Que vous payez en espèces, par chèque, par carte, lettre d'aval ou à crédit, sachez que tous ces modes de règlement tirent chacun son nom de l'arabe.
Espèce, dérive de épice [1],[2],[3],[4], et ce dernier de l'arabeأبْزَارٌ abzar
[5],[6],[7], pluriel de بزْرٌ bizr (épice), racine dont le persan a tiré بازار, bâzâr (« marché »), rendu à l'arabe au même sens, puis devenu mot français.
Parce que les épices étaient autrefois très chers, il était assez fréquent de les utiliser comme mode de paiement. On payait alors en épices, d'où l'expression "payer en espèces".
De épice dérivent épicer, épicien épicier, épicerie, épicé, quatre-épices, épices des juges, pain d'épices...
Du même أبْزَارٌ abzar dérive le moyen français espicier et echpicier qui désignaient autrefois un officier ayant soin des épices.
[5],[6],[7], pluriel de بزْرٌ bizr (épice), racine dont le persan a tiré بازار, bâzâr (« marché »), rendu à l'arabe au même sens, puis devenu mot français.
Parce que les épices étaient autrefois très chers, il était assez fréquent de les utiliser comme mode de paiement. On payait alors en épices, d'où l'expression "payer en espèces".
De épice dérivent épicer, épicien épicier, épicerie, épicé, quatre-épices, épices des juges, pain d'épices...
Du même أبْزَارٌ abzar dérive le moyen français espicier et echpicier qui désignaient autrefois un officier ayant soin des épices.
Chèque dérive de l'anglais check ou cheque (« contrôle », « vérification »), lui-même de l'ancien français eschec, en jeu d’échecs signifiant attaque sur le roi, issu de l'arabe cheikh [8],[9],[10], (chef, chef de tribu), qui a donné aussi "échec et mat", de l'arabe الشيخ مات [esch-chikh mêtt (le cheikh est mort).
Remarquons aussi qu'il n'est pas exclu que "chèque" dérive de l'arabe "صِكٌّ sik"[11] signifiant proprement ordre, billet puis chèque.
Dérivés: chéquard, chéquier, traveller chèque, chèque-vacances, chèque-restaurant, chèque-repas, chèque-cadeau, chèque en blanc, chèque en bois, chèque de voyage....
Remarquons aussi qu'il n'est pas exclu que "chèque" dérive de l'arabe "صِكٌّ sik"[11] signifiant proprement ordre, billet puis chèque.
Dérivés: chéquard, chéquier, traveller chèque, chèque-vacances, chèque-restaurant, chèque-repas, chèque-cadeau, chèque en blanc, chèque en bois, chèque de voyage....
Carte (attesté d'abord en français au sens de "jeux de cartes", 1393), supposé venir du latin charta (papier, écrit, livre), lui-même
du grec ancien χάρτης kartès (feuille de papyrus ou de papier), viendrait plutôt de l'arabe dialectal كاغط kart (papier), lui-même de l'arabe كاغد karid (id.). Et quoiqu'il en soit, le grec ancien χάρτης kartès dérive à son tour soit de l'arabe قرطاس qartas (même sens), mot persan qui signifie papyrus, soit de ce persan qui serait dérivé à son tour de la racine arabe قرط qart [12]. Cette racine s'apparente probablement au charta [13] latin, mot emprunté à l'égyptien ancien et désignant le papier[14].
Les dérivés de carte dépassent les 150 entre mots et expressions: voir carte sur Wiktionnaire. Carton, cartable, cartouche, cartomancie, entre autres apparentés, dérivent de la même racine.
Rappelons à ce propos que le moyen français cartelle, qui signifie lettre, billet, ne vient pas du latin charta, comme l'indique le TLFi, mais de l'arabo-turc خرطار khartar (peau préparée pour l'écriture), du verbe arabe خرط kharata [15], qui signifie frotter, racler, et pourrait bien être la racine du français gratter.
Pour le mot aval, comme le défend si bien Salah Guemriche, l’auteur du Dictionnaire des mots français d’origine arabe, il est tiré de l'arabe حوالة hawala (mandat), du verbe حَوٌَلَ hawwala (virer, transférer). Le Robert et le Larousse ont déjà reconnu cette étymologie.
Enfin le mot crédit, emprunté à l’italien credito (emprunt, dette), à la fin du 15e siècle, vient de l'arabe قَرْضٌ qardh [16]. On le soupçonnait, si je ne me trompe pas, depuis Jacob Golius [17] et Georg Wilhelm Freytag [18]. Les dérivés et apparentés de ce mot en français ou en latin (credo étant de la même souche) sont nombreux; nous en citons quelques-un: créance, crédibilité, accréditeur, croire, croyance, croyant.
Cartomancien cartable, cartouche, carton: dérivés de carte |
Les dérivés de carte dépassent les 150 entre mots et expressions: voir carte sur Wiktionnaire. Carton, cartable, cartouche, cartomancie, entre autres apparentés, dérivent de la même racine.
Rappelons à ce propos que le moyen français cartelle, qui signifie lettre, billet, ne vient pas du latin charta, comme l'indique le TLFi, mais de l'arabo-turc خرطار khartar (peau préparée pour l'écriture), du verbe arabe خرط kharata [15], qui signifie frotter, racler, et pourrait bien être la racine du français gratter.
Pour le mot aval, comme le défend si bien Salah Guemriche, l’auteur du Dictionnaire des mots français d’origine arabe, il est tiré de l'arabe حوالة hawala (mandat), du verbe حَوٌَلَ hawwala (virer, transférer). Le Robert et le Larousse ont déjà reconnu cette étymologie.
Enfin le mot crédit, emprunté à l’italien credito (emprunt, dette), à la fin du 15e siècle, vient de l'arabe قَرْضٌ qardh [16]. On le soupçonnait, si je ne me trompe pas, depuis Jacob Golius [17] et Georg Wilhelm Freytag [18]. Les dérivés et apparentés de ce mot en français ou en latin (credo étant de la même souche) sont nombreux; nous en citons quelques-un: créance, crédibilité, accréditeur, croire, croyance, croyant.
A. Amri
20.02.2020
Notes:
20.02.2020
Notes:
1- Benoît Crespin, La cuisine du futur, c'est maintenant!,
Edipro, 2016, p. 21.
2- Catherine Ducatillion, Landy Blanc-Chabaud, L'art d'acclimater les plantes exotiques: Le jardin de la Villa Thuret, Ed° Quae, 2010, p. 22
3- Hussein I. El-Mudarris, Olivier Salmon, Les relations entre les Pays-Bas et la Syrie ottomane au XVIIe siècle, Ed° El-Mudarris, 2007, p. 38
4- Dictionnaire de la conversation et de la lecture, Volume 24, Paris, 1835, p. 475
5- Leopoldo de Eguilaz, Glosario etimologico de las palabras españoles, Grenade 1886, p. 4/5.
6- Louis Pierre Eugène Amélie Sédillot, Histoire générale des Arabes; leur empire, leur civilisation, leurs écoles philosophiques, scientifiques et littéraires, Paris Maisonneuve, 1877, p. 423
7- Henri Lammens, Remarques sur les mots français dérivés de l'arabe, Beyrouth Impr. Catholique, 1890, p. 106
8- New Catholic World, V. 10, New York, 1870, p. 685
9- Comte Abbé de Robiano, Les Échecs simplifiés et approfondis, Bruxelles, 1847, p. 3
10- Jacques Mislin, Les saints lieux, V. 1, Paris, 1858, p. 300, note 1.
11- Pour la bonne raison que "س s" et le "ص s" (variante amplifiée, tonique) arabes et le "ch" roman se permutent ( chagrin, chiffre, gamache).
12- Stephen Weston, A specimen of the conformity of the european languages particularly the English, with the oriental languages, Londres, 1802, p. 130/131.
13- En latin, le digramme ch se prononce toujours k. Voir Edouard Sommer, Cours complet de grammaire française..., Paris, 1861, p. 2.
14- A. B., Papier, in Annales de philosophie chrétienne, V. 44, Paris, 1852, p. 41.
15- Antoine Paulin Pihan, Dictionnaire étymologique des mots de la langue française dérivés de l'arabe ..., Paris, 1866, p. 101.
16- Jean-Jacques Schmidt, Vers une approche du monde arabe, Dauphin, 2000, p. 219.
Articles similaires:
Espion: mot qui dérive de l'arabe ech-cheyifa de sens identique, via l'ancien français espie et l'espagnol espia
2- Catherine Ducatillion, Landy Blanc-Chabaud, L'art d'acclimater les plantes exotiques: Le jardin de la Villa Thuret, Ed° Quae, 2010, p. 22
3- Hussein I. El-Mudarris, Olivier Salmon, Les relations entre les Pays-Bas et la Syrie ottomane au XVIIe siècle, Ed° El-Mudarris, 2007, p. 38
4- Dictionnaire de la conversation et de la lecture, Volume 24, Paris, 1835, p. 475
5- Leopoldo de Eguilaz, Glosario etimologico de las palabras españoles, Grenade 1886, p. 4/5.
6- Louis Pierre Eugène Amélie Sédillot, Histoire générale des Arabes; leur empire, leur civilisation, leurs écoles philosophiques, scientifiques et littéraires, Paris Maisonneuve, 1877, p. 423
7- Henri Lammens, Remarques sur les mots français dérivés de l'arabe, Beyrouth Impr. Catholique, 1890, p. 106
8- New Catholic World, V. 10, New York, 1870, p. 685
9- Comte Abbé de Robiano, Les Échecs simplifiés et approfondis, Bruxelles, 1847, p. 3
10- Jacques Mislin, Les saints lieux, V. 1, Paris, 1858, p. 300, note 1.
11- Pour la bonne raison que "س s" et le "ص s" (variante amplifiée, tonique) arabes et le "ch" roman se permutent ( chagrin, chiffre, gamache).
12- Stephen Weston, A specimen of the conformity of the european languages particularly the English, with the oriental languages, Londres, 1802, p. 130/131.
13- En latin, le digramme ch se prononce toujours k. Voir Edouard Sommer, Cours complet de grammaire française..., Paris, 1861, p. 2.
14- A. B., Papier, in Annales de philosophie chrétienne, V. 44, Paris, 1852, p. 41.
15- Antoine Paulin Pihan, Dictionnaire étymologique des mots de la langue française dérivés de l'arabe ..., Paris, 1866, p. 101.
16- Jean-Jacques Schmidt, Vers une approche du monde arabe, Dauphin, 2000, p. 219.
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