jeudi 17 novembre 2011

Yosri Trigui: exécution ou lâche assassinat?

En ce mercredi 16 novembre 2011, il est 6h du matin (heure de Baghdad) quand M.Fakher Trigui, résidant à Sfax (Tunisie), reçoit un premier appel téléphonique de la prison de Khadhimya à Baghdad. Ce sont des détenus tunisiens incarcérés à la même prison que son fils Yosri qui le préviennent que ce dernier a été sorti depuis peu de sa cellule et que selon toute vraisemblance on l'emmenait à l'échafaud.

Il n'est pas aisé de recevoir une telle information ni surtout de la digérer!
D'autant que quelques heures seulement plus tôt, dans la nuit, le père et le fils chattaient ensemble(1), que l'un et l'autre étaient plus confiants depuis une dizaine de jours, sachant que suite à l'intervention de M. Rached Ghannouchi(2), le premier ministre irakien en personne s'était engagé à faire réviser le procès de Yosri au lendemain de l'Aïd.
Cette promesse inespérée tombant à la veille de la fête a ressuscité un immense espoir chez la
famille du condamné et ses amis. Enfin, et après de rudes années de souffrances, il était permis d'espérer à bon droit que la révision promise conduirait à un non-lieu dans les deux crimes incessamment contestées par l'accusé. Et cet optimisme était d'autant plus légitime que le président par intérim M. Fouad Mbazaâ a adressé à son tour à son homologue irakien une demande d'amnistie en faveur de Yosri, que certains élus de la constituante, dont Me Mohamed Abbou, probable futur ministre dans le nouveau gouvernement de coalition, ont promis de se battre pour faire rapatrier Yosri et les autres détenus dans les prisons irakiennes.

M. Nouri Al Maliki, chef du gouvernement irakien, peut-il se permettre de manquer à sa parole, et dans une circonstance aussi grave que celle-ci? C'est vraisemblablement la question que M. Fakher Trigui a dû se poser quand, en ce jour fatidique, il a reçu ce premier coup de téléphone.

Une heure et demi plus tard, M.Fakher Trigui reçoit un deuxième appel venant d'un autre groupe de détenus et, cette fois-ci, on lui confirme l'exécution de son fils. Le père téléphone immédiatement à l'ambassadeur de la Tunisie en Irak pour vérifier. Ce dernier dément alors l'information et tente de rassurer le père en lui disant que si Yosri devait être exécuté, on l'aurait prévenu personnellement en sa qualité de représentant des intérêts tunisiens en Irak. Il ne s'agirait, dit-il, et il insiste là-dessus, que d'une fausse alarme. Le père demande alors au diplomate de contacter les autorités irakiennes pour
s'enquérir de source sûre à ce sujet et le prévenir dès que possible. Et l'ambassadeur lui promet de faire le nécessaire et l'appeler dès qu'il en saura plus.

Vers midi, le mouvement Ennahdha réussit à entrer en contact avec le ministère de la justice irakien et la sinistre nouvelle est alors confirmée.

Sans doute toujours incrédule, et il y a de quoi l'être, contactant de nouveau l'ambassadeur de la Tunisie en Irak, le père entend encore une fois ce dernier démentir catégoriquement la nouvelle et soutenir que c'était juste une rumeur.

Vers 16h45', c'est le ministère tunisien des Affaires étrangères qui téléphone au père pour confirmer l'exécution.

Le récit de M. Fakher Trigui apprenant la triste nouvelle


Pour les amis de Yosri Trigui comme pour sa famille, cette exécution en traître, et contre la parole donnée, est un lâche assassinat. Gloire au martyr et honte sur ses bourreaux!
Mes condoléances personnelles à tous les Trigui, et en premier lieu les parents et les trois frères du disparu, aux milliers d'amis sur internet qui ont soutenu cette famille éprouvée, cru ferme à l'innocence de Yosri et, à défaut d'avoir pu le sauver, réussi quand même à le réhabiliter aux yeux d'une bonne partie de l'opinion publique.

A. Amri
17.11.11


1- Je ne sais pas s'il s'agit de faveur accordée au condamné à mort ou si ce dernier a joui d'une certaine complaisance de la part de ses gardiens, néanmoins il semble que Yosri pouvait chatter aisément avec sa famille depuis plusieurs mois.

2- Selon un communiqué rendu public par un porte-parole du mouvement Ennahdha, vendredi 4 novembre 2011 le Premier ministre irakien a promis, suite à un entretien téléphonique avec Ghannouchi, de reporter l’exécution de Yosri Trigui le temps qu’il faut pour une entière révision de l’affaire.


Pour en savoir plus sur Yosri Trigui:
http://yosri.trigui.voila.net/

Quand les médias crachent sur Aaron Bushnell (Par Olivier Mukuna)

Visant à médiatiser son refus d'être « complice d'un génocide » et son soutien à une « Palestine libre », l'immolation d'Aar...