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mercredi 5 juin 2013

L'heure et sa valise (poésie)

Dépose sur mon épaule ta tête
Et laisse mon sang résorber tes peurs
Oublie les affres de la nuit, le temps
Le vent qui mugit, l'heure et sa valise
Oublie les soupirs profonds du matin
Quel jour fera à la maison demain
Les nuages, les éclairs, les orages
La grosse tempête que l'on prévoit
Oublie l'ombre arpentant le désert vide
La gouttière esseulée et ses hoquets
L'accueil du miroir que ternira l'aube
Et l’œil embu qui s'en détournera

Vide ton verre Douceur de mon cœur
Et
sers-moi de tes douceurs un hanap
Bois encore et ne te soucie de l'heure
Catin qui dessoule et dessille les yeux

Quand fort repus enfin les sens voudront
Reposer ta tête sur ma poitrine
Plisse en douceur les cils, ferme les yeux

Et couvre-nous douillettement dedans
Les longs hivers, les ans, les temps, les âges
Tant que tu couveras au chaud l'amour
Sous le duvet d'aile de tes paupières
Tant que la relique de cet instant 
Dans ton sein aura autel et prières
Jamais ne disposeront du mektoub
pour en écrire sans nous l'épilogue
Tôt ou tard vers ta tête qui l'attend
L'absent reviendra donnant son épaule




A.Amri
05.06.13

Première mouture: années 1980
Inédits de déni

mercredi 8 mai 2013

Ishtar, qu'il est bon de te prier! (Jamel Ksouda - Traduction Amri)

للشاعر الصديق جمال قصودة الذي يتأهب لدخول القفص الذهبي..أمنياتي ودعواتي بالمؤبد السعيد في رعاية أحلى ملهمة وسجانة عشتار آلهة الصباح والمساء والحب والجمال والخصوبة وسعادة الشعراء الأزلية
Au poète et cher ami Jamel Ksouda qui s'apprête à faire son entrée dans la cage dorée, mes voeux d'une réclusion à perpétuité dans le bonheur conjugal, sous l’œil bienveillant et vigilant de sa tendre muse et geôlière Ishtar, déesse du matin et du soir, de l'amour et la beauté, de la fécondité et la béatitude des poètes
(C'est pour ton anniversaire, ma bien-aimée.)

Les jours et les nuits se ressemblent, mais ce jour-ci n'a pas de pareil. C'est le jour de la fécondité, de la verdure, de la résurrection, de la vie.

En ce jour, le monde peut être en liesse, se réjouissant de la résurgence d'Ishtar(1) et son printemps exceptionnel. A certains, il peut paraître que le temps est caniculaire et l'aridité a pénétré les articulations et les côtes. Néanmoins,  moi je suis le seul à surplomber le paradis; le nerprun suprême(2) m'obéit au doigt et à l’œil. Et l'univers, tout l'univers, je le tiens dans la paume de la main; j'y plante les doigts comme dans l'argile molle et visqueuse; je le modèle en forme d'une pomme pour le nouveau matin.

Maintenant, je peux étreindre en toi les jardins suspendus. J'en cueillerai des fleurs immaculées et angéliques comme tes yeux. Je les embrasserai assurément. Ne rougis pas d'un pourpre pouvant colorer mon visage pâle. Je surplombe le Tigre et l'Euphrate, alors que le nénuphar couvre la surface de l'eau. Je m'y jette dans l'ébahissement qui s'empare de mon être.

Ishtar, apprête-moi tes tresses. Drape-m'en, drape-m'en! je me meurs de t'aimer!     


Jamel Ksouda
Traduit par A. Amri
08.05.2013


Vincent d' Indy : Istar, variations symphoniques opus 42



Notes:

Le titre original est : Ishtar, qu'en toute année tu sois fécondité!


1- Chez les Assyriens, les Babyloniens et les Sumériens (ancêtres des Irakiens), déesse équivalente à Zeus et Aphrodite.

2 Sedret al-mountaha  سدرة المنتهى est un nerprun mentionné dans le Coran, qui se trouverait à droite du trône divin. Enraciné au 6e ciel et son sommet dépassant le 7e ciel, le nerprun serait l'arbre le plus beau au paradis. D'après le Prophète, des rivières sortent de ses racines, ses  feuilles sont comme les oreilles des éléphants et ses fruits comme les jarres.

Pour le même auteur sur ce blog:

Jamel Ksouda Et Mohamed Bhar: hommage à Belaid: le sang à étreindre


lundi 28 janvier 2013

Fatah Thabet in memoriam - Par Tounès Thabet

Dédié à la mémoire de son mari Fatah décédé le 12 juillet 2012, cet hommage écrit par Tounès Thabet nous saisit autant par le style imagé, la tendre poésie, que par la lumière -tantôt blanche, chaude,  tantôt bleue, tamisée- qu'il jette sur le disparu. Transcendant tout épanchement jugé impudique, toute effusion à tonalité idyllique ou élégiaque, il  nous restitue de Fatah des instantanés  qu'on croit sortis d'un album-photos, images qui recoupent sans fioriture aucune les souvenirs de ses anciens élèves. D'autres, plus intimes, semblent emperlées de ces cristaux de sel brûlant qui poudroient sous les paupières. Mais sans le moindrement affecter la dignité de la dame qui nous les révèle. Toutes rendent au militant, retrempé dans l'amour de celle qui lui parle et nous parle de lui, ce qui lui appartient.  
C'est beau, parfait, captivant. Et c'est peu dire. Un chant ciselé dont les résonances intérieures, le non dit, sont bien plus poignants encore que ce qui s'entend au pied de la lettre
. (A.Amri)



« Tant que je ne me laisse pas écraser par le nombre, je suis moi aussi une puissance. Et mon pouvoir est redoutable tant que je puis opposer la force de mes mots à celle du monde, car celui qui construit des prisons s’exprime moins bien que celui qui bâtit la liberté »  ( Stig Dagerman )
Homme libre, tu le fus, toujours, traversant les chemins rocailleux, la colère en bandoulière et la lumière pour ultime horizon. Dans le regard, ce désir ardent d’abattre les murailles des geôles, de couper les fers de l’oppression et de l’aliénation. Combat harassant et  ardu, tel fut le tien, contre toutes les entraves à la pensée libre et souveraine, contre les chaînes invisibles, mais bien lourdes du conformisme et du conservatisme, contre l’immobilisme et le défaitisme.

Tu te battis contre les ténèbres, les bonimenteurs, les discoureurs aux paroles futiles, contre les illusionnistes aux  mirages dévoreurs, contre les bourreaux qui flagellent la liberté avide de soleil et de terres fertiles. Contre les mots qui ronronnent, insipides et fastidieux, tu brandissais des phrases de feu, ciselées au fer rougi, ce langage enflammé qui fut le tien, pétri de ferveur, d’humour et de rébellion. Tes pages furent le lieu de ton combat, sans cesse renouvelé. Une plume acérée, jetée dans l’encre épaisse des jours de révolte, à l’écume coléreuse. Lorsque la réalité devenait insupportable, intolérable, je voyais ton front s’assombrir, les mots courir sur tes lèvres, fuyants et espiègles. Tu les poursuivais, les dénudais, les retenais, t’y agrippais, saisissais le meilleur au bout de ta plume triomphante et en étalais la splendeur sur ta page blanche, bientôt remplie des graffitis que toi, seul, savais déchiffrer et décrypter. Je me suis toujours extasiée sur cette écriture fine et délicate, posée sur des bouts de papiers essaimés sur le bureau à l’ordre improbable. Tu souriais malicieusement et me parlais « de désordre organisé ».

Quand tu devenais silencieux, toi, l’amoureux des mots, qui  m’inondais de paroles, je savais qu’un texte te trottait dans la tête, qu’une idée cheminait derrière les rides d’un front, devenu, soudain, soucieux. Mais rares étaient tes silences tant tu aimais la musique des mots. Tu les éveillais de leur torpeur, les habillais de colère et d’enthousiasme, domptais leur désobéissance, parfois, et les éclairais. L’enfantement pouvait durer des jours, mais la délivrance, vécue dans la douleur, illuminait ton sourire. Je relisais la merveille, sous ton regard inquisiteur, discutais d’un mot, d’un titre et finis par avouer mon envoûtement. Ainsi la traque des mots est-elle devenue notre sport favori.

Discret jusqu’au bout, tu ne parlas jamais de tes combats pour les damnés de la terre, les rejetés, les discriminés, les laissés pour compte, les abandonnés, les oubliés. Jamais, tu ne dévoilas ces pans d’une vie de lutte pour les belles causes, celles qui nous transcendent, nous donnent le feu sacré. Mais, tous te reconnaissent la fidélité à des principes inébranlables et un engagement fougueux. Ton combat de syndicaliste, pendant les années de braise fut laborieux et rude, mais jamais, tu ne t’agenouillas, jamais tu n’abandonnas, le front fier et la parole libre. Des batailles furent perdues, jamais le désir de se battre, persuadé que le chemin était long, tortueux et torturé, parsemé d’épines. D’autres furent plus prometteuses. Ce 14 Janvier fut glorieux. Fatigué, tu battus le pavé qui résonnait du bruit assourdissant de nos pas et de la clameur libératrice. A 13h 30, tu rentras à la maison, non sans m’avoir fait cette belle confidence «  Je suis heureux d’avoir vécu ce jour ! ».  Cela te donna des ailes, de la vigueur et des étoiles dans le regard. Tu passas des heures à discuter, à analyser, à mesurer les futures espérances. Le 23 Octobre, tu exhibas avec fierté et bonheur ton doigt enduit de bleu azur.

Ton dernier combat fut long, douloureux et pénible contre le temps que tu appréhendais différemment, non plus en durée, car ce qui comptait était l’instant, la fulgurance d’une seconde, un moment fugace, l’éclair d’un instant. Une conversation à bâtons rompus avec un ami, une phrase bénie attrapée au vol, l’envol d’un papillon de nuit, le bruissement d’une feuille, la voix chaude d’un intime, le rire de ta fille, cristallin et limpide, l’arbre qui, derrière ta fenêtre explosait de fleurs. Tu aurais pu écrire comme Stig Dagerman « Il n’existe pour moi qu’une seule consolation qui soit réelle, celle qui me dit que je suis un homme libre,… un être souverain à l’intérieur de ses limites. ». Tu sus créer de l’espérance et de la beauté à partir de ce désespoir que tu taisais. Tes mots planent, désormais, lucioles d’argent, au-dessus de la voie lactée.

Tu transmis à des générations ta part de rébellion et de merveilleux, fébrile et déterminé à passer la main à ces jeunes qui t’adorèrent et t’adulèrent. Semences généreuses d’un printemps splendide, même si des orages nous guettent. Tu étais persuadé qu’il n’y aurait ni renonciation, ni capitulation et que la nuit  n’était qu’une passerelle entre deux jours. Les saisons ont été douloureuses, mais « le miracle de la libération » t’a porté «  comme une aile » vers ces contrées verdoyantes où tu survis. Tu as atteint, serein, l’inaccessible étoile, inondé de lumière.

Tounès Thabet
Journal "Le Temps"- 21.08.2012



Merci à tous qui se sont associés à notre douleur suite au décès de Fatah : La Rédaction du journal «  Le Temps », tous les collègues, les amis et compagnons de route de Tunisie, de France, d’Allemagne, de Vienne, du Liban, de Jordanie, de Libye. (Tounès Thabet)

___________________

Du même auteur sur ce blog:

Ami, si tu tombes...

 

Au même sujet sur ce blog:

A Fatah qui ne nous a pas quittés

 

Au sujet de Tounès Thabet sur ce blog:

Tounès Thabet, ou la Fée tisserande d'espérance

 

 

 

 

 


jeudi 7 juillet 2011

Elle s'appelle Fatiha, lui Claude

"Ô gens! Vous êtes tous d'Adam et Adam a été créé de poussière. Aucun Arabe ne doit être préféré à un non-Arabe sauf en vertu de sa piété" (Mohamed - Le Sermon d'Adieu)

"Se battre et aimer. Aimer à s'en rompre le cœur." (Abdellatif Laâbi - Le règne de barbarie -Seuil 80)



Les prénoms ont beau décliner chacun son épiderme et son idiome, il fait bon citer
Claude et Fatiha géminés. Au Nord comme au Sud, en latin comme en arabe, en commençant par le petit nom masculin ou par son pair féminin, quel que soit le mode d'alliage ou d'hybridation(1) il en résultera toujours une consonance peu commune qui dépayse agréablement autant qu'elle berce. Et comme un philtre subtil dont le bouquet réveille la terre et son magma originel, la synthèse de ces deux herbes exotiques issues chacune de son terroir, leur mixture sonore, alchimie du verbe, fait patiner l'un vers l'autre les continents!

Il est des mystères, des mouvements gravitaires, des glissements de terrains dont le ressort dépasse la simple mécanique de la géologie!


A un moment où les autoroutes terrestres, saturées, ne mènent guère plus loin que le nombril des États ou des conglomérats économiques, où les voies maritimes et aériennes sont plus faciles d'accès aux nuées de requins et de faucons qu'aux messagers de paix, de par leur heureuse union Fatiha et Claude viennent de tracer dans le ciel et la mer, lumineux et propice à l'espérance, un pontifex entre l'Orient et l'Occident, un pont flottant à l'honneur de l'alliance des peuples, une autoroute intercontinentale que seule la diplomatie des cœurs est capable de réaliser, et à si peu de frais.

Claude et Fatiha ont célébré leur mariage ce 25 juin 2011 à Bruxelles.

J'ai beau vivre sur la rive sud de la Méditerranée, au moment de cette union j'ai cru percevoir la voix de Dieu bénissant en arabe et en latin l'union des mariés. J'aurais même vu côte à côte Mohamed et Jésus parmi les invités. Et des myriades d'anges planer par dessus le couple, se congratulant dans une poignante émotion. Pour les hommes que nous sommes. Pendant que l'Orient et l'Occident, tout aussi saisis, s'étreignent autour du couple heureux. J'ai cru voir cela dans cet instant solennel où l'échevin déclare mari et femme Claude et Fatiha.
"J'ai maintenant à mes côtés - et de ce côté de la rive - une perle d'Orient, si intense et si vive qu'elle éclaire les jours parfois bien gris de mon pays...parler de racisme, de xénophobie, d'islamophobie c'est une chose ! le vivre, au plus proche, le subir chaque fois que nous nous baladons dans Bruxelles : c'est autre chose! parfois nous aimerions nous promener sous globe...mais en même temps nous recevons tant de messages de sympathie que cela en devient étrange...quelle époque !"

Quand j'ai lu ces mots, j'ai deviné à peine la petite inflexion marquant la voix au moment où celle-ci évoque
la grisaille belge. Quand bien même cette inflexion donnerait à penser qu'elle s'étire un peu. C'est que la perle d'Orient, ou la tendresse qui déborde de cette périphrase avait dissout dans son éclat la note quelque peu amère qui suivait.

Je recevais de Claude Zylmans ce message le jour de mon anniversaire. Et c'était aussi le jour où je découvrais ces splendides photos(2) immortalisant son mariage. Je ne pouvais espérer meilleur cadeau pour la circonstance.
 


"Ô hommes! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle; et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux. » Coran 49.13.



A. Amri
07.07.2011



1- Il convient de rappeler quelques interférences d'ordre à la fois
sémantique et onomastique entre ces deux prénoms. Les connotations spirituelles liées au prénom Fatiha sont évidentes pour les arabophones: elles rappellent, entre autres, la sourate coranique du même nom, lequel signifie "celle qui ouvre, inaugure [le Coran]". Cette sourate ponctue les cinq prières quotidiennes du musulman, les cérémonies de fiançailles et de mariage, les prières funèbres, etc.
D'autre part, Fatiha signifie aussi en arabe "conquérante", du "fath" (conquête religieuse qui permet de rallier à la nation musulmane le pays conquis).
Le prénom Claude quant à lui, même s'il n'a pas de connotation religieuse chrétienne, de par son origine latine a été consacré parce qu'il "offrait la possibilité de communiquer avec l'au-delà". Très répandu depuis l'Antiquité dans l'Empire romain, il fut porté par les empereurs de la dynastie julio-claudienne comme Néron, Claude et Caligula. Il fut porté aussi par un grand nombre de saints des premiers siècles de la chrétienté, dont Saint Claude mort en 703 et dont on a retrouvé intact le corps, dit-on, cinq siècles plus tard au monastère de Condat.

2- Publiées avec l'aimable autorisation de
Sergio Bianchini que nous remercions du fond du cœur.

Elle sappelle Fatiha, lui Claude

Les prénoms ont beau décliner chacun son épiderme et son idiome, il fait bon citer Claude et Fatiha géminés. Au Nord comme au Sud, en latin comme en arabe, en commençant par le petit nom masculin ou par son pair féminin, quel que soit le mode d'alliage ou d'hybridation(1) il en résultera toujours une consonance peu commune qui dépayse agréablement autant qu'elle berce. Et comme un philtre subtil dont le bouquet réveille la terre et son magma originel, la synthèse de ces deux herbes exotiques issues chacune de son terroir, leur mixture sonore, alchimie du verbe, fait patiner l'un vers l'autre les continents!

Il est des mystères, des mouvements gravitaires, des glissements de terrains dont le ressort dépasse la simple mécanique de la géologie!


A un moment où les autoroutes terrestres, saturées, ne mènent guère plus loin que le nombril des États ou des conglomérats économiques, où les voies maritimes et aériennes sont plus faciles d'accès aux nuées de requins et de faucons qu'aux messagers de paix, de par leur heureuse union Fatiha et Claude viennent de tracer dans le ciel et la mer, lumineux et propice à l'espérance, un pontifex entre l'Orient et l'Occident, un pont flottant à l'honneur de l'alliance des peuples, une autoroute intercontinentale que seule la diplomatie des cœurs est capable de réaliser, et à si peu de frais.

Claude et Fatiha ont célébré leur mariage ce 25 juin 2011 à Bruxelles.

J'ai beau vivre sur la rive sud de la Méditerranée, au moment de cette union j'ai cru percevoir la voix de Dieu bénissant en arabe et en latin l'union des mariés. J'aurais même vu côte à côte Mohamed et Jésus parmi les invités. Et des myriades d'anges planer par dessus le couple, se congratulant dans une poignante émotion. Pour les hommes que nous sommes. Pendant que l'Orient et l'Occident, tout aussi saisis, s'étreignent autour du couple heureux. J'ai cru voir cela dans cet instant solennel où l'échevin déclare mari et femme Claude et Fatiha.
"J'ai maintenant à mes côtés - et de ce côté de la rive - une perle d'Orient, si intense et si vive qu'elle éclaire les jours parfois bien gris de mon pays...parler de racisme, de xénophobie, d'islamophobie c'est une chose ! le vivre, au plus proche, le subir chaque fois que nous nous baladons dans Bruxelles : c'est autre chose! parfois nous aimerions nous promener sous globe...mais en même temps nous recevons tant de messages de sympathie que cela en devient étrange...quelle époque !"

Quand j'ai lu ces mots, j'ai deviné à peine la petite inflexion marquant la voix au moment où celle-ci évoque
la grisaille belge. Quand bien même cette inflexion donnerait à penser qu'elle s'étire un peu. C'est que la perle d'Orient, ou la tendresse qui déborde de cette périphrase avait dissout dans son éclat la note quelque peu amère qui suivait.

Je recevais de Claude Zylmans ce message le jour de mon anniversaire. Et c'était aussi le jour où je découvrais ces splendides photos(2) immortalisant son mariage. Je ne pouvais espérer meilleur cadeau pour la circonstance.
"Ô gens! Vous êtes tous d'Adam et Adam a été créé de poussière. Aucun Arabe ne doit être préféré à un non-Arabe sauf en vertu de sa piété" (Mohamed - Le Sermon d'Adieu)

"Se battre et aimer. Aimer à s'en rompre le cœur." (Abdellatif Laâbi - Le règne de barbarie -Seuil 80)

"Ô hommes! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle; et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux. » Coran 49.13.


A. Amri
07.07.2011


1- Il convient de rappeler quelques interférences d'ordre à la fois
sémantique et onomastique entre ces deux prénoms. Les connotations spirituelles liées au prénom Fatiha sont évidentes pour les arabophones: elles rappellent, entre autres, la sourate coranique du même nom, lequel signifie "celle qui ouvre, inaugure [le Coran]". Cette sourate ponctue les cinq prières quotidiennes du musulman, les cérémonies de fiançailles et de mariage, les prières funèbres, etc.
D'autre part, Fatiha signifie aussi en arabe "conquérante", du "fath" (conquête religieuse qui permet de rallier à la nation musulmane le pays conquis).
Le prénom Claude quant à lui, même s'il n'a pas de connotation religieuse chrétienne, de par son origine latine a été consacré parce qu'il "offrait la possibilité de communiquer avec l'au-delà". Très répandu depuis l'Antiquité dans l'Empire romain, il fut porté par les empereurs de la dynastie julio-claudienne comme Néron, Claude et Caligula. Il fut porté aussi par un grand nombre de saints des premiers siècles de la chrétienté, dont Saint Claude mort en 703 et dont on a retrouvé intact le corps, dit-on, cinq siècles plus tard au monastère de Condat.

2- Publiées avec l'aimable autorisation de
Sergio Bianchini que nous remercions du fond du cœur.

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