Il y a des indignations sélectives qui indignent tout autant que ce qui peut les susciter, des réquisitoires à géométrie variable que la justice, celle digne de ce nom, ne peut d'aucune façon admettre.
Et si la guerre d'Ukraine (comme toute guerre ne pouvant qu'engendrer la mort et les malheurs) pouvait malgré tout prétendre à quelque "mérite", si minime soit-il, je crois que celui-ci serait d'avoir mis à nu encore une fois, pour l'énième rappel aux amnésiques de tout bord, ce deux poids deux mesures si haineux, si révoltant, qui semble vouloir nous persuader qu'il y aurait dans ce monde deux humanités distinctes: celle qui mérite notre compassion, notre appui, nos cris et nos écrits de solidarité, et celle qui ne devrait jamais figurer sur le point de mire de notre radar, sauf s'il s'avère nécessaire de la traquer depuis le ciel, de localiser à un dixième de millimètre près le trou où elle se terre, pour être sûr de larguer à bons droit et endroit et sans risque de gaspi, les bombes conçues par le génie éclectique à seule fin de "faire le bon débarras".
Quand je dis "deux humanités", je prie certains lecteurs de ne pas se méprendre sur le sens précis de celle qu'ils pourraient indument confondre ici à ces "Barbares" vivant loin de l'Europe, loin de l'Occident, et dont moi-même, hélas! je fais partie! Ce serait un outrage presque blasphématoire de corrompre le noble sens restreint de "humanité" pour y inclure de façon grotesque, utopiste, extrapolée, ceux qui végètent, à titre d'exemple, au sud de la Méditerranée. En Asie -excepté la seule citadelle de démocratie reconnue et qui police à merveille ses ennemis, dans les déserts et jungles d'Afrique ou dans celles de l'Amérique latine, il n'y a que des périls de toutes les couleurs qui pullulent, hélas! et menacent sérieusement l'avenir de l'humanité! Non, lecteurs, akarbi je n'oserais caser dans l'Espèce humaine celles et ceux qui, autrefois chez eux, étaient judicieusement interdits d'entrée, eux et les chiens, dans les cabarets de certaines colonies de l'Humanité, l'humanité à part entière, à l'époque maîtresse des dites concessions étrangères comme celles du Shanghai. D'autant qu'aujourd'hui-même, ces vieilles pancartes à tort appelées discriminatoires, l'humanité à part entière les honore sans complexe aucun par des hommages mémoriels des plus édifiant [*].
Padamalgame, chers lecteurs; je parle exclusivement de cette humanité susceptible d'être promue un jour, peut-être à moyen ou à long terme, au rang de celle, entièrement digne de ce nom, qui s'indigne à bon droit contre les crimes de Poutine.
Je parle d'Européens que leur peau, leur ADN, leur mitochondrie, leurs ovules et chromosomes, bref presque tout, assimilent à des Blancs. Mais dont le seul tort est d'avoir le cœur plus à gauche, ou à l'est, que les "Blancs normaux". D'où l'étiquette « mafia Judéo-Moscovite » dont ils sont épinglés en Ukraine. Et ce qui s'ensuit à leur encontre depuis près de 10 ans à l'est de ce pays.
Je parle de cette "sous-humanité" (puisqu'il faudrait l'appeler ainsi afin de ne pas couvrir les crimes de Poutine) qui a refusé de faire partie de l'UE, ce qui est un tort, évidemment, l'Humanité à part entière étant incapable de résorber ce qui ne lui appartient pas.
Je parle de ces 7,5 millions de russophones représentant 17,2% de la population d'Ukraine, que les très blancs, très purs et très aryens Petro Porochenko, Vitali Klitschko, Oleg Tiagnybok, Andriy Biletsky... leurs SVOBODA (sous diverses étiquettes), leurs Azovian, leurs frères héritiers du fascisme dont se réclamait Stephan Bandera, entre autres brigades arborant l’emblème de la division SS Das Reich et le Wolfsangel (la belle Croix gammée hitlérienne remise à la forme et au goût du jour), pourchassent depuis une décennie, nettoient au Kärcher selon l'expression française consacrée, avec sinon la bénédiction directe de leurs frères et amis en Europe de l'Ouest et aux USA, du moins la complaisance bienveillante de tous les chefs d’État du "monde libre". Ce même monde qui, tout en ayant la face encore empoussiérée de tant de "Tempêtes" contre les "États voyous" (je ne sais plus les compter), et les mains couvertes d'un henné de luxe tiré du sang d'autant de populations sacrifiées sur l'autel de la "démocratie", tente de nous persuader qu'en matière de "crimes de guerre", l'innommé "criminel du Kremlin" est le "nouvel Hitler" des temps modernes.
Quant à lui l'Ange aux mains si bien teintées de tant de couches indélébiles dudit henné, en matière de crimes contre l'humanité il serait plus vierge et immaculé, sauf votre respect, que la fille de joie édentée!
A. Amri
26. 03. 2022
* A l'époque des concessions étrangères en Chine, il y avait, à l'entrée de certains bars à Shanghai, des pancartes sur lesquels on pouvait lire: «Interdit aux Chinois et aux chiens». De nos jours, les nostalgiques de cette "belle époque" semblent vouloir remettre à l'honneur cet interdit, comme le suggère le roman du controversé auteur François Gibault, sorti en 1997, et qui reproduit mot à mot la fameuse pancarte discriminatoire.
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