arabe النعمان an-nôman, apocope de شقائق النعمان chaqaïq an-nôman. La remarque de Pline est d'autant plus frappée de bon sens que le vent des Arabes, chamsin (khamsin), sirocco, chergui, sahel, simoun, et j'en oublie, n'ont pas la vertu magique pour ouvrir les pétales de l'anémone.



Muguet, selon le mythe grec, a été créé par Apollon, dieu du djebel Parnasse. Donc, pas la peine d'en chercher l'étymon dans l'arabe مسك musc. Lequel du reste n'a rien d'arabe quoiqu'en disent D'Herbelot et Pihan. Et puis le musc sent bon, s'il vous plait, alors que l'arabe, ne m'en parlez pas !

Crocus, nous dit Larousse, vient du "latin crocus, du grec krokos, safran".

Évidemment,
les Grecs ayant à l'appui un joli mythe, il n'y aurait rien à redire sur la pertinence de cette
«mythémologie» cousue de fil blanc !
Krokos, selon le mythe grec, était un jeune homme très beau, ami du dieu Hermès. Un jour que les deux jouaient à une partie de lancer du disque, Hermès a tué accidentellement Krokos. Et de la plaie ouverte de ce dernier, trois gouttes de sang coulèrent, tombant entre les pétales d'une fleur qui en devint mauve3, et depuis s'appela Crocos.4


Légitimation homérique


Au VIIIe siècle av. J.-C., Homère compose une épopée en vers, l'Iliade, dans laquelle il raconte, 400 ans après sa fin, la guerre mythique de Troie. C'est à ce texte fondateur que les philologues se réfèrent pour défendre à la fois la grécité de Krokos et de rose. Décrivant l'aurore, fille du matin, Homère lui a donné diverses épithètes devenues lieues communs, l'habillant d'une robe de safran (krokópeplos) et lui donnant tantôt des mains aux doigts de rose (rododaktulos), tantôt des «avant-bras de rose» (rhodópêkhus). Ces images d'un nec plus ultra de la poétique homérique, s'ils baignent d'un halo si chatoyant la robe de l'aurore aussi bien que ses doigts, ne pourraient qu'être hellènes. Mais les philologues n'aiment pas creuser plus profond pour déchausser la racine de Krokos, de peur que l'on révèle  chez quel tailleur au juste s'habille la môme du matin. Et de quel rhizome5 ses doigts tirent leur teinte rose.

Le TLF qui cite Larousse reprend telle quelle l'étymologie donnée plus haut. Littré, qui ne propose pas d'entrée pour crocus,  nous apprend toutefois que son dérivé crocine "a probablement la même origine que curcuma". Pourquoi le TLF ne met pas à jour ses données ? Et pourquoi Littré omet de rattacher à l'arabe crocique et crocipède qui  sont de la même smala que curcuma ? Parce que la
«mythémologie» a ses raisons que l'étymologie n'a pas.

Courbette à Littré


Si nous interrogeons Littré sur l'étymologie de «rose», voici ce qu'il nous dit: «Bourg. reuse ; wallon, rôz ; provenç. espagn. et ital. rosa ; du lat. rosa ; anc. persan, vrada, sanscr. vrad, se courber, être flexible.»

Courbons-nous et soyons flexibles pour admettre que le
«ward» arabe qui signifie «rose», vieux comme le monde arabe et sa langue, n'est pas arabe. Récuser Littré et son étymologie cousue elle aussi du même fil ne sied qu'aux illettrés, gens de chicane comme les Arabes, qui prétendent à ce
prestige du verbe adjugé depuis la nuit des temps aux héritiers du fond gréco-romain.


N'est-il pas pertinent que le «vrad» sanscrit cadre mieux avec le sens et l'encens, «flexibles», de rose ?


Courbette à Müller

Max Müller n'aimait pas entendre que le mot ورد ward soit arabe. Et comme un orientaliste britannique n'a pas manqué de le contrarier à ce propos, en soutenant que le mot est arabe
6,  Müller l'avait presque sermonné, lui reprochant de prendre le part des sémites contre celui des Aryens !7
Ne peut-on pas dire qu'il avait absolument raison, Müller ? Et d'ailleurs Littré, que j'ai salué ci-haut, lui a donné raison. De même le mythe grec qui nous dit que ῥόδον, rhódon (rose) doit sa naissance à Chloris, qu'Aphrodite lui a donné la beauté, que Dyonisos a déposé entre ses pétales du nectar dont elle tire son parfum.


Rose en latin et langues romanes

L'un des premiers auteurs latins, ou latinistes pour être plus précis, à avoir parlé de la rose s'appelle Dracontius
8. Et c'est un Ifriqien9 qui
a vécu au Ve siècle, soit un siècle après Saint Augustin.
Six siècles plus tôt, les Romains ont traduit l'encyclopédie agraire de Magon. Et quoique l’œuvre de ce Carthaginois ne nous soit pas parvenue pour nous en assurer, il semble que cet agronome qui a vécu au IIIe siècle av. J.-C. s'est intéressé aussi au jardinage et à la culture des fleurs. Selon Jean Pierre Moet (1721-1806),  Varron "dans ses ouvrages sur le jardinage assure que Magon avait lui seul plus de connaissances dans cette partie, que tous les Grecs n'en avaient jamais réuni ensemble."
10

Dans son Glossaire des mots espagnols et portugais dérivés de l'arabe datant de 1869, Reinhart Dozy définit comme suit le mot portugais guedre: "(espèce de fleur, sambucus femina, Moraes). Comme la fleur de cette espèce de sureau ressemble à une rose blanche et qu'on l'appelle aussi en latin sambucus rosea, en hollandais rose de Gueldre (voyez Dodonaeus, Cruydt-Boeck, p.1419a), je n'hésite pas à reconnaître dans guedre une transposition de ورد (werd), qui signifie en général fleur et spécialement rose."
11


En français, il semble que la première attestation du mot rose date du milieu du 12e siècle. Alors qu'elle était honorée aussi bien des Grecs que des Romains, dans l'ensemble des pays de l'Occident chrétien médiéval, la rose fut longtemps proscrite, presque frappée d’anathème. Selon, Charles Joret (1839-1914), "le dédain dont la reine des fleurs fut tout d'abord l'objet auprès des chrétiens"12 trouve son explication dans l'austérité prêchée par la vertu chrétienne. "Une religion, fondée sur la mortification de la chair, ne pouvait manquer de condamner l'usage que les païens faisaient de la rose; n'était-elle pas d'ailleurs associée aux pratiques d'un culte proscrit, comme aux plaisirs coupables d'une vie condamnée par les nouveaux croyants ?"13

Dans un ouvrage consacré aux fleurs, Mélinda Wilson souligne que la rose fut "introduite en Europe par les Arabes, en Espagne au Xe siècle, et ensuite en Occident par les Croisés..."
14



A. Amri
17 mai 2016



=== Notes ===

1-  Pierre Rossi, La Cité d’Isis, Histoire vraie des Arabes, Nouvelles Editions Latines, 1976, p.9/10

2- Je cite juste quelques uns:
- Heinrich Lewy, Die semitischen Fremdwörter im griechischen, Berlin, Gaertner, 1895, p. 49

- J. Wellhausen, Reste arabischen heidentums, Berlin, G. Reimer, 1897, p. 10
- Mathias Delcor, Études bibliques et orientales de religions comparées, Leiden, 1979, pages 114, 115, 116
- Caussin de Perceval, Essai sur l'histoire des arabes avant l'islamisme, Tome 2, Paris, 1847, pages de 156 à 188
- Leopoldo de Eguilaz, Glosario etimologico de las palabras españoles, Grenade 1886, p. 4
- Enrico Narducci, Saggio di voci italiane derivate dall'arabo, Rome, 1858, p. 27
- Antoine-Paulin Pihan, Glossaire des mots français tirés de l'arabe, du persan et du turc, Paris, 1866, p. 58
     
3- Du latin malva de même sens, du grec ancien μαλάχη, malakhê, de l'arabe ملوخية mloukhiya. Plus de 80 mots français désignant des couleurs sont empruntés à l'arabe.

4- Presque la même version est reproduite pour Hyacinthe. Du sang de ce jeune homme mort dans les mêmes circonstances, est née la jacinthe.
On nous dit aussi dans le mythe d'Adonis (version grecque) que du sang de ce personnage amalgamé avec une larme d'Aphrodite est née l'anémone.
Dans un article sur ce blog à propos du muguet, je remarquais que "chaque fois que les Grecs nous débitent un mythe, c'est un peu comme la teinture au triste renom des Hézami ! Il y a dessous un maquignonnage certain, une manigance comparable à la teinture des ânes !" (L'article est ici: Un brin de muguet pour toi)


5- Du grec ῥίζωμα, rhízôma: ce qui est enraciné, touffe de racine, racines. Remarquez que l'arabe razim رازم signifie "être fixé à la terre, rester planté dans un lieu, ne pas bouger".


6-  The Academy, Janury - June, Volume 5 (London, 1874); p. 488

7- The Academy, Janury - June, Volume 5 (London, 1874); p. 488 . Voir De deux mots il faut choisir le moindre pour le texte traduit illustrant la réaction de Müller.

8In Carmen de Deo, lib. I, v.437, d'après Charles Joret, voir La Rose dans l'Antiquité et au Moyen Âge : Histoire, légendes et symbolisme, Paris, Émile Bouillon,‎ 1892; p.153

9-  Paul Monceaux, Les intellectuels carthaginois (Paris, 1894, réédition Carthaginoises, 2009), p.90

10- Traité de La Culture Des Renoncules Des Œillets, Des Auricules Et Des Tulipes (1754); p. 24

11- Glossaire des mots espagnols et portugais dérivés de l'arabe, Reinhart Pieter Anne Dozy, Willem Herman Engelmann, Leyde, E.J. Brill, 1869, p.281


12- La rose dans l'antiquité et au Moyen Age: histoire, légendes et symbolisme,  Charles Joret, Slatkine, Genève, Paris, 1893, p.142

13- Ibid. p.141/142

14- Fleurs comestibles: Du jardin à la table Par Mélinda Wilson, Canada, Fides, 2007, p.194



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