«Un mensonge répété dix mille fois devient vérité.»
(Goebbels, Ministre de l'Éducation du peuple et de la Propagande du Reich)
Résumé
Encore une
fois, au nom du droit de la force, les pays occidentaux utilisent toutes
les options, même les plus répréhensibles, pour emporter l’adhésion des
citoyens panurgiens à qui on fait absorber ce que l’on veut grâce à des
médias dont on sait que, sur commande, en fonction des circonstances,
ils peuvent, selon l’objectif à atteindre, lécher, puis lâcher et enfin
lyncher sans état d’âme. Parmi les différents scandales que nous
rapportons et qui défient la morale et l’éthique, la dernière fausse
accusation concernant le Hamas, coupable d’avoir tué 40 bébés ! Nous
allons rappeler quelques exemples de manquement à l’éthique et à la
forfaiture érigés en règles cardinales.
Au vu du lourd déficit de
confiance et de tromperie sans vergogne, il est urgent de raison garder
et de rétablir constamment la vérité même si tout sera fait pour
l’enterrer par les médias mainstream qui trompent l’opinion en martelant
en boucle des contre-vérités. Naturellement, les premiers responsables
sont les États qui se disent dépositaires du magister moral, ce qui leur
permet de dicter les normes du bien et du mal. Si un jour le monde
multipolaire devient une réalité, le premier chantier planétaire à
mettre en œuvre sera celui de l’éthique.(1)
Comment les généraux israéliens ont préparé la conquête bien avant 1967
Juin
1967, une guerre de Six Jours qui n’en finit pas. De l’aveu même de ses
généraux, Israël n’était pas menacée de destruction en juin 1967, mais
l’état-major de l’armée avait depuis longtemps préparé son plan de
conquête de la Cisjordanie, de Jérusalem, de Ghaza, du Sinaï et du
Golan. Et il a imposé ce plan par un quasi-coup d’État contre le Premier
ministre Levi Eshkol et les membres de son gouvernement encore
hésitants à déclencher les hostilités.
«Deux jours après la fin de la
guerre de juin 1967, le Premier ministre israélien, le travailliste
Levi Eshkol, déclarait : ‘‘L’existence d’Israël ne tenait qu’à un fil.
Mais les espoirs des dirigeants arabes de l’anéantir ont été anéantis.’’
Cette thèse — qu’Israël était menacée de disparition, et sa population
avec — avait été à l’origine de la ‘’guerre préventive’’ que venait de
mener Israël contre ses voisins arabes. La thèse de la ‘’menace
existentielle’’ devint l’argument politique et diplomatique constant
d’Israël pour justifier son attaque. Pourtant, cinq ans plus tard, une
série de généraux israéliens allaient vigoureusement et publiquement
contredire cette assertion. L’ex-chef d’état-major adjoint, Ezer
Weizman, tirait le premier : ‘’L’hypothèse de l’extermination n’a jamais
été envisagée dans aucune réunion sérieuse’’ (Haaretz, 29 mars 1972).
Chaïm Herzog, ex-chef des renseignements militaires, lui aussi a déclaré
: ‘’Il n’y avait aucun danger d’annihilation. Le quartier général
israélien n’y a jamais cru.’’ (Maariv, 4 avril 1972). Enfin, le chef
d’état-major lui-même, le général Haïm Bar-Lev, successeur, enfonçait le
clou. ‘’Nous n’étions pas menacés de génocide à la veille de la guerre
des Six Jours, et nous n’avons jamais pensé à une telle possibilité’’.»
«Le
général Matti Peled, chef de la logistique, allait résumer de manière
radicale l’avis de ces généraux : ‘‘Toutes ces histoires sur l’énorme
danger que nous courions (…) n’ont jamais été prises en considération
dans nos calculs avant les hostilités. Lorsque, en 1972, ces généraux
levèrent le voile sur leurs motivations réelles pour déclencher la
guerre, celui qui était alors le chef de l’armée de l’air, le général
Mordechaï Hod, déclara : «Seize ans durant, nous avons planifié ce qui
s’est passé pendant ces 80 minutes initiales. Nous vivions avec ce plan,
nous dormions avec lui, mangions avec lui. On n’a pas cessé de le
perfectionner. Tous les cercles de l’état-major depuis quinze ans
avaient été éduqués dans l’idée que les frontières de l’État, telles
qu’issues de l’armistice signé en 1949 avec les armées arabes, étaient
‘‘indéfendables’’. En 1955, un an avant l’opération de Suez menée avec
les Français et les Britanniques, le chef d’état-major Moshé Dayan
expliquait qu’Israël n’aurait aucune difficulté à trouver un prétexte
pour lancer une attaque sur l’Égypte.(2)
Les massacres de Timisoara
En
décembre 1989, un massacre mis en scène à la télévision montre les
images du charnier de Timisoara. Pendant des semaines, la manipulation a
fonctionné. Personne n’a douté de leur authenticité ni du nombre de
morts : 4630 victimes du dictateur roumain Ceausescu. Saoudi Abdelziz en
parle : «(...) Rappelons-nous ces événements de décembre 1989 en
Roumanie. Des images mondialement diffusées en boucle, montrant des
cadavres de Roumains torturés, ont accéléré la fin d’un régime.
Ceausescu abattu, le Figaro révélait, le 30 janvier 1990, que les
cadavres étaient ceux de pauvres gens sortis de leurs tombes et
maquillés pour donner l’impression qu’ils ont été torturés. ‘’Le faux
charnier de Timisoara est sans doute la plus importante tromperie depuis
l’invention de la télévision’’, commente (…) Gérard Carreyrou, qui
après avoir vu de telles images, lançait sur TF1 un véritable appel à la
formation de brigades internationales pour partir ‘’mourir à Bucarest
(…) Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, des cadavres à
peine enterrés ou alignés sur les tables des morgues ont été exhumés en
vitesse et torturés pour simuler devant les caméras le génocide qui
devait légitimer le nouveau régime. Ainsi, la vérité et le faux
devenaient indiscernables et le spectacle se légitimait uniquement à
travers le spectacle.»(3)
Comment on fabrique des massacres médiatiques
On
ne peut ne pas être dubitatif concernant les vérité d’Évangile venant
de l’Occident qui nous a trop souvent habitués à des manipulations. Nous
allons décrire dans ce qui suit quelques «manipulations» restées sans
mea culpa, à défaut de sanction. Le summum de la manipulation est
représenté par l’intellectuel communautariste faussaire Bernard-Henry
Lévy qui a l’oreille des présidents français de gauche et de droite.
Ignacio Ramonet, ancien directeur du Monde Diplomatique, dans une
contribution remarquable, résume la stratégie de l’Empire et de ses
vassaux : «C’est l’histoire du voleur qui crie : ‘’Au voleur !’’ Comment
pensez-vous que M. George W. Bush intitula le célèbre rapport
d’accusation contre M. Saddam Hussein qu’il présenta le 12 septembre
2002 devant le Conseil de sécurité de l’ONU ? L’Irak, disait-il en
substance, entretient des liens étroits avec le réseau terroriste
Al-Qaida et menace la sécurité des États-Unis parce qu’il possède des
‘’armes de destruction massive’’ (ADM). Trois mois après la victoire des
forces américaines (et de leurs supplétifs britanniques) en
Mésopotamie, nous savons que ces affirmations étaient fausses. Selon Mme
Jane Harman, représentante démocrate de Californie, nous serions en
présence de ‘’la plus grande manœuvre d’intoxication de tous les
temps’’. M. Bush n’a pas hésité à fabriquer l’un des plus grands
mensonges d’État. En France, par exemple, elles furent reprises sans
vergogne par des personnalités comme Pierre Lelouche, Bernard Kouchner,
Yves Roucaute, Pascal Bruckner, Guy Millière, André Glucksmann, Alain
Finkielkraut, Pierre Rigoulot, etc. (…) Ces mensonges s’inscrivent dans
une longue tradition de mensonges d’État qui jalonnent l’histoire des
États-Unis. L’un des plus cyniques concerne la destruction du cuirassé
américain Maine dans la baie de La Havane en 1898, qui servit de
prétexte à l’entrée en guerre des Etats-Unis contre l’Espagne et à
l’annexion de Cuba, Porto Rico, les Philippines et l’île de Guam. (…)
Treize ans plus tard, en 1911, une commission d’enquête sur la
destruction du Maine devait conclure à une explosion accidentelle dans
la salle des machines. En 1964, deux destroyers déclarent avoir été
attaqués par des torpilles nord-vietnamiennes. Le président Lyndon B.
Johnson prend prétexte de ces attaques pour lancer des bombardements de
représailles contre le Nord-Vietnam. On apprendra plus tard, de la
bouche même des équipages des deux destroyers, que l’attaque dans le
golfe du Tonkin était une pure invention»…(4)
Dans le même ordre, la
guerre américaine au Vietnam s’est intensifiée après un faux rapport en
août 1964. Le président américain Lyndon Johnson a affirmé que des
torpilleurs nord-vietnamiens avaient lancé à deux reprises des attaques
non provoquées contre le destroyer américain Maddox dans le golfe du
Tonkin. Le Congrès a répondu en votant à Johnson les pleins pouvoirs
pour faire la guerre en Asie du Sud-Est. Il s’est avéré plus tard que le
Maddox revenait d’opérations secrètes contre le Nord-Vietnam et que la
deuxième attaque n’avait jamais eu lieu.
Ahmadinejad n'a jamais appelé à «rayer Israël de la carte»
Dans
un discours sur le sionisme, le président Ahmadinjad citait l'ayatollah
Khomeiny, le fondateur de la République islamique : «La phrase exacte
du discours d’Ahmadinejad était en effet : ‘’L’imam Khomeyni (fondateur
de la République islamique en 1979, NDLR) a dit que le régime occupant
Jérusalem disparaîtra un jour de la page de l’histoire’’.» «Ce régime
qui occupe Jérusalem doit disparaître de la page du temps» (en persan :
«een rezhim-e ishghalgar-e qods bayad az safheh-ye ruzgar mahv shavad».
La fausse citation a été propagée partout dans le monde, répétée des
milliers de fois dans les médias internationaux, Associated Press et
Reuters se réfèrent à la citation erronée, mot à mot, et quasi
quotidiennement. Le président George W. Bush a dit que les commentaires
d’Ahmadinejad représentaient une «menace explicite» de détruire Israël.
L’Iran «veut rayer Israël de la carte», nous ont-ils répété depuis des
années. Or, la phrase était une invention d’une officine israélienne de
désinformation, le centre Memri. Dès le lancement de la campagne
«Ahmadinejad veut rayer Israël de la carte», des traducteurs
indépendants s’étaient pourtant intéressés à la réalité des propos
prononcés en 2005, dans sa langue persane maternelle, par le Président
iranien fraîchement élu. Et on n’y trouvait pas trace de ce fameux
«rayer Israël de la carte». Le revirement est venu de deux responsables
israéliens en exercice — le ministre de la Défense Ehud Barak et le chef
d'état-major Benny Gantz — qui annonçaient publiquement que la
République islamique n'a pas décidé de se doter de la bombe atomique.
Une information en réalité connue depuis plusieurs années des divers
services de renseignement américains, mais aussi israéliens. «Le général
Gantz ne fait que répéter tout haut et publiquement ce que les
dirigeants militaires, y compris son prédécesseur, le général Gaby
Ashkenazi, n'ont cessé de dire aux politiques ces dernière années.»
Ainsi, dans une interview à Al Jazeera, reprise par le New York Times,
Dan Meridor, ministre israélien du Renseignement et de l'Énergie
atomique, a admis que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad n'avait
jamais prononcé la phrase «Israël doit être rayé de la carte». Le mal a
duré sept ans… avant l’aveu.(5)
L’affaire Jessica Lynch
Dans
le feu de l’action, tout est permis pour diaboliser l’adversaire par
tous les moyens. L’affaire Jessica Lynch est un cas d’école. Non
seulement tout ce qui a été écrit était faux : l’acte courageux des
chirurgiens irakiens qui l’ont sauvée est ignoré : «On se souvient,
écrit Ignacio Ramonet, que, début avril 2003, les grands médias
américains diffusèrent avec un luxe impressionnant des détails sur son
histoire. Jessica Lynch faisait partie des dix soldats américains
capturés par les forces irakiennes. (…) Une semaine plus tard, des
unités d’élite américaines parvenaient à la libérer au cours d’une
opération surprise. Malgré la résistance des gardes irakiens, les
commandos parvinrent à pénétrer dans l’hôpital, à s’emparer de Jessica
et à la ramener en hélicoptère au Koweït. Le soir même, le président
Bush annonça à la nation, depuis la Maison-Blanche, la libération de
Jessica Lynch. Selon les journalistes d’El Pais (du 7 mai 2003), leur
enquête auprès des médecins irakiens est confirmée par les docteurs
américains l’ayant auscultée après sa délivrance —, les blessures de
Jessica (une jambe et un bras fracturés, une cheville déboîtée)
n’étaient pas dues à des tirs d’armes à feu, mais simplement provoquées
par l’accident du camion dans lequel elle voyageait… Elle n’avait pas
non plus été maltraitée. Au contraire, les médecins avaient tout fait
pour bien la soigner : «Elle avait perdu beaucoup de sang, a raconté le
docteur Saad Abdul Razak, et nous avons dû lui faire une transfusion. Le
chirurgien irakien qui a sauvé la vie de cette soldate a remué ciel et
terre pour lui trouver du sang ‘’O’’ mettant à contribution un parent à
lui qui avait le même groupe. Heureusement, nous avons pu obtenir du
sang en quantité suffisante. Je pense que nous lui avons sauvé la vie.»
En assumant des risques insensés, ces médecins tentèrent de prendre
contact avec l’armée américaine pour lui restituer Jessica. Deux jours
avant ils avaient même conduit en ambulance leur patiente à proximité
des lignes américaines. Mais les Américains ouvrirent le feu sur eux et
faillirent tuer leur propre héroïne… Depuis deux jours, les médecins
avaient informé les forces américaines que l’armée irakienne s’était
retirée et que Jessica les attendait… Le docteur Anmar Ouday a raconté
la scène à John Kampfner de la BBC : «C’était comme dans un film de
Hollywood. Il n’y avait aucun soldat irakien, mais les forces spéciales
américaines faisaient usage de leurs armes. Ils tiraient à blanc et on
entendait des explosions.
Ils criaient : “Go ! Go ! Go !” c’était
une sorte de show, ou un film d’action avec Sylvester Stallone.
L’histoire de la libération de Jessica Lynch restera dans les annales de
la propagande de guerre. Leurs mensonges constituent, selon le
professeur Paul Krugman, ‘’le pire scandale de l’histoire politique des
États-Unis, pire que le Watergate, pire que l’Irangate’’.»(4)
On se demande pourquoi cette manipulation
Le
journal suisse le Temps donne une première réponse : «Un demi-million
de dollars, c'est toujours bon à prendre. Jessica Lynch aurait été folle
de refuser l'offre de Bogaards & Knopf : c'est la part que
l'éditeur new-yorkais a offert à la soldate de 20 ans pour raconter sa
brève guerre d'Irak, ses neuf jours de calvaire fin mars dans un hôpital
de Nassiriyah, et sa libération désormais – c'est le mot – légendaire.
Et elle prend ce qu’on lui donne. Qui pourrait le lui reprocher ? Car
depuis le début, l'éphémère Jeanne d'Arc de Nassiriyah vit entourée de
voleurs, qui ont dérobé son corps et sa vie. Le journal Le Temps
explique la manipulation pour remobiliser l’opinion publique : «Donald
Rumsfeld est-il le chef de la bande ? C'est en tout cas lui qui a
commencé. C'était le 1er avril. Le patron du Pentagone n'en menait pas
large : les colonnes blindées semblaient enlisées dans le sable irakien,
les généraux à la retraite l'accusaient d'avoir sous-estimé les moyens
nécessaires pour aller prendre Bagdad. C'était faux, mais les
Américains, dans leur salon, venaient à le penser. Il fallait faire
quelque chose pour renverser ce courant funeste. Ce fut Jessica Lynch.
Le soir même, toutes les TV américaines montraient le film que les
services de propagande de l'armée avaient tourné, le jour même, avec le
commando envoyé à Nassiriyah pour libérer la soldate, prisonnière
maltraitée, héroïne qui s'était battue jusqu'au bout.»(6)
L’affaire des armes de destruction massive
Les
opinions publiques sont convaincues que Saddam Hussein est le mal
absolu et que son armée est coupable de toutes les barbaries. Saddam
détiendrait des armes de destruction massive. L'opération de
désinformation a pleinement réussi. Pour l’histoire, des personnalités
américaines étaient contre la guerre. Pour Denis Kucinich, membre du
Parti démocrate, la guerre en Irak n’a pas été «une erreur» mais le
résultat d’une tromperie calculée. Le fait douloureux, cru est que l’on
nous a menti. Il est temps maintenant de le dire. La vérité sur l’Irak
était là, visible, mais ignorée. Il n’y avait pas d’armes de destruction
massive. Saddam Hussein n’avait rien à voir avec le 11 septembre. La
guerre n’avait pas pour but de libérer le peuple irakien. Je l’ai dit au
Congrès en 2002. Les millions d’Américains qui ont manifesté aux
États-Unis pour protester contre cette guerre connaissaient la vérité
mais furent dénigrés par les deux partis pour s’opposer au Président en
temps de guerre et même accusés de ne pas «soutenir les troupes». Des
milliers d’Américains et peut-être un million d’Irakiens ont été
sacrifiés pour ces mensonges. Dix ans plus tard, des milliards de
milliards de dollars se sont envolés, le peuple américain, dans son
ensemble, ignore toujours ce qui s’est passé.(7)
L’affaire Sakineh
À
l’évidence, ce qui intéresse BHL, véritable Panurge et ses «moutons»,
c’est comment porter tort à l’Iran. Thierry Meyssan décrit le «complot»
ourdi par BHL. Écoutons-le : «Récemment, l’essayiste Bernard-Henri Lévy a
alerté l’opinion publique sur le cas de Sakineh Mohammadi-Ashtiani,
condamnée à la lapidation en Iran. Le président Sarkozy a confirmé les
informations de Bernard-Henry Lévy lors de la conférence annuelle des
ambassadeurs de France. Il a déclaré que la condamnée était désormais
«sous la responsabilité de la France». Le Premier ministre François
Fillon est venu sur le plateau du principal journal de la télévision
publique pour manifester son émotion et sa solidarité avec Sakineh,
«notre sœur à tous». «Ayant à son tour signé cette pétition, le leader
du Parti antisioniste, Dieudonné M’bala M’bala, a été reçu par Ali
Zadeh, vice-président du Conseil de la magistrature et porte-parole du
ministère de la Justice. L’entretien aura été un modèle du genre. M.
Zadeh se demandant si son interlocuteur, humoriste de profession, ne se
moquait pas de lui en lui rapportant ses craintes. Tandis que M. M’bala
M’bala se faisait répéter plusieurs fois les réponses à ses questions
tant il avait du mal à croire avoir été manipulé à ce point. (…) Plutôt
que de diminuer le quantum des peines, la République islamique a choisi
d’en limiter l’application. Le pardon des victimes, ou de leurs
familles, suffit à annuler l’exécution des peines. Dans le cas Sakineh,
toutes les informations diffusées par Bernard-Henry Lévy et confirmées
par Nicolas Sarkozy sont fausses. Cette dame n’a pas été jugée pour
adultère, mais pour meurtre. Le vice-président du Conseil iranien de la
magistrature a déclaré à Dieudonné M’bala M’bala qu’il mettait au défi
ces personnalités sionistes de trouver un texte de loi iranien
contemporain qui prévoit la lapidation. (...) Le président Nicolas
Sarkozy ne peut invoquer quant à lui la négligence. Le service
diplomatique français, le plus prestigieux du monde, lui a certainement
adressé tous les rapports utiles. C’est donc délibérément qu’il a menti à
l’opinion publique française.»(8)
Les faux bébés koweïtiens
Lors
de l’invasion du Koweït par l’Irak, et pour emporter l’accord du
Congrès américain pour déclencher la guerre, une opération diabolique
était mise en œuvre : «Pour faire accepter, écrit Mireille Duteil, la
guerre du Golfe, on invente un massacre de nouveau-nés. Elle rapporte
une déclaration : ‘‘Je m’appelle Nayirah et je suis une jeune
Koweïtienne. J’ai vu les soldats irakiens entrer avec leurs armes dans
la maternité de l’hôpital de Koweit City. Ils ont arraché les bébés des
couveuses, les ont emportés et les ont laissés mourir sur le sol
froid.’’ Elle semble si sincère et si bouleversée (…) Les représentants
américains ignorent donc que sous le pseudonyme de Nayirah se cache la
propre fille de l’ambassadeur du Koweït aux États-Unis et qu’elle
participe à la machination montée par le Koweït et les États-Unis pour
faire accepter à l’opinion publique américaine et mondiale une future
intervention militaire. Elle aura lieu en janvier 1990. Le Koweït,
soutenu par le Pentagone et la CIA, a fait appel à une agence de
relations publiques, Hill and Knowlton, pour préparer les esprits à
l’indispensable guerre. Coût du contrat : 10 millions de $. Le New York
Times, le premier, rapportera des informations en provenance de
l’ambassade américaine au Koweït.»(9)
«Les représentants du Comité
des droits de l'Homme du Congrès américain écoutent ce témoignage
terrible. L'assistance est médusée devant cette barbarie gratuite de la
soldatesque irakienne. Nul ne demande, ce 10 octobre, à enquêter sur
l'identité du témoin. Elle semble si sincère et si bouleversée. D'autres
témoignages suivront jusqu'à la réunion du Conseil de sécurité des
Nations unies, le 29 novembre 1990. Les membres permanents du Conseil
doivent voter une résolution autorisant un éventuel recours à la force
militaire en Irak. Le président Bush a évoqué cette histoire à six
reprises au cours des cinq semaines suivantes comme un exemple des
méfaits du régime de Saddam Hussein. Lors du débat au Sénat sur
l’opportunité d’approuver une action militaire visant à forcer Saddam à
quitter le Koweït, sept sénateurs ont spécifiquement mentionné les
atrocités commises dans les couveuses. La marge finale en faveur de la
guerre n’était que de cinq voix. Ce n’est que près de deux ans plus tard
que la vérité éclata. L’histoire était un mensonge. La guerre était
terminée depuis longtemps.»(9)
Comment les médias ont menti sur les bébés décapités pour «justifier» les crimes de guerre israéliens
Nous
sommes en 2023, la même forfaiture à la manœuvre. C’est le média
israélien i24 qui a diffusé en premier cette information mensongère sur
les bébés décapités, 10https://pic.twitter.com/ukvKfeGeFp citant le
président du Conseil régional de Shomron et le vice-commandant de
l’Unité 71 de l’armée israélienne.(10) Elle a été propagée par le
Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou puis a été reprise par le
président américain Joe Biden. Jeudi, Netanyahou a répété devant le
secrétaire d’État américain Antony Blinken en visite en Israël que des
bébés juifs ont été décapités et incendiés. Pratiquement tous les
journaux britanniques ont rapporté cette semaine que les combattants du
Hamas auraient décapité 40 bébés lors de l’assaut du week-end
dernier.(11)
Mais quelques jours plus tard, aucune preuve ne vient
étayer cette affirmation. La Maison-Blanche a été contrainte de retirer
les propos tenus par le président Joe Biden. Il avait auparavant affirmé
avoir vu «des photos confirmées de terroristes décapitant des enfants»
en Israël. Un porte-parole a déclaré au journal Washington Post que
Biden n’avait pas vu de telles photos. Ils ont déclaré qu’il fondait ses
affirmations sur les allégations du Premier ministre israélien Benyamin
Netanyahou et sur les informations diffusées par la presse. «Presque
personne ne le dira, et le mal est fait de toute façon. Marc Owen Jones,
un chercheur basé au Qatar, a déclaré que ce rapport non confirmé avait
enregistré au moins 44 millions d’impressions, 300 000 likes et plus de
100 000 republications en 24 heures sur X (Twitter). C’est un mensonge
éhonté utilisé pour déclencher une guerre.»(11)
Rapport Goldstone, est-ce la fin de l’impunité d’Israël et de son inhumanité ?
«D’habitude,
on parle de tuer le messager qui porte la mauvaise nouvelle. Ici, il
s’agissait de tuer dans l’œuf le message avant même qu’il ne soit
entendu.» Le juge Goldstone est l’auteur du rapport accusant Israël. Fin
septembre 2009, un coup de tonnerre aux Nations unies est venu rompre
la monotonie des Nations unies. le rapport Goldstone sur ce qui s’est
passé à Ghaza. Ce brûlot est un réquisitoire unique, pour la première
fois dans l’histoire de la création par les Occidentaux de l’État
d’Israël, comme solde de tout compte de Juifs massacrés en Europe. La
mission d’enquête n’eut pas la tâche facile, Israël ayant refusé de
coopérer.
Le rapport constate que «les forces armées israéliennes ont
une capacité significative à effectuer des frappes de précision (...)
Compte tenu de la capacité de planifier, des moyens d’exécution des
plans en utilisant la technologie la plus poussée qui soit, et des
communiqués des militaires israéliens affirmant qu’il n’y eut presque
aucune erreur, la mission conclut que les incidents et la configuration
des événements examinés dans le rapport sont le résultat d’une
planification et de décisions politiques délibérées. Tapis au fond des
presque six-cents pages du rapport Goldstone, quatre paragraphes
traitent des armes utilisées par Israël contre les Ghazaouis. Ils
parlent du phosphore blanc, «qui doit être interdit». «La mission a
également reçu une information qui prétendait que l’analyse d’un filtre à
air d’une ambulance qui roulait dans la région de Beit Lahia pendant
les opérations militaires montrait des niveaux inhabituellement élevés
d’uranium non appauvri et de niobium dans l’air.»(12) (13)
Conclusion
On l’aura compris, le rapport Goldstone est passé à la trappe et Israël n’a pas été jugé pour les massacres de masse à Ghaza. Le massacre de 2023 va s’ajouter à la longue douleur du peuple palestinien. Dans un article très à propos, François Brousseau écrit : «Pour réussir en politique ou dans la guerre, mentez avec assez d’aplomb, et avec suffisamment de relais qui répéteront votre mensonge. Pourtant… chaque époque a sa façon de reformuler des réalités qui existaient déjà, et les concepts pour les décrire. Bien qu’apocryphe ou inexacte, la citation de Voltaire ‘’mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose’’ est connue. De la même époque (années 1910) date la citation du politicien américain Hiram Johnson : ‘‘La vérité est la première victime de la guerre.’’ Tout ça pour dire que l’usage du mensonge en politique ou dans la guerre (sa continuation ultime et souvent funeste) ne date pas d’hier. L’outrance réitérée ad nauseam sur Facebook et Twitter (éléments de nouveauté dans la diffusion de masse) donne une vitalité sans précédent au mensonge. Le critère de vérité, le critère factuel, la discussion et la démonstration comme méthodes sont déclarés nuls et non avenus, brutalement expulsés. Fin de la démocratie, triomphe des menteurs ? La question n’est pourtant pas nouvelle.»(14)
C'est constamment le «coup d'État permanent» et la stratégie de la tension vis-à-vis des pays qui ne rentrent pas dans le rang. Est-ce là des pays qui se disent respectueux des droits et de l’éthique? «Est-ce ainsi que les hommes vivent ?» pour citer Aragon.
C. E.
Chems Eddine Chitour (Professeur à l'Ecole polytechnique d'Alger)
21 octobre 2023, in Le Soir d'Algérie
Notes
1. https://www.mondialisation.ca/la-manipulation-des-faits-un-savoir-fair... cron=1697363613.3936579227447509765625
2. Sylvain Cypel https://orientxxi.info/magazine/comment-les-generaux-israeliens-ont-pr...,1892 13 juin 2017
3.Saoudi Abdelaziz https://blogs.mediapart.fr/saoudi-abdelaziz/blog/230813/comment-fabriq...
4. Ignacio Ramonet Armes d’intoxication massive Mensongesd’Etathttps://www.monde-diplomatique.fr/2003/07/ RAMONET/10193 juillet 2003
5 Armin Arefihttps://www.lepoint. fr/ monde/iran-ahmadinejad-n-a-jamais-appele-a-rayer-israel-de-la-carte-26-04-2012-1455392_24.php
6. https://www.letemps.ch/societe/vie-volee-soldat-jessica-lynch 15 novembre 2003
7.https://www.huffpost.com/entry/stop-calling-the-iraq-war_b_5499375
8.https://www.palestine-solidarite.org/analyses.Chems-Eddine_Chitour.270910.htm
9.Mireille Duteil https://www.lepoint.fr/societe/les-faux-bebes-koweitiens-16-08-2012-16... 16/08/2012
10.
Socialist Worker https: //reseauinternational
.net/comment-les-medias-ont-menti-sur-les-bebes-decapites-pour-justifier-les-crimes-de-guerre-israeliens/15
octobre 2023
10https://pic.twitter.com/ukvKfeGeFp
11.https://reseauinternational.net/bebes-juifs-decapites-cnn-sexcuse/ 14 octobre 2023
12.RobertJamesParson : Le Courrier http://www.lecourrier.ch/index.php?
13. https://www.
lexpressiondz
.com/index.php/chroniques/l-analyse-du-professeur-chitour/est-ce-la-fin-de-limpunite-disrael-et-de-son-inhumanite-69853
14.https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/487422/l-ere-du-faux