"Au moment venu, quand les hommes idiots auront fini de s'achever les uns les autres par leur force de brutes, les Enfants du Vent descendront des montagnes du Tibet pour devenir la source d'une nouvelle vie sur terre."
En Europe, jusqu'aux années 70 du siècle dernier, selon les pays où ils séjournent ou qu'ils traversent ils s'appelaient Gypsies(Grande Bretagne), Zigeuner (Allemagne), Tsigani (Russie), Gitans, Tsiganes, Manouches, entre autres, (France)...Puis dès le congrès mondial tzigane tenu à Londres en 71, c'est sous le nom de Roms que la communauté d'origines disparates a décidé de s'unifier.Dans le monde arabe, les Roms s'appellent Ghajars(1). On présume que le terme est d'origine turco-persane qui signifie "nomades" (Gocher). Mais compte tenu des découvertes linguistiques faites depuis Gibson, il paraît plus probable que ce mot dérive d'une étymologie hindie, vraisemblablement du gujarati (langue officielle du Gujarat).
Stylistiquement parlant, dans les emplois littéraires et artistiques arabes le mot est plutôt bien famé(2). Ghajar غجر, substantif, et l'adjectif ghajari غجري sont exclusivement de connotation méliorative. Sous la plume des poètes, ils suggèrent souvent la beauté irrésistible, un charme exotique, en même temps que la liberté. Comme les termes maures, mauresques dans l'imaginaire des humanistes et des orientalistes d'une certaine époque, là où ils s'emploient c'est surtout pour valoriser l'image qui leur est associée et faire rêver(3).
Et cependant, en quelque lieu où qu'ils puissent se trouver, les Ghajars arabes revendiquent rarement ce joli nom. Eux, quand on leur demande de décliner l'identité et d'éclairer leurs origines, ils puisent dans leur propre rhétorique pour se présenter à leur façon, plutôt sibyllins mais non sans fierté, malgré la précarité de leurs conditions sociales au fil des temps. Fils de la route, Témoins du Temps, Enfants du Vent: c'est sous de telles périphrases, entre autres, brodées au fil de la poésie et berçant l'imaginaire, que les Ghajars aiment à s'appeler.
Fait frappant que rapportent tous ceux qui ont tenté de reconstituer leurs origines parmi les chercheurs arabes, les Ghajars sont peu communicatifs quand ils sont abordés par des Gadjis. Leurs propos sont évasifs; ils n'aiment pas "collaborer"; l’entretien du mystère à leur sujet semble une règle d'usage commune. Si bien que tout ce qui se dit et s'écrit à propos de leur passé lointain, si rigoureux et objectif puisse-t-il être, reste constamment, à notre sens, en deçà de ce qui pourrait faire une histoire ghajarie. Écrite par les Gadjis, cette histoire serait à l'image des annales et chroniques colonialistes. Forcément partisane et suspecte quand bien même elle tente d'appréhender le colonisé dans sa réalité brute. Forcément instrumentalisée au profit d'une idéologie dominante, ou du moins portant le sceau d'une doxa qui renvoie incessamment au monde du colonisateur, et jamais à celui du colonisé.Compte tenu de l'incessante mobilité d'une bonne partie de la communauté ghajarie, on ignore le nombre exact de Roms dans le monde arabe. Comme presque partout ailleurs. Mais ils se comptent par dizaines de milliers en Irak, en Syrie, en Jordanie et en Égypte surtout. On en trouve quelques milliers en Palestine aussi et dans les pays du Maghreb, quoique dans ces derniers, de par la sédentarisation généralisée, ils se soient intégrés aux populations autochtones bien avant l'indépendance.
Si beaucoup de Ghajars sont musulmans et certains ont contribué par les armes, depuis l'aube de l'islam, à la défense de leur religion(2), selon une étude faite par Mondher Hayek et Darem Tabaâ(3), cela ne concernerait que les sédentaires. Les nomades quant à eux, la plupart ne s'identifient à aucune religion. En même temps, nomades ou sédentaires, les Ghajars arabes n'auraient pas été que des ombres errantes dans l'histoire du monde arabe. Outre leur participation à la guerre contre Erredda (apostasie) qui a suivi la mort du Prophète, on leur impute une certaine part dans un bon nombre de dissensions politiques, notamment sous le califat abasside. Quoique la politique fût loin de leurs préoccupations majeures, dans la plupart des révoltes que connut le monde arabe antique on les soupçonnait d'être souvent dans le rang des rebelles. Que ce soit avec les Zinjs en Irak, les Karmates au Bahrein, ou les dissidents du califat abasside en Egypte, les Ghajars eurent à payer le tribut de leur opposition, réelle ou présumée, au pouvoir(4). Et ce facteur a dû contribuer à leur éparpillement historique, puisqu'ils devaient fuir autant la répression politique que l'oppression des sociétés sédentaires.
Mais quand au juste, et pourquoi, les Ghajars sont devenus Fils de la route, Témoins du Temps, Enfants du Vent? Voici la réponse de Hamza Al-Asfahani, historien musulman du Xe siècle.
Selon Hamza Al-Asfahani (893-962), les Ghajars sont d'origine hindoue, de Bihar plus précisément. D'après ce chroniqueur persan(5), c'est au 5e siècle de notre ère que commence l'histoire des Ghajars en tant que peuple nomade.
Aux origines de ce nomadisme atavique un contrat de travail à caractère festif qui aurait "débauché" singulièrement cette communauté. En voici les détails.
Bahrâm Ghûr, roi des Perses, était un souverain qui aimait la poésie courtoise, le vin et la musique. En cela, il ne se distinguait pas tellement de ses pairs en quelque temps et lieu soient-ils, souvent plus enclins à la vie de plaisirs qu'à la rigueur de la conduite et aux soucis de gouvernance. Néanmoins il faut rendre à Bahrâm Ghûr cette justice qu'il se voulait égalitaire dans le domaine des joies, ayant institué la fête comme mode de vie partagé par l'ensemble de ses sujets. Pour ce faire, il a décrété d'abord une loi qui limitait le temps de travail à la matinée. Le reste de la journée devait servir à la détente collective où la musique et les amusements tenaient une place privilégiée.
Mais pour que ce décret soit réellement suivi, il fallait donner au peuple les moyens pour l'appliquer. Un jour qu'il se promenait dans sa capitale pour faire en quelque sorte l'état des lieux, il a vu une assemblée où l'on buvait sans musique. S'étant enquis sur la raison pour laquelle on profanait ainsi le vin et la détente, on lui répondit que les musiciens étaient rares au royaume et qu'il fallait surtout les payer. Bahrâm Ghûr écrivit alors à son beau-père, le roi de Bihar, demandant qu'on lui recrutât en Inde le plus grand nombre de musiciens. Et le beau-père lui envoya pas moins de douze mille, entre chanteurs et musiciens, accompagnés de leurs femmes et enfants.
"Vous allez divertir mes sujets, leur dit Bahrâm Ghûr, égayer les après-midi et nuits de mon royaume dans toute son étendue. En échange de quoi, vous obtenez pour chaque famille un lopin de terre, un bœuf et un âne, des victuailles couvrant les besoins d'une année et des semences suffisantes pour vos terres." Et le contrat fut ainsi conclu.
Chaque jour, dès la fin de la matinée, la Perse entière s'adonnait aux joies de la fête collective. Ces Hindous firent le bonheur des Persans. Et la musique, la chanson, la danse devinrent art de vivre commun. Néanmoins, les contractuels avaient manqué à une clause implicite dans leur pacte avec le souverain. Au lieu de consacrer une part de leur temps au travail de la terre, car les semences et les bœufs distribués les engageaient à travailler dans la matinée, ces Hindous s'étaient adonnés exclusivement à la fête. Et épuisant leurs victuailles, ils ont consommé leurs semences et les bœufs destinés au labourage. Si bien qu'au bout de l'année, ayant épuisé leurs vivres, ils sont allés réclamer d'autres bêtes et victuailles au roi.
Cette démarche, jugée incongrue par le souverain et contraire au pacte conclu, fut lourde de conséquences pour les artistes hindous. Bahrâm Ghûr refusa de leur donner quoi que ce soit et les chassa sans ménagement de la Perse. Et c'est ainsi que va commencer pour ces milliers d'artistes et leurs familles une ère d'errance sans fin. Ils durent s'éparpiller en trois groupes. Le premier émigra vers la Syrie, l’Égypte et l'Afrique du Nord. Le deuxième s'est réparti entre l'actuelle Géorgie, l'Arménie et la Grèce. Alors que le troisième a rejoint la Turquie puis atteint le centre et l'ouest de l'Europe, pour se concentrer surtout au Portugal et en Espagne.
Telle serait la genèse du nomadisme des Ghajars selon Hamza Al-Asfahani.
A.Amri
28.08.2011
1-Selon Lotfi Khourian, gypsologue irakien, le mot arabe غجر (ghajar) vient du mot turc Gocher, lui même issu du persan et qui signifie "nomades".
2- Le présupposé de cette expression n'échappe pas aux initiés, cela va de soit: à partir du moment où l'on souligne ce trait, on laisse entendre qu'en dehors du contexte littéraire la réalité pourrait être tout autre. Ce n'est pas notre propos et nous y reviendrons.
2- C'est notamment le cas des Zotts الزط qui se sont battus sous la bannière de l'Imam Ali Ibn Abu Talab (cousin et gendre du Prophète) contre le mouvement d'apostasie حركة الردة qui a eu lieu à la mort du Prophète.
3- Étude parue en Syrie sous le titre الغجر الرحالة الظرفاء المنبوذون (Roms, ou ces galants voyageurs parias).
4- C'est surtout dans la révolte spécifiquement ghajarie connue sous le nom de la révolte des Zotts (816-834) qu'ils sont directement entrés en conflit avec le pouvoir central de Bagdad.
4- Hamza el-Isfahanî (Ibn el-Hasan). - Chroniqueur persan, né, comme son nom l'indique, à Ispahân dans la première moitié du Xe siècle (IVe de l'hégire). Sa vie est peu connue. On sait qu'il séjourna dans plusieurs villes de l'Orient musulman, telles que Meragha, Hamadân, Bagdâd. Il écrivit en arabe plusieurs livres d'histoire, dont un seul nous est parvenu. Nous n'avons pas sa Vie des hommes illustres (Tarikh kibâr el-Bachar), ni son Livre d'Ispahân (Kitâb Isfahân), mais il nous reste ses Annales des Rois de la terre et des Prophètes (Kitâb Mouloûk el-Ard oua'l-Anbiyâ'). Cet ouvrage est le premier dans la littérature de langue arabe où l'auteur ait tenté d'écrire une histoire universelle basée sur un système de chronologie comparée. Les dix livres qu'il contient mentionnent les annales des Perses, des Ptolemées, des empires de Rome et de Byzance, des Grecs, de l'Egypte ancienne et moderne, du peuple d'Israël, de Hira, de Himyar et des Qoraichites, tribu à laquelle appartenait Mohammed et plusieurs califes. Le texte de cette histoire intéressante a été publié, avec une traduction et des notes en latin, par Gottwaldt sous ce titre : Hamzal Ispahanensis Annalium libri X (Petropoli Lipsiae MDCCCXLIV). (Arthur Guy). Source de la notice biographique
Dit ghajari
En Europe, jusqu'aux années 70 du siècle dernier, selon les pays où ils séjournent ou qu'ils traversent ils s'appelaient Gypsies(Grande Bretagne), Zigeuner (Allemagne), Tsigani (Russie), Gitans, Tsiganes, Manouches, entre autres, (France)...Puis dès le congrès mondial tzigane tenu à Londres en 71, c'est sous le nom de Roms que la communauté d'origines disparates a décidé de s'unifier.Dans le monde arabe, les Roms s'appellent Ghajars(1). On présume que le terme est d'origine turco-persane qui signifie "nomades" (Gocher). Mais compte tenu des découvertes linguistiques faites depuis Gibson, il paraît plus probable que ce mot dérive d'une étymologie hindie, vraisemblablement du gujarati (langue officielle du Gujarat).
Stylistiquement parlant, dans les emplois littéraires et artistiques arabes le mot est plutôt bien famé(2). Ghajar غجر, substantif, et l'adjectif ghajari غجري sont exclusivement de connotation méliorative. Sous la plume des poètes, ils suggèrent souvent la beauté irrésistible, un charme exotique, en même temps que la liberté. Comme les termes maures, mauresques dans l'imaginaire des humanistes et des orientalistes d'une certaine époque, là où ils s'emploient c'est surtout pour valoriser l'image qui leur est associée et faire rêver(3).
Et cependant, en quelque lieu où qu'ils puissent se trouver, les Ghajars arabes revendiquent rarement ce joli nom. Eux, quand on leur demande de décliner l'identité et d'éclairer leurs origines, ils puisent dans leur propre rhétorique pour se présenter à leur façon, plutôt sibyllins mais non sans fierté, malgré la précarité de leurs conditions sociales au fil des temps. Fils de la route, Témoins du Temps, Enfants du Vent: c'est sous de telles périphrases, entre autres, brodées au fil de la poésie et berçant l'imaginaire, que les Ghajars aiment à s'appeler.
Fait frappant que rapportent tous ceux qui ont tenté de reconstituer leurs origines parmi les chercheurs arabes, les Ghajars sont peu communicatifs quand ils sont abordés par des Gadjis. Leurs propos sont évasifs; ils n'aiment pas "collaborer"; l’entretien du mystère à leur sujet semble une règle d'usage commune. Si bien que tout ce qui se dit et s'écrit à propos de leur passé lointain, si rigoureux et objectif puisse-t-il être, reste constamment, à notre sens, en deçà de ce qui pourrait faire une histoire ghajarie. Écrite par les Gadjis, cette histoire serait à l'image des annales et chroniques colonialistes. Forcément partisane et suspecte quand bien même elle tente d'appréhender le colonisé dans sa réalité brute. Forcément instrumentalisée au profit d'une idéologie dominante, ou du moins portant le sceau d'une doxa qui renvoie incessamment au monde du colonisateur, et jamais à celui du colonisé.Compte tenu de l'incessante mobilité d'une bonne partie de la communauté ghajarie, on ignore le nombre exact de Roms dans le monde arabe. Comme presque partout ailleurs. Mais ils se comptent par dizaines de milliers en Irak, en Syrie, en Jordanie et en Égypte surtout. On en trouve quelques milliers en Palestine aussi et dans les pays du Maghreb, quoique dans ces derniers, de par la sédentarisation généralisée, ils se soient intégrés aux populations autochtones bien avant l'indépendance.
Si beaucoup de Ghajars sont musulmans et certains ont contribué par les armes, depuis l'aube de l'islam, à la défense de leur religion(2), selon une étude faite par Mondher Hayek et Darem Tabaâ(3), cela ne concernerait que les sédentaires. Les nomades quant à eux, la plupart ne s'identifient à aucune religion. En même temps, nomades ou sédentaires, les Ghajars arabes n'auraient pas été que des ombres errantes dans l'histoire du monde arabe. Outre leur participation à la guerre contre Erredda (apostasie) qui a suivi la mort du Prophète, on leur impute une certaine part dans un bon nombre de dissensions politiques, notamment sous le califat abasside. Quoique la politique fût loin de leurs préoccupations majeures, dans la plupart des révoltes que connut le monde arabe antique on les soupçonnait d'être souvent dans le rang des rebelles. Que ce soit avec les Zinjs en Irak, les Karmates au Bahrein, ou les dissidents du califat abasside en Egypte, les Ghajars eurent à payer le tribut de leur opposition, réelle ou présumée, au pouvoir(4). Et ce facteur a dû contribuer à leur éparpillement historique, puisqu'ils devaient fuir autant la répression politique que l'oppression des sociétés sédentaires.
Mais quand au juste, et pourquoi, les Ghajars sont devenus Fils de la route, Témoins du Temps, Enfants du Vent? Voici la réponse de Hamza Al-Asfahani, historien musulman du Xe siècle.
Selon Hamza Al-Asfahani (893-962), les Ghajars sont d'origine hindoue, de Bihar plus précisément. D'après ce chroniqueur persan(5), c'est au 5e siècle de notre ère que commence l'histoire des Ghajars en tant que peuple nomade.
Aux origines de ce nomadisme atavique un contrat de travail à caractère festif qui aurait "débauché" singulièrement cette communauté. En voici les détails.
Bahrâm Ghûr, roi des Perses, était un souverain qui aimait la poésie courtoise, le vin et la musique. En cela, il ne se distinguait pas tellement de ses pairs en quelque temps et lieu soient-ils, souvent plus enclins à la vie de plaisirs qu'à la rigueur de la conduite et aux soucis de gouvernance. Néanmoins il faut rendre à Bahrâm Ghûr cette justice qu'il se voulait égalitaire dans le domaine des joies, ayant institué la fête comme mode de vie partagé par l'ensemble de ses sujets. Pour ce faire, il a décrété d'abord une loi qui limitait le temps de travail à la matinée. Le reste de la journée devait servir à la détente collective où la musique et les amusements tenaient une place privilégiée.
Mais pour que ce décret soit réellement suivi, il fallait donner au peuple les moyens pour l'appliquer. Un jour qu'il se promenait dans sa capitale pour faire en quelque sorte l'état des lieux, il a vu une assemblée où l'on buvait sans musique. S'étant enquis sur la raison pour laquelle on profanait ainsi le vin et la détente, on lui répondit que les musiciens étaient rares au royaume et qu'il fallait surtout les payer. Bahrâm Ghûr écrivit alors à son beau-père, le roi de Bihar, demandant qu'on lui recrutât en Inde le plus grand nombre de musiciens. Et le beau-père lui envoya pas moins de douze mille, entre chanteurs et musiciens, accompagnés de leurs femmes et enfants.
"Vous allez divertir mes sujets, leur dit Bahrâm Ghûr, égayer les après-midi et nuits de mon royaume dans toute son étendue. En échange de quoi, vous obtenez pour chaque famille un lopin de terre, un bœuf et un âne, des victuailles couvrant les besoins d'une année et des semences suffisantes pour vos terres." Et le contrat fut ainsi conclu.
Chaque jour, dès la fin de la matinée, la Perse entière s'adonnait aux joies de la fête collective. Ces Hindous firent le bonheur des Persans. Et la musique, la chanson, la danse devinrent art de vivre commun. Néanmoins, les contractuels avaient manqué à une clause implicite dans leur pacte avec le souverain. Au lieu de consacrer une part de leur temps au travail de la terre, car les semences et les bœufs distribués les engageaient à travailler dans la matinée, ces Hindous s'étaient adonnés exclusivement à la fête. Et épuisant leurs victuailles, ils ont consommé leurs semences et les bœufs destinés au labourage. Si bien qu'au bout de l'année, ayant épuisé leurs vivres, ils sont allés réclamer d'autres bêtes et victuailles au roi.
Cette démarche, jugée incongrue par le souverain et contraire au pacte conclu, fut lourde de conséquences pour les artistes hindous. Bahrâm Ghûr refusa de leur donner quoi que ce soit et les chassa sans ménagement de la Perse. Et c'est ainsi que va commencer pour ces milliers d'artistes et leurs familles une ère d'errance sans fin. Ils durent s'éparpiller en trois groupes. Le premier émigra vers la Syrie, l’Égypte et l'Afrique du Nord. Le deuxième s'est réparti entre l'actuelle Géorgie, l'Arménie et la Grèce. Alors que le troisième a rejoint la Turquie puis atteint le centre et l'ouest de l'Europe, pour se concentrer surtout au Portugal et en Espagne.
Telle serait la genèse du nomadisme des Ghajars selon Hamza Al-Asfahani.
A.Amri
28.08.2011
1-Selon Lotfi Khourian, gypsologue irakien, le mot arabe غجر (ghajar) vient du mot turc Gocher, lui même issu du persan et qui signifie "nomades".
2- Le présupposé de cette expression n'échappe pas aux initiés, cela va de soit: à partir du moment où l'on souligne ce trait, on laisse entendre qu'en dehors du contexte littéraire la réalité pourrait être tout autre. Ce n'est pas notre propos et nous y reviendrons.
2- C'est notamment le cas des Zotts الزط qui se sont battus sous la bannière de l'Imam Ali Ibn Abu Talab (cousin et gendre du Prophète) contre le mouvement d'apostasie حركة الردة qui a eu lieu à la mort du Prophète.
3- Étude parue en Syrie sous le titre الغجر الرحالة الظرفاء المنبوذون (Roms, ou ces galants voyageurs parias).
4- C'est surtout dans la révolte spécifiquement ghajarie connue sous le nom de la révolte des Zotts (816-834) qu'ils sont directement entrés en conflit avec le pouvoir central de Bagdad.
4- Hamza el-Isfahanî (Ibn el-Hasan). - Chroniqueur persan, né, comme son nom l'indique, à Ispahân dans la première moitié du Xe siècle (IVe de l'hégire). Sa vie est peu connue. On sait qu'il séjourna dans plusieurs villes de l'Orient musulman, telles que Meragha, Hamadân, Bagdâd. Il écrivit en arabe plusieurs livres d'histoire, dont un seul nous est parvenu. Nous n'avons pas sa Vie des hommes illustres (Tarikh kibâr el-Bachar), ni son Livre d'Ispahân (Kitâb Isfahân), mais il nous reste ses Annales des Rois de la terre et des Prophètes (Kitâb Mouloûk el-Ard oua'l-Anbiyâ'). Cet ouvrage est le premier dans la littérature de langue arabe où l'auteur ait tenté d'écrire une histoire universelle basée sur un système de chronologie comparée. Les dix livres qu'il contient mentionnent les annales des Perses, des Ptolemées, des empires de Rome et de Byzance, des Grecs, de l'Egypte ancienne et moderne, du peuple d'Israël, de Hira, de Himyar et des Qoraichites, tribu à laquelle appartenait Mohammed et plusieurs califes. Le texte de cette histoire intéressante a été publié, avec une traduction et des notes en latin, par Gottwaldt sous ce titre : Hamzal Ispahanensis Annalium libri X (Petropoli Lipsiae MDCCCXLIV). (Arthur Guy). Source de la notice biographique
Jean Reinhardt (J'attendrai Swing- 1939)
Jean Reinhardt, plus connu sous le nom de Django Reinhardt (né le 23 janvier 1910 à Liberchies en Belgique et mort le 16 mai 1953 à Samois-sur-Seine en France) est un artiste manouche, virtuose de la guitare.Dès sa prime enfance, alors même qu'il est analphabète et ne sait même pas écrire son nom, il se prend d'amour pour la musique et réussit à imposer son talent dans les salles de spectacle parisiennes.
A 18 ans, un incendie se déclare dans la roulotte qu'il occupe avec sa femme au moment où ceux-ci dorment. Le couple s'en sort vivant, mais Django est atteint de graves brûlures à la jambe et à la main gauche qui nécessitent son hospitalisation pour 18 mois. Il perd l'usage de 2 doigts, ce qui donne à croire que sa vie d'artiste est terminée.
Néanmoins, dès sa sortie de l'hôpital, Django s'impose de longs exercices de rééducation qui lui permettront de développer une technique guitariste nouvelle basée sur 2 doigts.
C'est une telle doigté qui permettra à Django de renouer avec le succès, en même temps qu'il donnera naissance à ce qui deviendra le jazz manouche
La musique manouche de l'Andalousie: interférences avec la musique arabe.
"Comment ça va là-haut?
-Mal! On nous chasse.
-Remontez plus vers le nord.
- C'est pareil; ils ont chassé les autres à coups de matraque. On ne sait plus où aller.
- On est des chiens!
- Non, moins que des chiens. Eux pour leurs chiens ils ont des cliniques, des soins de beauté, des concours d'élégance. On te met en prison si tu touches à un chien. Leur société a toujours l'air normal pour les bébés phoques. Mais pas quand nos femmes accouchent sur des tas d'ordures.
- Qu'est-ce qu'ils veulent?
- Qu'on oublie notre race, notre sang, nos coutumes. Qu'on disparaisse."
Le Gitan - Film de José Giovanni (1975), avec Alain Delon dans le rôle principal.
Elle est ghajarie (Rom) et son peuple n'a pas de petro-dollars, loin de là. Et elle nous donne une belle leçon de générosité!
Pendant 40 ans, elle a été artiste de grande renommée en Roumanie, paraît-il, puis femme d'affaires. Et un jour elle a eu un accident qui a failli lui coûter la vie. Elle s'est retirée alors de la scène artistique pour se consacrer depuis aux œuvres caritatives.
En dehors de son combat pour les Roms, elle ne s'intéresse pas à la politique. Mais elle a eu un coup de cœur pour la révolution tunisienne et le Printemps arabe. "Je suis née en Roumanie, je vis en Italie et je porte la Tunisie dans mon cœur" dit-elle lors de sa première visite en Tunisie, juin dernier, qui est aussi sa première visite dans un pays arabe et musulman. Au cours de cette visite, elle a décidé de lancer des projets humanitaires pour enfants et classes démunis. Elle s'est rendue aussi à Ras-Jedir pour offrir une aide humanitaire aux réfugiés libyens. Et elle est revenue deux fois par la suite chez nous. Au mois de juillet et c'était pour se faire couronner Reine de l’Église Orthodoxe de l'Europe (pour son travail humanitaire et bénévole), intronisation qui devait avoir lieu initialement soit en Roumanie soit en Italie. Et la dernière durant l'Aïd el-fitr (fin de ramadan) pour apporter son soutien à des associations d'aide aux enfants de familles démunies. La prochaine étape dans le programme de cette femme: les enfants de Gaza.
Elle s'appelle Lucia Tuodor. Et elle nous rappelle ces versets du Coran:
وَيُؤْثِرُونَ عَلَى أَنفُسِهِمْ وَلَوْ كَانَ بِهِمْ خَصَاصَةٌ وَمَن يُوقَ شُحَّ نَفْسِهِ فَأُوْلَئِكَ هُمُ الْمُفْلِحُونَ
(Ils font primer les besoins des autres sur leurs propres besoins, alors même qu'ils vivent dans la nécessité. Ce sont ceux qui se prémunissent contre leur propre avarice qui réussissent [auprès de Dieu]).
Quand on consent une telle générosité alors qu'on est soi-même dans le besoin, qu'on tend la main aux autres alors qu'on est censé attendre soi-même la main secourable, ça ne peut que forcer l'admiration.
Pendant 40 ans, elle a été artiste de grande renommée en Roumanie, paraît-il, puis femme d'affaires. Et un jour elle a eu un accident qui a failli lui coûter la vie. Elle s'est retirée alors de la scène artistique pour se consacrer depuis aux œuvres caritatives.
En dehors de son combat pour les Roms, elle ne s'intéresse pas à la politique. Mais elle a eu un coup de cœur pour la révolution tunisienne et le Printemps arabe. "Je suis née en Roumanie, je vis en Italie et je porte la Tunisie dans mon cœur" dit-elle lors de sa première visite en Tunisie, juin dernier, qui est aussi sa première visite dans un pays arabe et musulman. Au cours de cette visite, elle a décidé de lancer des projets humanitaires pour enfants et classes démunis. Elle s'est rendue aussi à Ras-Jedir pour offrir une aide humanitaire aux réfugiés libyens. Et elle est revenue deux fois par la suite chez nous. Au mois de juillet et c'était pour se faire couronner Reine de l’Église Orthodoxe de l'Europe (pour son travail humanitaire et bénévole), intronisation qui devait avoir lieu initialement soit en Roumanie soit en Italie. Et la dernière durant l'Aïd el-fitr (fin de ramadan) pour apporter son soutien à des associations d'aide aux enfants de familles démunies. La prochaine étape dans le programme de cette femme: les enfants de Gaza.
Elle s'appelle Lucia Tuodor. Et elle nous rappelle ces versets du Coran:
وَيُؤْثِرُونَ عَلَى أَنفُسِهِمْ وَلَوْ كَانَ بِهِمْ خَصَاصَةٌ وَمَن يُوقَ شُحَّ نَفْسِهِ فَأُوْلَئِكَ هُمُ الْمُفْلِحُونَ
(Ils font primer les besoins des autres sur leurs propres besoins, alors même qu'ils vivent dans la nécessité. Ce sont ceux qui se prémunissent contre leur propre avarice qui réussissent [auprès de Dieu]).
Quand on consent une telle générosité alors qu'on est soi-même dans le besoin, qu'on tend la main aux autres alors qu'on est censé attendre soi-même la main secourable, ça ne peut que forcer l'admiration.