vendredi 12 avril 2013

Samer Tarek Issaoui nous interpelle depuis sa prison

"Vous porterez mon âme comme un cri pour tous les prisonniers, femmes et hommes, un cri pour la liberté, pour l’émancipation et le salut de ceux qui ont connu le cauchemar des prisons et leur terrible noirceur.
Ma bataille ne concerne pas seulement la liberté individuelle. La bataille que j’ai menée avec mes héroïques camarades, Tariq, Ayman et Ja’affar, c’est la bataille de tout un chacun, la bataille du peuple palestinien contre l’occupation et contre ses prisons. Notre
but est d’atteindre la liberté et la souveraineté dans notre pays libéré et notre bien aimée Jérusalem.



L'auteur de ces mots écrits dans une prison israélienne s'appelle
Samer Tarek Issaoui. Palestinien né le 16 décembre 1979, il a aujourd'hui 34 ans.

Bien que son nom ne soit pas connu en dehors du pays qui vit sous l'occupation sioniste, il est possible que le Guinness World (livre des records) lui ait reconnu le record de la plus longue grève de la faim au monde.

260 jours(*) de jeûne, huit mois successifs sans autre alimentation à part l'eau et le sucre. Et le compteur n'est pas arrêté!

C'est au 1er avril dernier qu'il a atteint ce record infernal de 245 jours inscrits dans une grève de la faim qui se poursuit à ce jour! Et c'est un miracle pour cet homme qu'il soit encore en vie. Mais on se demande pour quand encore il pourra tenir. Aux dernières nouvelles, il s'est même abstenu de boire de l'eau pour protester contre le harcèlement continuel des matons.

Pourquoi cette grève?
Parce que Samer Tarek Issaoui a été emprisonné arbitrairement.

Il a été arrêté une première fois en 2003 pour le seul délit d'"appartenance au FDLP" (Front de Libération de la Palestine). Et il a été condamné à 30 ans de prison!

Le 18 octobre 2011, il a eu la chance d'être libéré dans la transaction liée à l'échange du captif israélien Gilad Shalit contre des prisonniers palestiniens (570 détenus ont bénéficié de cette libération).
Mais le 7 juillet 2012, il a été arrêté de nouveau et le ministère public israélien réclame à son encontre une nouvelle peine de 20 ans de réclusion. Cette fois-ci pour avoir exercé depuis sa libération des "activités politiques" et "visité la Cisjordanie".

Samer Tarek Issaoui est entré en grève ouverte de la faim depuis le 1er août 2012.
Il interpelle notre conscience, celle du monde libre, de l'Occident surtout pour en prendre acte.

Il serait bon de rappeler que la famille de ce prisonnier a subi et ne cesse de subir des souffrances inimaginables depuis l'occupation. Sa grand-mère a été tuée par des balles israéliennes à la première Intifada, quelques années plus tard c'est son frère Fadi qui subit le même sort. Ses trois frères Samer, Midhet et Chadi ont été arrêtés eux aussi et mis en prison. Une telle hargne n'a épargné jusqu'à présent que ses vieux parents, car sa sœur Shirine aussi a été arrêtée plusieurs fois et pourrait l'être encore en vertu de cette loi de la jungle qui permet aux sionistes d'"exceller" dans l'arbitraire.

Merci à Maram Humaid, journaliste palestinienne qui a lancé une campagne de soutien à ce damné de la terre et de la faim. Merci à Chokri Boussetta II qui a intercepté l'appel et me l'a transmis. Je sais qu'en Tunisie (où même les hackers qui ont piraté dernièrement des sites israéliens ont été arrêtés) il n'y a rien à espérer des "amis du prince Hamad de Qatar", objectivement de par cette amitié eux-mêmes tous amis d'Israël!
Mais le peuple tunisien a meilleurs amis, et amis de la Palestine surtout, en Occident. Et nous souhaitons que cet appel soit relayé et parvienne à toucher le maximum de monde.

J'en appelle à la conscience de tous mes amis pour en prendre acte.

A. Amri
12.04.2013

Pour entrer en contact avec Maram Humaid:
prisonerscampaign@gmail.com

Note:

*260 jours en date du 12 avril 2013

lundi 8 avril 2013

9 avril pour la Palestine et la Tunisie

Le 9 avril, les Tunisiens commémorent la journée des martyrs.

Mais ce même 9 avril marque également une grande date mémorielle pour la Palestine, pour ses amis aussi qui se battent partout contre le sionisme.

Deir Yassine: 9 avril 1948
Deir Yassine, le massacre perpétré il y a 65 ans par des commandos sionistes: 120 hommes armés de mitraillettes, grenades et bâtons de dynamite. Ayant pour chef Menahem Begin à qui le "monde libre" décernera 30 ans plus tard le prix Nobel, et lequel? le Nobel de la paix.

Ce 9 avril 1948, entre 250 et 350 personnes ont été élues pour une mort exemplaire, sorties de leurs maisons, rassemblées sur une place centrale, tuées à bout portant. La plupart des femmes et des enfants, des vieux aussi. Pour que le reste des survivants, les Palestiniens de Deir Yassine et tous les autres, quand ceux-ci seront prévenus, sachent ce qui les attend au cas où ils ne cèderaient pas la terre aux enfants du "Peuple élu". Le jour-même ce fut plus de 750 personnes qui sont parties. Les jours suivants -les semaines, les mois, les ans, ils seront un million de réfugiés. Cinq millions aujourd'hui, répartis sur plusieurs camps dans les pays voisins ou à l'intérieur des territoires palestiniesn. Irak, Syrie, Jordanie, Liban, Cisjordanie et Gaza.

Pendant ce temps-là, le "monde libre" ni vu ni su.

Cinq jours après le massacre de Deir Yassine, le 13 avril 1942 le journal français Le Monde daigne consacrer à la boucherie un micro-bulletin que l’œil du lecteur peinerait à repérer dans l'environnement informatif qui sature la page. Une annonce pour chien perdu, à côté d'un tel bulletin, aurait bénéficié de plus d'espace et prévenance journalistique.

Presque 30 ans durant, la conscience du "monde libre" tétanisée par le souvenir de l'Holocauste, ou la
machine médiatique, la doxa de la Shoah, se tournait rarement du côté de la Palestine. Certes, il y a eu Charles De Gaulle pour l'honneur de la France, les communistes aussi en France et dans le reste de l'Europe, les groupes révolutionnaires d'extrême-gauche qui ont eu le courage de ne pas se conformer aux passages cloutés quand on évoquait le Moyen-Orient, mais le pouvoir politique fut incessamment "sage am d'Israël", très éloigné de la Palestine, constamment satellisé à Tel-Aviv.

Et puis un beau jour, alors que l'actualité ruminait des images de la guerre du Vietnam, il y a eu un évènement
choc qui a fait sauter partout la chape de bitume couvrant la question palestinienne. C'était le 30 mai 1972, quand trois Japonais à peine débarqués à l'aéroport Lod israélien de Tel Aviv, prenant tout le monde à l'improviste, ont tué ce qu'ils ont pu tuer. A l'aveuglette assurément, assurément faisant beaucoup de

Procès de Kozo Okamoto
victimes parmi des innocents. Mais eux-mêmes "innocents", eux-mêmes devant s'immoler sur l'autel sioniste, savaient que c'était le seul moyen d'exhumer de l'oubli le souvenir de Deir Yassine.

Les trois auteurs de l'opération kamikaze: Kozo Okamoto, Tsuyoshi Okudaira et Yasuyuki Yasuda. Seul le premier a pu survivre. Les autres, dans l’esprit chevaleresque des samouraïs, sont devenus des étoiles au ciel.

C'est à partir de l'attaque de l'aéroport Lod ( aujourd'hui aéroport international David-Ben-Gourion) que le complot du silence occidentalo-sioniste, mis à mal, ne pouvait plus maintenir sous la chape de béton la vérité sur la Palestine.

Sans jamais se soustraire à l'emprise du lobby sioniste, ni guérir de la Shoah devenue piqûre de toxicomanie aux mains du sionisme qui l'en piquait et tenait sa pensée en otage, le "monde libre" a commencé quand même de parler des Palestiniens. D'abord et pour longtemps encore, des "terroristes palestiniens" exclusivement. Mais terroristes ou fedayins, peu importe! tant qu'à les associer incessamment au nom de la Palestine, la conscience de certains hommes
Tsuyoshi Okudaira (G) et Yasuyuki Yasuda (D)
authentiquement libres a pu exhumer petit à petit de l'oubli Deir Yassine et d’autres massacres.

Pour savoir par quel prix Koso Okamoto a payé, durant les 13 ans de sa détention dans les prisons israéliennes, l'acte de son engagement pour la Palestine, la vidéo ci-dessous, un témoignage poignant:

http://www.youtube.com/watch?v=gqa66d5QhLU

Ahmed Amri
09.04.2013

اترانا نولد صلاح دين من صلب الثيران

شيخي الجليل
 عميت في
المتاهات
ومني ضاع الدليل
ما عدت
في الليل ابصر مسندا
 لأوراق سوس فسد فصها
 من احباس الظلام
تأكل
حرام لعقلي تفتي

وللقضيب كل الحلال


جلال للجمال يستبيح نحره
على مذابح القضيب النافر
وكأن ربكم بريابوس(1)
لا رب محمد والكعبة

إلاهكم نقطة على راء  الرب
وارجع للسطر
جهاد النكاح في سوريا

هنا معلقات تيوس
حازت على جوائز الظلام
  و
طلاسم هناك وبخور

وزور جليل يلبس ابليس جبة
ونور منحور في مراحيض ردتكم
بين ريش طواويس باللحى
تزق
ونعيق
سود الغربان  تكبر وتفتي
وزفت  كريه 
نتونة للأنف  تزكم
 ما أقبح عذركم حين تفتون للجهاد
حين الدجاج
بقبحكم يفتن
إذ اكلتم عقل السذج
مضغتم روح المناعة فيهم
ليكونوا حطب حرب

حريقا يأكل جسدنا في الشام
وقدسكم يا ابناء القحبة
لا حرب ولا حريق
لا نعيق غربان سود

ولا ريش طواويس
 ولا زق لحية تفتي نارا
 على تل ابيب

«جهاد النكاح» لدى «جبهة النصرة»

تفا لكم من ذيول تعيسة
من بها رب يهوذا
على المختار
شعبه
تفا في مداجن الطحان الأمير
من بول الحميرتشربون نهيقا
ولموز حمد حامدون تحنون الدبور
ما احلاه بولا قلتم
لتونس اصبح مصدر نور

شيخي الجليل
فسدت بكم والله
كتب التفسير والتأويل
وفي دامس ظلامكم
ضاع شعري
و أضاع الدليل
حتى كدت
من فرط ما طغى
على تاريخنا من تدجيل

 لا أعرف اي عام ولدت
وهل على شرع الرب ختنت
ام يجدينى اريه الرب لوجدي
عسى فيه لبوغنيم تصحيح
يزيد به في النكاح غنمي

نسيت متى سن البلوغ

تونس: ما هي قصة «جهاد النكاح» في سوريا؟

لأناث الغنم والنوق
أسبعا شيخ
ام ثلاثا
ام هلالا يكفي

نسيت اين يستحي فرجي
من فرط ما
فرجت في ضيق المداخل
فتاوى ديننا السمح

من كثرة ما حللتم نسيت
هل نحن في الحلال خريف ام ربيع



يا ذا العلم الغزيريا طويل العلم واللحية
يا فانوس الأعمى
والبصيرشمسا

شيخي الجليل
قل لي في تقويم الصحيحين
ومسند البخاري بالخصوص
هلا دللتني
يا شيخ اللصوص
اين  في غياهب التاريخ نحن
اين نسبح


 
يشترون الجنة بزوجاتهم
 - نحن الآن في فجر الصحوة للفتوة نفتي
-أي عام فجور نحن ومتى منه نصحو
- صحونا عام الف واربعمائة وفتوى نكاح
الحمد لله دانت لرماحنا مقدمة الثورة
لكنا مازلنا في باب حل النكاح
نقارع الظلام
  كأشد الصحاح
لنفتح للثوار ما بقي بكرا
في مؤخرة الثورة

- اترى في مسند الصحاح مباح
-كل شيء  عدى الحب الكافر
فيه مباح
مثنى وثلاثا ورباع
حرثكم انى شئتم
امة الصحراء والعطش والقحط
حتى القحب نحل بصحيح القحاب
لتصحو فيكم أمة الصحاح

- اترانا بمحراث بريابوس
شيخي الجليل

وما حللتم تيسيرا للجهاد
نزهر ربيع العرب

اترانا في صحيح الجهاد
عمق الجراح
في صلب التاريخ
ام فاتنا التاريخ
وبالأمم قطار الصحاح

-لا بل نحن الصحاح
و التاريخ فجره
هي نهضة لا تقف
دون تكبير فتكفير فتفجير
- وبالفجور يحل متاريس للتفجير
- دون وقوف الوافي
حي على الجهاد
رمحا لا يكل
في امة الصحاح
لا يصح الجهاد

-اترانا نصل بالرمح
 رحم الثورة
وبصلا نزرعها
بحمم الفحول
وحرث الثيران


اترانا نولد صلاح دين
من صلب الثيران
لقدس تنادينا
والدين فينا
لا يعدو ديدان
تنهش دمشق
عزتنا
ونفيس التاريخ

وبنو صهيون يصيحون:
مرحى مرحى يا ثيران

قم للصلاة يا شيخ
فهذا الآذان

- تكبير فآذان
حي على الفلاح
حي على النكاح



احمد العامري

8 افريل 2013


1- بريابوس:  Priape ou Priapus اله في الأسطورة اليونانية يرعى الخصوبة لدى الذكور ويتميز بقضيب نافر على الدوام

samedi 6 avril 2013

Dans le sillage de Kafka: le procès qui traine

C'est un vieux papier tiré de mes archives mal-aimées. Texte apparemment voué à quelque autel expiatoire, écrit à la bile de l'encre dans les années 80. Je ne me rappelle plus ce que le pécheur de l’époque, l'Absent qui se terre sous le pronom de la 3e personne, a pu commettre comme gaffe pour entamer sa descente aux enfers. Je ne sais plus si tel ego de Joseph K... erre encore dans son désert de fugitif, sans la face et son ombre, l'une et l'autre perdues dans l'acte d’auto-justice auquel il s'est soumis, si la mauvaise conscience le poursuit toujours, hargneuse, ou clémente- de longue date l'eût guillotiné. Mais à relire ce procès exhumé de l'oubli, je voudrais dire au pronom de l'Absent, à son âme, aux anges qui la consolent au ciel, sinon aux démons qui la torturent à l'enfer: puisse ce texte réhabilité par moi pour la jeune plume martyre pardonner à l'Absent ce qu'il put commettre !

(Feuille I)

Sans trop savoir pourquoi, tout bêtement, insensément il a commis l'irréparable. Et sitôt revenu à lui-même, quand il a pu se regarder une dernière fois dans le miroir, sa première réaction fut de donner un coup de boule, un vrai coup de plafond, à la face méconnaissable que tel miroir reflétait.


Ni les éclats de verre et leur fracas, les échardes restées au front, les tessons au cœur, ni le cadre du miroir se ressentant de sa vacuité ne purent rendre à l'homme ce qu'il avait perdu.

Qu'est-ce qui aurait pu le conduire à une telle chute
?
Jamais il n'en percera au juste le mystère. Pour cogiter
là-dessus, et juste,  il faudrait retrouver d'abord ce qu'on a perdu. Le miroir en face de soi. Ou sa face dedans.  

Peut-être fût-ce le coup d'une sidération. Le vrai coup astral tel que décrient, oraux ou romanesques, les vieux récits des bergers lunatiques. Une sidération qui frappe sans préavis, le scorpion, le sagittaire, l'influent rayon qui tire sa langue au serpent, servant ses crochets à venin qu'il dilate, et la morsure qui s'ensuit, injectant le
traître trait  dans l'artère vive du cerveau. Démoniaque, imparable, la possession, puis la dépression, le cafard. Le délire. L'épilepsie qui ronge son sujet. Et le léger chef supplantant la tête qu'on avait entre les épaules.

Paul Hella - Pierrot de la lune
On erre, on divague... La lubie. Et l'irréparable.

Assurément un accès de folie. Bien plus qu'une absurde lubie de poète. A ce moment-là on
ne sait plus pourquoi, ni comment on flanche. Pourquoi, d'habitude la tête sur les épaules, bon chic bon genre, subitement on tombe si bas. On perd la tête.

Peut-être bien, au sens littéral du mot, une sidération.



La lune d'autrefois qui charmait les poètes. La muse qu'on osait tâter des yeux. Désuet ce désir-là quand l'encombre, sombre comme la mort, et tout aussi oppressant que ses affres, le venin qui serpente, violente les reins et l'échine dorsale, en coupe et découpe des vertèbres qui sautent, n'arrête de sillonner de ses zébrures le corps martyr, ni d'infuser dans les veines le poison mortel. Quand battant la chamade comme une guerrière, et nue, qui se meurt dans son dernier réduit, l'âme hurle: assez, venin! fais-moi violer son fort pour tâter sur sa chair la peau! c'est ça, ou la mort cérébrale.  Je ne tiens plus, je capitule.

Maintes fois autrefois la poésie capitulait.
Le lait que tétait la plume, la lune qui subjugue le poète -l'arpète n'y verrait que triviale métaphore de tutu, mais le têtu calame ou le poète, comme jadis, n'y voit que, pure, la force sidérale qui dicte. A la voix de quoi la verve se plie.

Dessus on tique. Et baigné de tel éclat, on lisse la grâce et on écrit.

L'inconscient, peut-être, tourmenté par la plénitude et ne sachant quel péril sous le moelleux contour, que l'amour transi magnifie et cache, couve des yeux sans plus sentir l'effet pervers de son charme.

Peut-être bien un coup de soleil.
Lui qui aime tant les bains de soleil. Alors que l'astre est au zénith, si brûlant, splendide, qu'en bas la peau sans masque ni semblant de parasol se délecte à tel hammam.

Peut-on,
sous l'empire des sens, en venir à dire n'importe quoi? Quelquefois oui. Oui, toujours. Mais lui qu'aurait-il pu dire, délirant, à l'astre resplendissant du jour, pour en subir le contrecoup et la tourmente, si ce n'est: tu m'éblouis, tu m'aveugles. Mais va! je cède à l'ascendant quand bien même il brûle. Et si j'en meurs calciné, hourra le martyr! Peut-être bien un coup de soleil de tel ordre. A s'en mordre de plaisir les lèvres qui boivent sa coupe dorée, le cristal quand il chante, quand il hante de ses inflexions torrides le candide dévot qui les boit, quand, morsure après morsure, le soleil entame le bastion inviolable du poète, qu'il brise la porte cadenassée du temple. Et souverain, tyran, implacable il soumet à l'irrévocable diktat la plume déplumée. Et plume, ou plumet, le calame se signe. Et signe des acrostiches que le maître déchu, le poète, n'avait jamais écrites, tant qu'il avait le nez du poète!

Sous la
cruelle dictée des puissances sidérales, signe seul le stylo putschiste, quand n'assume plus ses dits le poète démis de l'autorité magistrale.

(Feuille II)

II- Le procès-verbal
 
Viscérales tes lamentations, tes peines, poète, mais "au delà de la condamnation et de l'enfermement, chaque homme reste libre en lui-même"(1). Maintenant, assume, ou crève!

Ta putain de lubie, ta folie sidérale, la puissance que tu ne saches appréhender ni définir,  lune, dis-tu, de mes deux! soleil, l'étoile polaire, Satan, la milice céleste, peu importe son nom! c'est du délire, du toc, des alibis pour que tu puisses boire ta honte! Arrête ce charivari sans sel ni cumin! Et dis-nous, putain, où au juste tu veux en venir?

Ayant déposé les armes, dis-tu, et signé l'acte de capitulation, tu as cédé. Parfait! c'est beau! et te voilà blanchi, le chantre au chant de cygne! sorti comme le cheveu de sa pâte de farine!
Bon sang, bon dieu! si tu crois qu'à ce prix-là, c'est l'acquittement pur et simple, tu te goures, tu te mets le doigt dans l’œil, et dans l’œil de ton tutu la plume! 

Et pourtant, tout ce qu'il dit n'est pas charivari.
Tout ce qu'il sait, ce dont il est sûr, c'est que dès l'instant où sa plume, trempée dans l'orbite astrale, n'obéissait plus qu'à la voix invisible, lui-même n'était plus qu'un possédé. Qui écrirait ses maux. Peut-être. Et de piètre façon. Mais dans les mots de la voix qui avait conquis le calame, qui dictait, succube à son scribe, la consonne astrale et sa voyelle! Et au fur et à mesure que la phrase s'étirait, que le vers saturait la phrase, les maux infectaient le poème, le calame qui s'en flattait.

Taratata!
Tandis que réduit au silence, poète -tu veux dire, ferré ou serré dans sa camisole de force, dirais-tu, le pauvre maboul de poète n'était plus maître de ses mots.

Tu te fous de qui au juste? De ton soleil ou ton étoile polaire? Ose dire encore que seule la plume sous l'ascendant qui l'emporte, forte de l'encre qui la remplit et qu'elle éjacule -ose dire que pendant que ta coquine de plume glisse lisse sur le papier, toi maboul poète, dessaisis  de ton sceau de signataire, dessaisis de tes terres à fou qui ne peux plus les administrer, terres annexées et soumises au pouvoir central du calame, toi pendant ce temps-là, en attendant que les Nations-Unies s'unissent contre ton conquérant, tu ne faisais que tourner dans l'orbite astrale, satellisé, tel le derviche tourneur sous la voûte des cieux! Ah le pieux qui tourne sous les basques du ciel, tout miel pour sa lune, et pour son soleil cierge qui brûle sous l'ascendant!

Pas du tout! annexé, c'est sûr, colonisé aussi, dépendant et soumis à l'impériale autorité du conquérant...
Con quérant ta plume! Ah, quel traître coup il t'a mis si bas, knok out dès le premier round!
MARIA DOINA CUBLESAN
Coucher de soleil huile sur toile
Et va dire encore  pourquoi cette folie qui s'éveille aux maux que flatte le poème, quand le poète n'est plus maître de ses mots, que la plume glisse et dérape, le sape en traître et tire du nez, lui dicte les vers à tirer des narines, l'aveu à cracher.



Dis-le, maboul de poète, dis-le qu'on te pardonne, que c'est sous tel diktat, peut-être, tu peux savoir pourquoi et comment, en traître sapé et du nez tiré par l'ascendant qui dicte, tu as tout craché !

Je plains ton air de chien battu. Mais au demeurant, tu n'es qu'un chien qui aboies à la lune!


(Feuille III)
III- Pro domo le plaidoyer


Et de piètre façon, le même chien qui aboie à la lune et serine un air à son saint, a péché à l'endroit du Beau.

A l'endroit du soleil, de la lune ou l'étoile polaire, il n'en sait plus rien, il a commis, capital, le péché qui le met au couloir de la mort.

Alors qu'il voulait seulement délester le ballon que le vent faisait baller, au bout de sa ficelle. Seulement lâcher un renvoi, éructer gros ou gras, peu importe, soustraire son dedans à la pression du gaz qui monte, le sur-plein étant intenable. Et les côtes exigües pas assez élastiques pour en supporter l'oppressant fluide.

Folie, oui!

Lubie de poète, tempête qui emporte la chape de plomb.
L'éruption du volcan dont on ne soupçonne pas un tel débordement, quand la cratère craque, que les laves en feu s'épanchent, coulent sur les flancs, calcinent le bois vert et le sec. Et que, sulfureuse, irrespirable, la fumée monte.



A ce moment-là seulement, putréfié, incrédule, on se tape la tête contre le mur. Dur on se la tape! A donner des frissons à la pierre, la brique ou le béton qui répond à la moelle du crâne.

Marcel Bataillard: Peintre aveugle
Alors que jusque-là, aveugle et sourd, on tordait son cou à la roteuse! en lorgnant sur les deux coupes, alignées sur sa table, qui boiraient, trinqueraient,  et le moment venu roteraient!

Pouah! que c'est amer ce champagne!
Quand on se dit poète, et déboussolé, on assassine le noble, on souille le beau.

On se laisse prendre quelquefois à son propre jeu. Comme par le balai l'apprenti sorcier. Trop sûr de soi, trop con, l'air fringant on saute sur la pente lisse. On pirouette en l'air. Un peu grisé de se sentir léger.

La tête a beau dire attention. On fait la sourde oreille.

Et chenapan, saltimbanque, on se rit du mage tapi en soi, le visionnaire qui se cabre, se défausse de votre jeu pas conforme aux siennes normes, les règles de sa pâte altière. On n'écoute pas le fier. On fait le fier. Et comme sur des patins de farfelu aveugle et sourd, on glisse allègrement à la lisière de la pente savonneuse.

Le faux-pas n'est pas loin. On siffle le soleil. Son soleil à soi. Comme une fille coquette par l'enhardi garçon. On siffle au disque. On croit maîtriser son jeu, son art sorcier. Et hop !

Les beaux patins vous envoient coqueter avec le ravin!

Comme l'apprenti sorcier par son balai trahi.

Quelle vilaine mouche a pu le piquer, quelle folie pour commettre un tel faux-pas! Le faux-pas, et si bas les ronces
où s'enfoncent les pieds. Pour la chaussure et son double-fond pas trop douillet, pour la chatouilleuse plante du pied et la beauté de la couronne à porter sur le front.

Bon dieu! bon sang ! quelle bévue !


(Feuille 4)
IV- Le réquisitoire

Et pourquoi tant de dégâts?
Le monde était beau sans le pot traître de l'égoïsme.
Un verre de cristal à la main, la plume écrivait ce que dictaient les maux. Mot à mot elle chiffrait

Carolus Durand: l'homme endormi
le pouls du cœur, l'acide de la tendresse qui s'écoulait entre les lignes, taisait les cristaux de sel quand ils brûlaient dedans les côtes, interdisait leur poudroiement sous les paupières, altière et sublimant les maux. Que c'était doux de savourer le nectar d'un tel verre, de confier ses vers au cristal pour les chanter! Doux de sentir s'alourdir ses paupières quelquefois. De cette eau d'argent que le calame, viril, refoule pour n'en pas souiller l'encre pure, l'azur diamant de son encre, la parure de sa poésie. Doux de s'assoupir quand la plume tombe, ivre de sa fatigue au bout d'une nuit féconde et tant de feuilles enfantées. Doux de se faire réveiller par une brûlure au lobe de l'oreille, le premier rayon du soleil que la vitre n'a pu stopper, chaud, beau, et venant gratifier la plume dévote, la prêtresse thuriféraire qui s'était endormie à l'autel.

Pourquoi avoir cassé le cristal ? le quartz qui irradiait le soleil et s'en irradiait ?

Sans l’égoïsme et la tyrannie de la cécité, qu'aurait-il pu escompter de si beau à tenter la prouesse
"A la mer seule nous dirons
quels étrangers nous fumes
à la fête de la ville."
(Saint-John Perse)
grotesque, la valse et son vertige, le saut en l'air et la pirouette ? Aveugle idiot, et qui patine sur la glace ! et pourquoi ? pour la gageure de l'idiot, l'idiote prouesse à étaler pour soi, qui dira un jour à Don Quichotte: preux chevalier à la Triste figure, à la faveur de ta lance et rossinante ta dulcinée à la chevelure solaire et à la cristalline voix à toi seule va chanter ce soir. Ce jour, bel égoïste, à toi seul va briller le soleil!

Inénarrable !
Pourquoi la mer s'est-elle tue ?

Plus de vagues ni mouettes qui plissent à l'eau et au ciel ses pans attendris. Plus de ris ni les Grâces pour enchanter le récif, mouiller ses falaises, humecter d'air frais son nez..

La bévue parfaite, inégalée, la grossièreté monstre !

Le monde était beau sans l’égoïsme profane.

L'étale mer offrait à la poésie son sein nourricier. Dedans les côtes et sur les côtes, il faisait bon sentir l'écume des vagues, se souler aux chants des sternes, promettre à l’horizon sa bouteille à la mer.
Et se taire....




Conclusion: Si vous êtes Cancer comme le fakir chevillé à sa planche à clous, méfiez-vous de la lune et ses méfaits allant croissant au fur et à mesure de la plénitude astrale. Méfiez-vous aussi du soleil s'il a sur vous un ascendant qui vous fasse prendre des bains de canicule à son heure zénithale. Si vous êtes sudiste, étoilé ou pas, ne commettez jamais l'erreur fatale de coqueter dans vos rêves avec l'étoile polaire. Si vous êtes égoïste, demandez tout à la mer, sauf qu'elle devienne pour vous, et pour une nuit -sous la pression d'une folie, d'une lubie, d'un alibi, ou d'un lobby lunatique- un bar pour le seul verre qui boira sans trinquer !

A. Amri

Inédits de déni (1980)
06.04.2013

Ulysse et la sirène des mers



Heureux qui comme Ulysse a vécu à Djerba

Et cependant que là-haut cent huit prétendants
Pénélope repoussait par son fil vingt ans
A l'absent fidèle et chaste sous sa koubba



La-bas sur l'île enchantée par ses poétesses

Ulysse l'ingrat, de vers gras et foie se gavait
Cent huit sirènes des mers nuit et jour l'émouvaient
Vingt ans durant chez la Tunisie son hôtesse

A.Amri
06.04.2013

Les Frères Musulmans et l'inconséquence bahreïnie

Quand on parle en série de la Syrie -et de vive voix, puis très bas -ou pas du tout, du Bahreïn..
Quand au Bahreïn ce sont 80% du peuple en révolte, alors qu'en Syrie c'est le mégavolt du courant wahabiste et son colt qui se révoltent surtout, et non pas le peuple syrien..
Quand l'Occident soutient d'un côté, et pas de l'autre, on sait pourquoi..
Mais quand les cons d'un côté soutiennent ce qu'ils appellent peuple, et de l'autre une monarchie..
Le deux poids deux mesures des Frères Musulmans, c'est lamentable..le sang confessionnel est sûrement islamiste, mais il n'est pas de nous. Il n'est pas musulman.




Eux les Frères-de-la-Pureté-confessionnelle ne voient pas à gauche, côté Bahreïn.
Ou alors seulement quand il faut y dépêcher les pompiers et mater l'incendie, parce que l'impie insurrection chiite ne mérite pas le noble nom de révolution!
Les chiites et leurs manifs c'est kifkif le shit et sa fumée, libanais ou bahreïni, les Frères-de-la-Pureté-confessionnelle n'en sniffent ni kiffent, ni prou ni peu, qui se shootent plutôt au seul Afghan pur. Et depuis deux ans, en vertu des fatwas frappés au sceau du halal, et aphrodisiaques, ils prisent aussi le sang syrien qui grise!

Qu'on leur dise qu'il y a tout un peuple au Bahreïn qui mérite que les camés lorgnent de son côté, et ils vous diraient: pouah! cette came-là, Allah nous en protège, est pur haram, haram, haram, par Allah! kifkif le harem du frère au Frère-de-la-Pureté-confessionnelle! N'y touche ni attouche au harem de la fratrie, sauf pris en partouse avec le Frère qui vous y convie! Quand sa Majesté Al-Hamad et sa majestueuse couronne,  pour la légitime tout autant que les illégitimes n'ayant plus de jus, rappellent à la rescousse du pis de chameau les eunuques sunnites de Wahab!


A.Amri
06.04.2013

vendredi 5 avril 2013

Okamoto - Mokhtar Laghmani (Traduction)

Mokhtar Laghmani, l'étoile filante de la poésie tunisienne,  avait conçu ce poème alors qu'il devait avoir juste 20 ans.
 
En cet été de l'an 1972, après l'attaque de l'aéroport israélien du Lod1, le 30 mai, par un commando de 3 étudiants nippons appartenant à l'Armée rouge (JRA), s'est ouvert, le 12 juillet à Tel-Aviv, le procès de Kozo Okamoto, l'unique rescapé dudit commando. Et alors qu'un tribunal militaire jugeait ce survivant, les médias arabes -tant au Machreq qu'au Maghreb, ne cessaient de rendre hommage au brave internationaliste rouge ainsi qu'à ses deux compagnons morts, qui avaient quitté familles, pays, université et douceur de vie pour servir en terre arabe un idéal révolutionnaire.
 
Mokhtar Laghmani, alors jeune étudiant et poète communiste2, ne pouvait que saluer à son tour ces fedayins de sang non arabe, venus, si prodiges d'amour pour la cause palestinienne, du « pays du Soleil-Levant » . D'où ce poème intitulé "Je t'aime Okamoto".
 
 
 

Je t'aime Okamoto
Je t'aime ô l'humain frère
Nonobstant vétos muftitiques
A la fraternité interconfessionnelle
Mais qu'importe si l'on ne t'a pas seriné le Coran!
Qu'importe si tu n'es pas de la Nation élue!
 

 

[C'est que dans notre sang commun à nous]
Quand les volcans conçoivent
Fondent toutes les races
Tombent toutes les religions
C'est ainsi qu'ont déchu
Toutes les couronnes 
Que sont morts
Les héros byzantins
Et leurs pairs hellènes
De même Antar
3
Et Ali Ben Sultan4
 
Tous les héros sont morts
Mais demeure l'humain






Mokhtar Laghmani (milieu des années 70)

Traduction Ahmed Amri
05.04.2013





==== Notes ====

1- Rebaptisé à partir de décembre 1973 "Aéroport international David-Ben-Gourion"
 
2- Poète arabe pré-islamique du VIe siècle, réputé pour l'amour qui l'attachait à Abla: amour impossible, le poète étant fils d'esclave noire. Antar était réputé aussi pour sa bravoure de chevalier.


3- Héros d'un conte de la tradition orale.
 
4- Né à Zarat en 1952, et mort à Tunis à l'âge de 25 ans en 1977, Mokhtar Laghmani est le neveu du poète Ahmed Laghmani, Il avait toutefois choisi une voie diamétralement opposée à celle de son oncle, étant engagé à gauche, aussi bien politiquement parlant que sur le plan purement esthétique. Mokhtar fait partie des pionniers du vers dit "non-métrique et non libre". 
 Après des études primaires à Zarat, Mokhtar rejoint le Lycée de Gabès (l'ex-Manara qui regroupait l'actuel Abou Loubaba et Al-Manara) et obtient son baccalauréat en 1972. En 1976, il obtient une licence ès lettres arabes. A peine nommé professeur au lycée de Testour en 1977, il meurt (deux mois après) des suites d'un ulcère chronique. L'ensemble de ses poèmes a été publié de façon posthume dans un recueil intitulé «أقسمت على انتصار الشمس» - الدار التونسية للنشر - تونس 1978 (littéralement: J'ai juré que le soleil vaincra).






Quand les médias crachent sur Aaron Bushnell (Par Olivier Mukuna)

Visant à médiatiser son refus d'être « complice d'un génocide » et son soutien à une « Palestine libre », l'immolation d'Aar...