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jeudi 2 mai 2013

Safa Mtaallah, journaliste qui dérange

Photo Safa Mtaallah
Le 19 fevrier 2013, l'hebdomadaire tunisien Akher Khabar (Dernière Info جريدة آخر خبر) publie un article-reportage ayant pour titre: "Des familles traumatisées pour leurs enfants partis en Syrie au nom du jihad". Le lecteur y apprend surtout que des légions de jeunes tunisiens partis en Libye, présumés pour tirer bénéfice des opportunités d'emploi qu'offre ce pays "en voie de reconstruction", ont en fait rallié l'internationale jihadiste et sont partis en Syrie.

Écrit par Safa Mtaallah, journaliste jeune mais maîtrisant parfaitement son sujet et ayant les qualités et les compétences du journalisme d'investigation(1), l'article a eu l'effet d'une bombe dans la région de Hammam Al Ghezaz (Kélibia), lieu de l'enquête menée par la journaliste. Non seulement les révélations ont alarmé des familles ayant des enfants en Libye et ne soupçonnant pas que les leurs puissent transiter à partir de ce pays vers la Syrie, mais elles ont dévoilé aussi l'existence de  cellules endormies de Al-Qaida.Cellules autour desquelles s s'effectue l'enrôlement des jeunes hammamois envoyés vers l'enfer syrien.
En outre, ces révélations ont de quoi embarrasser certaines parties politiques supposées impliquées à tel ou tel niveaux du recrutement jihadiste, même si, observant la déontologie de la profession, Safa Mtaallah
Article de Safa Mtaallah, en date du
19.02.2013
n'avait cité ni des noms de personnes ni -de manière explicite- le parti politique qu'on présume trempé dans ledit recrutement.

Le 23 avril 2013, Safa Mtaallah est convoquée par la police (Brigade d'enquête et d'information judiciaire) qui lui signifie qu'une plainte a été déposée contre elle par les habitants de Hammam Al Ghezaz. Selon ladite brigade, les plaignants l'accusent de diffamation.

En vérité, il ne s'agit que d'une manœuvre fasciste visant à bâillonner les plumes et les médias libres. "Le premier qui dit la vérité, chante Guy Béart, il doit être exécuté." Et Safa Mtaallah, ainsi que la  ligne éditoriale de Akher Khabar (Dernière Info جريدة آخر خبر) ne peuvent laisser indifférente la machine répressive islamiste. Car les plaignants réagissant à la prétendue diffamation journalistique auraient agi sur ordre de responsables nahdhaouis. Ils auraient même subi des pressions, selon plusieurs témoins oculaires ayant contacté la journaliste et assuré celle-ci (2)de leur engagement à déposer devant le tribunal, pour autant qu'ils soient cités comme témoins.


A.Amri
02.05.2013


Notes:

1- Safa Mtaallah est également une belle plume littéraire. En tant que jeune nouvelliste, elle a récemment obtenu un prix national qui augure d'un florissant avenir pour cette plume.
2- Safa Mtaallah sur Nessma TV

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