mercredi 1 novembre 2023

«Massacres du Hamas» : Que s’est-il réellement passé le 7 octobre ? Par Robert Inlakesh et Sharmine Narwani

     Deux semaines après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, une image plus claire de ce qui s’est passé – qui est mort et qui a tué – commence à émerger.


 

Déluge d'al-Aqsa: quelques images

     Au lieu du massacre généralisé de civils qu’a dénoncé Israël, des chiffres incomplets publiés par le journal hébreu Haaretz montrent que près de la moitié des Israéliens tués ce jour-là étaient en fait des combattants – soldats ou policiers.

     Entre-temps, deux semaines de reportages dans les médias occidentaux selon lesquels le Hamas aurait tué environ 1.400 civils israéliens lors de son attaque militaire du 7 octobre ont servi à attiser les émotions et à créer un climat propice à la destruction effrénée menée par Israël sur la bande de Gaza et sa population civile.

     Les récits du bilan israélien ont été filtrés et façonnés pour suggérer qu’un massacre de civils à grande échelle s’est produit ce jour-là, bébés, enfants et femmes étant les principales cibles d’une attaque terroriste.

     Aujourd’hui, les statistiques détaillées sur les victimes, publiées par Haaretz, dressent un tableau très différent. Au 23 octobre, le média a publié des informations sur 683 Israéliens tués lors de l’offensive menée par le Hamas, y compris leurs noms et lieux de leur mort le 7 octobre.

     Parmi eux, 331 victimes – soit 48,4 pour cent – ​​ont été identifiées comme étant des soldats et des policiers, dont beaucoup de femmes. Treize autres sont décrits comme des membres des services de secours, et les 339 restants sont apparemment considérés comme des civils.

     Bien que cette liste ne soit pas exhaustive et ne représente environ que la moitié du nombre de victimes déclaré par Israël, près de la moitié des personnes tuées dans la bataille sont clairement identifiées comme des combattants israéliens.

     Jusqu’à présent, aucun décès d’enfant de moins de trois ans n’a été enregistré, ce qui met en doute le récit israélien selon lequel les bébés étaient la cible des combattants de la résistance palestinienne. Sur les 683 victimes signalées à ce jour, sept étaient âgées de 4 à 7 ans et neuf de 10 à 17 ans. Les 667 victimes restantes semblent être des adultes.

     Le nombre et la proportion de civils et d’enfants palestiniens victimes des bombardements israéliens au cours des deux dernières semaines – plus de 5 791 tués, dont 2 360 enfants et 1 292 femmes, et plus de 18 000 blessés – sont bien plus élevés que n’importe lequel des chiffres israéliens concernant les événements du 7 octobre.

Revisiter la scène

     L’audacieuse opération militaire menée par le Hamas, baptisée Le déluge d’Al-Aqsa, a consisté en un raid spectaculaire vers 6h30 du matin (heure de Palestine) à l’aube du 7 octobre. Elle a été accompagnée d’une cacophonie de sirènes brisant le silence de Jérusalem occupée, signalant le début d’un événement historique, extraordinaire dans le cours de ces 75 ans d’occupation.

     Selon le porte-parole de la branche armée du Hamas, les Brigades Al-Qassam, environ 1 500 combattants palestiniens ont traversé la redoutable barrière de séparation entre Gaza et Israël.

     Cependant, cette percée ne s’est pas limitée aux seules forces du Hamas ; de nombreux combattants armés appartenant à d’autres factions, telles que le Jihad islamique palestinien, ont ensuite franchi la ligne d’armistice, ainsi que certains Palestiniens non affiliés à une milice organisée.

     Lorsqu’il a été évident qu’il ne s’agissait pas d’une opération de résistance ordinaire, des centaines de vidéos ont rapidement inondé les réseaux sociaux, dont la plupart ont été visionnées par The Cradle, montrant des soldats et des colons israéliens morts, de violents échanges de tirs entre différentes parties et des Israéliens capturés à Gaza.

     Ces vidéos ont été soit prises avec des téléphones israéliens, soit diffusées par des combattants palestiniens filmant leur propre opération. Ce n’est que quelques heures plus tard que plus d’allégations horribles et carrément suspectes ont commencé à faire surface.

Allégations non fondées sur les « atrocités du Hamas »

     Aviva Klompas, qui rédigeait les discours de la mission israélienne auprès de l’ONU, a été la première Israélienne de renom à propager l’affirmation selon laquelle des informations faisaient état de « filles israéliennes violées et leurs corps traînés dans la rue ».

     Elle a posté ceci sur X à 21h18 (heure de Palestine), le 7 octobre, bien que son éditorial publié dans Newsweek à 00h28 (heure de Palestine), le 8 octobre, ne fasse aucune mention de violences sexuelles.

     Klompas est également co-fondatrice de Boundless Israel, un « groupe de réflexion et d’action » qui œuvre « pour revitaliser l’éducation en Israël et mener une action collective audacieuse pour combattre la haine des Juifs ». Un groupe caritatif « sioniste sans vergogne » qui travaille à promouvoir le discours sur les réseaux sociaux.

     Le seul cas exhibé comme preuve de viol est celui de Shani Louk, jeune germano-israélienne nommée, qui a été filmée face au sol à l’arrière d’une camionnette et qu’on a largement considérée comme morte.

     Il n’est pas clair si les combattants filmés avec Louk dans le véhicule à destination de Gaza étaient des membres du Hamas, car ils ne portent ni les uniformes ni les insignes des troupes d’Al-Qassam identifiables dans d’autres vidéos du Hamas – certains portaient même des vêtements civils décontractés et des sandales.

     Plus tard, sa mère a affirmé avoir la preuve que sa fille était toujours en vie, mais qu’elle avait subi une grave blessure à la tête. Cela concorde avec les informations publiées par le Hamas selon lesquelles Louk était soignée pour ses blessures dans un hôpital non précisé de Gaza.

     Pour compliquer encore les choses, le jour où ces allégations de viol ont été formulées, les Israéliens n’auraient pas eu accès à ces informations. Leurs forces armées n’étaient pas encore entrées dans la plupart des zones libérées par la résistance et étaient toujours engagées dans des affrontements armés sur plusieurs fronts.

     Néanmoins, ces allégations de viol ont pris spontanément de l’ampleur, même le président américain Joe Biden alléguant, lors d’un discours quelques jours plus tard, que les femmes israéliennes avaient été « violées, agressées, exhibées comme des trophées » par les combattants du Hamas. Il est important de noter que l’article du Forward du 11 octobre rapportait que l’armée israélienne avait reconnu qu’elle n’avait alors aucune preuve de telles allégations.

     Lorsque l’armée a ensuite formulé ses allégations de décapitations, amputations de pieds et viols, Reuters a souligné que « le personnel militaire supervisant le processus d’identification n’a présenté aucune preuve médico-légale sous forme de photos ou de dossiers médicaux ». À ce jour, aucune preuve crédible de ces atrocités n’a été fournie.

     D’autres allégations scandaleuses, telles que l’histoire du Hamas « décapitant 40 bébés », ont fait la une des journaux et d’innombrables médias occidentaux. Même Biden a affirmé avoir vu « des photos confirmées de terroristes décapitant des bébés ». Ces affirmations proviennent du colon et soldat de réserve israélien David Ben Zion, qui a déjà incité à de violentes émeutes contre les Palestiniens et a appelé à la destruction de la ville de Huwara en Cisjordanie. Aucune preuve n’a jamais été produite pour étayer ces affirmations, et la Maison Blanche elle-même a confirmé plus tard que Joe Biden n’avait jamais vu de telles photos.

Le plan du Hamas

     Il existe peu ou pas de preuves crédibles selon lesquelles les combattants palestiniens avaient un plan pour – ou cherchaient délibérément à – ​​tuer ou blesser des civils israéliens non armés le 7 octobre. D’après les images disponibles, nous les voyons s’engager principalement avec les forces armées israéliennes, ce qui explique la mort de centaines de soldats d’occupation. Comme l’a clairement indiqué le porte-parole des Brigades Qassam, Abou Obeida, le 12 octobre :

« L’opération Déluge d’Al-Aqsa visait à détruire la division Gaza (unité de l’armée israélienne aux frontières de Gaza) qui a été attaquée en 15 points, suivie par l’attaque de 10 autres points d’intervention militaire. Nous avons attaqué le site de Zikim et plusieurs autres colonies à l’extérieur du quartier général de la division Gaza. »

     Abu Obeida et d’autres responsables de la résistance affirment que l’autre objectif clé de leur opération était de capturer des prisonniers israéliens pour les échanger contre les quelque 5 300 prisonniers palestiniens détenus dans les centres de détention israéliens, dont beaucoup sont des femmes et des enfants.

     Le chef adjoint du Bureau politique du Hamas, Saleh Al-Arouri, dans une interview à la suite de l’opération, a souligné : « Nous disposons d’un nombre important et qualitatif d’officiers supérieurs. Tout ce que nous pouvons dire maintenant, c’est que la liberté de nos prisonniers est à nos portes. »

     Les deux camps jouent à ce jeu : depuis le début de son attaque militaire contre Gaza, Israël a rassemblé et emprisonné plus de 1 200 Palestiniens en Cisjordanie occupée. À ce jour, 38 accords d’échange de prisonniers ont été réalisés entre les factions de la résistance et Tel Aviv – accords auxquels les Israéliens souvent se refusent jusqu’à la dernière minute.

     Tandis que ce genre de témoignages se répandent, des rapports émergent selon lesquels les autorités israéliennes ont intensifié les mauvais traitements, la torture et même le meurtre de prisonniers palestiniens sous leur garde – une violation des Conventions de Genève, qui, ironiquement, semblent être respectées à la lettre par le Hamas, acteur non étatique.

     En ce qui concerne les événements du 7 octobre, il existe certainement des vidéos montrant des Israéliens peut-être non armés, tués dans leurs véhicules ou à l’entrée d’installations, afin que les troupes palestiniennes puissent y accéder.

     Il existe aussi des vidéos montrant les combattants se livrant à des fusillades avec les forces armées israéliennes, au cours desquelles des Israéliens non armés se cachaient, pris entre deux feux, ainsi que des vidéos de combattants tirant vers des maisons et lançant des grenades dans des zones fortifiées. Des témoignages oculaires suggèrent également que des grenades ont été lancées dans des abris anti-bombes, mais on ne sait pas exactement par qui.

     Même concernant la « rave pour la paix » israélienne, qui a été citée comme l’attaque la plus meurtrière commise par des combattants palestiniens au cours de leur opération, des vidéos ont été diffusées qui semblaient montrer les forces israéliennes ouvrant le feu au milieu d’une foule de civils non armés, vers des cibles qu’ils pensaient être des membres du Hamas. ABC News a aussi rapporté qu’un char israélien s’était dirigé vers le site du festival.

Un massacre israélien dans le kibboutz Be’eri ?

     Dans son reportage sur les événements du kibboutz Be’eri, ABC News a photographié des pièces d’artillerie ressemblant à des munitions israéliennes à l’extérieur d’une maison bombardée. Le journaliste David Muir a indiqué que des combattants du Hamas, recouverts de sacs en plastique, avaient été retrouvés dans la foulée.

     De plus, des vidéos de la scène montrent des maisons qui semblent avoir été touchées par des munitions que les combattants du Hamas ne possédaient pas. Muir a rapporté qu’environ 14 personnes étaient retenues en otage dans un bâtiment par des combattants palestiniens.

     Un article de Haaretz en hébreu publié le 20 octobre, qui n’apparaît qu’en anglais dans un article incontournable de Mondoweiss, dépeint une histoire très différente de ce qui s’est passé à Be’eri ce jour-là. Un habitant du kibboutz qui s’était absenté de chez lui – dont la compagne a été tuée dans la bataille – révèle de nouveaux détails étonnants :

« Sa voix tremble lorsque il pense à sa compagne, qui était alors assiégée dans le refuge de sa maison. Selon lui, ce n’est que lundi soir (9 octobre) et seulement après que les commandants sur le terrain ont pris des décisions difficiles – notamment bombarder des maisons avec tous leurs occupants à l’intérieur afin d’éliminer les terroristes ainsi que les otages – que Tsahal a achevé la prise de contrôle du kibboutz. Le prix à payer a été terrible : au moins 112 habitants de Be’eri ont été tués. D’autres ont été kidnappés. Hier, 11 jours après le massacre, les corps d’une mère et de son fils ont été découverts dans l’une des maisons détruites. On pense que d’autres corps gisent encore dans les décombres. »

 

 

 

Des photos de la destruction à Be’eri corroborent son récit. Seules les munitions lourdes de l’armée israélienne pouvaient détruire des habitations de cette manière. Destructions dans le kibboutz Be’eri après la fin du feu nourri des deux côtés.

Comportements du Hamas : preuves contre allégations

     Yasmin Porat, une survivante du kibboutz Be’eri, a déclaré dans une interview accordée à une émission de radio israélienne animée par la chaîne de télévision d’état Kan, que les forces israéliennes « ont éliminé tout le monde, y compris les otages », ajoutant qu’« il y avait beaucoup de tirs croisés, très intenses », mentionnant même des bombardements de chars.

     Porat a assisté à la rave Nova et a témoigné du traitement humain à travers différentes interviews qu’elle a menées avec les médias israéliens. Elle a expliqué que lorsqu’elle était retenue prisonnière, les combattants du Hamas « nous gardaient », lui disant en hébreu : « Regarde-moi bien, nous n’allons pas te tuer. Nous voulons t’emmener à Gaza. Nous n’allons pas te tuer. Alors sois calme, tu ne vas pas mourir. Elle a également ajouté ce qui suit :

« Ils nous donnent à boire ici et là. Quand ils voient que nous sommes nerveux, ils nous calment. C’était très effrayant mais personne ne nous a traités violemment. Heureusement, rien ne m’est arrivé de ce que j’ai entendu dans les médias. »

     De plus en plus, horrifiant certains responsables et médias israéliens, des témoins oculaires israéliens et des survivants de l’effusion de sang témoignent qu’ils ont été bien traités par les combattants palestiniens. Le 24 octobre, la chaîne de télévision publique israélienne Kan a déploré que la prisonnière Yocheved Lifshitz, libérée la veille par le Hamas, ait été autorisée à faire des déclarations en direct à l’antenne.

     Alors qu’elle était remise aux intermédiaires de la Croix-Rouge, la vieille captive israélienne a été filmée en train de se retourner pour serrer la main de son ravisseur du Hamas lors de ses derniers adieux. L’interview en direct de Lifshitz, au cours de laquelle elle a parlé de son calvaire de deux semaines, a encore plus « humanisé » ses ravisseurs du Hamas en racontant sa vie quotidienne avec les combattants :

« Ils étaient très amicaux avec nous. Ils ont pris soin de nous. On nous a donné des médicaments et nous avons été soignés. L’un des hommes qui nous accompagnait a été grièvement blessé dans un accident de moto. Leurs ambulanciers (du Hamas) ont soigné ses blessures, lui ont donné des médicaments et des antibiotiques. Les gens étaient sympathiques. Ils ont gardé l’endroit très propre. Ils étaient très inquiets pour nous. »

Plus de questions que de réponses

     Il est essentiel de reconnaître que dans de nombreux reportages de journalistes occidentaux sur le terrain, la majorité des informations concernant les actions des combattants du Hamas est fournie par l’armée israélienne – un participant actif au conflit.

     De nouvelles preuves indiquent désormais qu’il existe une forte probabilité, notamment en raison de l’ampleur des dégâts d’infrastructures, que les forces militaires israéliennes aient délibérément tué des captifs, tiré sur des cibles incorrectes ou confondu des Israéliens avec des Palestiniens lors de leurs échanges de tirs. Si la seule source d’information pour une allégation grave est l’armée israélienne, alors il faut tenir compte du fait qu’elle a des raisons de dissimuler des cas de tirs amis.

     Les tirs amis israéliens ont été monnaie courante, même dans les jours qui ont suivi ; c’est une armée ayant très peu d’expérience réelle au combat. Le 8 octobre, dans la ville d’Ashkelon (Askalan), des soldats israéliens ont abattu un homme et insulté son cadavre car ils pensaient être un combattant du Hamas. Ils ont réalisé plus tard qu’ils avaient exécuté un compatriote israélien. Ce n’est que l’un des trois exemples de tirs amis rapportés en une seule journée, entraînant la mort d’Israéliens par leurs propres troupes.

     Dans le brouillard de la guerre, les parties prenantes ont des points de vue différents sur ce qui s’est passé pendant le raid initial et ses conséquences. Il n’est pas contesté que les groupes armés palestiniens ont infligé des pertes importantes à l’armée israélienne, mais il y aura de nombreux débats sur tout le reste dans les semaines et les mois à venir.

     Une enquête internationale indépendante et impartiale est nécessaire de toute urgence, une enquête qui ait accès aux informations de toutes les parties impliquées dans le conflit. Ni les Israéliens ni les Américains n’accepteront cette proposition, ce qui suggère que Tel Aviv a beaucoup à cacher.

     Pendant ce temps, les civils palestiniens à Gaza subissent des attaques aveugles et continues avec les armes lourdes les plus sophistiquées qui soient, et vivent sous la menace persistante d’un déplacement forcé et potentiellement irréversible. Ce blitz aérien israélien n’a été rendu possible que par le flot d’histoires infondées sur les « atrocités du Hamas » que les médias ont commencé à diffuser à partir du 7 octobre.

Robert Inlakesh[1] & Sharmine Narwani[2]

27 octobre 2023

Article original en anglais publié par The Craddle / Traduction Chris & Dine

Source



Robert Inlakesh

[1] Analyste politique, journaliste et réalisateur de documentaires actuellement basé à Londres, au Royaume-Uni. Il a rapporté et vécu dans les territoires palestiniens occupés et travaille actuellement avec Quds News et Press TV. Il est le réalisateur de Steal of the Century: Trump’s Palestine-Israel Catastrophe. Son compte Twitter : @falasteen47

 

Sharmine Narwani
[2] Journaliste @TheCradleMedia ; Géopolitique de l'Asie occidentale ; Frmr Associé principal, St Antony's College, Oxford Univ. 

 

 

 

vendredi 27 octobre 2023

Wael Dahdouh : journaliste témoin et partie

 Le 25 octobre 2023, Wael Dahdouh était à l'antenne depuis Gaza, quand il a reçu un coup de téléphone lui annonçant la triste nouvelle: la maison dans laquelle une partie de sa famille s'est réfugiée, sise au camp de Nuseirat, a été bombardée par l'aviation israélienne. Sa femme (Amina), deux de ses enfants (Mahmoud, garçon de 15 ans, et Chem, fillette de 6 ans) ainsi que son petit-fils Adam âgé d'à peine un mois et demi ont été tués. D'autres proches abrités par la même maison ont également péri. 



Commentant cette tragique disparition, Zvi Yehezkeli, rédacteur en chef des affaires palestiniennes pour la chaîne israélienne 13, a déclaré que la famille de Wael Dahdouh était dans le collimateur de l'armée israélienne, affirmant que celle-ci savait très bien ce qu'elle devait viser. 

Selon Al-Jazeera TV, la Maison blanche aurait adressé ses condoléances à Wael Dahdouh. 

Merci M. Joe Biden! Merci Monsieur le Président! Merci infiniment pour tes larmes de crocodile! 

Né à Gaza le 30 avril 1970, Wael Dahdouh est un journaliste palestinien issu d'une famille paysanne qui cultive la terre. Après ses études primaires et secondaires à Gaza, il rêvait de quitter la Palestine pour aller suivre des études supérieures de médecine en Europe. Malheureusement pour lui, à peine bachelier en 1988, il est arrêté par l'occupant sioniste pour avoir participé à la première intifada. Sorti de prison après 7 ans de détention, il a dû s'inscrire à l'Université islamique de Gaza, où il a obtenu, en 1988, une licence en journalisme et médias. Plus tard, il a tenté à plusieurs reprises de quitter le pays en vue de poursuivre encore des études supérieures, mais l'occupant sioniste l'en a empêché. Il s'est fait alors inscrire à l'Université de Jérusalem où il a pu obtenir en 2007 un mastère en sciences politiques.

Témoin et partie dans le combat gazaoui pour la survie, Wael Dahdouh a refusé de s'éclipser de la scène qui brûle. Juste un jour après la perte de sa femme et ses enfants, il a repris le micro comme pour défier encore plus l'ennemi qui croit avoir amoindri la capacité du correspondant à transmettre au monde ses témoignages. 

A. Amri  

27. 10. 2023

 

 

Chroniques du peuple palestinien

Ce qui se passe à Gaza du 7 octobre 2023 à ce jour (26. 10. 2023) n'est autre qu'un nouvel épisode de l'interminable feuilleton de massacres perpétrés à l'encontre du peuple palestinien par l'abominable entité sioniste.


 

Source de la vidéo 

Rappelons à ce propos quelques dates dudit feuilleton: 

- 15 février 1948: massacre de Qaisariya; 100 morts. 

- 9 avril 1948: massacre de Deir Yassin; 360 morts. 

- 14 avril 1948: massacre du village de Naceur al-Din; 50 morts. 

- 1er mai 1948: massacre de Ein al-Zeitun; 100 morts. 

- 22 mai 1948: massacre de Tantura; 90 morts. 

- 10 octobre 1956: massacre de Qalqiliya; 70 morts. 

- 29 octobre 1956: massacre de Kafr Kacem; 53 morts. 

- 3 novembre 1956: massacre de Khan Younès; 250 morts. 

- du 16 au 18 septembre 1982: massacre de Sabra et Chatila; 3750 morts. 

- 25 février 1994: massacre de la mosquée d'Ibrahim; 60 morts. 

- 26 janvier 2023: massacre de Jénine; 500 morts...
 

A l'heure où cette vidéo est publiée, le bilan humain des 20 jours de bombardement subi par Gaza a dépassé les 7000 morts. 7000 presque exclusivement des civils, dont plus de 3200 enfants. Aux destructions systématiques des immeubles, des logements collectifs et des maisons familiales, des écoles et des hôpitaux, des diverses infrastructures civiles, s'ajoutent des carnages n'épargnant ni nourrissons, écoliers, femmes, vieillards, pensionnaires d'hôpitaux, équipes de secouristes, journalistes et leurs familles, ni membres du personnel de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l'UNRWA...

Au nom de quel droit, de quelle morale, de quelle justice, ces interminables crimes sont-ils commis?
- "Le droit d'Israël à se défendre", dit la litanie que nous ressassent Israël et ses amis depuis 1948.
Est-il besoin de rappeler que, de 1948 à ce jour, en Palestine il y a des oppresseurs sempiternellement impunis et des opprimés non moins sempiternellement laissés-pour-compte? Est-il besoin de rappeler que l’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 stipule que "la résistance à l’oppression est un droit fondamental"?

Or ce qui s'est passé en Palestine occupée, ce 7 octobre 2023, ce qui, de 1948 à ce jour, se passe sur la même terre et quelquefois sur ses frontières ou au-delà, les luttes du peuple palestinien, pacifiques ou armées, quand bien même incessamment chèrement rançonnées par un colonisateur sanguinaire et arrogant, s'inscrivent dans la stricte logique de ce droit.

Peu importe que ceux qui ne voient des victimes civiles que du côté israélien puissent crier haro sur ces propos. Mais toute tentative visant à dénigrer la résistance du peuple palestinien, en l'assimilant d'un trait de plume à des actes terroristes ou antisémites, ne peut duper que les amnésiques et les mythomanes qui oublient ou occultent que la Palestine est une terre arabe occupée.

A. Amri
26. 10. 2023

mercredi 25 octobre 2023

Témoignage de Yochbad Lifshitz sur les conditions de sa détention par le Hamas

 

Au lendemain de sa libération sans conditions par le Hamas, Yochbad Lifshitz a fait des déclarations qui ont suscité la colère des analystes israéliens. 

Alors que la propagande sioniste ne cesse de ressasser aux amis d'Israël que les Palestiniens sont des "bêtes humaines", que le Hamas et les groupes de résistance islamique sont l'incarnation de Daesh, que l'acharnement du Tsahal contre la population civile gazaouie est dans la stricte logique du droit israélien à la défense, cette dame âgée de 85 ans ose affirmer (évidemment contre le bon sens ! dira-t-on) que les "bêtes humaines"  ont été extrêmement polis, aussi bien à son propre égard qu'à l'égard de l'ensemble des détenus qui étaient avec elle.


Gageons que pour ces analystes outrés par l'"absurde", cette vieille devrait souffrir de quelque pathologie qui rappelle le syndrome de Stockholm.

 

A. Amri

25. 10. 23

 

lundi 23 octobre 2023

« Que voulez-vous qu'Israël fasse ? » par Miko Peled (traduit de l'anglais par Michel Ghys)

 

Israël est attaqué par des pays arabes qui veulent sa destruction : que voulez-vous qu'Israël fasse ? Des soldats israéliens sont attaqués au couteau par des terroristes palestiniens : que voulez-vous qu'ils fassent ? L'Iran dispose d'un potentiel nucléaire et souhaite effacer Israël de la carte : que voulez-vous qu'Israël fasse ? Le Hamas est déterminé à tuer des civils israéliens, alors : que voulez-vous qu'Israël fasse ? La liste est sans fin des choses qui ne laissent pas d'autre choix à Israël que de s'armer, d'attaquer, de tuer des Palestiniens. C'est donc sans espoir et il n'y a aucune raison d'attendre un changement.


C'est juste épatant. Et c'est la réplique à laquelle ont eu recours les dirigeants israéliens depuis qu'elle a été forgée officiellement, vers 1956, par le général Moshe Dayan (bien qu'à l'occasion, des sionistes y ait eu recours déjà auparavant) pour justifier n'importe quel crime commis par l'état d'Israël. Moshe Dayan, c'est ce criminel de guerre inepte et lâche, rendu célèbre par son bandeau. Il était connu aussi  pour voler des antiquités et courir la gueuse (on raconte que, s'entendant dire que les appétits sexuels insatiables de Moshe Dayan devenaient embarrassants, Ben Gourion aurait répondu : « Et alors ? Le roi David était aussi un coureur de jupons et c'était un grand roi »). C'est comme chef d'état-major de l'armée israélienne que Dayan a eu recours à cette excuse du « que voulez-vous que nous fassions ? », dans un inoubliable et éloquent panégyrique qu'il avait prononcé avant l'attaque de l’Égypte par Israël en 1956.

Dayan alimentait la peur et un sens du destin lorsqu'il décrivait les pauvres réfugiés dans la Bande de Gaza comme « attendant de nous massacrer et de répandre notre sang » parce que, comme Dayan le reconnaissait lui-même, « nous avons pris leur terre et en avons fait la nôtre ». Mais, expliquait-il, nous l'avons fait parce que nous n'avions pas le choix ou « qu'aurions-nous dû faire ? » après des milliers d'années d'exil et de persécutions sans fin ; après le génocide nazi, nous voilà revenus mais nous devons toujours vivre par l'épée et toujours tenir fermement cette épée, car dussions-nous relâcher cette prise, ces Arabes assoiffés de sang y verraient un signe de faiblesse et le sang juif inonderait les rues. Autrement dit, peut-être ces Arabes assoiffés de sang qui nous regardent de derrière les portes de Gaza sont-ils fondés à nous haïr mais c'est une réalité où nous n'avons pas le choix. C'est notre destin de vivre toujours par l'épée.
Et c'est bien commode !


Les crimes commis par Israël le sont parce qu'Israël n'a pas le choix. Dans une interview donnée il y a quelques années par un responsable des interrogatoires des services de renseignement israéliens, celui-ci décrivait comment, dans des hôpitaux israéliens, des médecins fermaient les yeux quand les agents venaient torturer, à l'hôpital, des blessés « suspectés de terrorisme ». Il décrivait comment ces agents « tiraient un peu sur les tubes » et qu'aussitôt, « les Arabes se mettaient à parler ». Puis il ajoutait que bien sûr personne ne pense que c'est bien mais que devrions-nous faire ? Il justifiait la torture la plus immorale et la plus horrible contre des personnes hospitalisées – avec des médecins regardant ailleurs pendant que les agents font leur petite besogne – avec cette même excuse sans gêne : « que voulez-vous qu'Israël fasse ? »



Au cours du mois d'octobre 2015, alors que j'étais à Jérusalem, j'ai regardé un programme d'information à la télévision israélienne. On y interviewait le député palestinien au parlement israélien Mohammad Baraka, de la Liste Unifiée, troisième plus grand parti au parlement israélien. Lui aussi s'est vu demander : « Que devrait faire un soldat quand il voit s'approcher de lui un Palestinien brandissant un couteau ? » Lorsque Baraka a commencé à parler de l'occupation, il a été interrompu au motif que ce qu'il disait était hors de propos et qu'il devait s'en tenir à la question. Autrement dit, l'occupation israélienne en Palestine n'a rien à voir avec tout ça mais «  que voulez-vous que fasse un soldat ? » Dites, je vous prie, que ce que font les soldats israéliens est justifié, que tuer des Palestiniens en nombre est acceptable parce que « que voulez-vous qu'Israël fasse ? » À la télévision israélienne, les Palestiniens sont toujours invités pour se faire tourner en bourrique ou être tenus de la fermer.
Le nettoyage ethnique de la Palestine était justifié parce que les Juifs n'avaient pas le choix. Le lent génocide du peuple palestinien est justifié parce qu'Israël n'a pas le choix, tuer des milliers de Gazaouis se justifie parce qu'Israël n'a pas le choix, et ainsi de suite. Les médias américains ont poussé la chose un pas plus loin en y joignant : « Nous ferions de même », comme si cela ajoutait du poids à l'argument du « que voulez-vous qu'Israël fasse ? »


Peut-être est-il temps de penser sérieusement à cette question et d'examiner si elle a une réponse. Que devrait faire un soldat ? Foutre le camp des villes et villages palestinien et alentours. Démanteler, en partant, le mur et tous les points de contrôle. Que devrait faire Israël avec les roquettes tirées de Gaza ? Lever le siège de Gaza, démanteler le mur et les points de contrôle qui s'y trouvent, et laisser au peuple de Gaza la liberté à laquelle il a droit. Que devraient faire les Israéliens ? S'ils n'aiment pas l'idée de vivre dans un pays à majorité arabe, ils peuvent aller ailleurs ou s'y faire et, s'ils choisissent de rester, qu'ils se comportent en immigrants plutôt qu'en colonisateurs. (Cette distinction importante m'a été précisée par mon neveu Guy Elhanan).


Quant à la question la plus large : « que devrait faire Israël ? » Israël devrait libérer tous les prisonniers palestiniens, abolir toutes les lois qui octroient au peuple juif des droits exclusifs en Palestine, abolir les lois qui interdisent aux Palestiniens de revenir sur leur terre, et débloquer les milliards de dollars qui seront nécessaires pour payer des réparations aux réfugiés et à leurs descendants. Israël devrait alors appeler à des élections libres, une personne une voix, où tous ceux qui vivent dans la Palestine mandataire voteraient à titre d'égaux. Voilà ce qu'Israël devrait faire.



Miko Peled

American Herald Tribune, 28 décembre 2015.

Traduit de l'anglais par Michel Ghys

Source

samedi 21 octobre 2023

L’affaire des bébés décapités : un air de déjà vu en terme de forfaiture, par Chems Eddine Chitour


 

«Un mensonge répété dix mille fois devient vérité.»
(Goebbels, Ministre de l'Éducation du peuple et de la Propagande du Reich)

Photo legrandsoir.info

 

 

Résumé

 
Encore une fois, au nom du droit de la force, les pays occidentaux utilisent toutes les options, même les plus répréhensibles, pour emporter l’adhésion des citoyens panurgiens à qui on fait absorber ce que l’on veut grâce à des médias dont on sait que, sur commande, en fonction des circonstances, ils peuvent, selon l’objectif à atteindre, lécher, puis lâcher et enfin lyncher sans état d’âme. Parmi les différents scandales que nous rapportons et qui défient la morale et l’éthique, la dernière fausse accusation concernant le Hamas, coupable d’avoir tué 40 bébés ! Nous allons rappeler quelques exemples de manquement à l’éthique et à la forfaiture érigés en règles cardinales.
Au vu du lourd déficit de confiance et de tromperie sans vergogne, il est urgent de raison garder et de rétablir constamment la vérité même si tout sera fait pour l’enterrer par les médias mainstream qui trompent l’opinion en martelant en boucle des contre-vérités. Naturellement, les premiers responsables sont les États qui se disent dépositaires du magister moral, ce qui leur permet de dicter les normes du bien et du mal. Si un jour le monde multipolaire devient une réalité, le premier chantier planétaire à mettre en œuvre sera celui de l’éthique.(1)

Comment les généraux israéliens ont préparé la conquête bien avant 1967

 
Juin 1967, une guerre de Six Jours qui n’en finit pas. De l’aveu même de ses généraux, Israël n’était pas menacée de destruction en juin 1967, mais l’état-major de l’armée avait depuis longtemps préparé son plan de conquête de la Cisjordanie, de Jérusalem, de Ghaza, du Sinaï et du Golan. Et il a imposé ce plan par un quasi-coup d’État contre le Premier ministre Levi Eshkol et les membres de son gouvernement encore hésitants à déclencher les hostilités.
«Deux jours après la fin de la guerre de juin 1967, le Premier ministre israélien, le travailliste Levi Eshkol, déclarait : ‘‘L’existence d’Israël ne tenait qu’à un fil. Mais les espoirs des dirigeants arabes de l’anéantir ont été anéantis.’’ Cette thèse — qu’Israël était menacée de disparition, et sa population avec — avait été à l’origine de la ‘’guerre préventive’’ que venait de mener Israël contre ses voisins arabes. La thèse de la ‘’menace existentielle’’ devint l’argument politique et diplomatique constant d’Israël pour justifier son attaque. Pourtant, cinq ans plus tard, une série de généraux israéliens allaient vigoureusement et publiquement contredire cette assertion. L’ex-chef d’état-major adjoint, Ezer Weizman, tirait le premier : ‘’L’hypothèse de l’extermination n’a jamais été envisagée dans aucune réunion sérieuse’’ (Haaretz, 29 mars 1972). Chaïm Herzog, ex-chef des renseignements militaires, lui aussi a déclaré : ‘’Il n’y avait aucun danger d’annihilation. Le quartier général israélien n’y a jamais cru.’’ (Maariv, 4 avril 1972). Enfin, le chef d’état-major lui-même, le général Haïm Bar-Lev, successeur, enfonçait le clou. ‘’Nous n’étions pas menacés de génocide à la veille de la guerre des Six Jours, et nous n’avons jamais pensé à une telle possibilité’’.»
«Le général Matti Peled, chef de la logistique, allait résumer de manière radicale l’avis de ces généraux : ‘‘Toutes ces histoires sur l’énorme danger que nous courions (…) n’ont jamais été prises en considération dans nos calculs avant les hostilités. Lorsque, en 1972, ces généraux levèrent le voile sur leurs motivations réelles pour déclencher la guerre, celui qui était alors le chef de l’armée de l’air, le général Mordechaï Hod, déclara : «Seize ans durant, nous avons planifié ce qui s’est passé pendant ces 80 minutes initiales. Nous vivions avec ce plan, nous dormions avec lui, mangions avec lui. On n’a pas cessé de le perfectionner. Tous les cercles de l’état-major depuis quinze ans avaient été éduqués dans l’idée que les frontières de l’État, telles qu’issues de l’armistice signé en 1949 avec les armées arabes, étaient ‘‘indéfendables’’. En 1955, un an avant l’opération de Suez menée avec les Français et les Britanniques, le chef d’état-major Moshé Dayan expliquait qu’Israël n’aurait aucune difficulté à trouver un prétexte pour lancer une attaque sur l’Égypte.(2)

Les massacres de Timisoara

 
En décembre 1989, un massacre mis en scène à la télévision montre les images du charnier de Timisoara. Pendant des semaines, la manipulation a fonctionné. Personne n’a douté de leur authenticité ni du nombre de morts : 4630 victimes du dictateur roumain Ceausescu. Saoudi Abdelziz en parle : «(...) Rappelons-nous ces événements de décembre 1989 en Roumanie. Des images mondialement diffusées en boucle, montrant des cadavres de Roumains torturés, ont accéléré la fin d’un régime. Ceausescu abattu, le Figaro révélait, le 30 janvier 1990, que les cadavres étaient ceux de pauvres gens sortis de leurs tombes et maquillés pour donner l’impression qu’ils ont été torturés. ‘’Le faux charnier de Timisoara est sans doute la plus importante tromperie depuis l’invention de la télévision’’, commente (…) Gérard Carreyrou, qui après avoir vu de telles images, lançait sur TF1 un véritable appel à la formation de brigades internationales pour partir ‘’mourir à Bucarest (…) Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, des cadavres à peine enterrés ou alignés sur les tables des morgues ont été exhumés en vitesse et torturés pour simuler devant les caméras le génocide qui devait légitimer le nouveau régime. Ainsi, la vérité et le faux devenaient indiscernables et le spectacle se légitimait uniquement à travers le spectacle.»(3)

Comment on fabrique des massacres médiatiques 

 
On ne peut ne pas être dubitatif concernant les vérité d’Évangile venant de l’Occident qui nous a trop souvent habitués à des manipulations. Nous allons décrire dans ce qui suit quelques «manipulations» restées sans mea culpa, à défaut de sanction. Le summum de la manipulation est représenté par l’intellectuel communautariste faussaire Bernard-Henry Lévy qui a l’oreille des présidents français de gauche et de droite. Ignacio Ramonet, ancien directeur du Monde Diplomatique, dans une contribution remarquable, résume la stratégie de l’Empire et de ses vassaux : «C’est l’histoire du voleur qui crie : ‘’Au voleur !’’ Comment pensez-vous que M. George W. Bush intitula le célèbre rapport d’accusation contre M. Saddam Hussein qu’il présenta le 12 septembre 2002 devant le Conseil de sécurité de l’ONU ? L’Irak, disait-il en substance, entretient des liens étroits avec le réseau terroriste Al-Qaida et menace la sécurité des États-Unis parce qu’il possède des ‘’armes de destruction massive’’ (ADM). Trois mois après la victoire des forces américaines (et de leurs supplétifs britanniques) en Mésopotamie, nous savons que ces affirmations étaient fausses. Selon Mme Jane Harman, représentante démocrate de Californie, nous serions en présence de ‘’la plus grande manœuvre d’intoxication de tous les temps’’. M. Bush n’a pas hésité à fabriquer l’un des plus grands mensonges d’État. En France, par exemple, elles furent reprises sans vergogne par des personnalités comme Pierre Lelouche, Bernard Kouchner, Yves Roucaute, Pascal Bruckner, Guy Millière, André Glucksmann, Alain Finkielkraut, Pierre Rigoulot, etc. (…) Ces mensonges s’inscrivent dans une longue tradition de mensonges d’État qui jalonnent l’histoire des États-Unis. L’un des plus cyniques concerne la destruction du cuirassé américain Maine dans la baie de La Havane en 1898, qui servit de prétexte à l’entrée en guerre des Etats-Unis contre l’Espagne et à l’annexion de Cuba, Porto Rico, les Philippines et l’île de Guam. (…) Treize ans plus tard, en 1911, une commission d’enquête sur la destruction du Maine devait conclure à une explosion accidentelle dans la salle des machines. En 1964, deux destroyers déclarent avoir été attaqués par des torpilles nord-vietnamiennes. Le président Lyndon B. Johnson prend prétexte de ces attaques pour lancer des bombardements de représailles contre le Nord-Vietnam. On apprendra plus tard, de la bouche même des équipages des deux destroyers, que l’attaque dans le golfe du Tonkin était une pure invention»…(4)
Dans le même ordre, la guerre américaine au Vietnam s’est intensifiée après un faux rapport en août 1964. Le président américain Lyndon Johnson a affirmé que des torpilleurs nord-vietnamiens avaient lancé à deux reprises des attaques non provoquées contre le destroyer américain Maddox dans le golfe du Tonkin. Le Congrès a répondu en votant à Johnson les pleins pouvoirs pour faire la guerre en Asie du Sud-Est. Il s’est avéré plus tard que le Maddox revenait d’opérations secrètes contre le Nord-Vietnam et que la deuxième attaque n’avait jamais eu lieu.

Ahmadinejad n'a jamais appelé à «rayer Israël de la carte»

 
Dans un discours sur le sionisme, le président Ahmadinjad citait l'ayatollah Khomeiny, le fondateur de la République islamique : «La phrase exacte du discours d’Ahmadinejad était en effet : ‘’L’imam Khomeyni (fondateur de la République islamique en 1979, NDLR) a dit que le régime occupant Jérusalem disparaîtra un jour de la page de l’histoire’’.» «Ce régime qui occupe Jérusalem doit disparaître de la page du temps» (en persan : «een rezhim-e ishghalgar-e qods bayad az safheh-ye ruzgar mahv shavad». La fausse citation a été propagée partout dans le monde, répétée des milliers de fois dans les médias internationaux, Associated Press et Reuters se réfèrent à la citation erronée, mot à mot, et quasi quotidiennement. Le président George W. Bush a dit que les commentaires d’Ahmadinejad représentaient une «menace explicite» de détruire Israël. L’Iran «veut rayer Israël de la carte», nous ont-ils répété depuis des années. Or, la phrase était une invention d’une officine israélienne de désinformation, le centre Memri. Dès le lancement de la campagne «Ahmadinejad veut rayer Israël de la carte», des traducteurs indépendants s’étaient pourtant intéressés à la réalité des propos prononcés en 2005, dans sa langue persane maternelle, par le Président iranien fraîchement élu. Et on n’y trouvait pas trace de ce fameux «rayer Israël de la carte». Le revirement est venu de deux responsables israéliens en exercice — le ministre de la Défense Ehud Barak et le chef d'état-major Benny Gantz — qui annonçaient publiquement que la République islamique n'a pas décidé de se doter de la bombe atomique. Une information en réalité connue depuis plusieurs années des divers services de renseignement américains, mais aussi israéliens. «Le général Gantz ne fait que répéter tout haut et publiquement ce que les dirigeants militaires, y compris son prédécesseur, le général Gaby Ashkenazi, n'ont cessé de dire aux politiques ces dernière années.» Ainsi, dans une interview à Al Jazeera, reprise par le New York Times, Dan Meridor, ministre israélien du Renseignement et de l'Énergie atomique, a admis que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad n'avait jamais prononcé la phrase «Israël doit être rayé de la carte». Le mal a duré sept ans… avant l’aveu.(5)

L’affaire Jessica Lynch 

 
Dans le feu de l’action, tout est permis pour diaboliser l’adversaire par tous les moyens. L’affaire Jessica Lynch est un cas d’école. Non seulement tout ce qui a été écrit était faux : l’acte courageux des chirurgiens irakiens qui l’ont sauvée est ignoré : «On se souvient, écrit Ignacio Ramonet, que, début avril 2003, les grands médias américains diffusèrent avec un luxe impressionnant des détails sur son histoire. Jessica Lynch faisait partie des dix soldats américains capturés par les forces irakiennes. (…) Une semaine plus tard, des unités d’élite américaines parvenaient à la libérer au cours d’une opération surprise. Malgré la résistance des gardes irakiens, les commandos parvinrent à pénétrer dans l’hôpital, à s’emparer de Jessica et à la ramener en hélicoptère au Koweït. Le soir même, le président Bush annonça à la nation, depuis la Maison-Blanche, la libération de Jessica Lynch. Selon les journalistes d’El Pais (du 7 mai 2003), leur enquête auprès des médecins irakiens est confirmée par les docteurs américains l’ayant auscultée après sa délivrance —, les blessures de Jessica (une jambe et un bras fracturés, une cheville déboîtée) n’étaient pas dues à des tirs d’armes à feu, mais simplement provoquées par l’accident du camion dans lequel elle voyageait… Elle n’avait pas non plus été maltraitée. Au contraire, les médecins avaient tout fait pour bien la soigner : «Elle avait perdu beaucoup de sang, a raconté le docteur Saad Abdul Razak, et nous avons dû lui faire une transfusion. Le chirurgien irakien qui a sauvé la vie de cette soldate a remué ciel et terre pour lui trouver du sang ‘’O’’ mettant à contribution un parent à lui qui avait le même groupe. Heureusement, nous avons pu obtenir du sang en quantité suffisante. Je pense que nous lui avons sauvé la vie.» En assumant des risques insensés, ces médecins tentèrent de prendre contact avec l’armée américaine pour lui restituer Jessica. Deux jours avant ils avaient même conduit en ambulance leur patiente à proximité des lignes américaines. Mais les Américains ouvrirent le feu sur eux et faillirent tuer leur propre héroïne… Depuis deux jours, les médecins avaient informé les forces américaines que l’armée irakienne s’était retirée et que Jessica les attendait… Le docteur Anmar Ouday a raconté la scène à John Kampfner de la BBC : «C’était comme dans un film de Hollywood. Il n’y avait aucun soldat irakien, mais les forces spéciales américaines faisaient usage de leurs armes. Ils tiraient à blanc et on entendait des explosions.

Ils criaient : “Go ! Go ! Go !” c’était une sorte de show, ou un film d’action avec Sylvester Stallone. L’histoire de la libération de Jessica Lynch restera dans les annales de la propagande de guerre. Leurs mensonges constituent, selon le professeur Paul Krugman, ‘’le pire scandale de l’histoire politique des États-Unis, pire que le Watergate, pire que l’Irangate’’.»(4)

On se demande pourquoi cette manipulation

 
Le journal suisse le Temps donne une première réponse : «Un demi-million de dollars, c'est toujours bon à prendre. Jessica Lynch aurait été folle de refuser l'offre de Bogaards & Knopf : c'est la part que l'éditeur new-yorkais a offert à la soldate de 20 ans pour raconter sa brève guerre d'Irak, ses neuf jours de calvaire fin mars dans un hôpital de Nassiriyah, et sa libération désormais – c'est le mot – légendaire. Et elle prend ce qu’on lui donne. Qui pourrait le lui reprocher ? Car depuis le début, l'éphémère Jeanne d'Arc de Nassiriyah vit entourée de voleurs, qui ont dérobé son corps et sa vie. Le journal Le Temps explique la manipulation pour remobiliser l’opinion publique : «Donald Rumsfeld est-il le chef de la bande ? C'est en tout cas lui qui a commencé. C'était le 1er avril. Le patron du Pentagone n'en menait pas large : les colonnes blindées semblaient enlisées dans le sable irakien, les généraux à la retraite l'accusaient d'avoir sous-estimé les moyens nécessaires pour aller prendre Bagdad. C'était faux, mais les Américains, dans leur salon, venaient à le penser. Il fallait faire quelque chose pour renverser ce courant funeste. Ce fut Jessica Lynch. Le soir même, toutes les TV américaines montraient le film que les services de propagande de l'armée avaient tourné, le jour même, avec le commando envoyé à Nassiriyah pour libérer la soldate, prisonnière maltraitée, héroïne qui s'était battue jusqu'au bout.»(6)

L’affaire des armes de destruction massive

 
Les opinions publiques sont convaincues que Saddam Hussein est le mal absolu et que son armée est coupable de toutes les barbaries. Saddam détiendrait des armes de destruction massive. L'opération de désinformation a pleinement réussi. Pour l’histoire, des personnalités américaines étaient contre la guerre. Pour Denis Kucinich, membre du Parti démocrate, la guerre en Irak n’a pas été «une erreur» mais le résultat d’une tromperie calculée. Le fait douloureux, cru est que l’on nous a menti. Il est temps maintenant de le dire. La vérité sur l’Irak était là, visible, mais ignorée. Il n’y avait pas d’armes de destruction massive. Saddam Hussein n’avait rien à voir avec le 11 septembre. La guerre n’avait pas pour but de libérer le peuple irakien. Je l’ai dit au Congrès en 2002. Les millions d’Américains qui ont manifesté aux États-Unis pour protester contre cette guerre connaissaient la vérité mais furent dénigrés par les deux partis pour s’opposer au Président en temps de guerre et même accusés de ne pas «soutenir les troupes». Des milliers d’Américains et peut-être un million d’Irakiens ont été sacrifiés pour ces mensonges. Dix ans plus tard, des milliards de milliards de dollars se sont envolés, le peuple américain, dans son ensemble, ignore toujours ce qui s’est passé.(7)

L’affaire Sakineh 

 
À l’évidence, ce qui intéresse BHL, véritable Panurge et ses «moutons», c’est comment porter tort à l’Iran. Thierry Meyssan décrit le «complot» ourdi par BHL. Écoutons-le : «Récemment, l’essayiste Bernard-Henri Lévy a alerté l’opinion publique sur le cas de Sakineh Mohammadi-Ashtiani, condamnée à la lapidation en Iran. Le président Sarkozy a confirmé les informations de Bernard-Henry Lévy lors de la conférence annuelle des ambassadeurs de France. Il a déclaré que la condamnée était désormais «sous la responsabilité de la France». Le Premier ministre François Fillon est venu sur le plateau du principal journal de la télévision publique pour manifester son émotion et sa solidarité avec Sakineh, «notre sœur à tous». «Ayant à son tour signé cette pétition, le leader du Parti antisioniste, Dieudonné M’bala M’bala, a été reçu par Ali Zadeh, vice-président du Conseil de la magistrature et porte-parole du ministère de la Justice. L’entretien aura été un modèle du genre. M. Zadeh se demandant si son interlocuteur, humoriste de profession, ne se moquait pas de lui en lui rapportant ses craintes. Tandis que M. M’bala M’bala se faisait répéter plusieurs fois les réponses à ses questions tant il avait du mal à croire avoir été manipulé à ce point. (…) Plutôt que de diminuer le quantum des peines, la République islamique a choisi d’en limiter l’application. Le pardon des victimes, ou de leurs familles, suffit à annuler l’exécution des peines. Dans le cas Sakineh, toutes les informations diffusées par Bernard-Henry Lévy et confirmées par Nicolas Sarkozy sont fausses. Cette dame n’a pas été jugée pour adultère, mais pour meurtre. Le vice-président du Conseil iranien de la magistrature a déclaré à Dieudonné M’bala M’bala qu’il mettait au défi ces personnalités sionistes de trouver un texte de loi iranien contemporain qui prévoit la lapidation. (...) Le président Nicolas Sarkozy ne peut invoquer quant à lui la négligence. Le service diplomatique français, le plus prestigieux du monde, lui a certainement adressé tous les rapports utiles. C’est donc délibérément qu’il a menti à l’opinion publique française.»(8)

Les faux bébés koweïtiens

 
Lors de l’invasion du Koweït par l’Irak, et pour emporter l’accord du Congrès américain pour déclencher la guerre, une opération diabolique était mise en œuvre : «Pour faire accepter, écrit Mireille Duteil, la guerre du Golfe, on invente un massacre de nouveau-nés. Elle rapporte une déclaration : ‘‘Je m’appelle Nayirah et je suis une jeune Koweïtienne. J’ai vu les soldats irakiens entrer avec leurs armes dans la maternité de l’hôpital de Koweit City. Ils ont arraché les bébés des couveuses, les ont emportés et les ont laissés mourir sur le sol froid.’’ Elle semble si sincère et si bouleversée (…) Les représentants américains ignorent donc que sous le pseudonyme de Nayirah se cache la propre fille de l’ambassadeur du Koweït aux États-Unis et qu’elle participe à la machination montée par le Koweït et les États-Unis pour faire accepter à l’opinion publique américaine et mondiale une future intervention militaire. Elle aura lieu en janvier 1990. Le Koweït, soutenu par le Pentagone et la CIA, a fait appel à une agence de relations publiques, Hill and Knowlton, pour préparer les esprits à l’indispensable guerre. Coût du contrat : 10 millions de $. Le New York Times, le premier, rapportera des informations en provenance de l’ambassade américaine au Koweït.»(9) 


«Les représentants du Comité des droits de l'Homme du Congrès américain écoutent ce témoignage terrible. L'assistance est médusée devant cette barbarie gratuite de la soldatesque irakienne. Nul ne demande, ce 10 octobre, à enquêter sur l'identité du témoin. Elle semble si sincère et si bouleversée. D'autres témoignages suivront jusqu'à la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, le 29 novembre 1990. Les membres permanents du Conseil doivent voter une résolution autorisant un éventuel recours à la force militaire en Irak. Le président Bush a évoqué cette histoire à six reprises au cours des cinq semaines suivantes comme un exemple des méfaits du régime de Saddam Hussein. Lors du débat au Sénat sur l’opportunité d’approuver une action militaire visant à forcer Saddam à quitter le Koweït, sept sénateurs ont spécifiquement mentionné les atrocités commises dans les couveuses. La marge finale en faveur de la guerre n’était que de cinq voix. Ce n’est que près de deux ans plus tard que la vérité éclata. L’histoire était un mensonge. La guerre était terminée depuis longtemps.»(9)

Comment les médias ont menti sur les bébés décapités pour «justifier» les crimes de guerre israéliens

 
Nous sommes en 2023, la même forfaiture à la manœuvre. C’est le média israélien i24 qui a diffusé en premier cette information mensongère sur les bébés décapités, 10https://pic.twitter.com/ukvKfeGeFp citant le président du Conseil régional de Shomron et le vice-commandant de l’Unité 71 de l’armée israélienne.(10) Elle a été propagée par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou puis a été reprise par le président américain Joe Biden. Jeudi, Netanyahou a répété devant le secrétaire d’État américain Antony Blinken en visite en Israël que des bébés juifs ont été décapités et incendiés. Pratiquement tous les journaux britanniques ont rapporté cette semaine que les combattants du Hamas auraient décapité 40 bébés lors de l’assaut du week-end dernier.(11)
Mais quelques jours plus tard, aucune preuve ne vient étayer cette affirmation. La Maison-Blanche a été contrainte de retirer les propos tenus par le président Joe Biden. Il avait auparavant affirmé avoir vu «des photos confirmées de terroristes décapitant des enfants» en Israël. Un porte-parole a déclaré au journal Washington Post que Biden n’avait pas vu de telles photos. Ils ont déclaré qu’il fondait ses affirmations sur les allégations du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et sur les informations diffusées par la presse. «Presque personne ne le dira, et le mal est fait de toute façon. Marc Owen Jones, un chercheur basé au Qatar, a déclaré que ce rapport non confirmé avait enregistré au moins 44 millions d’impressions, 300 000 likes et plus de 100 000 republications en 24 heures sur X (Twitter). C’est un mensonge éhonté utilisé pour déclencher une guerre.»(11)

Rapport Goldstone, est-ce la fin de l’impunité d’Israël et de son inhumanité ?

 
«D’habitude, on parle de tuer le messager qui porte la mauvaise nouvelle. Ici, il s’agissait de tuer dans l’œuf le message avant même qu’il ne soit entendu.» Le juge Goldstone est l’auteur du rapport accusant Israël. Fin septembre 2009, un coup de tonnerre aux Nations unies est venu rompre la monotonie des Nations unies. le rapport Goldstone sur ce qui s’est passé à Ghaza. Ce brûlot est un réquisitoire unique, pour la première fois dans l’histoire de la création par les Occidentaux de l’État d’Israël, comme solde de tout compte de Juifs massacrés en Europe. La mission d’enquête n’eut pas la tâche facile, Israël ayant refusé de coopérer.
Le rapport constate que «les forces armées israéliennes ont une capacité significative à effectuer des frappes de précision (...) Compte tenu de la capacité de planifier, des moyens d’exécution des plans en utilisant la technologie la plus poussée qui soit, et des communiqués des militaires israéliens affirmant qu’il n’y eut presque aucune erreur, la mission conclut que les incidents et la configuration des événements examinés dans le rapport sont le résultat d’une planification et de décisions politiques délibérées. Tapis au fond des presque six-cents pages du rapport Goldstone, quatre paragraphes traitent des armes utilisées par Israël contre les Ghazaouis. Ils parlent du phosphore blanc, «qui doit être interdit». «La mission a également reçu une information qui prétendait que l’analyse d’un filtre à air d’une ambulance qui roulait dans la région de Beit Lahia pendant les opérations militaires montrait des niveaux inhabituellement élevés d’uranium non appauvri et de niobium dans l’air.»(12) (13)

Conclusion

Dessin de Karim

 

On l’aura compris, le rapport Goldstone est passé à la trappe et Israël n’a pas été jugé pour les massacres de masse à Ghaza. Le massacre de 2023 va s’ajouter à la longue douleur du peuple palestinien. Dans un article très à propos, François Brousseau écrit : «Pour réussir en politique ou dans la guerre, mentez avec assez d’aplomb, et avec suffisamment de relais qui répéteront votre mensonge. Pourtant… chaque époque a sa façon de reformuler des réalités qui existaient déjà, et les concepts pour les décrire. Bien qu’apocryphe ou inexacte, la citation de Voltaire ‘’mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose’’ est connue. De la même époque (années 1910) date la citation du politicien américain Hiram Johnson : ‘‘La vérité est la première victime de la guerre.’’ Tout ça pour dire que l’usage du mensonge en politique ou dans la guerre (sa continuation ultime et souvent funeste) ne date pas d’hier. L’outrance réitérée ad nauseam sur Facebook et Twitter (éléments de nouveauté dans la diffusion de masse) donne une vitalité sans précédent au mensonge. Le critère de vérité, le critère factuel, la discussion et la démonstration comme méthodes sont déclarés nuls et non avenus, brutalement expulsés. Fin de la démocratie, triomphe des menteurs ? La question n’est pourtant pas nouvelle.»(14)
C'est constamment le «coup d'État permanent» et la stratégie de la tension vis-à-vis des pays qui ne rentrent pas dans le rang. Est-ce là des pays qui se disent respectueux des droits et de l’éthique? «Est-ce ainsi que les hommes vivent ?» pour citer Aragon.
C. E. 

 

Chems Eddine Chitour (Professeur à l'Ecole polytechnique d'Alger) 

21 octobre 2023, in Le Soir d'Algérie

 

 

Notes
1. https://www.mondialisation.ca/la-manipulation-des-faits-un-savoir-fair... cron=1697363613.3936579227447509765625
2. Sylvain Cypel https://orientxxi.info/magazine/comment-les-generaux-israeliens-ont-pr...,1892 13 juin 2017
3.Saoudi Abdelaziz https://blogs.mediapart.fr/saoudi-abdelaziz/blog/230813/comment-fabriq...
4. Ignacio Ramonet Armes d’intoxication massive Mensongesd’Etathttps://www.monde-diplomatique.fr/2003/07/ RAMONET/10193 juillet 2003
5 Armin Arefihttps://www.lepoint. fr/ monde/iran-ahmadinejad-n-a-jamais-appele-a-rayer-israel-de-la-carte-26-04-2012-1455392_24.php
6. https://www.letemps.ch/societe/vie-volee-soldat-jessica-lynch 15 novembre 2003
7.https://www.huffpost.com/entry/stop-calling-the-iraq-war_b_5499375
8.https://www.palestine-solidarite.org/analyses.Chems-Eddine_Chitour.270910.htm
9.Mireille Duteil https://www.lepoint.fr/societe/les-faux-bebes-koweitiens-16-08-2012-16... 16/08/2012
10. Socialist Worker https: //reseauinternational .net/comment-les-medias-ont-menti-sur-les-bebes-decapites-pour-justifier-les-crimes-de-guerre-israeliens/15 octobre 2023
10https://pic.twitter.com/ukvKfeGeFp
11.https://reseauinternational.net/bebes-juifs-decapites-cnn-sexcuse/ 14 octobre 2023
12.RobertJamesParson : Le Courrier http://www.lecourrier.ch/index.php?
13. https://www. lexpressiondz .com/index.php/chroniques/l-analyse-du-professeur-chitour/est-ce-la-fin-de-limpunite-disrael-et-de-son-inhumanite-69853
14.https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/487422/l-ere-du-faux



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