Détenu par les Américains à Camp Kropper de 2003 jusqu’en 2009, Yosri devait probablement à tant d'irrégularités flagrantes marquant ses interrogatoires et son procès le renvoi aux calendes américano-irakiennes de sa mise à mort.
En 2008, sursaut de conscience humaine chez l'occupant, on réexamine le procès de Abou Kodama le Tunisien. Et celui-ci est innocenté de tous les crimes qui lui ont été précédemment imputés. On retient seulement contre lui son entrée clandestine en Irak; et pour ce délit somme toute mineur mais devenu crime depuis l'entrée en vigueur de la loi contre le terrorisme, on le condamne à 15 ans de prison! Ni lui ni sa famille ne pouvaient espérer mieux car le pire était quand même épargné.
En 2010, alors que Yosri Trigui était depuis un an à la charge administrative irakienne, contre toute attente on décide de refaire son procès, et le refaire sur la base de l'acte d'accusation initial, sans tenir compte du réexamen fait par les Américains ni de la peine considérablement allégée. De surcroit, au mépris des principes juridiques élémentaires et universellement reconnus, le procès se déroule en l'absence de l'accusé et de son avocat. Le premier verdict injuste et sévère, la peine capitale, est de nouveau prononcé.
Le 30 juin dernier, le vice-président irakien a approuvé ce jugement. Et on apprend que quatre autres personnes, deux Libyens, un Marocain, un Saoudien, sont frappés par la même sentence. Celle-ci, selon la décision signée par le vice-président, serait exécutée par pendaison.
Début juillet, au cours d'un meeting organisé en Tunisie pour soutenir la cause palestinienne, M. Fakher Trigui, père du condamné, est intervenu pour défendre son fils. A travers la vidéo de cette intervention dont j'ai traduit un extrait que j'ai mis en ligne (1), le père du condamné voudrait d'abord éclairer l'opinion publique sur ce flagrant cas d'injustice et mettre les autorités (mais aussi l'ensemble des citoyens) face à leur responsabilité. Tout en revendiquant pour son fils les opérations militaires dirigées contre l'occupant américain, ce père plaide l'innocence du condamné dans tout acte à caractère terroriste (2).
"Je ne mendierai de secours à personne, souligne M. Fakher Trigui. Je ne vais implorer personne ni demander à personne quoi que ce soit."
Ce plaidoyer juste et sans la moindre tonalité emphatique, où la dignité et la fierté nous interpellent tout autant que le non-dit, mérite notre intérêt. Et une réaction citoyenne digne de ce cas de détresse des plus urgents.
A.Amri
25.07.11
Notes:
1- Cette vidéo est disponible aussi sur Youtube.
2- Les deux accusations majeures ayant fait le poids dans la sentence du premier procès sont: rapt et meurtre de la journaliste Atouar Bahjat et dynamitage du mausolée chiite de Samarra. Or les vrais coupables dans ces deux actes ont été arrêtés postérieurement (cf liens ci-dessous).
-------------------- Au même sujet:
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/lettre-yosri.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/la-bienveillante-attention-de-m-beji.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/blog-post_23.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/la-bienveillante-attention-de-m-recep.html
http://amriahmed.blogspot.com/2011/07/violette-daguerre-et-haytham-manna.html
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