Affichage des articles dont le libellé est Al-Rahel Al-Kabir. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Al-Rahel Al-Kabir. Afficher tous les articles

lundi 29 décembre 2014

A propos de "Tunisie : politique et culture" (par Yves Gonzalez-Quijano)


Ecrit par Yves Gonzalez-Quijano, enseignant-chercheur au Gremmo/Université de Lyon et spécialiste des littérature et  culture arabes, le billet ci-dessous rend hommage à ma modeste personne à travers une appréciation pour le moins sympathique de quelques unes de mes publications sur ce blog et sur Youtube.
Me
rci infiniment Yves !

Au hasard du « ouèbe », cherchant à documenter une vidéo du groupe Al-Rahel al-kabir (الراحل الكبير : « Le grand disparu », c'est le nom du groupe), je suis tombé sur cette source qui disait parfaitement ce que je n'aurais pas forcément su exprimer moi-même aussi bien. Occasion de ne pas remettre indéfiniment un vague projet que j'avais en tête, celui de commencer une sorte de petite « blogothèque » – parfaitement subjective – des sites proches, intellectuellement parlant, de ce que propose Culture et politique arabes. Dans le cas présent, le titre de ce blog ouvert en 2009 suffit à mettre en évidence la proximité. Ahmed Amri a en effet choisi de rassembler les chroniques qu'il a commencé à écrire en 2009 sous le titre Tunisie : politique et culture.
C'est donc en cherchant des vidéos du groupe Al-rahel al-kabir que je suis tombé sur ce billet, qui présente très bien cet ensemble libanais récemment créé (2013). Un groupe qui « retravaille » la tradition musicale arabe en donnant un coup de jeune (plus qu'en révolutionnant à mon avis) la chanson engagée libanaise. Cette « réinterprétation », Ahmed Amri l'explicite fort bien pour ceux qui ne sont pas forcément familiers avec les arcanes de cette culture, en explicitant les sous-entendus des paroles d'une chanson qui a fait grand bruit récemment car elle tourne en ridicule (non sans courage, Beyrouth n'est pas si loin de la « ligne de front ») le dernier « calife » autoproclamé, le tristement célèbre al-Baghdadi. La vidéo, sous-titrée, par Ahmed Amri lui-même si j'ai bien compris, est disponible sur une page qui donne accès à plusieurs autres séquences sous-titrées qui sont autant d'entrées intéressantes dans la culture arabe. Découvrez-là si vous ne la connaissez pas, c'est encore plus drôle quand on a accès aux paroles !



Parmi les séquences précédemment mentionnées, on trouve notamment un petit extrait traduit – il faut dire que l'ensemble doit faire pas loin d'une heure – de l'incontournable Al-Atlâl (الأصلال : « Les ruines »), une chanson d'Oum Kalthoum, tellement présente dans l'imaginaire arabe que Nasser l'a citée lorsqu'il a dû annoncer aux Egyptiens (et aux Arabes) sa défaite, en juin 1967. Ahmed Amri en fait une présentation très centrée sur le « parolier », le poète Brahim Naji, en apportant une foule de détails qui m'étaient pour ma part totalement inconnus.



Moins classiques et totalement d'actualité, je recommande également deux billets écrits peu avant les élections présidentielles en Tunisie. Peu importe en définitive qu'on soit d'accord avec ce qu'il écrit à propos de Moncef « Tartour » Marzouki, son analyse du flirt islamiste de l'ancien président (temporaire), intitulée Quand Marzouki joue le dévot au Croissant, mérite d'être lu, ne serait-ce que parce qu'elle est aussi mesurée que savante, et qu'elle s'appuie notamment, ce qui me paraît essentiel et pourtant si rare, sur une analyse langagière, en l'occurrence l'emploi du mot tâghût (طاغوت) par le président-temporaire-candidat. Je vous laisse découvrir.

Moins développée mais tout aussi passionnante, son analyse du slogan électoral choisi par le même ex-président (Marzouki : arcanes d'un slogan électoral). Un thème auquel quelques-uns des billets de ces chroniques ont été consacrés, mais dans d'autres contextes. Là encore, l'analyse sémantique à laquelle se livre l'auteur est un régal ! Personnellement, j''aurais ajouté un dernier petit commentaire sur la signature du candidat, « Dr Moncef Marzouki », qui laisse présager une rude médecine pour la Tunisie ! Et pour ne pas me contenter de renvoyer au confrère, je signale cet entretien avec Mohammed Ziyed Hadfi, un « communiquant » tunisien professionnel, sur « les affiches électorales ou la quintessence du marketing politique » mis en ligne sur le site Nawaat.

En cette fin d'année, la période est aux cadeaux. Si vous souhaitez en faire, vous pouvez toujours envoyer des suggestions de sites (en utilisant la rubrique "commentaire" sur cette page, ou en me contactant par courriel), histoire de compléter notre « blogothèque » suggestive.

Bonne fin d'année... ou presque.

Yves Gonzalez-Quijano
23 décembre 2014

Source





mercredi 27 août 2014

Al-Rahel Al-Kabir: Les dits de la dérision contre Baghdadi et ses abadies





Al-Rahel Al-Kabir الراحل الكبير est une troupe musicale libanaise qui a vu le jour au début de l'année 2013. Quoique ce nom (qui signifie littéralement "Le Grand Disparu") puisse suggérer une dédicace votive, un hommage à un cher défunt comme on pourrait de prime abord y songer, en réalité il a un tout autre sens. S'il y a quelque dédicace funéraire  dans cette enseigne artistique peu commune, c'est -par dérision- à l'honneur d'un disparu non regretté, un mort plutôt réprouvé à qui la troupe ne voue ni pieuse pensée ni le moindre culte.
Selon Khaled Sabih (journaliste, compositeur et parolier membre de cet ensemble) le disparu concerné ici est " le patrimoine dans ce qu'il a de rigide et contraignant". C'est l'âme musicale classique, momifiée, étriquée et considérée à tort comme un élément fondamental de l'émergence d'un artiste. Telle défunte, Al-Rahel Al-Kabir ne se revendique pas de sa lignée ni ne veut en sacraliser l'héritage. Il veut se défaire de cette momie juchée sur la poitrine des créateurs, l'enterrer sans regret pour doter les potentialités artistiques arabes d'une nouvelle dynamique. Par conséquent, l'ambition de la troupe est de révolutionner la musique arabe à travers des formes, des contenus et des techniques émancipées du cachet traditionnel et sclérosant.

Certes, cette ambition ne signifie pas un rejet en bloc de l'art contesté. A preuve: depuis sa création il y a un an, la troupe a repris de nombreuses chansons du patrimoine oriental, libanais et égyptien en particulier. Dont des titres de Cheikh Imam père de la chanson engagée arabe. Néanmoins, comme on pourrait en juger à travers le répertoire du groupe qui compte actuellement une douzaine de titres, le rythme mélodique oriental, les préludes instrumentaux longs et lassants, les notes languissantes, entre autres traits de cette âme classique, semblent bannis du style moderniste revendiqué par cette troupe. Dans ce même esprit de rénovation, les chansons reprises par la troupe ont subi un relooking à travers de nouveaux arrangements. Il faut souligner aussi que le tarab ( émotion poétique et musicale) n'est plus considéré comme un concept clé de la musique arabe chez cette troupe. Même si l'esthétique n'en est pas pour autant reléguée au dernier plan, dans les soucis de la troupe elle n'est pas primordiale. Du moins ne doit-elle jamais primer sur la force du message, en l’occurrence engagé, du groupe.

Ci-dessous une illustration sous-titrée en français.
Le tout nouveau titre de la troupe Al-Rahel Al-Kabir, intitulé "Madad Sidi (Votre baraka, Maitre/Monseigneur !)", est un pamphlet incendiaire au ton très virulent dédié à Monseigneur Abou Bakr al-Baghdadi Calife de l'EIIL (Etat Islamique en Irak et au Levant) et Commandant des Croyants de l'Euphrate à l'Océan.. plaise à Allah qu'Il rallonge sa barbe !

"Madad", mot arabe dont l'étymologie signifie "secours, assistance guerrière, pourvoi en troupes fraîches d'une armée en guerre", quand il est employé dans une apostrophe [Madad Untel !] équivaut à une prière dévote, une imploration généralement adressée à une autorité religieuse, particulièrement le Prophète ou ses compagnons, laquelle signifie: "Ô toi untel, intercède en notre faveur auprès de Dieu !" ou encore: "comble-nous de ta baraka!"

La chanson parodie des litanies dédiées au Prophète ou encore, comme c'est le cas chez les soufis, à des maîtres de la mystique musulmane élevés au rang des saints. La rythmique caractérisée par un tempo rapide et le leitmotiv "madad, madad sidi" ne sont pas sans rappeler le mouvement de certaines noubas, l'ambiance typique à la transe soufie.

Pour ce qui est des paroles, ce sont les dits de la dérision contre la déraison de Baghdadi et ses abadies, la satire mordante contre les califoutraques de ces temps maudits.





A.Amri
27.08.2014

Quand les médias crachent sur Aaron Bushnell (Par Olivier Mukuna)

Visant à médiatiser son refus d'être « complice d'un génocide » et son soutien à une « Palestine libre », l'immolation d'Aar...