dimanche 20 mars 2016

Constantin Afer: fugitif ou captif de bonne guerre ? - I


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Il y a près de mille ans, un Ifriqien que l'on suppose médecin, et des plus érudits, a quitté Carthage pour la Sicile. Une première fois comme commerçant. Puis une seconde fois comme philanthrope. Le philanthrope, Carthage ne le reverra plus jamais. Et le plus investigateur des historiens serait incapable d'élucider le mystère de ce dernier "aller simple". L'homme se serait converti au christianisme, s'il n'était pas chrétien de naissance, et il aurait troqué sa médecine, son commerce, son pays et les
Portrait de C. l'Africain
biens de ce monde pour la plus douce des retraites, devenu moine de l'abbaye Mont Cassin. On peut être dubitatif et sceptique à propos de tout ce qui se raconte sur le "transfuge de l'Ifriqia", mais ce dont personne ne peut douter, c'est que l'Ifriqien fut à l'Occident chrétien médiéval ce que le mythique Prométhée aux mortels: un donneur
de feu !
Sans Constantin l'Africain et la flamme scientifique qu'il a tirée des universités de la Zitouna et de Kairouan pour en faire don aux Salernitains, il serait difficile d'imaginer ce qu'aurait été la renaissance européenne.

Les Tunisiens dont beaucoup ne soupçonnent pas ce que leur pays a donné depuis Magon et Augustin à l'humanité, et davantage au moment où la civilisation arabo-musulmane était à son apogée, doivent exhumer de l'oubli immérité ce compatriote de grande stature. Et même si le personnage semble avoir emporté son secret avec lui à plus d'un niveau biographique, il n'en reste pas moins perméable, abordable et attrayant à d'autres niveaux. Ce donneur de feu fut aussi donneur de mots. Pour n'en citer qu'un exemple, c'est à lui que le latin doit
ancha, de l'arabe أنقاء qui a donné le français hanche. Un mot parmi tant d'autres arabes dont la plupart sont indument attribués par la "mythémologie" savante à des mères putatives indo-européennes.

Salerne,  autrefois devenue Ville d'Hippocrate (
Urbs Hippocratici) grâce à cet illustre Tunisien, ne rendra pas à Carthage son dû. C'est aux Tunisiens de le réclamer.  En dépistant leur "transfuge" et en le "rapatriant" pour lui donner la place qu'il mérite dans les patrimoines national, maghrébin et arabe.  A. Amri - 20 mars 2016



L'énigme Afer
"Son nom brille à l'un des premiers rangs parmi ces pieux enfants du cloître, qui du fond de leur solitude enrichirent le monde des fruits patients de leurs veilles, et pour lesquels notre reconnaissance sera toujours inférieure à leurs bienfaits1 ».

L'homme dont parlait ainsi, en 1852, Maxime de Montrond est Constantin l'Africain.

En dépit de l'œuvre historique qui l'a élevé en son temps au dessus de la stature commune des hommes, le personnage de Constantin l'Africain reste pour l'essentiel de sa vie un grand mystère. Celui qui a transmis à l'Occident chrétien les textes fondateurs de sa renaissance scientifique2 n'a pas livré à l'histoire les clés de son action. A quelque mille ans de ce moment-charnière du passé médiéval, le personnage aux multiples zones d'ombre, irréductibles, ne cesse d'intriguer.

Quel mobile précis a pu motiver chez cet homme,  arabe ou berbère arabisé, et de confession originellement musulmane, une action aussi singulière que la sienne ? Qu'était-il au juste pour basculer du camp sarrasin au camp chrétien ? Un transfuge de la persécution ? Un mystique de la philanthropie ? Un génie hors de son temps dévoué à une œuvre prométhéenne ? Ou bien rien de tout cela,  mais seulement un captif de bonne guerre dont l’œuvre n'aurait été que la monnaie d'échange de sa survie ?

Ces questions, nous allons tenter d'y répondre à travers deux articles, dont le premier ici publié, est une reconstitution de ce que l'on peut appeler la
dimension ifriqienne du personnage, sa face  éclipsée de Tunisien, d'Arabe et de musulman. Nous verrons que si l'histoire du personnage d'après les récits de ses biographes commence au Mont-Cassin et s'y termine, si elle boude le passé africain et enfume le monde sarrasin, c'est pour des raisons qui ne sont pas sans rapport avec la vieille fierté sénatoriale romaine. Loi doxique en vertu de quoi les barbares, bien que civilisateurs de la Rome païenne, n'avaient droit qu'au dédain. Dans le deuxième article qui sera publié prochainement, nous tenterons de percer les murs historiques de l'abbaye du Mont-Cassin pour y explorer le mystère du moine qui nous intéresse. Même semée d'embûches et sans véritable impact pour l'histoire, cette enquête virtuelle, nous l'espérons, contribuera à réhabiliter aux yeux de ceux qui le jugent comme tel un présumé traître et apostat.

Biographie émaillée de trous

Constantin l'Africain est mort en 1087, alors qu'il devait avoir 70 ans, à l'abbaye du Mont-Cassin. On ignore la durée exacte de sa vie monacale. Onze ans pour les uns. Pour d'autres, juste sept ans. Le récit biographique que lui a consacré Pierre Diacre3(1054- 1153), l'un de ses condisciples monacaux,  fait le flou sur ce point, autant que sur des pans précis de son passé. Les moments cruciaux, ainsi que les lieux qui nous paraissent nécessaires à l’intelligence de la biographie font défaut. Et les historiographes qui ont tenté parfois de combler ces lacunes, loin de débrouiller le mystère l'ont épaissi, quand ils ne l’ont pas infléchi, à bon ou mauvais escient, à des fins servant la contre-vérité historique. En fait de récit biographique, il convient de préciser qu'il ne s'agit que d'un exposé sommaire, une sorte d’hommage dans le style des éloges académiques, mais pour le moins laconique. L’éloge est inséré dans une historiographie de vieille tradition, De viris illustribus, dédiée par ses auteurs à une sélection d’hommes célèbres. Si le texte porte, évidentes, les marques d'une hagiographie où il serait difficile de démêler la part de la réalité et celle de l'affabulation, il ne nous fournit rien par contre sur les détails susceptibles d'éclairer le passé ifriqien de l'homme. Quels étaient son nom d'origine, sa famille, son enfance, ses premiers rapports avec les hommes de son pays ? Et quel mérite, surtout, ce pays peut s'attribuer dans les connaissances (scientifiques ou sapientiales) prêtées au "professeur de l'Orient et de l'Occident" ?  Là-dessus, c'est le black-out total.

Les nourritures halal


De toute évidence, si le texte ne nous donne à voir de l'homme que le monument d'érudition, ce n'est pas à la seule stature dudit monument ni à la seule envergure de son œuvre chrétienne  qu'il faudrait imputer l'éclipse du monde d'où il vient. L'arbre ne cache pas la forêt. Ni l'Africain l'Afrique, nous semble-t-il. Or si la règle s'inverse dans l'esprit des légataires directs de Constantin l'Africain, c'est que, à notre sens, il y a de bonnes raisons à cela. Il fallait traiter l'image du personnage, dont l’entrée en scène a quelque chose de providentiel, avant de la transmettre à l'histoire. Moins soucieux des détails nécessaires à l’éclairage historique que de l’auréole devant nimber et la tête du personnage et la main de la Providence, les moines de l'abbaye du Mont-Cassin ont dégrossi en conséquence Constantin l'Africain. Et pour ce faire l'ont émondé de ses racines, en l’occurrence infidèles, autant que des ramifications pouvant le rattacher à ce milieu d’origine sarrasin. La raison de tout cela ? En bons chrétiens et serviteurs intègres de leurs ouailles, les moines devaient édifier avant tout, neutraliser les traits barbares de l’Africanus. En somme cuisiner à son sujet une histoire chrétiennement halal. 

Chrétien ou pas, la question est ailleurs


C’est à cette histoire expurgée et très édifiante que nous devons, entre autres idées bien assises, la chrétienté originelle de Constantin l’Africain. « Constantin surnommé l'Africain, naquit à Carthage, dans le christianisme", lit-on sous une plume franco-belge4 du 18e. En 2008,  sous la plume de l’historien médiéviste français Gouguenheim, on lit que « l’homme est un chrétien originaire d’Afrique du Nord5 ». Pour l'Allemande Raphaela Veit, sans donner le moindre indice soutenant son assertion: «tous les facteurs indiquent que Constantin l'Africain naquit dans la communauté chrétienne de Carthage»6. Et même les sources censées s’inscrire à contre-courant d'une certaine historiographie partisane ne s'écartent pas de cette thèse. Pour Nasr Eddine Boutammina qui se réclame du "rétablisme", le personnage se profile avant tout comme « un Nord-africain chrétien7  ».

Nous voudrions préciser ici que notre propos n'est pas d'être partie dans une bataille interconfessionnelle.  Laquelle serait forcément manichéenne à ce niveau précis. S'il importe de montrer les rouages intérieurs de cette bataille, pourquoi la polémique perdure autour de ce point alors que la lumière semble de longue date faite là-dessus, la véritable bataille d'idées, à notre sens, n'a rien à voir avec la croyance religieuse de Constantin l'Africain. La partie qui soutient l’inlassable circumambulation soufie autour de ce faux-problème, essentiellement des plumes de ce qu'on a convenu d'appeler l'islamophobie savante, pense en tirer certains dividendes, un lot de consolation, quelque chose qui lui permette de jeter la poudre aux yeux d'un public pas assez prévenu, et gagné, ou à gagner à sa cause. En réalité,  quelle que fût la réelle confession originelle de l'homme, cet alibi ne peut éclipser ni le fait que le personnage est d'origine et de culture arabes ni le fait que les 13 livres8 compilés ou traduits par lui le sont aussi. Il ne peut éclipser  non plus le fait que l'édifice des traductions latines de textes arabes s'est élevé sur la pierre inaugurale posée, à travers ces 13 livres, par Constantin l'Africain. C'est de la flamme sarrasine partie de Tunis et transmise au Mont-Cassin que le flambeau a pris naissance, a traversé l'Italie méridionale d'abord, puis franchissant les frontières italiennes vers Montpellier, et la France vers le reste de l'Europe, il a fini par devenir un soleil. Et l'ouvrage écrit à ce propos par Sigrid Hunke dans les années 19609, l'Histoire des Arabes de Louis Amélie SédillotLa Cité d'Isis de Pierre Rossi, entre autres références, peuvent bien éclairer ceux qui ont des doutes à ce propos. Aussi l'argument de l'origine chrétienne dont se servent certains historiens, par le passé comme de nos jours, pour tenter de minimiser ou rayer d'un trait l'impact de la civilisation arabo-musulmane dans la renaissance scientifique et littéraire de l'Occident, n'est-il en l'occurrence qu'un faux-fuyant, un expédient pour dévier de son véritable objet l'essence de la réflexion et du débat. Par ailleurs, le soin que prennent certains historiens à relativiser à tout propos ce qui vient du monde arabo-musulman, en rappelant incessamment, et judicieusement -bien entendu,  que tel auteur est soit juif soit chrétien, et non musulman,  et tel auteur est soit perse soit berbère, et non arabe, puis, par dessus cette judicieuse considération, arabes ou pas, ce sont les copieurs des Grecs ! cette manie obsessionnelle de judaïser, christianiser, persaniser, berbériser, et quelquefois même latiniser et gréciser10 des auteurs dont la langue maternelle, l'école, les écrits, la pensée, etc., sont arabes, ne peuvent qu'être corrélés avec le même expédient ici évoqué.  En même temps, de par son caractère chronique et persistant qui frise le pathologique, cette relativisation systématique du mérite arabe n'a qu'une signification, à notre sens: elle dévoile un complexe latent, douloureux, une blessure narcissique  que l'Occident hautain refuse de s'infliger.

C'est à partir de 1160, c'est-à-dire soixante-dix ans après la mort de Constantin l'Africain que l'histoire nous fournit le premier document éclairant l'originelle confession constantinienne. Le texte de Matthaeus Ferrarius, médecin salernitain selon toute vraisemblance11 , précise en toutes lettres que "Constantin était un Sarrasin"12. Tout au long du Moyen-âge, les termes musulman et islamique, aujourd'hui à l'honneur dans les médias comme dans les glossaires, et pour cause ! n'étaient pas encore en usage dans le latin ni dans l'ensemble des idiomes de l'Occident chrétien. Depuis la conquête de l'Espagne, et peut-être même avant, Sarrasin s'employait comme synonyme de mahométan, ismaélite, infidèle, maure. Souvent pas moins connoté que les mots qui précèdent, Sarrasin désignait aussi bien le musulman de la péninsule ibérique que celui de la Sicile et d'outre-Méditerranée. Et quand bien-même l'on pourrait arguer, en se fondant sur l'étymologie dérivant ce mot de l'arabe sharki [oriental], d'un sens géographique neutre susceptible de réconforter les irréductibles batailleurs à ce propos, force est d'admettre que tel sens reste intimement rattaché au musulman. Dans les textes latins et romans du Moyen-Age, il n'est nulle part fait mention de Sarrasin pour désigner un chrétien arabe, ou un juif, que ceux-ci fussent maghrébins ou orientaux.

A cette vieille attestation historique fournie par Matthaeus Ferrarius dès 1160, s'ajoutent les documents trouvés au début du XXe siècle à Trinita della Cava, dans la province de Salerne. Ces pièces, puisées dans les archives médiévales de l'abbaye bénédictine, aujourd'hui plus connue sous le nom  Bahia de Cava, et publiées vers 1910 sur les pages d'une revue italienne, apportent une nouvelle confirmation au fait attesté par Ferrarius. Constantin l'Africain était bel et bien un musulman, un musulman «converti au christianisme». Quelques années après la publication de ces documents, l'enquête menée sur le lieu par l'orientaliste et historien de la médecine allemand Karl Sudhoff, a consolidé davantage ce qui semble de nos jours hors de doute: Constantin n'est pas né chrétien. Le seul élément mis en cause par ce chercheur, lequel pouvant donner encore quelque os à ronger à nos irréductibles batailleurs de l'alibi confessionnel, concerne l'arabité du personnage. Karl Sudhoff est persuadé que  Constantin l'Africain serait d'origine berbère13. Mais en quoi cette précieuse nuance apportée à l'identité du personnage puisse-t-elle constituer une révélation ? C'est tout le Maghreb, ou presque, qui serait d'origine berbère. Et si révélation il y a quand même, en quoi peut-elle entacher ou couvrir le flambeau qui a traversé du sud au nord la Méditerranée ?14


En réalité, si la bataille de l'originelle chrétienté constantinienne mobilise incessamment ses plumes pour la défendre, c'est que la même doxa qui, autrefois, a œuvré pour débarrasser de leurs impuretés sarrasines Constantin l'Africain et ses traductions, poursuit, de nos jours, son travail de maintenance et de suivi, sa noble tache d'hygiène publique.

Nous  allons voir sans plus tarder comment le récit de Pierre Diacre (Petrus Diaconus), près de mille ans avant Gouguenheim et les plumes du même bord, donnait à la postérité le bel exemple à suivre.

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Ahmed Amri
20 mars 2016

==== Notes ====

1- Les Médecins les plus célèbres, Lille, 1852); p.37

2- Lucien Leclerc lui attribue "l’honneur d'avoir provoqué en Europe un commencement de renaissance médicale", et juge que l'homme "à ce titre occupera toujours une place importante dans l'histoire de la médecine du moyen âge" (Histoire de la médecine arabe , Paris, 1876), p.541. Pour Joseph-François Malgaigne (1806-1865), Constantin fut "l'auteur de la réforme , et en quelque sorte le restaurateur des sciences médicales en Occident." Et l'auteur souligne que l’œuvre de Constantin "fut à peu de frais". (Introduction des Œuvres complètes d'Ambroise Paré, Paris 184), p.20


3- Cet auteur n'aurait fait que compléter l’œuvre commencée par Léo d'Ostie (moine de la même abbaye) que la mort avait empêché d'achever. 




4- Charles Van Hulthem, Bibliotheca Hulthemiana (Bruxelles, 1837); p.33

5- Aristote au mont Saint-Michel, Paris, 2008.


6- Acteurs des transferts culturels en Méditerranée médiévale (DIPIHA, Oldenbourg, Verlag, München, 2012); p.148

7- Les fondateurs de la Médecine (Œuvres universelles de l'Islam, 2011)

8- Les principaux titres sont le Kitab al-Maliki ou Livre de l'art médical (Ali ibn Abbas),
Zād al mussāfir wa tuhfatu elqādim ou Viatique du voyageur (Ibn Al Jazzar), Kitab al-Malikhûliya ou De melancholia (Ishâq ibn Imrân), Kitab al-Baul ou Traité de l'urine, et  Kitab al-Ḥummayat ou Traité des fièvres (Abu Yaqub Ishaḳ ibn Sulayman).

9- Le titre Le Soleil d'Allah brille sur l'Occident : notre héritage arabe Jabir Ibn Hayyan) est très significatif à ce propos.
Sur Wiképédia, on  nous dit que ce médecin et psychologue est persan. Et c'est déjà une faveur de l'histoire (mise à jour et actualisée) qu'elle ramène ce personnage arabe et de souche yéménite (voir Lionel et Patricia Fanthorpe, co-auteurs de Mysteries and Secrets of Numerology (Dundern Toronto, 2013), Richard Russell, The Works of Geber (London, 1686 - London & Toronto, 1928), Eric John Holmyard, Makers of Chemistry (Clarendon Press, 1931) au monde musulman !
Au 16e siècle, Geber était donné indien par l'abbé Jean Trithème (1462-1516). Au 17e, le bibliographe espagnol Nicolás Antonio (1617-1684) le donnait espagnol et sévillais. Selon une version attribuée à Léon l'Africain, Geber est grec et chrétien converti à l'islam. François-Xavier de Feller (17035-1802), polémiste et écrivain belge du 19e, allait jusqu'à prêter au personnage un sympathique prénom judéo-chrétien: Jean Geber. Quant à Berthelot, citant le Kitab-al-Fihrist, lequel cite à son tour des historiens arabes, nous rappelle qu'il y avait même eu des doutes sur l'existence de ce Geber (Revue des Deux Mondes tome 119, 1893, p.548 )

Autre exemle:Ali ibn Abbas al-Majusi.
La plupart des sources bien informées et non moins bien formées en Occident font de ce médecin un Perse et un non musulman. Perse parce que né à Ahvaz, et non musulman parce que surnommé Al-Majoussi [le mage]. En vérité, le nom complet de ce médecin est Abou Al-Hassen Ali ben Abbas Al-Ahwazi Al-Majoussi. Arrêtons-nous un peu sur la locomotive de ce nom à charnières: Abou Al-Hassen (littéralement le père de Hassen) est doublement significatif quant à la foi religieuse du personnage. Dans les pays musulmans, orientaux surtout, "Abou Tel" est un agnomen donné au père de Tel, un titre de fierté qui honore autant le père que le fils. Jamais "Abou Tel" ne peut être donné à un célibataire, ni à un marié n'ayant pas de garçon. Or ce fils Hassen est non seulement porteur de prénom arabe, non seulement porteur de prénom musulman, mais ce prénom n'est pas n'importe lequel: c'est celui du fils d'Ali, cousin et gendre du Prophète. Voyons maintenant comment s'appelle le père de ce médecin: Abbas. Et c'est encore un indice révélateur du même poids que le précédent. Abbas est doublement rattaché à la famille du Prophète. L'oncle de celui-ci s'appelle Abbas. Et Abbas est aussi un autre fils d'Ali, demi-frère de Hassen. Voyons enfin le prénom du médecin: Ali. Ali cousin et gendre du Prophète. Comment soutenir alors l'imposture qui fait d'un chiite signé un non-musulman? Et d'un petit-fils d'Arabe né dans le canton arabe d'
Ahvaz un non-arabe ?

Troisième et dernier exemple: par quelle magie Ibn Sina puisse devenir Avicenne, Ibn Rochd
Averroès, Ibn Azhar Avenzoar, Ali Hally, Ibrahim ibn Daoud Avendauth, Arrazi Rhazes, Alfarabi Alpharabus, Aboulkacem Abulcacis, Ibn Baja Avempace, Al Haythem Al-Hassen Alhazen, Sahl ibn Bishr Ascalu, Zael, Zahel, Cehel ? 
Et ce ne sont que quelques exemples d'une latinisation qui, somme toute, n'a épargné aucun auteur traduit.
11- Selon une note de Herbert Bloch (Monte Cassino in the Middle Ages, vol. I, Rome 1986); p.1497), Magister Mathaeus Ferrarius de Salerne est un auteur médical. Le titre "Maître" permet de supposer qu'il ait pu être médecin et professeur de médecine à l'Ecole de Salerne.
 
12- Herbert Bloch: Monte Cassino in the Middle Ages, vol. I, Rome, 1986 (cité par Thomas Ricklin, Le cas Gouguenheim (Traduit de l'allemand par Anne-Laure Vignaux).


13- Nous savons combien les susceptibilités doivent être ménagées à ce propos précis. Nous savons combien la pomme de discorde qui nous a été jetée par bien des Eris entretient ce venin identitaire qui dresse Berbères contre Arabes, et vice versa. Mais les sages diraient aux uns et aux autres: Arabe ou Berbère, c'est kifkif bourricot ! Et d'ailleurs si les dernières révélations paléogénéticiennes, se confirment, les sages vous diront un jour: Arabes et Aryens, c'est du kifkif au même ! 

14- Le Liber pantegni compilé par Constantin l'Africain à partir de textes arabes a été l'étincelle catalytique d'un vaste mouvement de transfert de la culture arabo-musulmane vers l'Occident chrétien. La course contre la montre pour rattraper les Arabes a engagé des traducteurs, des institutions religieuses, des universités, qui ont reconduit, durant plusieurs générations, ce qui a été initié par C. l'Africain à la fin du 11e .




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