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jeudi 4 septembre 2014

Il était une fois à Kojo la joie




Il faisait bon vivre à Kojo.

En toute saison dans ce village situé non loin du mont Sinjar, il fleurait des senteurs émoustillantes, des parfums de volupté. Fragrances de thym sauvage mêlées aux arômes de l'armoise et du genévrier. L'air en était tellement imprégné et incorruptible que le Kojois, depuis toujours réputé bon vivant et en symbiose avec la nature, alléchait moins que tout autre humain ailleurs la maladie. On dit que la longévité aurait fait de cette heureuse contrée en terre de Mésopotamie son pays de prédilection. Et pour aider les hommes à tirer le meilleur parti de cette longévité, dit-on encore, Taous Malek, l'ange-paon qui préside au bonheur des vivants, avait décrété à ses fidèles la joie comme un acte de foi. Un pilier fondamental du yézidisme. Aussi la gaieté instinctive, le bonheur sacré qui invitait périodiquement ses élus à le célébrer dans l'allégresse commune, en chantant et dansant à la ronde, rayonnait-il depuis la nuit des temps sur tout le pays des Yézidis.

Des siècles durant, des millénaires sans fin, il faisait bon danser et vivre à Kojo. Comme on peut le voir sur la vidéo ci-dessous.





Telle était à Kojo la vie. Jusqu'à ce jour fatidique. Ce funeste 4 août 2014.

Ce jour-là, des soudards en noir et hissant des bannières noires, tout aussi lugubres que leurs desseins, sont venus de la nuit moyenâgeuse empester Kojo. Et empêcher les hommes libres de danser en rond.
Des soudards nourris de haine et respirant et suant la haine de tous leurs pores ont surgi des cloaques immondes des ténèbres pour s'en prendre à ceux qui respiraient le thym sauvage, la lumière limpide et l'aimable gaieté.

Pourrait-on imaginer que celles et ceux qu'on voit sur cette vidéo datant de quelques mois seulement ne soient plus de ce monde? Pourrait-on imaginer que ces femmes et hommes célébrant dans une telle ambiance de kermesse le bonheur puissent disparaître en moins de rien, immolés en masse sur l'autel d'une horde de sanguinaires ennemis de la joie? Pourrait-on imaginer qu'une telle hécatombe, ourdie puis ordonnée avec un parfait sang froid et précédée des pires supplices, ait pu se produire non loin de nous, et en l'an 2014? Pourrait-on imaginer que l'enregistrement de ce bal publié par un rescapé miraculé soit tout ce qui nous reste des Kojois, que la joie de vivre dont ces femmes et hommes étaient l'incarnation, la fraternité et le pacifisme qu'ils prêchaient et observaient sans faute en vertu de leur foi aient pu susciter autant de haine chez les califoutraques des temps maudits?

Si de telles interrogations se passent de réponse, que faire alors, s'il vous plait?
Quelle oreille qui ne soit pas sourde interpeller? Quels témoin, instance de droit, répondant de justice humaine qui ne soient ni absents, complaisants, ni complices, saisir de ce génocide? Quelle conscience humaine encore de ce monde faut-il interpeller et secouer pour qu'un tel crime ne reste pas impuni ni ne se reproduise?


Ce 4 août 2014, les soudards de la barbarie ont investi Kojo. Entre autres villages habités par les Yézidis autour du mont Sinjar. Les ennemis jurés de la joie ont d'abord passé par les armes une bonne centaine de jeunes qui tentaient de résister, les uns égorgés comme des moutons, les autres à bout portant fusillés. Tous sous les yeux de leurs familles impuissantes (mères, épouses, enfants...), ameutées par la force des armes et forcées d'assister aux scènes macabres. Scènes que les bourreaux ne manquaient pas d'en rehausser l'effet par telle ou telle humiliations. Coups, crachats, insultes en tous genres. Et cerise sur le gâteau si la métaphore ne choque pas, plus d'un de ces exécutés ont été pendus à des poteaux électriques, décapités, étripés, exposés au soleil et charriant des corbeaux. Pour le supplice inouï des survivants.

Ensuite, les ennemis jurés de la joie et de la vie ont parqué séparément dans un camp de concentration les hommes et les femmes, sommant les uns et les autres de se convertir à l'islam, seule condition pour eux de réchapper à l'exécution. Un ultimatum d'une dizaine de jours leur a été fixé. Leur argent, les bijoux des femmes, tout ce qui a de la valeur leur a été ôté. Leurs maisons, bétail, voitures, téléphones portables, tout ce qui peut être saisi comme butin de guerre leur a été confisqué.

Au jour "J" (le 15 août), à l'exception de sept personnes miraculées qui ont pu échapper au carnage et à qui on doit la vidéo et les éléments de ce témoignage, tous les hommes âgés de plus de 13 ans (quelque 600 d'après les rescapés) ont été exécutés. N'en déplaise aux agents de propagande qui nous montrent des vidéos de convertis sur Youtube ou ailleurs, pas un Yézidi, ni à Kojo ni ailleurs, n'aurait accepté de troquer sa confession et son honneur pour la vie sauve. Les martyrs ont convenu d'opposer à leurs bourreaux cet ultime acte de résistance, cette vaillance héroïque d'hommes libres et jusqu'au bout insoumis. Les femmes, quant à elles, et les enfants âgés de moins de 13 ans (700 en tout) ont été retenus à titre de prisonniers. On présume que les femmes, du moins celles qui ne sont pas âgées, ont été vendues, comme le rapportent plusieurs sources dont la députée yézidie Vian Dakhil. Il n'est pas exclu que certaines aient été forcées d'être des concubines, des auxiliaires malgré elles des jihadistes du niqah. En ce qui concerne les enfants, personne n'est en mesure de dire ce qu'ils sont devenus. On a vu des vidéos présumées d'orphelins yézidis pris en charge par les califoutraques. Mais à les supposer authentiques, on n'y voit que des enfants en bas âge (3 à 6 ans tout au plus), ce qui autorise les pires craintes en ce qui concerne les autres. Le dieu de ces califoutraques (qu'il ne faut sous aucun prétexte assimiler à Allah) est un Moloch, un prince de l'Enfer qui se nourrit au quotidien de chair humaine. Et l'on est en droit de craindre que beaucoup d'enfants yézidis aient pu servir d'hosties à tel Moloch. 

Plusieurs récits de cette tragédie évoquent, outre les inénarrables atrocités commises par les hordes de la barbarie, des actes pour le moins épiques, des attitudes admirables à l'honneur des victimes. Dont le suicide de Gilène Barjès Nayef, en l’occurrence synonyme de haut fait de résistance yézidie.

Cette jeune fille dont la beauté subjugue comme on le voit sur la photo ci-dessous ne vivait pas à Kojo, mais à Tell Aziz, patelin voisin dont plusieurs familles ont des liens de sang avec les Kojois. On croit l'avoir identifiée dans la ronde filmée, mais il faut le dire avec prudence et circonspection, même si les similitudes des traits sur la photo et la vidéo (observer la danseuse qui porte un pantalon noir et une veste manteau grise) sont frappantes.

Gilène Barjès Nayef
Quoiqu'il en soit, depuis son suicide -que nous n'avons pu dater- Gilène Barjès Nayef est devenue icône de la résistance yézidie en Irak. Son village Tell Aziz a subi l'invasion des barbares ce même 4 août funeste. Alors que certaines populations vivant dans les autres villages de Sinjar ont eu le temps de fuir vers les hauteurs du mont, celle de Tell Aziz, prise au dépourvu, a dû résister tant bien que mal quelque temps, avec l'appui des Peshmerga. Mais les assaillants ont vite pris le dessus, et les combattants kurdes ont abandonné à leur triste sort la population. Malgré ce que les Yézidis appellent trahison des Peshmerga, les habitants de
De g.à.d, Rizan (frère de Gilène) et les oncles Jamil et Kacem
Tell Aziz, les jeunes surtout, ont résisté jusqu'à l'épuisement de la dernière balle dans leurs fusils. Si bien que par volonté farouche de mourir debout, beaucoup de jeunes ont continué de se battre avec des pierres. Et sans doute en représailles contre ces irréductibles yézidis, beaucoup de familles dont celle de Gilène ont été massacrés sur le champ. C'est ainsi que le 4 août, les bourreaux daéshistes ont égorgé sous les yeux de Gilène son père septuagénaire, ses deux frères dont l'un terminait ses études en médecine et quatre de ses oncles. En plus de cette hécatombe familiale, une quinzaine de proches ont été kidnappés. Même si personne ne sait ce qu'ils sont devenus, il y a lieu de croire qu'ils ont été exécutés dans le grand carnage du 15 août à Kojo.

Si les bourreaux avaient daigné épargner la vie à Barjès Nayef la dernière survivante de sa famille,  c'est vraisemblablement parce qu'ils espéraient faire d'elle une odalisque. Une concubine à adjuger à l'un des leurs ou à vendre à quelque saint baron du califat. Mais c'était compter sans la noblesse d'âme de Gilène, sans la trempe héroïque de son caractère. La jeune fille s'est suicidée en honorant la devise millénaire des Yézidis: "plutôt la mort que le déshonneur !"

Le mot de la fin, nous voudrions le "dédier" aux ennemis de la joie. Ou plutôt à leurs amis dans les bases arrières du jihadisme daéshiste. Dont, hélas, la Tunisie.
Selon des chiffres publiés sur les pages web arabes de CNN TV, lesquelles citent le Pew Research Center, la Tunisie figure en tête des pays dont sont issus les jihadistes engagés en Syrie et en Irak, avec un effectif de 3000 personnes (dont des dizaines de femmes jihadistes du niqah). Ce n'est un secret pour personne, et les documents compromettants foisonnent à ce propos, que des personnalités politiques haut placées dans le mouvement Ennahdha, des ministres de l'ancien gouvernement à majorité islamiste et des députés dans l'actuel parlement (ANC) sont impliqués jusqu'au cou dans "l'exportation" du jihadisme vers ces deux pays.

Quiconque ce génocide interpelle, quiconque dont la conscience ne peut que se rebiffer contre ces crimes parrainés par des partis, des organisations ou des Etats, quiconque s'estime lésé dans son humanité par cette barbarie impliquant des citoyens ou des organismes de son pays doit réagir fort et réclamer à qui de droit d'établir toute la vérité à ce propos.

Réclamer que soient traduits devant les instance de justice internationale tous ceux qui ont recruté, financé, aidé de quelque manière que ce soit les jihadistes à partir en Syrie ou en Irak, est le devoir de chaque citoyen du monde. Quiconque faillit à ce droit, hausse les épaules, oublie ces carnages, qu'il le veuille ou non devient complice des hordes islamistes, allié objectif de la barbarie.

J'en appelle à toutes les consciences vives dans le monde pour en prendre acte.


A. Amri
4 septembre 2014


Voir aussi sur ce blog:

La tragédie des Yézidis: nouveau témoignage de Vian Dakhil


mardi 12 août 2014

La tragédie des Yézidis: nouveau témoignage de Vian Dakhil

Ce 5 août 2014, le cri de détresse lancé par la députée yézidie Vian Dakhil dans l'enceinte du parlement irakien a touché des millions d'internautes des cinq continents. Poignant et percutant en raison de sa justesse, de sa force émotionnelle et de l'atrocité du sort réservé par les hordes de l'EIIL aux Yézidis,  cette minorité ethno-religieuse qu'on veut rayer, entre autres composants irakiens, de la mosaïque humaine et culturelle multimillénaire faisant la véritable richesse du peuple de la Mésopotamie. .

L'élan de sympathie suscité par ce cri de détresse ne doit pas faiblir car les Yézidis menacés de génocide ne sont pas au bout de leur calvaire. Alors que nous avons appelé de tous nos vœux une réaction humanitaire énergique et immédiate soit des Nations-Unies soit des Etats occidentaux pour sauver des milliers d'hommes menacés à Sinjar par tous les périls (faim, soif, maladies, massacres...), à l'heure qu'il est les Yézidis coincés au mont Sinjar, en particulier près de 700 familles dans la zone sud de cette région, sont toujours dans l'attente de secours qui ne viennent pas. Le 8 août, des avions américains ont bombardé une position de l'EIIL, et on a cru un moment que c'était le début d'une opération militaire destinée à secourir ces damnés yézidis. Mais il s'est vite avéré que les USA n'ont fait que pilonner une artillerie jihadiste proche de la ville d'Erbil en vue de mettre celle-ci à l'abri de la menace jihadiste. Parce qu'une partie du personnel diplomatique étasunien, et seulement pour cette cause-là, se trouve en Erbil à portée des canons de l'EIIL. On a vu pleurer Obama entendant le cri de Vian Dakhil; on l'a entendu promettre une intervention éminente. Néanmoins, on n'a rien vu de vraiment concret sur le terrain. Même le largage de vivres ou de bouteilles d'eau, louable en soi, ne semble pas avoir bénéficié beaucoup aux sinistrés en raison du relief montagneux de la zone.



Côté arabe, à part les lamentations des médias et l'indignation des citoyens du camp laïque, aucune réaction notable. Comme si ces Yézidis qui vivent parmi nous depuis des millénaires, bien avant les musulmans, les juifs et les chrétiens, ne sont pas des nôtres. Comme si les 72 campagnes génocidaires dont ils ont fait l'objet à travers notre histoire commune ne suffisent pas. Comme si nous n'avons d'autre choix que de nous taire et d'être les complices ou les alliés objectifs de cette 73 ème campagne en cours qui cible le demi million de Yézidis survivants.

A quand une manifestation pour les Yézidis à Tunis, au Caire, en Alger, à Rabat, pour ne citer que quelques capitales et les peuples de leurs pays majoritairement acquis aux valeurs universelles?

A quand un sursaut d'honneur arabe digne de ce nom pour venir en aide à ces frères et sœurs irakiens et syriens, Yézidis et autres, qu'on persécute et massacre au nom de Dieu et en notre nom, et avec la bénédiction de plus d'un politiques nôtres, hélas!?

Quand serions-nous en mesure de comprendre que ce qui se passe en Irak et en Syrie n'est que le prélude d'une tragédie d'envergure universelle si nous ne réagissons pas maintenant et de la manière appropriée pour faire front à la barbarie?

Nous avons appris aujourd'hui que Moncef Marzouki, président de la Tunisie, a demandé  "ses excuses les plus sincères aux populations chrétiennes d’Irak". Mea culpa d'hypocrite et larmes de crocodile, quand on sait la part de responsabilité qu'assument ce président et ses alliés de la Troïka dans la tragédie syro-irakienne. Combien de jihadistes tunisiens ont été enrôlés et envoyés en Syrie et  actuellement faisant partie des hordes daéshistes qui égorgent, violent, pourchassent les chrétiens et non-chrétiens, que ce soit en Syrie, en Irak ou à la porte même du Liban?

Mea culpa d'hypocrite et larmes de crocodile, quand ce président, plus soucieux de redorer son blason à la veille des nouvelles élections que secourir réellement les victimes de l'EIIL, omet les chrétiens de Syrie, les Yézidis, les Chiites, les Turkmanes, les Shabaks, eux aussi lésés par le jihadisme tunisien et l'Etat qui l'a cautionné, et pas moins dignes que nos frères chrétiens d'Irak de nos demandes d'excuses !

Mea culpa d'hypocrite et larmes de crocodile, quand ce président propose aux chrétiens d'Irak "de venir en Tunisie le temps que la situation se calme", alors qu'il devrait mettre en place, dans les pays concernés, un organisme opérationnel et doté de tous les moyens, qui fasse sortir en sécurité et venir en dignité chez nous ces frères opprimés en partie par notre faute. Il devrait faire cela aussi pour ces damnées de Sinjar qui nous interpellent encore une fois à travers un nouveau témoignage de Vian Dakhil, députée au parlement irakien. Autrement, cette tartufferie marzoukienne ne suscite même pas le rire, tellement elle vole bas.




Merci de faire écho à cette tragédie humaine, citoyens du monde, car seule une grande et forte chaine de solidarité pourra sauver les Yézidis.



A.Amri
12 août 2014 


La vidéo dans son intégralité pour les arabophones sur ce lien:


mardi 26 juillet 2011

إلى عــناية السيد المدير العام لقناة الجزيرة


عوضا عن التشدق بالحريات ومستقبل البشرية، علينا أن نخوض الصراع المباشر وبدون تنازلات من أجل حريات ومستقبل أشخاص هم الآن بيننا أحياء - ليونيد بليوشتش




الأخ وضاح،

بعد التحية والسلام، يسري الطريقي شاب تونسي ينتظر في سجن الكاظمية ببغداد تنفيذ عقوبة الإعدام التي صدرت ضده في محاكمة أقل ما يقال فيها أنها جائرة ولا تستند لإثباتات.

سنة 2003 ، وعمره لا يتجاوز التاسعة عشر، غادر يسري الطريقي وطنه تونس بدون علم عائلته والتحق بسوريا ثم تسلل عبر حدودها للعراق. للعلم كان يسري من الطلبة المتفوقين وكانت طموحاته كبيرة، غير أن واقع الوطن العربي المزري أنذاك وصور الجرائم التي ترتكب في حق الشعبين الفلسطيني والعراقي دفعا بيسري أن ينضم لساحة الجهاد لنصرة المقاومة العراقية.

في أواخر حزيران 2003، حاول يسري بمعية 15 من رفاق السلاح اجتياز نقطة تفتيش في الضلوعية الواقعة على بعد 30 كلم إلى الشمال من بغداد، لكن المحاولة باءت بالفشل، إذ استشهد كل رفاقه بنار القوات المشتركة في حين أصيب هو شخصيا بجراح بليغة بعد أن استقرت في جسمه ما لا يقل عن سبع رصاصات.

تم إيداعه وهو يصارع الموت في سجن بمخيم كروبر تحت إشراف الإدارة الأمريكية وحوكم وهو في حالة غيبوبة بعد أن انتزعت منه اعترافات تدينه في جرائم إرهاب. وصدر ضده حكم أول بالإعدام سنة 2006 ، ثم بعد سنتين تم نقض الحكم وأسقطت كل التهم الموجهة ليسري باستثناء تهمة التسلل بصفة سرية للتراب العراقي، التي وإن لم تكن بدرجة تذكر من الخطورة إلا أنها بحكم سريان القانون الجديد لمكافحة الإرهاب دفعت بالمحكمة للحكم على مرتكبها بـــ15 سنة سجنا. وفي كل الأحوال بالنسبة ليسري ولعائلته نزل هذا الحكم كالرحمة لأنه أسقط شبح الحبل والشنق غير المستحق.

لكن هذه الرحمة لم تدم طويلا..ففي سنة 2009 تم تسليم يسري الطريقي لإدارة السجون العراقية. ودونما إعلام أو مبرر، ارتأت السلط العراقية أن تعقب على محاكمة يسري فيما يسمى حكم التمييز، وبدون حضور لا المتهم ولا محاميه، أصدرت محكمة بغداد في الأشهر الأخيرة، وتحديدا عقب سقوط بن علي بقليل، حكم الإعدام مجددا ضده. وتم إشعار يسري الطريقي بالحكم عن طريق رسالة تلقاها من وزارة العدل العراقية.

الأخ وضاح،

بتاريخ 30 حزيران المنصرم، صادق نائب الرئيس العراقي على حكم الإعدام، وبالمناسبة علمنا أن أربعة أشخاص آخرين من جنسيات عربية مختلفة قد صدر ضدهم نفس الحكم، وقد أوحى تزامن هذه الأحكام مع ربيع الثورات العربية لأكثر من ملاحظ بفرضية وجود رسالة سياسية تقصد السلطات العراقية توجيهها للراي العام العربي وبالتحديد للبلدان التي تعيش هذا الربيع. ومهما يكن نحن في تونس نعتبر أن ما دفع بيسري أو غيره من الشباب للذهاب للعراق هو نظام بن علي البائد، بالدرجة الأولى، الذي انتهج القمع وتكميم الأفواه وصادر الحريات، فردية كانت أوجماعية، وسد أبواب الأمل في وجه الشباب وبالتالي ليس من الإنصاف أن تجازى ثورتنا بحكم قضائي كهذا الذي صدر ضد يسري الطريقي.

آخر الأخبار الواردة من العراق تشير إلى نقل يسري للسجن المذكور أعلاه (الكاظمية ببغداد) والخبر لاعتبارات تاريخية يثير المخاوف، إذ يعيد للذاكرة ما وقع سنة 2006 حين نقل الرئيس العراقي السابق لنفس السجن وتم شنقه يوم العيد.

الأخ وضاح،

أناشد قناة العرب الأولى التي أصبحت صوت الشعوب الثائرة أن تولي هذا الموضوع ما يستحقه من عناية وتعمل على إبلاغ نداء الإستغاثة هذا للسلط العراقية وتقنعها بأن الشعب التونسي الذي يآزر شقيقه العراقي في السراء والضراء شعب مسالم ولا يستحق أن يثكل في أحد أبنائه سيما وأن يسري ذهب للعراق بعفوية الشاب الغيور على عزة الوطن الواحد ولم يكن له من هم سوى مقاومة المحتل الأجنبي.

ولك أخ وضاح ولكامل قناة الجزيرة أسمى التحية وجزيل الشكر.



أحمد العامري

2011.07.26


في نفس الموضوع

http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/yosri-trigui-le-plaidoyer-du-pere.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/lettre-yosri.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/la-bienveillante-attention-de-m-beji.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/blog-post_23.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/la-bienveillante-attention-de-m-recep.html
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http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/mme-micheline-calmy-rey.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/jose-luis-rodriguez-zapatero.html

lundi 25 juillet 2011

Yosri Trigui: le plaidoyer du père

Dans un procès injuste et marqué d'irrégularités (procédurales entre autres), le jeune tunisien Yosri Trigui a été condamné à mort en Irak, une première fois en 2006. Au cours de ce procès, Yosri -qui ne se remettait pas encore des graves blessures qu'il a eues le jour de son arrestation- était dans le coma! Il avait reçu sept balles alors qu'il tentait de franchir un check-point à 30 km de Bagdad. Et dans les rares moments de rémission qu'il a pu avoir dans ce no man's land entre vie et mort, Yosri voyait moins souvent des soignants à son chevet que des tortionnaires. Les aveux qui lui ont été extorqués étaient tels que l'acte d'accusation dressé contre lui ne pouvait qu'être des plus accablant. Tous les crimes dignes de Abou Kodama le Tunisien, les calomnies qu'on pouvait imaginer, ont été indûment attribués à Yosri alors qu'il se battait pour la survie.

Détenu par les Américains à Camp Kropper de 2003 jusqu’en 2009, Yosri devait probablement à tant d'irrégularités flagrantes marquant ses interrogatoires et son procès le renvoi aux calendes américano-irakiennes de sa mise à mort.

En 2008, sursaut de conscience humaine chez l'occupant, on réexamine le procès de Abou Kodama le Tunisien. Et celui-ci est innocenté de tous les crimes qui lui ont été précédemment imputés. On retient seulement contre lui son entrée clandestine en Irak; et pour ce délit somme toute mineur mais devenu crime depuis l'entrée en vigueur de la loi contre le terrorisme, on le condamne à 15 ans de prison! Ni lui ni sa famille ne pouvaient espérer mieux car le pire était quand même épargné.

En 2010, alors que Yosri Trigui était depuis un an à la charge administrative irakienne, contre toute attente on décide de refaire son procès, et le refaire sur la base de l'acte d'accusation initial, sans tenir compte du réexamen fait par les Américains ni de la peine considérablement allégée. De surcroit, au mépris des principes juridiques élémentaires et universellement reconnus, le procès se déroule en l'absence de l'accusé et de son avocat. Le premier verdict injuste et sévère, la peine capitale, est de nouveau prononcé.

Le 30 juin dernier, le vice-président irakien a approuvé ce jugement. Et on apprend que quatre autres personnes, deux Libyens, un Marocain, un Saoudien, sont frappés par la même sentence. Celle-ci, selon la décision signée par le vice-président, serait exécutée par pendaison.

Début juillet, au cours d'un meeting organisé en Tunisie pour soutenir la cause palestinienne, M. Fakher Trigui, père du condamné, est intervenu pour défendre son fils. A travers la vidéo de cette intervention dont j'ai traduit un extrait que j'ai mis en ligne (1), le père du condamné voudrait d'abord éclairer l'opinion publique sur ce flagrant cas d'injustice et mettre les autorités (mais aussi l'ensemble des citoyens) face à leur responsabilité. Tout en revendiquant pour son fils les opérations militaires dirigées contre l'occupant américain, ce père plaide l'innocence du condamné dans tout acte à caractère terroriste (2).

"Je ne mendierai de secours à personne, souligne M. Fakher Trigui. Je ne vais implorer personne ni demander à personne quoi que ce soit."

Ce plaidoyer juste et sans la moindre tonalité emphatique, où la dignité et la fierté nous interpellent tout autant que le non-dit, mérite notre intérêt. Et une réaction citoyenne digne de ce cas de détresse des plus urgents.







A.Amri
25.07.11

Notes:
1- Cette vidéo est disponible aussi sur Youtube.
2- Les deux accusations majeures ayant fait le poids dans la sentence du premier procès sont: rapt et meurtre de la journaliste Atouar Bahjat et dynamitage du mausolée chiite de Samarra. Or les vrais coupables dans ces deux actes ont été arrêtés postérieurement (cf liens ci-dessous).

-------------------- Au même sujet:

http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/lettre-yosri.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/la-bienveillante-attention-de-m-beji.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/blog-post_23.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/la-bienveillante-attention-de-m-recep.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/violette-daguerre-et-haytham-manna.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/mme-micheline-calmy-rey.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/jose-luis-rodriguez-zapatero.html

vendredi 22 juillet 2011

A Jose Luis Rodriguez Zapatero


"Au lieu de discourir sur les libertés et l'avenir de l'humanité, il faut se battre vraiment, sans concession. Pour la liberté et la vie des gens réels, qui vivent aujourd'hui."- Leonid Pliouchtch


A la bienveillante attention de M. Jose Luis Rodriguez Zapatero

En vous écrivant cette lettre, c'est à la fois le militant espagnol de la classe ouvrière, l'homme politique européen et le farouche partisan de l'abolition universelle de la peine capitale que je voudrais interpeller en votre personne.

Yosri Trigui, jeune tunisien condamné à mort en Irak, risque d'être mis à mort en tout instant depuis que le vice-premier ministre irakien lui a signifié que la peine à son encontre serait exécutée par pendaison . Sa famille, ses amis et des citoyens de plusieurs pays sont engagés dans une course contre la montre pour sauver sa tête.

Arrêté en 2006 et accusé dans des affaires liées à la résistance irakienne contre l'occupant américain, c'est surtout sur la base d'aveux qui lui ont été extorqués sous la torture que ce jeune homme a été jugé et condamné à la peine capitale.
A la chute de Bagdad en 2003, alors qu'il était encore adolescent, Yosri Trigui a fugué vers l'Irak pour rallier la résistance armée locale. Fin juin 2006, il tentait avec 15 de ses frères d'armes de franchir un chek-point se trouvant à 30 km de Bagdad. La tentative s'est soldée par la mort de tous ses compagnons; et Yosri, criblé de balles, sept logées dans diverses zones de son corps, ne devait son salut qu'à un miracle. Écroué dans une prison administrée par les Américains, lors de ses interrogatoires il a été soumis à la torture et on lui a extorqué des aveux l'accablant, en particulier dans deux affaires à caractère criminel. Le dynamitage d'un mausolée chiite et le rapt et le meurtre d'une journaliste et femme de lettres, en l’occurrence Atouar Bahjat.
Au cours de son procès, Yosri a clamé son innocence dans ces deux affaires et dénoncé la barbarie de ses bourreaux qui l'a acculé à revendiquer des crimes qu'il n'a pas commis. Ses juges n'ont pas tenu compte de ce désaveu et l'auraient même menacé s'il persistait à se rétracter.

Des années plus tard, les vrais coupables dans ces deux affaires, s'appelant respectivement Mahmoud Dahaoui et Yasser Ali ont été arrêtés, le premier début janvier 2008 et le second le 4 août 2009. Ils ont reconnu être les auteurs exclusifs de ces crimes. Leurs aveux diffusés sur la chaîne de télé arabe Al-Arabya et les reportages sur les faits qui leur sont imputés sont disponibles sur les réseaux sociaux d'internet.
De tels faits nouveaux, et non des moindres, dans l'affaire de Yosri Trigui devaient faire réviser son procès et considérer l'accusé comme prisonnier de guerre. Mais le tribunal irakien qui a jugé l'affaire en appel n'a pas pris en considération cela. D'ailleurs, au mépris des procédures juridiques en règle, c'est en l'absence de l'accusé et de son avocat que le second procès s'est déroulé.

M. Jose Luis Rodriguez Zapatero,
Aux dernières nouvelles, le Jeune Yosri Trigui a été transféré à la centrale de Kathimya à Bagdad. Ce transfert est alarmant d'autant qu'il rappelle la triste fin de Saddam Hussein. C'est dans la même prison que l'ancien président irakien a été placé, en 2006, peu de jours avant sa pendaison. D'autre part, le père du condamné a perdu tout contact avec l'avocat irakien chargé de transmettre aux autorités compétentes la demande d'arrêt d'exécution. Il est à craindre que cet avocat ne soit qu'une partie dans un complot judiciaire contre le condamné.
Par conséquent, je vous prie, M. Jose Luis Rodriguez Zapatero, de vous joindre à cette bataille qui est la vôtre et d'y engager toutes les instances politiques qui relèvent de vos compétences.
J'en appelle à votre conscience d'abolitionniste convaincu pour en prendre acte.

Ahmed Amri
Enseignant - Tunisie
webamri@yahoo.fr
http://amriahmed.blogspot.com/

A.Amri
24.07.11

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Au même sujet:
- Yosri Trigui: plaidoyer du père
- Lettre au Premier Ministre Tunisien
-
Lettre au Ministre Tunisien des A-E
-Lettre au Premier Ministre Turc
- Lettre à la Commission Arabe des Droits de l'Homme
- Lettre au Département Suisse des A-E
-
Lettre de sensibilisation visant l'opinion publique



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