vendredi 28 juin 2013

Faites-moi taire ces médias qui ne savent dire à Morsi merci

Le président égyptien Morsi et ses hommes de main islamistes n'entendent pas laisser les médias prendre part à la campagne de rébellion prévue pour le 30 juin 2013.

Jeudi 27 juin, alors qu'il était en direct sur le canal Pharaons TV Taoufik Akacha (au centre sur la photo collage ci-dessous), opposant fondateur du PEN (Parti égyptien nationaliste) et journaliste président du Conseil d'administration de ladite chaine est obligé d'interrompre la diffusion et prendre la fuite, son plateau étant investi par les nervis de la confrérie islamiste. La chaine n'émet plus depuis cet incident, ce qui veut clairement dire que le pouvoir de la confrérie l'a purement et simplement bâillonnée.

Peu de temps avant que ce média ne soit attaqué, Taoufik Akacha a mis en garde contre l'imminente arrestation de plusieurs journalistes et animateurs de télés dont, outre lui-même, Youssef Al-Housseyni, Lamis Hadidi, khairy Ramadhan, Mahmoud Saâd, Mouna Chedhli, Amrou Adib et Bassem Youssef.

Cette action muselant un symbole de l’opposition et les menaces visant en général l'information et la liberté de presse en Égypte ne nous surprennent pas, le fascisme islamiste ayant déjà menacé de somaliser l'Egypte en cas de chute de Morsi. Néanmoins, tout en ôtant au pouvoir la dernière feuille de murier par quoi il tentait de couvrir sa nature foncièrement antidémocratique, ces "signes cliniques" indiquent clairement que ce pouvoir est d'ores et déjà agonisant. Désavoué autant à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur, confiné dans son réduit confrérique impopulaire, sans autre arrière-garde que les milices des Frères musulmans, s'il espère assurer un semblant de survie par des fuites en avant, censure et répression dans tous les azimuts, il se trompe grossièrement. Cela n'a pas réussi à Hosni Moubarek en son temps. Il n'y a pas de raison de penser qu'il en sera autrement pour Morsi. Tôt ou tard, celui-ci connaîtra un sort identique, peut-être à un prix en vies humaines plus élevé, mais subissant les retombées de la même répression, du culte de soi et de l'attachement tyrannique au pouvoir.

A. Amri
28 juin 2013


Ci-dessous la dernière apparition à la télé de Taoufik Akacha:
http://youtu.be/7Tka23CMEjU

dimanche 23 juin 2013

Tunisie: aux surdoués de la médiocrité leur peau d'âne aussi

Ci-dessous le relevé de notes d'un candidat au bac tunisien non admis à la session principale mais jugé
admissible quand même. Avec un peu de chance, si cet ajourné peut rafler quelques points supplémentaires en session de contrôle il sera bachelier en bonne et due forme dans une dizaine de jours. Avec tant de cas similaires pouvant être repêchés à la faveur d'un système qui prend en considération les notes obtenues au cours de l'année, cet élève dont la moyenne effective ne dépasse pas les 5 et poussière sur 20 pourrait décrocher son bac quand même. Il rehaussera, alors, les statistiques de réussite nationale, pourra s'inscrire à l'université et "réconfortera l'image de marque" de notre enseignement supérieur dans les années à venir!

Pour rappel, rien qu'à l'échelle du continent africain cette image est des plus triste. Elle ne vaut pas mieux que le présent relevé de notes. Le classement 2013 des 100 meilleures universités africaines nous attribue (pour l'Université de Manouba, fleuron de nos universités) la 70e position.

Fut un temps où les diplômes tunisiens étaient reconnus au monde entier pour leur valeur respectable incontestée. Ce qui valait à la Tunisie de rayonner non seulement sur le continent et le monde arabe mais sur la Méditerranée et au-delà. Comme l'attestent les légions de nos universitaires et diplômés dans diverses spécialités, travaillant un peu partout au monde, dans les universités, les centres de recherche, la NASA, les hôpitaux, etc. De même que le nombre de nos enseignants en coopération à l'étranger.

Fut un temps où l'enseignement tunisien, et c'était incontestablement l’œuvre de Bourguiba au lendemain de l'indépendance, produisait l'intelligence authentique qui dotait le pays de ses meilleurs cadres, mais aussi de ses armes les plus puissantes contre l'obscurantisme, le fanatisme, le fatalisme, le nihilisme...

Aujourd'hui, si tant de tares contre lesquelles notre peuple était prémuni par le passé menacent de rendre méconnaissable la Tunisie, c'est que l'enseignement, à l'image de cet éloquent relevé de notes, peut consacrer la médiocrité au même titre que l'intelligence. Et quand la médiocrité postule sa place à l'université, pourquoi s'étonner que nous soyons "lanterne rouge" dans tel ou tel classement de nos institutions universitaires? Pourquoi s'indigner que nous soyons gouvernés par des nuls? Pourquoi juger scandaleux qu'un Bouchlaka ne sache pas les rudiments de la géographie concernant son propre pays ou le monde? Pourquoi reprocher à un Jebali ou une Toumi de charcuter une langue étrangère, alors que ni l'un ni l'autre ne font guère mieux parlant leur langue maternelle? Et pourquoi s'indigner que notre État nomme ambassadeur en Libye un mécanicien n'ayant même pas la moindre peau d'âne, fût-ce en sa spécialité, la mécanique?

Détourné de sa vocation de base, éducative, constructive, formative, saigné à blanc par tant de réformes importées et se révélant incessamment inadaptées, tant de politiques politiciennes privilégiant des fins quantitatives au détriment de la qualité, tant d'expurgations l'amputant de sa dimension émancipatrice, résidant en l’occurrence dans l'enseignement de la philosophie et des langues vivantes, l'enseignement tunisien est au bord du précipice, s'il n'est pas déjà au fond. Et cela rajoute aux plaies qui nous écœurent, l'incurie de ce gouvernement ne permettant d'augurer rien de bon pour y remédier.

A. Amri
23 juin 2013

mercredi 19 juin 2013

Ce 30 juin 2013: le cataclysme qui terrifie les Frères Musulmans

Ce 30 juin 2013, le monde entier aura les yeux tournés vers l’Égypte.
D'ores et déjà, à en juger par ce que nous voyons sur les télés égyptiennes et ce qui se répand sur Internet, il semble que le compte de Morsi et des Frères musulmans s'annonce "bon". Néanmoins, il ne faut jamais vendre la peau de l'ours avant que celui-ci ne soit abattu. C'est ce que recommande la vieille sagesse des peuples et des nations.

Si le mouvement de rébellion prévu de grande envergure réussit à emporter Morsi et faire chuter le pouvoir
des Frères, il va de soi que les répercussions d'une telle victoire pour les partisans d'une alternative progressiste et démocratique ne se limiteront pas aux frontières égyptiennes. Les Frères tunisiens en pâtiront à leur tour, non pas parce que l'état-major de leur confrérie se trouve au Caire mais parce que leur propre pouvoir, assez essoufflé en Tunisie, sera incapable d'absorber les rejaillissements d'un tel choc à l'intérieur du pays.

Autre partie devant pâtir de telles conséquences: le Hamas.
Le gouvernement de Gaza a commis par le passé une première erreur en se positionnant contre le régime syrien alors que celui-ci abritait et soutenait la direction du mouvement depuis de longues années. Et il récidive récemment en prenant fait et cause pour Morsi et les Frères en Egypte. Cet engagement du Hamas coûtera cher à Gaza car d'ores et déjà l'armée égyptienne a choisi son camp, et la chute de Morsi aura des retombées davantage graves sur l'avenir des relations entre Gaza et l’Égypte. Par ailleurs, quelle que soit l'issue du 30 juin, il sera difficile au Hamas de redorer son blason aux yeux d'une bonne partie des peuples arabes, qu'il s'est mise en la circonstance sur le dos. En sortant de la neutralité vis-à-vis de ce qui se passe en Syrie et en Égypte, le mouvement islamiste palestinien s'est brûlé et a dilapidé le capital de sympathie gagné à la faveur de la résistance contre Israël.

Ces retombées n'épargneront pas non plus les rebelles en Syrie ni les pays impliqués dans le soutien aux islamistes.

En fait, pour autant que le 30 juin tienne ses promesses, l'effet domino que nous avons vu au lendemain du 14 janvier 2011 risque de se reproduire dans le sens inverse. Les Égyptiens, un peu dépités d'avoir été suiveurs, et non meneurs de jeu, dans la première manche du Printemps, rêvent de reconquérir le rôle de défricheurs pour la deuxième manche dont on verra l'issue cet été.

A. Amri
19 juin 2013

lundi 17 juin 2013

Weld 15: deux ans de prison pour une chanson


En 1960, 121 intellectuels, universitaires et artistes français signent un manifeste appelant à l’insoumission dans la guerre d’Algérie. Le manifeste intervient au moment où s'ouvre à Paris le procès du réseau Jeanson, groupe de militants pour la plupart communistes soutenant le FLN.
De nombreuses voix d'extrême-droite s'élèvent aussitôt, demandant que "les traîtres", dont Jean-Paul Sartre, soient inculpés. De Gaulle alors au pouvoir, et malgré la haine notoire que lui voue Sartre, pour prévenir une action de la police contre le philosophe incarnant les nouvelles Lumières de la France décrète qu' « on n’emprisonne pas Voltaire ».

Huit ans plus tôt au même pays, un brûlot anarchiste traitant les gendarmes de "vaches", "guignols", "lourdauds", et allant jusqu'à leur dénier les attributs virils, n'a suscité aucune action en justice contre son auteur Georges Brassens. Et pas la moindre censure n'a frappé à ce jour la chanson, dans les démocraties dignes de ce nom l'artiste ayant ses droits à la libre expression autant qu'à l'indulgence.

Je ne voudrais pas insinuer ici que la France soit un exemple parfait en la matière. Néanmoins en ce qui concerne la lourde peine de prison prononcée récemment contre le jeune rappeur Weld 15 pour propos insultant la police, je pense que le pouvoir et la justice dans notre pays gagneraient à être plus indulgents à l'égard des artistes, des intellectuels, des voix libertaires. Plutôt que de l'être, et malgré les incessants cris des citoyens, vis-à-vis de fascistes appelant au meurtre et à la guerre civile.
C'est d'autant plus juste que notre pays s'est soulevé contre la dictature, contre la répression, contre les lois liberticides. Et c'est aux jeunes qui s'étaient immolés pour la liberté, et non à ceux qui sont aux pouvoir, aux jeunes qui ont payé de leur vie la chute de la dictature que nous devons le 14 janvier. Quoi de plus légitime, donc, pour la jeunesse vivant aujourd'hui que d'aspirer à plus de liberté et moins de répression?

A. Amri
17 juin 2013

dimanche 16 juin 2013

Crimes jihadistes en Syrie: plus de 60 chiites massacrés

Ces images, triées parmi les moins choquantes -il faut bien le souligner car, hélas, il y a pire*, illustrent les derniers "exploits héroïques" en Syrie du Front de Nosra et son alliée sur le terrain l'ASL.

En date du mardi 11 juin 2013, un bataillon composé de près d'un millier d'hommes armés a attaqué en plein jour le village de Hatla à Deir Ezzor, localité chiite située à l'est de la Syrie et tenue par les rebelles.
En réaction à la reprise par l'armée régulière de la ville d'Al Qousseir il y a quelques jours, les assaillants se sont livrés à une vendetta digne d'un chef-d’œuvre cinématographique de Hollywood. Une action de représailles contre une population civile censée placée sous leur protection, dans laquelle plus de 60 personnes ont trouvé la mort. D'après les récits et les documents vidéos publiés sur le net, la barbarie des jihadistes dépasse la fiction.

Pêle-mêle des vieillards, des femmes, des jeunes et des enfants, dont des bébés, ont été tués dans ce carnage d'épuration confessionnelle, les uns à coups de feu, les autres par égorgement ou à coups de hache comme en témoigne le collage de photos ci-dessous.
Cette boucherie absurde motivée par la seule haine du genre humain qui ne soit pas sunnite, cet inqualifiable crime contre l'humanité semble jouir, hélas, de la complaisance criminelle des officiels et leurs médias aussi bien en Occident que dans les pays arabes dirigés par les islamistes.

Sur quoi cette accusation serait-elle fondée? me dirait-on. Sur le simple fait que depuis le temps que ces crimes font la triste gloire des jihadistes, documentés par leurs caméras et publiés sur le web, rien n'a été entrepris pour arrêter (ni en Europe ni dans les pays arabes) le départ de recrues jihadistes vers la Syrie. L'implication de la Belgique dans ce "jihad par procuration", récemment révélée sur des journaux électroniques, les dernières déclarations d'Obama laissant entendre que les USA livreraient prochainement des armes aux rebelles en Syrie, le mutisme total des régimes islamistes sur les crimes des jihadistes et le soutien de leurs partisans sur les pages des réseaux sociaux, autant d'indices sont à ce propos accablants.


A.Amri
Juin 2013



* Ci-dessous les liens de deux vidéos dont la première, expurgée d'une scène insoutenable, peut et doit être partagée pour déjouer les complots du silence à ce sujet. La deuxième par contre, et il faut le souligner, n'est pas recommandée aux âmes sensibles.
A noter que les deux vidéos font partie de la triste "propagande" jihadiste.


http://youtu.be/mSoZDay5Eaw

http://youtu.be/g7DKAXD9ma8

mardi 11 juin 2013

Mohammad Qataa, un Gavroche d'Alep

Il a juste 15 ans, et ils l'ont tué quand même.
Mohammad Qataa, un petit Gavroche d'Alep qui sillonnait au quotidien les rues
avec son "mini café ambulant": une théière, une cafetière et une boite à sucre. Un petit "kahwaji" comme tant d'autres dans la jungle arabe, condamnés par la misère à devenir adultes sitôt sortis de l'enfance et se battre comme ils peuvent pour gagner quelques sous.
Ce damné de la terre n'avait que 15 ans et pouvait même s'estimer "opposant" si l'on en juge par la photo sur laquelle on le voit au milieu des manifestants quand la révolte syrienne était encore pacifique.

Et ils l'ont tué quand même, les fous d'Allah!
Aucun égard pour son visage et son âge d'enfant. Aucun égard pour sa pitoyable condition. Aucun égard non plus pour les pleurs et malheur de ses parents. Aucun égard chez les fous d'Allah!
Ils l'ont tué parce qu'il aurait proféré des "propos blasphématoires", alors que la réalité est tout autre. Mohammad Qataa a été tué pour avoir refusé de servir un café gratuit à un "cow-boy" islamiste.
"Personne ne peut rêver d'obtenir de moi cette faveur", a-t-il dit au jihadiste du racket imbu de son autorité et son droit. Et pour être plus persuasif, il a ajouté:" pas même le prophète Mohamed en personne s'il revient pour me réclamer un café gratuit!"

Cela s'est passé à Alep le samedi 8 juin. L'adolescent a été capturé sur-le-champ et conduit par une milice de Nosra. Vraisemblablement, il a été battu et torturé durant la nuit. Et le lendemain sur une place publique et en présence de ses parents, malgré les implorations de la pauvre mère il a été exécuté de deux balles avec un fusil automatique.

D'après les témoins, les bourreaux ont un accent, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas syriens. Le sang de cet enfant rejaillira sur tous les criminels des pouvoirs islamistes, qu'ils soient à Tunis, au Caire ou à Doha. Car les véritables maitres des hautes œuvres jihadistes en Syrie sont les Frères musulmans et leurs électeurs dans les pays du Printemps arabe.

A. Amri
11 juin 2013

mercredi 5 juin 2013

L'heure et sa valise (poésie)

Dépose sur mon épaule ta tête
Et laisse mon sang résorber tes peurs
Oublie les affres de la nuit, le temps
Le vent qui mugit, l'heure et sa valise
Oublie les soupirs profonds du matin
Quel jour fera à la maison demain
Les nuages, les éclairs, les orages
La grosse tempête que l'on prévoit
Oublie l'ombre arpentant le désert vide
La gouttière esseulée et ses hoquets
L'accueil du miroir que ternira l'aube
Et l’œil embu qui s'en détournera

Vide ton verre Douceur de mon cœur
Et
sers-moi de tes douceurs un hanap
Bois encore et ne te soucie de l'heure
Catin qui dessoule et dessille les yeux

Quand fort repus enfin les sens voudront
Reposer ta tête sur ma poitrine
Plisse en douceur les cils, ferme les yeux

Et couvre-nous douillettement dedans
Les longs hivers, les ans, les temps, les âges
Tant que tu couveras au chaud l'amour
Sous le duvet d'aile de tes paupières
Tant que la relique de cet instant 
Dans ton sein aura autel et prières
Jamais ne disposeront du mektoub
pour en écrire sans nous l'épilogue
Tôt ou tard vers ta tête qui l'attend
L'absent reviendra donnant son épaule




A.Amri
05.06.13

Première mouture: années 1980
Inédits de déni

Quand les médias crachent sur Aaron Bushnell (Par Olivier Mukuna)

Visant à médiatiser son refus d'être « complice d'un génocide » et son soutien à une « Palestine libre », l'immolation d'Aar...