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vendredi 2 avril 2021

Kamal Salibi: un démystificateur de l'histoire biblique, qui a fait école (Troisième partie)

« Permettez-moi de ne pas tourner autour du pot. Je crois avoir fait une découverte remarquable, qui devrait permettre une réinterprétation radicale de la Bible hébraïque, ou ce que la plupart des gens appellent l'Ancien Testament. En toute simplicité, la Bible est venue d'Arabie occidentale et non de Palestine, comme l'ont supposé des générations de savants. […] Je reconnais bien que ma découverte doit rester théorique jusqu'à confirmation par fouille archéologique. Pourtant, à mon sens, les preuves que j'apporte sont si irrécusables que seuls les traditionalistes aveugles sont peu susceptibles de m'accorder le bénéfice du doute jusqu'à ce que le soutien d'autres sources savantes corrobore mes conclusions » Kamal Salibi [1]

pages 1, 2, 3, 4 

III- La géographie biblique sur la carte d'Asir


C'est par cet incipit qui dénote une assurance bien campée que s'ouvre « La Bible est née en Arabie », dans sa version originale, rédigée en anglais. D'entrée, Kamal Salibi annonce la couleur. S'il y a bien dans les modalités d'énoncé quelques marques de nuance tempérant l'assertivité du discours, celui-ci n'en reste pas moins placé sous le ton péremptoire dominant. Ce que l'auteur annonce est bien moins une simple théorie qu'une certitude. Les modalités discursives sont ainsi conformes à la vérité énoncée dès le titre: La Bible est née en Arabie.

Quelque huit ans avant que l'annonce de cette révélation ne puisse voir le jour dans quatre capitales européennes et une cinquième arabe [2], c'est à Beyrouth et à la faveur d'un ouvrage de toponymie saoudien que Kamal Salibi en reçoit les signes fondateurs.

En ce jour de l'année 1977, probablement resté longtemps marqué dans sa mémoire, Kamal Salibi a dû vivre une commotion intellectuelle peu commune. Il serait difficile de la décrire en détails. Mais on peut en deviner l'intensité, je crois, à la lumière de la découverte que l'homme a faite. Ce jour-là, Kamal Salibi, 48 ans, célibataire (il le restera toute sa vie), était à l'Université américaine de Beyrouth, confiné dans son bureau de chef du département d'histoire et d'archéologie. Il avait oublié ses congénères, et s'était oublié lui-même en tant qu'individu. Probablement, il avait oublié jusque l'instinct de survie, la guerre civile faisant alors rage, la peur prenant dans son étau la ville de Beyrouth, les affres d'insécurité ressenties par tout Libanais, et même les menaces sérieuses pesant sur sa propre personne [3] et n'épargnant aucun du personnel de l'Université où il travaillait. Il avait oublié qu'à peine quelques mois plus tôt, deux de ses collègues avaient été assassinés dans une faculté du même établissement [4]. En plein jour. Tandis que lui, à une heure tardive de la nuit, il ne songeait pas que le moment était venu de rentrer à la maison. Sinon d'éteindre la lumière et fermer les yeux, pour tenter de dormir sur place, là où il s'était cloîtré depuis le matin. Car il serait incontestablement mille fois plus sage de s'assurer de cette prudence, plutôt que de sortir à telle heure pour rentrer chez lui.

Aux origines de cet état d'âme exceptionnel, la révélation inouïe d'un ouvrage qui l'avait absorbé depuis le matin. Le bibliothécaire de son département lui avait confié un dictionnaire de toponymie arabe en trois volumes, fait par un Saoudien et s'intitulant "Le dictionnaire géographique du Royaume d'Arabie saoudite" [en arabe المعجم الجغرافي للملكة العربية السعودية] [5]. L'article "عسير Asir", consacré à une province yéménite annexée par les Saoudiens aux années 1930, et les pages liées à cet article, ont fourni à Salibi une foule de noms de lieux en tout identiques aux toponymes des récits bibliques. Au début, réaction normale, l'académicien fut tenté de croire qu'il ne s'agirait peut-être que de pures coïncidences. Mais les indices ne cessaient de s'accumuler, criants sous ses yeux. Et le moindre toponyme biblique qui se présentait à son esprit, il en retrouvait aussitôt la réplique dans le dictionnaire. "Toutes les coordonnées des lieux concernés, telles que décrites dans la Bible hébraïque", écrit-il [6], s'avéraient "traçables" sur la carte d'Asir. Cette zone d'environ 600 km au sud ouest de l'Arabie saoudite, à accumuler autant de toponymes correspondant à la géographie de l'Ancien Testament, devenait pour celui qui en explorait inlassablement la toponymie, la source d'une effervescence, autant intellectuelle qu'émotionnelle, ne cessant d'aller montant. 

Cet effet est aisément compréhensible quand on sait toutes les attaches ontologiques liant l'académicien à la matière : chrétien, arabe, historien, tout ce qui est susceptible d'éclairer nombre de mystères dans les récits bibliques ne saurait le laisser indifférent. Or, ce jour-là, même s'il était encore trop tôt pour crier "Eurêka !", cet universitaire libanais était convaincu d'avoir trouvé la piste conduisant aux clés de ces mystères. Si les recherches archéologiques entreprises depuis plus d'un siècle pour retrouver des preuves attestant de la véracité des récits bibliques s'étaient jusque-là soldées par l'échec, et si une belle part de l'humanité, toutes croyances confondues, en était venue à ne voir dans ces récits que des mythes [7], c'était probablement parce que les prémisses des recherches archéologiques étaient fausses. La Bible ne serait pas née en Palestine, comme le veut l'histoire universellement reconnue, mais en Arabie. Et pour retrouver les traces des Juifs depuis leurs origines jusqu'à leur libération de la Captivité de Babylone, il faudrait non suivre les chemins rebattus qui n'avaient jusque-là rien donné, mais explorer la piste nouvelle dont le tracé apparaît en filigrane dans la toponymie d'Arabie.

En suivant méthodiquement, tout au long d'une recherche minutieuse et ardue, cette piste, Kamal Salibi est parvenu à la conviction que le berceau de la Bible hébraïque [8] est le pays d'Asir. Mais la conviction personnelle, c'est une chose. Sa conversion en évidence pour tout le monde, c'en est une autre. Et Kamal Salibi savait d'avance cela. Il savait que sa découverte n'aurait droit à l'évidence qu'étayée par des preuves archéologiques tirées du sol d'Asir. Mais il savait aussi et surtout que, compte tenu de ses implications idéologiques et politiques, cette évidence qu'il appelait de tous ses vœux, ne verrait pas le jour à court ni à moyen terme. On ferait tout pour la garder sous une chape qui résisterait aux pioches de l'archéologie. On ferait tout pour préserver le socle soutenant d'une part la mythologie sioniste, et d'autre part la doxa judéo-chrétienne. Et qui sait, compte tenu de ces enjeux, si l'on n'irait pas plus loin ?
 
Cependant, ce n'étaient pas de telles appréhensions qui pouvaient détourner de son but Kamal Salibi. En 1982, quand l'armée israélienne avait envahi le Liban, qu'une partie de Beyrouth était sous son siège, l'auteur, qui venait à peine de terminer son livre, ne songeait à s'entourer d'aucune prudence pour le soumettre à l'examen de ses amis et en débattre où il pût le faire. Et en dépit de tous les périls, c'était précisément à ce moment critique aussi, comme une sorte de défi à l'envahisseur, qu'il commença d'envoyer les copies de son manuscrit aux éditeurs occidentaux.

Plus tard, dans un livre écrit en complément à cette même investigation, il dira à ceux qui ne purent qu'user et abuser de la rhétorique pour tenter de le dénigrer et dénier toute valeur scientifique à son œuvre: « Jusqu'à ce que des preuves suffisantes soient apportées pour prouver hors de tout doute que l'histoire biblique a suivi son cours en Palestine, je continuerai à la rechercher en Arabie, non pas parce que je veux qu'elle soit là, mais parce que je reste pleinement convaincu par la raison et la preuve que ses drames ont été joués là-bas.  » [9].

Voilà 36 ans que Kamal Salibi, armé d'un courage exceptionnel, a jeté la balle dans le camp des archéologues. Et à ce jour, parce que le monde de ces archéologues n'a pas son courage, personne n'a pu relever le défi.

La bible est née en Arabie : notions de linguistique

En guise d'entrée à sa théorie, Salibi rappelle que l'hébreu est une langue qui s'était évanouie dès le 5e ou 6e siècle. D'où la forte probabilité que des altérations aient affecté en maintes endroits les textes bibliques. Ceux-ci, reconstruits probablement vers le 6e siècle, sont fondés sur la traduction de textes égyptiens, faits par des auteurs qui ne maîtrisaient plus l'hébreu originel. Il convient de remarquer ici que divers versets du Coran, texte datant du 7e siècle, font état de ces altérations qui auraient affecté à la fois les textes de l'Ancien et du Nouveau Testaments. Je conviens, certes, que citer le Coran à ce sujet n'est pas un argument opérant. Mais je n'aurais pas mentionné cette source si Salibi ne l'avait pas fait, et en divers endroits [10], avant moi. Et d'une. Et de deux: si je n'avais pas lu Bart D. Ehrman et son Méchant Jésus (Misquoting Jesus). Ce spécialiste américain du Nouveau Testament et professeur d’histoire des religions aux États-Unis, parlant du mythe des "manuscrits originaux" du Nouveau Testament, affirme que ces manuscrits n'existent pas : " Non seulement nous n'avons pas les originaux, dit-il, mais nous n'avons pas les premières copies des originaux, nous n'avons même pas les copies des copies des originaux , ni même les copies des copies des copies des originaux. Ce que nous avons sont des copies faites plus tard - beaucoup plus tard; dans la plupart des cas, ce sont des copies rédigées nombreux siècles plus tard, et toutes ces copies sont différentes chacune de l'autre, dans de milliers d'endroits. [...] Ces copies différent les unes des autres en tant d'endroits que nous ne savons même pas combien il existe de différences. Il est peut être plus facile de dire : il existe plus de différences entre nos manuscrits qu'il y en a de mots dans le nouveau testament" [11].  

Si un tel constat vaut pour des textes datant de 10 à 15 siècles seulement, que dire alors pour l'Ancien Testament vieux d'au moins 26 siècles, et dont la source est une traduction  de traduction en ancien égyptien ?

Salibi rappelle également quelques principes de diachronie et de synchronie, relatifs à
La Bible est née en Arabie
l'hébreu et aux autres langues sémitiques, essentiels à l'intelligence de sa thèse, tout en remettant en cause le principe classant ces langues en langues du nord et langues du sud, arabiques. Les spécialistes rattachent le cananéen (auquel s'affilient l'hébreu, l'ougaritique et le phénicien) ainsi que l'araméen (auquel s'affilie le syriaque) comme langues sémitiques du Nord, et l'arabe comme langue sémitique du sud. Or, souligne-t-il, "il apparait de l'existence de toponymes cananéens et araméens dans la péninsule arabique que cette classification géographique des trois langues sémitiques n'est pas juste. Et il y a dans la Torah elle-même des toponymes dont les savants reconnaissent la formulation arabe, décelable jusque dans l'article défini al, comme "Almoudad" (en hébreu Almouded) cité dans la Genèse (10 - 26) et le Premier Livre des Chroniques (1- 20)"[12]. Salibi souligne ce fait, attesté par l'archéologie, que les trois langues congénères (arabe, cananéen et araméen) ont coexisté à travers la vieille histoire, aussi bien au nord qu'au sud de la péninsule arabique. Et l'auteur rappelle aussi que "l'arabe, compte tenu de sa phonologie et sa morphologie, est considéré par les spécialistes comme la plus ancienne des trois langues congénères" [13].
 
L'auteur rappelle également quelques caractéristiques communes à toutes les langues sémitiques, en citant en particulier l'hébreu et l'arabe. Parmi ces caractéristiques, une grande partie de leurs lexiques dérive de racines trilitères communes. Parfois, une même racine partagée par deux langues sémitiques ou plus est difficile à reconnaître par un locuteur étranger aux langues sémitiques. Tel est l'exemple de l'hébreu "hsr" (habiter, s'installer) et l'arabe "hdr" [14]. Il est fréquent que des phonèmes donnés changent de prononciation d'une langue à l'autre. Le "g" comparable à l'initiale de l'anglais "god" peut se prononcer selon la langue sémitique soit comme dans le mot anglais, soit "q" (arrêt uvulaire sans voix), soit encore "g'" (fricative uvulaire voisée). Ce qui fait qu'un mot comme le Negeb hébreu (toponyme) devient en arabe Naqab ou Nagab [15].
 
A ces variations de type phonologique s'ajoutent encore, assez fréquemment, soit entre les langues soit entre les parlers d'une seule langue, les variations déplaçant, ajoutant ou supprimant des phonèmes d'un cognat l'autre, comme la métathèse. Un mot sur le modèle "acb" dans une langue donnée devient ailleurs "abc", "bca", "cba"... Ainsi "zwg", variante "zwj" (couple, paire) peut devenir "gwz" ou "jwz" [16].
 
Un autre élément, et non des moindre, peut influer considérablement l'intelligence des textes anciens, quand on sait que les langues sémitiques sont écrites avec des consonnes sans voyelles. Celles-ci, pour l'arabe par exemple, sont indiquées parfois par des signes diacritiques, notamment dans le texte du Coran, les manuels d'alphabétisation élémentaires, ou pour distinguer un homographe d'un autre. Ainsi, pour voyelliser un "ب b", par exemple, on l'écrira: "بَ ba",   "بُ bou",  "بِ bi"); si on supprime les signes diacritiques, nous n'aurons plus qu'un "ب" dévoyellisé qui se prononce comme une lettre d'alphabet (bà). Si l'on propose à un Arabe de lire un mot comme "قلب", correspondant à la racine consonantique "qlb", cette orthographe sans signes diacritiques peut se lire de 6 manières différentes. C'est soit "قَلْب qalb" (cœur, ou renversement), soit "قَلَبَ qalaba" (renverser), soit "قُلِبَ qouliba" (a été renversé), soit "قَلَّبَ qallaba" (examiner attentivement, remuer), soit "قُلَّبٌ qoulleb" (inconstant), soit enfin "قُلْبٌ qoulb" (adjectif qui désigne quelque chose de renversé, à l'envers). Mais il n'y a pas que le sens du mot qui soit ici tributaire de ces signes diacritiques; l'intelligence de sa fonction grammaticale en dépend aussi, les langues sémitiques étant langues à flexion, et selon le signe qui le voyellise, un mot qui se termine par "بَ ba",   "بُ bou",  ou "بِ bi" n'a pas la même fonction syntaxique.
 
En prenant en considération tous ces éléments, les nuances de vocalisation, les métathèses et métaplasmes intervenant à chaque passage d'une langue sémitique à une autre, l'absence de voyelles à l'écrit, on peut imaginer en quoi cela est susceptible de modifier tantôt l'orthographe d'un mot, tantôt son sens, tantôt sa fonction grammaticale à l’intérieur d'une phrase, sous la plume des massorètes qui avaient reconstruit, alors qu'ils n'étaient ni paléographes ni philologues, la Bible à un moment où l'hébreu était langue morte. Les noms de lieux bibliques - dérivés d'anciens registres égyptiens [17], ont dû être affectés par ces lois linguistiques, comme l'ont été probablement aussi des fragments de récits de l'ancienne histoire des Israélites, ou Béni Israël (enfants d'Israël, c'est-à-dire de Jacob). 
 
En résumé, Kamal Salibi nous dit : « Tout véritable apprentissage implique une mesure de désapprentissage ; dans le domaine des études bibliques, cela est essentiel. Parce que la langue de la Bible hébraïque est tombée en désuétude quelque temps après le sixième ou le cinquième siècle avant J.C., il est impossible de savoir comment elle a été prononcée et vocalisée à l'origine par les anciens peuples ou peuples qui la parlaient. Nous ne savons rien de son orthographe, de sa grammaire, de sa syntaxe ou de son idiome. Le vocabulaire de la Bible hébraïque, dans la mesure où il est connu, est limité aux mots qui apparaissent dans les textes bibliques. Certes, l'érudition rabbinique nous a fourni un vocabulaire extrabiblique, basé en partie sur le vocabulaire biblique existant et en partie sur des emprunts à l'araméen et à d'autres langues. Nous devons cependant nous rappeler que l'hébreu rabbinique n'a jamais été réellement parlé ; c'était, tout simplement, une langue d'apprentissage. De plus, bon nombre des mots qui apparaissent dans la Bible hébraïque apparaissent si rarement que leur signification fait l'objet d'un débat. Par conséquent, pour lire et comprendre la Bible hébraïque, il faut soit suivre la tradition rabbinique, soit se référer à d'autres langues sémitiques apparentées qui sont vivantes aujourd’hui. » [18]


pages 1, 2, 3, 4 
 
 
Ahmed Amri
02. 04. 2021
 
 

1- Kamal Salibi, The Bible Came from Arabia, Pan Books Ltd, 1987, p. 1.

2- Le nombre total des langues dans lesquels le livre a été édité, d'après le chiffre donné par l'auteur en personne en août 2010, est neuf langues. [Source]


3- En août 2010, interrogé par le journaliste libanais Hachem Qassem s'il avait eu à craindre pour sa vie en raison de ses écrits, Kamal Salibi a répondu qu'il n'avait peur de personne, mais au cours de la guerre civile, en tant que professeur d'histoire chargé d'enseigner l'histoire des Ottomans, il avait reçu des menaces de mort de la part d'organisations arméniennes. [Source]

4- Raymond Ghosn et Robert Njeimi, respectivement doyen de la faculté de technologie et d'architecture, et doyen des étudiants, ont été assassinés le 17 février 1976. 

5- حمد الجاسر، المعجم الجغرافي للبلاد العربية السعودية (5 أجزاء)، دار اليمامة للطباعة والنشر،1977

6- The Bible Came from Arabia, Londres, 1985, p. 7.

7- Voici ce qu'on peut lire à ce sujet sur une page de l'UCG (Eglise de Dieu Unie): "Plusieurs sondages indiquent que la croyance en la Bible diminue à un rythme effarant. En 1991, un sondage a révélé que 25% seulement des Irlandais, 20% des Italiens, 13% des Anglais, des Norvégiens et des Hollandais, et 10% des anciens Allemands de l’Ouest croyaient que la Bible est véridique et doit être prise à la lettre." [Source: Scott Ashley, La Bible: mythe ou histoire ?, francais.ucg.org, 31.03.2004]


8- La Bible hébraïque, ou ce qu'on appelle Ancien Testament, est composée dans sa version canonique de 39 livres: 5 sont réunis dans le Pentateuque (en hébreu, תּוֹרָה la Torah qui signifie ", « instruction », mot probablement apparenté à l'arabe ترئية tarîa (enseignement) ou ‘Instruction): Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome. 21 sont rattachés aux prophètes, et 13 livres de poésie religieuse. L'ensemble de ces textes aurait été écrit au 6e s. av. J. C. par les massorètes, c'est-à-dire à une époque où l'hébreu était langue morte depuis près d'un siècle, supplanté par l’araméen.      

9- Secrets of the Bible People, Interlink Books, 1988, p. 10.

10- Kamal Salibi, opt. cit. pp. 35, 36, 62, 111, 161, 178, 197, 209, 210.

11- Bart D. Ehrman, Misquoting Jesus,HarperCollins, 2005, pp. 10-11.


12-كمال الصليبي، التوراة جاءت من جزيرة العرب، ترجمة عفيف الرزاز، مؤسسة الأبحاث العربية،1977، ص. 17

13-  كمال الصليبي، نفس المصدر، ص. 17

14- Kamal Salibi, opt. cit. p. 4.

15- Kamal Salibi, opt. cit. p. 4.

16- Kamal Salibi, opt. cit. p. 5

17- Il est communément admis qu'il y a deux sources massorétiques: la première est la septante, traduction de la Bible hébraïque en koinè grecque  (sorte de sabir comparable à la lingua franca qui était en usage entre les commerçants d'Orient et d'Occident, dans les villes portuaires de la Méditerranée, au Moyen âge), faite vers 270 av. J.-C, à partir de textes égyptiens. La seconde, datant de la fin du Ier siècle av. J.-C, est dite « proto-massorétique ». Elle a été établie à partir d'un texte grec trouvé dans l’une des grottes de Nahal Hever, daté du tournant de l'ère, auquel s'étaient ajoutés des textes reconstruits par des massorètes juifs du moyen âge.

18- Kamal Salibi, opt. cit. p.  27.  




Kamal Salibi: un démystificateur de l'histoire biblique, qui a fait école (Deuxième partie)


« Dans les vallées d'Asir, du Yémen et du Hedjaz, il y a des ruines qui pourraient un jour céder aux historiens et au monde davantage sur les anciens États des Sabéens, des Minaéens, des Himyarites et des Nabatéens et des anciens royaumes d'Arabie, et apparaissent de façon plus claire dans les premiers livres de la Bible et des allusions historiques dans le Coran. Qui sait quels trésors de l'histoire reposent dans les ruines enchevêtrées d'Asir? » Gérard De Gaury [1]
                                                                    pages 1, 2, 3, 4 
II- La Bible: aucune preuve sur le sol palestinien 

« Asir, écrit en date du 16 septembre 1985 le magazine allemand Der Spiegel, est plus strictement protégé contre les étrangers que l'État communiste balkanique d'Albanie. Même les conseillers militaires américains, qui construisent une station d'écoute à Asir et un aéroport militaire pour remplacer celui d'Asmara en Érythrée, ne sont autorisés à sortir de leurs bases que lorsqu'ils sont accompagnés d'officiers saoudiens. » [2][3

Province d'Asir en Arabie
Il va de soi que la question que tout lecteur pourrait se poser ici, en réaction à cette information publiée par une revue aussi bien réputée que l’hebdomadaire d'information allemand, est : quels curieux secrets pourraient-ils justifier l'attitude cachottière des Saoudiens au sujet d'Asir [en arabe : عسير  'Acir]? Et s'il y a quelque mystère qui vaille que les Saoudiens le cachent aux Américains-mêmes, est-il pensable que ces derniers, ou les yeux du Mossad dans la région, n'en aient pas encore percé l'écran, surtout si le secret voilé, comme on peut le soupçonner, est intimement lié à la théorie de Salibi ? Le passage cité en exergue, datant de 1946, et la question que se pose son auteur au sujet des trésors cachés d'Asir, permettent de penser que le mystère en question ne serait qu'un secret de Polichinelle. Et il est fort probable que ce Gérard De Gaury, qui était très proche à la fois des services secrets britanniques et du roi Abdelaziz Al Saoud [4], ait pu tenir cachées, de gré ou de force, des informations cruciales que le moment historique précédant de peu la proclamation de l’État d'Israël ne permettait pas de divulguer.  

Mais oublions un moment ce mystère d'Asir pour voir ce que l'histoire a pu nous révéler sur un autre mystère, celui des Hébreux et leur présumé rapport "ombilical" avec la Palestine, leur "Terre promise".  A ce propos, Pierre Rossi que nous avons déjà cité (voir p. précédente: I- Des chrétientés illégitime et légitime) écrit en 1976 : « une illusion compliquée d’une perpétuelle prestidigitation étymologique a pu entraîner bien des gens à voir dans les Hébreux et dans leur « culture » les ancêtres suprêmes de l’histoire de l’Orient et par là même de la nôtre. Et tout d’abord il est bon de savoir qu’en dehors des textes bibliques, l’histoire fait sur les Hébreux un silence total. Nulle part ni l’archéologie, ni l’épigraphie, ni la statuaire ne révèlent le moindre vestige hébraïque. Sur les milliers de textes cunéiformes ou égyptiens qui constituent les bibliothèques d’Egypte, de Ras Shamra ou de Ninive, pas plus que dans les récits araméens le mot hébreu n’est mentionné ; les fameux rois bibliques que sont David ou Salomon ne défraient aucune chronique. Aucune mention non plus de l’épopée et des batailles liées à un exode des Hébreux. Nulle rupture de civilisation n’est attestée par les fouilles faites en Palestine depuis 1890. Le néant est aussi parfait que définitif. Il ne saurait donc être question d’histoire lorsqu’on ignore les faits, ni de tenter de deviner les événements alors qu’on ne possède aucun document. »[5]

D'aucuns diraient, peut-être que Rossi, notoirement connu comme ami des Arabes, n'est pas en bonne position pour s'exprimer à ce sujet. Écoutons alors des Israéliens, et des mieux placés sur le terrain, pour voir s'ils peuvent désavouer en quoi que ce soit les propos de l'auteur français. 

Le 29 octobre 1999, sous le titre éloquent « La Bible: aucune preuve sur le terrain », le journal israélien Haaretz publie une révélation qui, à l'intérieur d'Israël et partout où le mythe de la Terre promise puisse encore tenir, tombe comme une douche froide. Dans un entretien accordé à ce journal, Ze’ev Herzog, chef du département d’archéologie et d’études de l’ancien Proche-Orient à l’université de Tel-Aviv, lâche un aveu explosif, balayant, sur un ton sec et par quelques mots péremptoires, toutes les illusions fondées sur l'archéologie biblique: « Après 70 ans d’excavations et de fouilles extensives sur la terre d’Israël, dit-il, les archéologues ont trouvé que les actions du patriarche sont des histoires de légende; nous n’avons pas séjourné en Égypte, ni fait un exode, nous n’avons pas conquis la terre. Il n’y a pas non plus de mention de l’empire de David et de Salomon. Ceux qui s’y intéressent savent tout cela depuis des années, mais Israël est un peuple têtu et ne veut pas en entendre parler. »[6][7]. Le même archéologue ajoute, en guise de cerise sur le gâteau : « Jéhovah, le Dieu d'Israël, avait une femme et la première religion israélite n'a adopté le monothéisme que vers la fin de la période du royaume, pas au mont Sinaï. » [8]

La révélation est tellement « contraire au bon sens » de la pensée judéo-chrétienne que, trois ans après, elle semble encore comme inédite, jusque dans les milieux protestants des USA. Et l'auteure américaine Lisa Knopp, qui ne pouvait la citer qu'au conditionnel [9], permet de mesurer à quel point ce « bon sens » ne peut aisément admettre une thèse scientifique qui ne concorde pas avec la parole biblique.  

Davantage explosives assurément les révélations faites en 2001 par deux auteurs israéliens. The Bible Unearthed, traduit en français dès 2002 sous le titre "La Bible dévoilée, Les nouvelles révélations de l'archéologie"[10] opère une déconstruction magistrale des principaux mythes liés à l'historicité biblique. Ses auteurs, Israël Finkelstein, archéologue,  et Neil Asher Silberman, historien et archéologue, y confrontant les découvertes de l'archéologie avec les récits les plus célèbres de la Bible hébraïque, en concluent que les principaux épisodes historiques, tels que l’errance des trois Patriarches (Abraham, Isaac, Jacob), l’asservissement des juifs en Égypte, l’Exode conduit par Moïse, les 40 ans d'errance dans le désert du Sinaï, la conquête armée de Canaan par Josué, la monarchie unifiée des deux royaumes sous l’autorité du grand David, la splendeur de Jérusalem dotée de son magnifique Temple de Salomon, n'ont pu être attestés par aucune preuve archéologique ou historique. En d'autres termes, ces conclusions signifient que les récits bibliques relatifs aux éléments énumérés, s'il faut les localiser sur la carte géographique imprimée dans l'esprit judéo-chrétien, n’auraient d'autre valeur, à part leur côté mythique.

Peut-être qu'entretemps, dirait-on encore, la « Terre promise » aurait-elle accouché de quelque chose de neuf et réellement consistant qui réconforte un tant soit peu les vérités bibliques. En fait, rien de cela ne s'est produit à ce jour. Faisant l'état sur les découvertes des deux décennies écoulées de ce siècle, le 1er novembre 2017 le journaliste israélien Nir Hasson réitère quasiment le même constat, à travers un article publié par Haaretz, sous le titre : « La Bible est-elle une histoire véridique ? » [11]

A mon sens, la bonne question n'est pas celle-là. Si les dogmes et les aprioris hérités de la Bible hébraïque pourraient tomber un jour comme les illusions des savants israéliens sous les coups de pioche de leurs recherches archéologiques, si le temple de Salomon, la Cité de David, l’Arche de l'Alliance, et bien des reliques chères aux enfants d'Israël [12], sont introuvables en Palestine, est-il possible d'imaginer, dans le prolongement des conclusions de l'archéologie israélienne [13], un changement de paradigme conduisant à reconnaître la théorie de Kamal Salibi ?

Cette interrogation est d'autant plus légitime, je crois, que les conclusions tirées par les archéologues et les historiens israéliens, l'académicien libanais Kamal Salibi (1920-2011), près d'une cinquantaine d'années plus tôt, sinon bien avant encore, les avait déduites de ses propres investigations en tant que spécialiste de l'histoire arabe, ancienne et médiévale, et de ses travaux scientifiques sur l'onomastique et la toponymie des textes religieux. Et cet éminent expert en histoire d'Orient en a acquis la certitude que le champ d'action de l'Ancien Testament n'a pas été la Palestine, mais les collines côtières fertiles de l'Arabie occidentale, ou ce qu'on appelle Bilad al-Asir. C'est là une donnée qui remet en cause non seulement les fondements de l'érudition biblique mais aussi ceux de l'État d'Israël. 

Ce libanais qui a étudié à l'université américaine de Beyrouth et obtenu son doctorat à l'université SOAS de Londres, contrairement aux préjugés racistes et sectaristes des théologiens allemands que nous avons évoqués dans le premier volet de cet article, de son berceau à son tombeau -peut-on dire- n'a fait que boire aux sources de l'histoire universelle. Issu d'une famille de chrétiens protestants, les Saintes Écritures ont constamment fait partie de ses environnements intimes, familial [14] et culturel. De par son éducation en milieu maronite [15], sa formation universitaire, ses recherches et sa carrière académiques, il a acquis une connaissance approfondie de l'Ancien et du Nouveau Testament ainsi que du Coran [16]. A quoi ajouter une très bonne connaissance, historique et philologique, des langues hébraïque, araméenne et arabe [17]. De sorte que lorsqu'un éditeur allemand a pris le courage de publier, en 1985, The Bible Came from Arabia (La Bible est venue d'Arabie) en six langues à la fois (anglais, allemand, hollandais, danois, français et arabe) [18][19], auxquelles s'étaient ajoutées postérieurement trois autres (japonais, malaisien et espagnol) [20], c'est parce que cet éditeur avait jugé à leurs justes valeurs Kamal Salibi et son œuvre. Pour lui, l'auteur arabe, au delà du fait que c'était un debunker sans pair, une révélation sûre, était probablement le premier "exégète", dans toute l'histoire humaine, à doter la géographie de la Bible d'un sens qui soit rationnel et solidement cohérent. Et à ce titre, le travail d'investigation qu'il a fait, extraordinaire, était du plus haut intérêt. Même si la théorie était susceptible de remuer de fond en comble, dans ses implications scientifiques et idéologiques, les bases du socle judéo-chrétien, et l'un des principaux piliers de la doxa occidentale, il fallait impérativement la publier.

Il faut dire que pour faire valoir cette édition multilingue à une thèse aussi révolutionnaire que celle soutenant l'origine arabique de la Bible, Kamal Salibi ne s'était pas contenté de se fier à ce qu'il a pu récolter de ses recherches ardues menées pendant de longues années. Quoique solidement convaincu d'avoir fait une découverte inouïe, quand il a finalisé son livre au début des années 1980, son premier souci n'a pas été de proposer le manuscrit à un éditeur. Mais de le faire vérifier, d'abord, de façon objective, et par une série de réexamens critiques faits par des spécialistes de nombreuses branches scientifiques. Il a associé à ce réexamen des professeurs de divers pays et horizons disciplinaires, dont des collègues de l'Université américaine de Beyrouth, d'autres de l'Institut allemand d'Orient (Orient-Institut Beirut (OIB)), d'autres encore de l'Université d'Erlangen [21]

Cette étape franchie, quand Kamal Salibi a proposé son livre à des éditeurs européens, la plupart, persuadés qu'ils avaient affaire à un apôtre ou idéologue arabe [22] chevauchant une thèse farfelue et irresponsable, l'avaient rejeté sèchement. Les préjugés à caractère raciste ont dû peser fort dans cette attitude, comme en témoigne, outre l'exemple évoqué des théologiens allemands, la déclaration d'un professeur de l'Ancien Testament, allemand lui aussi, à qui on avait demandé de juger les thèses de Salibi, et qui répondait : "Je ne fais pas confiance à un Arabe pour produire une publication sérieuse sur le sujet "[23][24]. Ce mépris devait être partagé par d'autres éditeurs, en particulier britanniques et américains, qui n'avaient même pas jugé utile d'expédier une lettre à l'auteur pour signifier le rejet de son manuscrit.

En dépit de cet hostile parti religieux où biblistes allemands et sionistes étaient ligués, c'est l'Allemagne éclairée en définitive, au bout de nombreuse démarches inabouties ailleurs, qui a accueilli Salibi et son livre. Il a fallu que Gernot Rotter, l'un de ceux qui avaient pu lire et apprécier le manuscrit à Beyrouth, portât le manuscrit à l'attention de l'éditeur allemand Ernst Rowohlt, pour trouver enfin une maison prête non seulement à le publier en sa langue originale, mais à le traduire et publier en cinq langues supplémentaires. 

A sa parution le 3 mars 1985, ou plutôt bien avant déjà, alors même que le texte était encore entre les mains des traducteurs, l'auteur et son livre ont fait l'objet de toutes sortes de dénigrements à travers les mainstreams sionistes en Israël ou ailleurs. « C'est de la mythologie et de la science-fiction », disait Chaim Tadmor, professeur d'histoire à l'Université hébraïque de Jérusalem, décrivant la théorie de Salibi [23]. Le rabbin et spécialiste de la Bible Adnin Steinhaltz estimait que cette théorie est « une absurdité rare » [25]. D'autres, plus nombreux, vilipendaient le diable de tous les temps, l'antisémitisme, doublé de fanatisme panarabiste, tentant de saper les bases sur lesquelles est fondé l'Etat d'Israël [26]. Ces jugements, rapportés par le journaliste britannique Jim Muir un an avant la parution du livre, sont d'autant plus lamentables qu'ils ne pouvaient se fonder que sur les échos faits au titre du livre et à ses présupposés. "Peu de ceux qui attaquent le livre, écrit ce journaliste, ont eu la chance de le lire, de sorte que leurs critiques se sont largement limitées aux expressions générales d'indignation et de ridicule" [27]. Mais ce qui a dû être plus surprenant, et beaucoup plus dur pour Salibi, est que certaines voix arabes, en alliées objectives de ce lynchage médiatique orchestré depuis Tel Aviv, avaient pris elles aussi parti contre sa personne et sa thèse. Ces voix arguaient que le livre pourrait inciter les sionistes, à moyen ou long terme, à réclamer des droits historiques sur la province d'Asir [28], pour autant que celle-ci s'avère l'authentique berceau de la Bible.

Aussi ne serait-il pas étonnant d'apprendre que le livre, sorti le 3 mars 1985, aurait été déclaré épuisé peu de jours après. En fouillant sur le web pour documenter ce papier, je suis tombé sur un texte en allemand, non daté mais probablement écrit par quelqu'un qui s'appuie sur du solide, dont je tire ici cet extrait : "Un fait m'a surpris et a éveillé mes soupçons. Vous ne trouverez nulle part le livre "La Bible est venue du pays d'Asir". Ce titre n'apparaît plus dans les catalogues des librairies. [...] Après sa publication en mars 1985 (ISBN 3 489 06179 9) par Rowohlt Verlag, copyright par Spiegel Verlag, Hambourg, le livre est immédiatement épuisé. Probablement racheté par des groupes d'intérêt pour saper la propagation de ces connaissances dangereuses et politiquement clairement inopportunes.[29].

Pour autant que cette information soit authentique, elle appelle ici deux remarques. La première est qu'il est aisé d'identifier les parties qui ne veulent pas que la thèse salibienne se propage. Quant à la seconde, plus digne d'intérêt à mon sens, est que cette forme de censure, ou rafle à grande échelle pour retirer le livre du marché, quelle que soit la partie qui ait pu la faire, ne peut que servir la théorie de Salibi et la rendre plus crédible.

Nous allons revenir, dans le volet suivant, à cette théorie pour voir comment la thèse délocalisant la vieille Jérusalem biblique de la Palestine pour la replacer au sud-ouest de la péninsule arabique est tellement solide que, sauf fouilles faites un jour à Asir et pouvant l'infirmer, est scientifiquement inattaquable [30]. D'ailleurs, quand on lit les travaux d'El Rubaï [31], de Farajallah Dib [32], d'Ahmed Îd [33],  et d'Ezzat [34], respectivement irakien, libanais, et égyptiens, il y a lieu de dire que la théorie de Kamal Salibi a fait école.


pages 1, 2, 3, 4  
A. Amri
02. 04. 2021


 Notes:

1- Arabia Phoenix, Londres, 1946, p. 119.

2- Traduit à partir de l'allemand: "Asir ist gegenüber Ausländern strenger abgeschirmt als der kommunistische Balkanstaat Albanien. Selbst die US-Militärberater, die in Asir eine Abhörstation aufbauen und einen Militärflughafen als Ersatz für das eritreische Asmara anlegen, dürfen sich nur in Begleitung saudischer Offiziere außerhalb ihrer Stützpunkte bewegen." [Source

3- Hat die Bibel doch nicht recht?, Der Spiegel, 16.09.1985

4- Sur la page que lui consacre le Wikipédia anglais, on apprend que ce personnage, qui était un officier militaire britannique, arabiste, explorateur, historien et diplomate, "a été l'agent politique britannique au Koweït dans les années 1930" et, grâce à une visite rendue au roi saoudien à Riadh, "était l'une des premières demi-douzaines de Britanniques à entrer dans cette ville".  On apprend aussi qu'"il parlait couramment l'arabe et a passé beaucoup de temps à chasser avec Ibn Sa'ud pendant son affectation en temps de guerre au Nejd et Asir. Pendant ce temps, il est devenu une autorité de premier plan dans la région et a écrit un certain nombre de livres sur le sujet plus tard." Cette "autorité de premier plan" ne rappelle-t-elle pas le personnage de Lawrence d'Arabie ? Ce personnage aurait-il joué un rôle dans l'annexion par l'Arabie d'Asir, territoire yéménite jusqu'en 1934?

5- La cité d'Isis: histoire vraie des Arabes, Nouvelles Editions Latines, 1976, pp. 18-19. 

6- Brian Desborough, They Cast No Shadows, Writers Club Press, iUniverse, 2002, p. 125


7- Chems Eddine Chitour, 50 ans après la débâcle arabe de 1967, palestine-solidarite.org, 06.07.2017

8- Nir Hasson, Is the Bible a True Story?, Haaretz, 01.11.2017 

9- The Nature of Home: A Lexicon and Essays, U of Nebraska Press, 2002, p. 126 

10-  Le livre, il faut l'indiquer pour ceux qui préfèrent des documents audio-visuels à un support écrit, a été reproduit sous la forme d'un documentaire (La Bible dévoilée) réalisé par Thierry Ragobert. Il est disponible en DVD. Et pour ceux qui ne pourraient pas l'acquérir de manière légale, en combinant sur Google des mots clés comme le titre et le nom du réalisateur, il y a de fortes chances d'en trouver une copie pirate.

11- Nir Hasson, opt. cit.

12- Il convient de rappeler ici pour le lecteur qui ne le sait pas qu'Israël est le nom qui a été donné à Jacob; ce nom signifie en hébreu « celui qui s'est battu avec Dieu ». Jacob se serait battu à mains nues, dans un duel singulier, contre Dieu, au gué dit du Yabboq.  

13- Il va de soi que nous parlons ici de l'archéologie dite du "minimalisme biblique", et non du camp qui lui est opposé, à savoir "l'archéologie biblique".

14- Un fait à rappeler ici, non pour contribuer de ma part sans le vouloir à diviser encore les Libanais, mais parce qu'il est historique et a dû être oublié par le camp religieux qui, en Allemagne, taxait d'illégitime la chrétienté de Salibi, ces Maronites, issus des anciens habitants de la Syrie, font partie des premiers disciples de Jésus. Ils ont résisté contre la conquête islamique et, par attachement à leur chrétienté, se sont mêmes alliés aux Croisés quand ceux-ci avaient débarqué au Liban. (Voir à ce propos Louis de Baudicour, La France en Syrie, Paris, 1866). 

15- Parmi les anecdotes associées aux biographies de Salibi, il en est une qui mérite d'être citée ici. La punition en milieu scolaire qui consiste à faire recopier x fois tel ou tel textes, Kamal Salibi nous en dit qu'elle était systématique dans son éducation. "Pour mes méfaits d'enfance", confie -t-il à Der Spiegel, "j'ai souvent dû mémoriser de longs passages de l'Ancien Testament comme punition." (Hat die Bibel doch nicht recht?, Der Spiegel, 16.09.1985).

16- Nikolas Dikigoros, Kamal Salibi: Die Bibel kam aus dem Lande Asir!, www.geocities.ws, n.d.

17- Nikolas Dikigoros, opt. cit.

18- كمال الصليبي، التوراة جاءت من جزيرة العرب، ترجمة عفيف الرزاز، مؤسسة الأبحاث العربية، 1997، ص. 8

19- Il semble que l'un des éditeurs européens (pour la version hollandaise ou danoise) avec qui la maison mère a conclu un contrat, sous les pressions exercées sur lui par des groupes d'intérêt opposés au livre a résilié son engagement. Voir préface de l'édition arabe, p. 8.

20- هاشم قاسم، مقابلـة مـع المـؤرخ كمـال الصليبـي، مجلة المستقبل العربي، عدد 378، أوت 2010


21- Kamal Salibi, The Bible Came from Arabia, Pan Books Ltd, 1987, p. 1.

22- S'il est hors de doute que Kamal Salibi était antisioniste, il n'en reste pas moins qu'il est au dessus de toute présomption susceptible de connecter ses recherches et ses écrits à des fins idéologiques ou politiques. Ni son appartenance à la communauté maronite, globalement plus portée à être libaniste que panarabiste, ni surtout son appartenance à la chrétienté, ne pourraient prêter à son œuvre des fins partisanes ou idéologiques. Ajoutez à cela que l'homme ne remet pas en cause les récits bibliques, mais il en réfute uniquement, des origines juives jusqu'à la captivité de Babylone, la localisation géographique. 

23- Der Spigel, opt. cit

24- Traduit de l'allemand d'après la déclaration suivante:"Einem Araber traue ich keine seriöse Publikation zu diesem Thema zu". (Der Spigel, opt. cit.)

25- Jim Muir, Was Kingdom of David really in Arabia?, www.csmonitor.com, 31.08.1984

26- Jim Muir, opt. cit.

27- Jim Muir, opt.cit.

28- Jim Muir, opt.cit.

29 التوراة جاءت من جزيرةالعرب، ترجمة عفيف الرزاز، مؤسسة الأبحاث العربية، 1997، ص.9 كمال الصليبي، 
 
30- Traduit d'après le texte original: " Eine Tatsache hat mich sehr überrascht und meinen Argwohn geweckt. Sie werden das Buch "Die Bibel kam aus dem Lande Asir" nirgendwo finden. Bei den Buchhandlungen erscheint dieser Titel überhaupt nicht mehr in den Katalogen. [....] Das Buch sei nach seiner Veröffentlichung im März 1985 (ISBN 3 489 06179 9) vom Rowohlt Verlag, Copyright beim Spiegel Verlag, Hamburg sofort vergriffen gewesen. Wahrscheinlich von Interessengruppen aufgekauft, um die Verbreitung dieses gefährlichen und politisch klar inopportunen Wissens zu hintertreiben." (Nikolas Dikigoros, opt. cit.)

31- Je pense que la réponse que Kamal Salibi a faite de son vivant à George Mendenhall qui traitait son oeuvre d'"absurdité donquichottiste qui ne peut pas être prise au sérieux" mérite d'être citée ici, tant elle rend nulle toute attaque qui ne soit pas fondée sur les données archéologiques: "Jusqu'à ce que des preuves suffisantes soient apportées pour prouver hors de tout doute que l'histoire biblique a suivi son cours en Palestine, je continuerai à la rechercher en Arabie, non pas parce que je veux qu'elle soit là, mais parce que je reste pleinement convaincu par la raison et la preuve que ses drames ont été joués là-bas". [*]

32- Fadhel El Rubaie, historien et antropologue irakien, auteur de près de 70 écrits (ouvrages et mémoires) dont الذاكرة المنهوبة [La mémoire pillée], إرم ذات العماد - من مكة إلى أورشليم : البحث عن الجنة [Iram la Cité des mille piliers, de la Mecque à Jérusalem: recherche du paradis], القدس ليست أورشليم [Al Qods n'est pas Jérusalem], ما بعد الإستشراق: الغزو الأمريكي للعراق وعودة الكولونياليات البيضاء [Post-orientalisme: l'invasion américaine de l'Irak et le retour des colonies blanches]...

33- Il est l'auteur de nombreux articles faisant écho à l'oeuvre de Kamal Salibi, et de deux livres de même veine, dont le premier est intitulé: حول أطروحات كمال الصليبي: التوراة في اللغة والتاريخ والثقافة الشعبية، دار الحداثة للطباعة والنشر، 1989 (A propos des thèses de Kamal Salibi: la Tourah dans la langue, l'histoire et la culture populaire, ed° Dar al-Hadatha, 1989), et le second: اليمن هي الاصل: الجذور العربية للأسماء، دار الكتاب الحديث، 2008 (Le Yémen, c'est l'origine: racines arabes des noms, éd° Dar al-Kitab al-Hadith, 2008).

34- Il est l'auteur d'un livre intitulé : جغرافية التوراة في جزيرة الفراعنة، مركز المحروسة للبحوث والتدريب والنشر، 1996 ( La géographie de la Thora en la péninsule des Pharaons, éd° Markaz al-Mahroussa, 1996).

35- Dr. Ashraf Ezzat, historien, égyptologue et réalisateur de films égyptien, auteur de  Egypt knew no Pharaohs nor Israelites [L'Egypte ne connaissait ni pharaons ni Israélites]


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