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jeudi 29 février 2024

Quand les médias crachent sur Aaron Bushnell (Par Olivier Mukuna)

Visant à médiatiser son refus d'être « complice d'un génocide » et son soutien à une « Palestine libre », l'immolation d'Aaron Bushnell a été traitée par les médias du monde entier. Exceptés la majorité des français et belges francophones ! Fidèles à leur ligne « israélo-embarquée », en contradiction avec leur soif d'images spectaculaires et réflexes à répercuter toute info venant des Etats-Unis, ces médias ont censuré le sujet Bushnell. En empêchant leurs publics de réfléchir à cet acte désespéré et politique, ils ont craché sur le cadavre du soldat américain comme sur ce qu'il leur reste de « déontologie ».

L’info est tombée dimanche 25 février. Celle-ci revêtait 4 caractéristiques sur lesquelles tout média, digne de ce nom, ne pouvait qu’embrayer : insolite, spectaculaire, meurtrière et politique. Le citoyen américain Aaron Bushnell, informaticien dans l’aviation militaire, s’est filmé en train de s’immoler par le feu, jusqu’à ce que mort s’en suive, devant l’ambassade d’Israël à Washington…

Quelques minutes avant de commettre son geste fatal, le jeune homme de 25 ans prononce ces mots :
« Je m’appelle Aaron Bushnell, je suis un membre en service actif de l’armée de l’air des États-Unis et je ne serai plus complice d’un génocide […] Je suis sur le point de m’engager dans un acte de protestation extrême, mais comparé à ce que les gens ont vécu en Palestine aux mains de leurs colonisateurs, ce n’est pas extrême du tout. C’est ce que notre classe dirigeante a décidé de considérer comme normal ».

Peu avant, Bushnell avait aussi diffusé ce message sur Facebook : « Beaucoup d’entre nous aiment se demander : ‘Que ferais-je si j’étais en vie durant l’esclavage ? Ou sous les lois Jim Crow [nom des anciennes lois de ségrégation raciale dans le sud des Etats-Unis] ? Ou sous l’apartheid ? Que ferais-je si mon pays commettait un génocide ? La réponse est ce que vous en train de faire là. Tout de suite. »

 

Aaron Bushnell (1999-2024)

Un acte « dévastateur »

Comme d’autres webmédias sérieux et indépendants, Investig’Action diffusera, dès le 26 février, un article traitant de l’acte définitif de Bushnell, faisant notamment le parallèle historique avec d’autres protestations auto-sacrificielles commises par plusieurs citoyens américains durant la guerre du Vietnam. Sans surprise, il en sera radicalement tout autre pour TF1-LCI, France Télévisions, Arte, RTL-TVI, LN24, Le Monde, Le Figaro, Le Soir, La Libre, Sudinfo, etc.

Récapitulons. Un jeune soldat nord-américain décide de se suicider en public, de l’une des manières les plus horribles et douloureuses qui soit, afin d’attirer l’attention sur les crimes, la torture et le génocide programmés contre les Palestiniens de Gaza (plus de 30 .000 tués et 70.000 blessés en 4 mois, famine, maladies, destructions) et… cela n’interroge aucun journaliste des médias belges et français ? En réalité, pour être précis, les dirigeants de ces médias ont visiblement décidé d’interdire à leurs employés de traiter cette information « très dérangeante ».

Pour preuve, à l’heure d’écrire ces lignes, soit 3 jours après la diffusion internationale du sacrifice d’Aaron Bushnell, cette info a été relayée et (mal)traitée par… 4 médias européens d’expression française (RFI, Libération, La Croix et la RTBF).



Une censure grossière et d’autant plus grotesque que la vidéo de Bushnell a été si virale que les mainstream US (CNN, New-York Times ou Newsweek) et britanniques (BBC, The Guardian ou The Independant) ont dû la traiter en temps et en heure. Ensuite, depuis 72h, le net, les réseaux sociaux comme une partie de la société américaine échange et débat tous azimuts sur « le sujet ». Comme le résume la journaliste américaine Caitlin Johnstone : «  Un membre de l’armée américaine qui s’enflamme en criant « Palestine libre » est absolument dévastateur pour les intérêts informationnels d’Israël et des États-Unis, car cela réveille les gens comme rien d’autre ne pourrait jamais le faire. »


Médias anglophones plus sournois


Bref, il n’y a pas à chercher très loin les motivations de censure des sergent-chefs « éclairés » des médias traditionnels francophones. Hors de question, pour ces « dirigeants libres », d’ouvrir un cadre médiatique, une réflexion, un éventuel débat portant sur le geste sacrificiel d’Aaron Bushnell ! Trop susceptible de mettre en doute, sinon en péril, leur ligne « israélo-embarquée » ; leur ignoble soumission anti-journalistique envers le tandem étatique et génocidaire USA-Israël…

Si la majorité des mainstream anglophones ont traité l’immolation du jeune soldat, ce n’est pas, selon le journaliste Ben Norton, sans invisibiliser son message politique. « Les médias occidentaux ont montré leur partialité en dissimulant le fond de la protestation meurtrière de l’aviateur américain », estime Norton dans un article diffusé sur ce site. « Des études scientifiques ont montré qu’environ 60% des Américains ne lisent pas au-delà des gros titres », poursuit-il. Or, « dans leurs titres, la plupart des grands médias américains, notamment le New York Times, le Washington Post et CNN, ont omis de mentionner pourquoi Bushnell s’est immolé devant l’ambassade d’Israël. »

Le journaliste compare ensuite ce traitement douteux avec celui que les mêmes médias ont réservé au suicide politique d’Irina Slavina à Moscou : « Lorsque la journaliste russe, Irina Slavina, s’est immolée par le feu en 2020, le New York Times a bien médiatisé qu’il s’agissait d’un ‘acte de protestation contre le gouvernement de Vladimir Poutine‘. »

Idem pour la « prestigieuse » BBC, soucieuse de « dépolitiser la protestation fatale de Bushnell contre le génocide à Gaza parrainé par les États-Unis » après avoir, en 2020, « héroïser le suicide par immolation de Slavina en Russie telle une ‘protestation finale‘ contre Poutine. »


Selon Caitlin Johnstone, l’impact du suicide d’Aaron sur la société nord-américaine s’explique « du fait qu’il s’agit de l’acte de sincérité le plus profond dont nous ayons jamais été témoins. Dans cette civilisation frauduleuse où tout est faux et stupide, nous ne sommes pas habitués à une telle sincérité ».

S’adressant peut-être à celles et ceux à qui il faut encore « expliquer » l’abomination du génocide en cours, la journaliste ajoute : « Sorti de nulle part, un gars de l’armée de l’air arrive et fait quelque chose de vrai. Quelque chose d’aussi authentique et sincère que possible, avec les intentions les plus nobles. Il s’est immolé en direct pour attirer l’attention des gens sur l’horreur des atrocités commises à Gaza avec le soutien des États-Unis. Il savait parfaitement à quel point ce serait douloureux. Sachant parfaitement qu’il mourrait ou survivrait avec d’horribles brûlures […] Il n’a pas reculé […] et il l’a quand même fait. Rien dans notre société ne peut nous préparer à une telle sincérité. »


« Immortel dans la mémoire du peuple palestinien »


Autre information dont le public des mainstream n’entendra jamais parler, tant elle dissone avec la doxa falsificatrice ambiante, c’est le communiqué du Hamas diffusé suite au décès de Bushnell. Un communiqué qui – à rebours de toutes les agences de presse – a le mérite de rappeler que l’informaticien n’est pas le premier citoyen US à mourir pour la Palestine :

« Nous, au sein du Mouvement de la Résistance Islamique (Hamas), exprimons nos sincères condoléances et notre entière solidarité avec la famille et les amis du pilote américain Aaron Bushnell […] Comme la militante américaine Rachel Corrie, qui a été écrasée par un bulldozer sioniste en 2003 à Rafah, Aaron Bushnell a payé de sa vie pour faire pression sur le gouvernement de son pays afin d’empêcher que les crimes sionistes se poursuivent.



L’administration du président américain Joe Biden porte l’entière responsabilité de la mort du pilote américain en raison de sa politique de soutien à l’entité sioniste dans sa guerre génocidaire contre notre peuple. Aaron Bushnell a donné sa vie pour mettre en lumière les massacres et le nettoyage ethnique sioniste contre notre peuple dans la bande de Gaza. Ce pilote héroïque restera immortel dans la mémoire de notre peuple palestinien et des peuples libres du monde, et il restera un symbole de l’esprit de solidarité mondiale avec notre peuple et sa juste cause. »

En conclusion, souhaitant dépasser le caractère horrible du geste du militaire, Johnstone estime que Bushnell a lancé au monde « une invitation ». «  Une invitation à percer le voile de la superficialité et du narcissisme vers une authenticité radicale et une profonde compassion pour nos semblables. À une profonde sincérité qui nous est propre, avec laquelle nous pouvons réveiller le monde à notre manière. »

Et la journaliste de rejeter le sentiment d’impuissance comme la résignation égocentrique auxquels nous appellent, chaque jour, les médias mainstream : « Le 25 février à 13 heures, Aaron Bushnell a allumé plus d’une sorte de feu. Un feu qui nous pousse à agir. Un feu qui éclaire le chemin. Un feu qui nous inspire. Un feu qui nous montre une autre façon d’être. Un feu qui nous montre qu’un monde meilleur est possible. » 


Olivier Mukuna

28. 02. 2024

Source:  Investig’Action

 

 

 

samedi 16 octobre 2010

Le sionisme moribond

Deux plaintes déposées en moins d'une semaine contre Souhail Chichah, enseignant et chercheur à l'ULB, l'une pour "antisémitisme", l'autre pour "incitation à la haine raciale". En parallèle, une campagne de diffamation des plus féroce contre ce même homme sur internet et les journaux belges. A quoi ajouter des pressions sur les autorités académiques de l'ULB en vue de briser sa carrière. Et des lettres anonymes sans nombre où foisonnent les menaces et les insultes. Et la cerise sur le gâteau: une tentative de meurtre à l'arme blanche visant sa personne.

L'arme des lâches est partout la même: intimidation, calomnies, cabales, coups bas. Et les sionistes ne s'embarrassent pas d'en user et "abuser", même avec les "mauvaises graines" juives, que ce soit à l'intérieur d'Israël ou à l'extérieur. Cette hargne contre les antisionistes où qu'ils se trouvent ne peut et ne doit que consolider le front des pacifistes de tous les pays, intellectuels ou simples citoyens, dans cette bataille des plus juste et noble pour le droit palestinien. L'issue de l'affaire Alima et Omar en France retentit encore de ce camouflet donné aux "redresseurs de torts antisémites", lobbyistes d’Europe et leurs commanditaires en Israël. La mascarade n'est pas terminée, certes, puisqu'il y a encore 79 procès à suivre. Mais l'élan de solidarité qui a précédé et accompagné ce premier procès, les papiers écrits, les déplacements individuels et en groupes pour assister au procès ou manifester devant le tribunal, toutes les initiatives concertées ou spontanées en marge de cet évènement témoignent, au delà de la responsabilité citoyenne de leurs auteurs, de ce sentiment de ras-le-bol qui se propage en Europe et ne fait que grandir. Ce qui semblait tenir, il y a quelques années seulement, d'un vent de sédition intellectuelle sans conséquence, circonscrit dans le cercle de l'élite, se révèle, jour après jour, d'une ampleur plus inquiétante pour les sionistes. Le vieux sentiment de culpabilité européenne à l'égard des juifs persécutés par les nazis ne trouve plus d'adhérents chez les nouvelles générations, d'autant plus que les victimes d'hier sont aujourd'hui des victimaires. La litanie de l'holocauste, confrontée aux crimes en live, au fleuve de sang arabe et palestinien qui, de Deir Yassine à Gaza, en passant par Sabra et Chattila, Jenine et Kana, sans compter les tueries moins tristement notoires ni les assassinats de chaque jour, n'a jamais tari ni connu la moindre décrue, confrontée aux destructions quotidiennes perceptibles sur tous les écrans, aux humiliations sans nombre de femmes, d'hommes et d'enfants dont les photos égayent les héros du Tsahal et leurs fans, confrontés au vol des terres et des maisons, à l'expropriation de tout un peuple au profit d'un autre, tel holocauste a perdu son aura de sainteté et sa crédibilité. L'effet anesthésiant que ce mot magique avait autrefois sur les vieilles générations européennes et qui permettait aux apôtres du sionisme de couvrir ou de faire absoudre les crimes de leur État en Palestine ou dans les pays limitrophes est aujourd'hui sans prise aucune sur les générations nouvelles. Libérées de ce croque-mitaine qui ne tient plus face au sang palestinien, ces générations se désolidarisent de plus en plus de leurs prédécesseurs pour rallier le camp de la justice et du droit. Et cette attitude antisioniste qui est en passe de devenir un trait de la nouvelle culture européenne, en même temps qu'un signe identitaire de tout projet de politique autrement, touche toutes les catégories sociales, pour autant que celles-ci soient informées. On peut en mesurer l'étendue sur la toile, sur les réseaux et les forums: les citoyens connectés à ce vent et impliqués dans son souffle ne sont plus seulement que des intellectuels ou une poignée de politiques réfractaires à la vieille doxa du continent. La contagion antisioniste paraît n'épargner personne, et qui mieux est, se répandre à l'intérieur même d'Israël.

N'en déplaise aux bons apôtres, l'épidémie ne fait que commencer. Et le vaccin comme le remède font défaut. Aucun laboratoire ni savant sioniste, quels qu'en soient les compétences, ne pourront inventer la pilule qui soit capable d'endiguer la pandémie mondiale ou d'en guérir les personnes atteintes. Car le mal n'est ni en Europe ni chez les intellectuels ou les antisionistes en général, mais là où le sionisme a construit ses murs et ses colonies, là où il a usurpé la terre palestinienne, là où il a fondé Israël. Tant que le foyer initial du virus est là, ni les armes, les assassinats, le terrorisme d'État sous toutes ses formes ni le mensonge ne pourront enrayer le mal ou guérir les malades. Et tant pis si les sionistes ne l'entendront pas de cette oreille!

Ce front qui unit Juifs, Arabes, Européens et d'autres combattants pour la paix, dans le reste du monde, aura raison du sionisme. Les actions de soutien au BDS et aux victimes des procès sionistes devront être reconduites et consolidées pour les rounds à venir. En France comme en Belgique ou ailleurs, là où nous pouvons marquer notre présence, boycotter ou faire boycotter un produit israélien, écrire un mot, transmettre une info, faire rallier au combat antisioniste un nouveau défenseur de la liberté de pensée et d'expression, dénoncer cette terreur aveugle qui vise des femmes et des hommes intègres, usons de la moindre parcelle accessible sur Internet ou ailleurs pour offrir le maximum de créneaux à la cause qui nous rassemble. Et en aucun cas, autant que possible, ne laissons pas seuls sur le terrain les sionistes. Car, et ce que je vais dire n’est pas un optimisme de pacotille, tout porte à croire que le vent de révolte qui souffle des cinq continents, et de l’Europe en tête, sur le sionisme et ses fondements n'est pas passager. Une nouvelle conscience universelle émergeant au jour depuis la dernière guerre contre le Liban et consolidée par le siège puis la guerre contre Gaza est en train de se dresser partout à la face du sionisme. Et les sionistes le savent bien, qui multiplient les fuites en avant et les faux-pas, répondent à l'argument percutant par les huées et les sifflements, la calomnie et la cabale, la menace anonyme et le couteau brandi, et ameutent en toute circonstance leurs chiens de garde pour un "oui" ou un "non" n'allant pas dans le sens qui les réconforte.

Ces sionistes savent que les jours de leur doctrine supposée les protéger mais se révélant piège mortel pour eux sont d’ores et déjà comptés.

Armés de cette foi fondée autant sur l’histoire du colonialisme et de l’apartheid et les signes récurrents d’un ras-le-bol humain face aux crimes incessants du sionisme, disons-le sans ambages : tôt ou tard, et plutôt tôt que tard, nous finirons bien par caser ce monstre moribond là où il ne fera plus de mal ni aux Palestiniens ni aux Juifs ni aux citoyens du monde. Dans le musée de l'histoire.

A. Amri

17.10.2010

Sur le même sujet:

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Liens externes:

Passion sioniste à l'ULB par Aurore Van Opstal

Cabale sioniste contre Souhail Chichah par Olivier Mukuna

La pétition de soutien à Souhail Chichah et Marc Van Damme

La liberté d’expression menacée de mort par Pierre Piccinin

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