lundi 2 août 2010

Kevin Carter: voyage au bout de l'enfer (autopsie d'un suicide)


Kevin Carter (1960 - 1994)
Ce 27 juillet 1994, seul dans ta voiture et au milieu du désert, ta décision était faite.

Sitôt écrit ton dernier mot à laisser aux Absents, tu partirais. Cette fois-ci pour un aller simple. Et sans le moindre effet encombrant. Ni valise ni téléobjectif. Ni parafe autorisant mission, cartes, boussole. Ni les appréhensions de te fourvoyer à nouveau dans le chemin de l'enfer.

Tu partirais vers un monde que ta conscience, et seule ta conscience, t'as permis d’appréhender comme étant salutaire. Abstrait du mal enduré, intenable, et mettant un terme à ton ordalie. A l’inconfort de cette situation où tu perdais certitudes et repères. Et quoiqu’il en soit, ce serait un monde sans faim. Ni fin. Ni guerres.

La mort a dû te fasciner depuis longtemps. Sourdement, sans que tu aies pu le soupçonner, elle a dû te paraître à la longue plus familière que la vie..

Tu la côtoyais de si près, partout où tu te déplaçais pour en « voler » le scoop assuré, l'image inédite. De Johannesburg à Darfour, dans les ghettos des uns et des autres, sur les chemins de l’exode et des errances, dans l’enfer des haines ethniques et des guerres, la fumée et le feu des bûchers, sur les charniers comme dans la solitude et la détresse des faméliques devenus tes familiers. Mais aussi -et peut-être plus qu’ailleurs, dans des contrées apparemment moins sauvages, plus humanisées apparemment. Dans l’indifférence de ceux qui voient et laissent faire, ceux qui savent et haussent les épaules, ceux qui ne voient plus et ne voudraient plus rien voir, ceux qui vous diraient, citant le bon sens de l’absurde : « Est-ce que l’Humanité était prévue au programme de la création» ?1

Au fil de tes obligations professionnelles, lesquelles aussi étaient des moments d'escapade vers l'enfer des uns et des autres, par giclées de caméra-mitrailleuse focalisée sur l'inhumain, l'atroce, les horreurs inédites, ta caméra qui raccompagnait tantôt, et tantôt achevait, t'avait permis d'avoir un certain avant-goût de la mort. Ce devait être à la fois âcre et titillant.
Il te fallait maintenant vider d'un trait la dernière coupe pour basculer instantanément, une fois pour toutes, dans la certitude. Tu ne seras plus.

Tant d'images interposées entre les laissés-pour-compte et les Absents, surtout celles qui restent en travers des cils et laissent des échardes dans la mémoire2 t'avaient viscéralement marqué.
Et dans le dédale du doute, quand des doigts s'étaient élevés pour vouer au pilori certains "tricheurs de l'humanitaire", même s'il était injuste de te sentir viscéralement concerné, à tant valser entre ces deux mondes, celui des voyeurs et celui du militant, tu aurais préféré battre en retraite, laissant à nu le militant et accourant au secours du voyeur.
Mais quoiqu'on eût pu dire, Kevin, tu étais surtout d'un autre monde et d'une cause inaltérable.

Aux côtés des laissés-pour-compte, les sous-humains, ceux qui sont livrés à la plus haute des solitudes, les élus de toutes les misères, et dont bon nombre, à la faveur de notre absence et nos bons alibis, ne mettent pas beaucoup de temps pour s'en délivrer. Tous ceux que tu as pu raccompagner, dans tel ou tel instantanés de leur lente ou brève agonie, tous ceux que tu as pu saisir dans tel ou tel traquenard du photographe ou de leurs bourreaux, tous ceux avec qui tu as erré à la recherche d'une goutte d'eau ou de quelque racine à se mettre sous la dent, ne t'avaient jamais quitté.

Et bien davantage ceux qui auraient pu te reprocher un certain zèle de professionnel. De les serrer de si près, les tiens, de te battre pied à pied avec les vautours autour, ils en seraient arrivés à confondre charognard et photographe. C'était en tous cas la sentence de certains juges, dont le plus implacable n'aurait été autre que toi-même, quand il a fallu comparaître devant cet implacable tribunal d'inquisition. Celui des autres et celui de soi. Et tu avais beau plaider pro domo la belle cause, juge et partie que tu étais, tu ne pouvais disculper le photographe, croyant être plus juste de le mettre sans appel au banc des charognards.

Oh, qu'importe! les laissés-pour-compte seraient dédommagés d'une gloire posthume assurée. Et qui mieux, inespérée. Et puis il fallait songer aussi au pain des vivants. Les tirages qui peinent, les caissettes à renflouer, la courbe des invendus . Sans cette manne des guerres salutaires et les non moins salutaires famines en Afrique et ailleurs, l'ailleurs et l'Afrique ce serait nous en place qui l'offririons.
Cela, en appui du jugement que tu prononçais contre toi-même, était le verdict de ceux qui dénonçaient l'affairisme de l'humanitaire. La photo choc ne rapporte rien à ceux qui crèvent et ceux qui sont appelés à crever. A l'audimat des grands médias par contre, oui. Au tirage des feuilles de choux à sensations, aux caisses des rentiers de l'info qu'il faut constamment renflouer, aux frissons des résidents et présidents des Circus Maximus dans la société du spectacle et des loisirs, oui. Et au delà de toutes les estimations.

Mais va quand même Kevin !
Tout cela est loin derrière toi maintenant. Car à l'heure où tu as fini ce mot d'adieu, il ne te reste plus qu'à franchir le dernier pas. Avec un peu de chance, écris-tu, tu pourrais retrouver Ken3.

Ken Oosterbroek, ton ami. Tué d’un feu ami, nous dit-on, dans une localité de la banlieue de Johannesburg.

Était-ce lui, Ken, parti trois mois plus tôt, qui t'aurait télégraphié pour te presser de le rejoindre ? Lui n'avait pas choisi de quitter de son propre chef ce monde. Son dernier voyage. Il n'était pas si pressé de partir. Mais sans trop savoir comment, on lui avait offert son aller simple. Et du coup, sans prévenir ni faire d'adieux, il t'avait laissé seul au désert. "Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !"4 Ce matin encore, tout autour de toi le désert en résonnait.
Mais à supposer que Ken ait pu t'appeler de l'au-delà, même si ce grief ne peut rien contre l'irréparable, tu avais tort, kevin, de penser seulement à ton ami Ken. Tu n'aurais pas dû te plier à sa voix, aussi irréfragable pût être son appel. Car tu as fait beaucoup de peines à d'autres amis, surtout ceux que tu ne soupçonnais pas, assez nombreux de part le monde, désormais un peu plus esseulés après toi.
Mais va quand même. Le mektoub est scellé. La messe est dite.

Mais Ken n'aurait été qu'une voix. Le ténor peut-être, mais juste une voix qui ne couvrirait ni n'éclipserait le chœur. Outre le juge que tu t'étais érigé de toi-même pour prononcer la sentence d'un épineux cas de conscience, et rangé à côté d'autres inquisiteurs ingérant le poison de ta consécration, jugée imméritée, il y avait aussi la traîtrise des frères de sang, la boue venant de journaux saintes-nitouches, les uns et les autres te balançant ainsi dans leur sac à ordures, pour te raffermir encore dans ton ultime choix.

Peu importe! Magnanime, sans rancune aucune, dans cet ultime choix tu leur avais offert aussi ton propre cadavre qu'ils dépèceraient des jours et des semaines durant.

Et puis il y avait, plus audible assurément que toute autre voix, le chœur des revenants.
Ceux qui te harcelaient à des heures indues, alors que tu tentais de chercher dans le sommeil un abri. Ceux-là même que tu raccompagnais, qui ne demandaient plus rien à personne, ni pitié ni assistance, rien de rien, si ce n'est le droit de mourir au moins comme les hommes, seuls ou avec les leurs, mais dignement.


Qui d'eux tous t'aurait le mieux subjugué?

Ce ver nu et gringalet qui mourait d'inanition, d'aucuns liraient une
autre appétence, et cherchait un semblant de salut à boire à même la vache l'urine apaisant sa soif? Ce damné qu'on brûlait sur le bûcher de la haine ethnique et qui, enchaîné ou anesthésié par le supplice flambait vaillamment et fumait ? Cet enfant qui rampait à quatre pattes derrière l'âme secourable escomptée et ne cessait d'espérer quand bien même le secours indifférent hâtait ses pas loin devant lui ? Ces squelettes qui conservaient encore une mince bande de peau adhésive, recroquevillés sur eux, incapables même de chasser les mouches qui trouvaient dans ces intouchables une manne pour se nourrir ? Cet enfant dégarni, sans fesses, pas même une, juste une mince planche à la verticale dressée sur deux dents de fourche pointues, dont le dos strié par les côtes saillantes ressemble, et c'est peu dire, au cliché d'une radioscopie, et qui peinait à supporter entre les épaules sa lourde tête?

Ou fût-ce le corbeau maudit que tu n'aurais vu qu'aviné, étourdi ?

La cerise sur le gâteau qui t'a valu la gloire, la consécration ? L'oiseau de malheur venu posant pour l'immortalité de cette image, sans oublier de demander à bon droit qu'on lui cède sa basse venaison, entamant pour le délire des sens et la fin de la faim son compte à rebours. Et indulgent, t'offrant si gracieusement la belle part du cadavre ?

Non, c'était elle qui t'aurait appelé.
Cette enfant qui n'en pouvait plus, à tant l'attendre la fin, et qui chavirait, ivre de lassitude, le visage contre la terre qui ne s'ouvrirait pas pour l'accueillir.
Si l'on en juge par l'aplomb du charognard à l'affût.

Et va quand même Kevin5.
Loin de ton téléobjectif mais à tes côtés quand même, plus jamais ils ne verront l'enfer ces anges que tu as rejoints là-haut.

A. Amri
1er août 2010



====Notes====

1- Bertolt Brecht.
2-Voici ce qu'on peut lire sur les carnets laissés par le photographe au sujet de la fillette et du corbeau: "à environ 300 mètres du centre d'Ayod, j'ai croisé une toute petite fille au bord de l'inanition qui tentait d'atteindre le centre d'alimentation. Elle était si faible qu'elle ne pouvait faire plus d'un ou deux pas à la fois, retombant régulièrement sur son derrière, cherchant désespérément à se protéger du soleil brûlant en se couvrant la tête de ses mains squelettiques. Puis elle se remettait péniblement sur ses pieds pour une nouvelle tentative, gémissant doucement de sa petite voix aiguë.
Bouleversé, je me retranchai une fois de plus derrière la mécanique de mon travail, photographiant ses mouvements douloureux. Soudain la petite bascula en avant, son visage plaqué dans la poussière. Mon champ de vision étant limité à celui de mon téléobjectif, je n'ai pas tout de suite remarqué le vol des vautours qui se rapprochaient, jusqu'à ce que l'un d'eux se pose, apparaissant dans mon viseur. J'ai déclenché, puis j'ai chassé l'oiseau d'un coup de pied. Un cri montait en moi. J'avais dû parcourir 1 ou 2 kilomètres depuis le village avant de m'écrouler en larmes. " Kevin Carter (Mini bio du photographe) - source de ce texte.
3- Dans la note de suicide que Kevin a laissée on peut lire au sujet de l'ami assassiné trois mois plus tôt: "Si je suis très chanceux, je vais retrouver Ken" (source)
4- Alphonse de Lamartine (L'isolement).
5- Kevin Carter s'était donné la mort à un moment de dépression. Les atrocités dont il fut témoin, la mort d'un ami assassiné et les critiques acerbes dont il fit l'objet après sa récompense du prix Pulitzer étaient aux origines de cette fin tragique.



Liens externes:




jeudi 29 juillet 2010

Africains, Saint-Cyrois, Novembriens: ils sont faits pour durer

Africains, Saint-Cyrois, Novembriens: les attributs qu'il faut pour mériter la longévité des patriarches. Politiques s'entend. Leurs Excellences Paul Biya et Zine el-Abidine Ben Ali ont tout pour ravir leurs peuples. A eux deux, ils cumulent 51 ans de pouvoir. Un demi siècle d'abnégation totale au service du Cameroun et de la Tunisie. Les droits, les libertés, la démocratie, l'emploi, le niveau de vie décent, quasiment tout ce qu'il faut pour être envié dans ces deux pays est acquis et consolidé. Si vous êtes mécréant ou incrédule, à Allah ne plaise! branchez-vous sur la radio ou demandez leur avis à Bourhen Bsaies et son homologue camerounais.

Ces 6 et 7 novembre, souhaitons aux Africains, Saint-Cyrois et Novembriens longue vie, un autre demi siècle de pouvoir et d'abnégation! Et que la République qui n'a cessé de s'épanouir et prospérer depuis leur accession à la présidence prospère encore et encore s'épanouisse! Pour le bien commun de l'Afrique et de l'humanité!

La fratrie des patriarches

Africains ou Arabes, leurs Excellences qui nous gouvernent appartiennent à la même fratrie. Ce qui les sépare importe peu à côté de ce qui les unit.
Certes, quand vous les alignez côte à côte sur un banc (d'essai), vous ne manquerez pas de remarquer quelques petites différences, des nuances de couleurs, par exemple.
Notre propos n'est pas de disserter là-dessus mais juste de contextualiser une anecdote en noir et blanc que la rumeur attribue à deux chefs d'États africains disparus. Nous disons bien "la rumeur", faute de source documentée à notre connaissance, pouvant confirmer cette anecdote. Si quelqu'un trouve une référence écrite, nous sommes prenant.

On raconte que lors d'une rencontre avec Bourguiba, probablement à la fin des années 70, Senghor aurait conseillé à son homologue tunisien de se retirer sans plus tarder de la scène politique. Sensiblement diminué par la maladie, Bourguiba n'était plus que le fantôme d'un président. Et cela ne pouvait laisser indifférent l'ami qui lui vouait beaucoup d'estime et pensait pouvoir le convaincre de préserver ce qu'il lui restait de sa vieille image glorieuse. On ne sait pas quelle fut au juste la réponse de Bourguiba. Mais Senghor reparti, Bourguiba aurait confié à ses proches quelque chose comme ceci:" Carthage n'est pas Dakar".
Autre anecdote, mais celle-ci authentifiée, quand Bourguiba apprend que Senghor a démissionné de son propre chef avant le terme de son mandat, il semble impressionné, très même, et le dit à ses proches.
Senghor aurait-il quitté le pouvoir pour avoir prévu ce qui l'attendait s'il imitait l'exemple de Bourguiba? Quelle que soit la réponse, on retiendra surtout ceci: toute grande qu'elle ait été, Carthage ne voyait pas aussi loin que Dakar.

Aujourd'hui la Tunisie semble vouée à un destin qui rappelle la triste période de ce qui se tramait autour de Bourguiba, entre 69 et 75. Plus d'un le dit: la présidence à vie n'était pas l'œuvre de Bourguiba ni son vœu personnel. Les éminences grises, les arrivistes de l'ancien parti et les profiteurs de tout bord savaient que leur survie en dépendait. Et ils avaient obtenu ce qu'ils voulaient. Nous sommes persuadé que les trompettistes qui ressuscitent l'allégeance à vie aujourd'hui, autour de Ben Ali,ne sont pas plus nombreux qu'ils ne l'étaient par le passé autour de son prédécesseur. Mais ils sont animés des mêmes motivations, sont tout aussi influents et pourraient bien parvenir à leurs fins.
Quoi qu'il en soit, cela ne fera de mal à personne de se remémorer et remémorer le passé évoqué à travers les anecdotes précédentes et ces deux exemples de pouvoir africains.

En 87, il nous a fallu un Général et une cohorte de toubibs pour en finir avec un pouvoir devenu insupportable. Faudra-t-il attendre que l'histoire se répète pour permettre la seule possibilité d'alternance que les Africains et les Arabes sont en mesure de nous donner?

A. Amri
29.07.2010

samedi 24 juillet 2010

الآن، الآن وهنا تسأل الموؤودة

لامني صديق لوضع حبل الغسيل على واجهة خارجية حين شهرت بلغة فولتير ولو بإشارة خاطفة (1) على منبر إحدى الشبكات العنكبوتية لفحوى وثيقة مصورة تستعرض فتاوى أهل الدين بجواز نكاح الطفلة . وكان الأحرى بي ألا أنشر عن أمتي وشعبي ما يسيئ لشعبي وأمتي وكأن الإساءة لم تكن قائمة من المصدر وكأن الجريمة في حق الملائكة تركت لي ما يبرر ستر العورة والتكتم على هذا الذبح المشفوع بالشريعة والأصول والسيرة. عذرا يا صديقي العزيز، ولكن هؤلاء الذين يستبيحون دم الأطفال لإرضاء الغريزة البهيمية ليسوا منا ولا من ديننا ولا من ملتنا حتى نستحي من فضحهم، أو نهادنهم بأي شكل كان. والثوب المتسخ والنتن الذي ينشر في هذا المكان يشفع لنا حين نقول ليس هناك فرق يذكر بين من يقتل الأطفال في غزة وجنين وقانا وبغداد ومن يغتصبهم في المهد في باقي الوطن حتى وإن ادعى المغتصبون في الفقه فلسفة. والموؤودة حين تسأل، وهي تسأل الآن الآن وهنا، ستسائل الضمير المتخاذل والصامت على الجريمة قبل المغتصب لأن القاصرة التي تزف لمن اشتراها من أبيها وأمام شهود عيان متواطئين هي في أفضل الحالات موؤودة وإلا كيف يصوغ أهل العقل والتدبير مبررا مثل رضاء الوالد أو ولي الأمر للتشريع في جواز النكاح..والحال أن ضمير هذا الوالد مرهون أولا وقبل كل شيء بصك المهر المعروض أو المدفوع. ألا يعتبر الرضى المشار إليه توقيع ضمير مباع؟ اليس ثمة في عمليات الزيجة هذه ما يعادل جرائم الزور وشهادة الزور والرشوة والإرتشاء؟ وحتى وإن نفى أهل الذمة صحة احتراز من هذا القبيل في خصوص من يعطي الموافقة على زيجة ابنته القاصرة دون خضوع لسم المال، ماذا عن حق الفتاة في اختيار الزوج المناسب لها؟ ماذا عن حقها في اكتساب العمر والتجربة والمعارف التي تؤهلها لتكون زوجة وأما ومدرسة العقل الأولى التي يرتبط بها مستقبل الأجيال والشعوب والأمم؟ ماذا عن حق الطفلة في الإستمتاع بطفولتها؟ في اللعب مع أقرانها؟ في أحلام البراءة؟ في النهل من حنان الوالدين والعيش في دفئ العائلة؟ ماذا عن حق الطفلة في رفض اليتم الموقع عليها بالإنابة مع تزكية شهود الجريمة وشيوخ الفقه الأفاضل؟ ثم ماذا بقي لنا لغسل الدم المهدور وتعطير الثوب النتن؟ السيرة النبوية، سند الشيوخ الأفاضل والنور الذي يستندون إليه لإجازة نكاح الأطفال. هذا الجواب أو السيرة المزعومة غير صحيحة، بل الصحيح هو السيرة النبوية المبتورة لأن البتر هو السند الأول لشيوخ الفقه الذين يجيزون هذا الزواج. حين يذكرون عائشة يتناسون السياق التاريخي والنبوي من ناحية أي بناء الرسول على عائشة في السن التي أهلت عائشة للبناء هو إقرار بوجوب الزواج من راشدة وإلا لما منع الرسول نفسه من التريث لسنوات قبل البناء الفعلي وسن الرشد بالمنظور النسبي متوفرة في هذه الحالة إذا أخذنا بعين الإعتبار الفارق التاريخي بين الأمس واليوم ودون النظر إلى سريان تقليد الزواج المبكر للجنسين حتى الساعة في العديد من أصقاع العالم ثم حين نذكر عائشة نتناسى فاطمة ونتناسى بالخصوص فيما يهمنا هنا والدها الذي زوجها راشدة وأبى لعلي أن يتزوج عليها طالما كانت حية برا بفلذة الكبد وذودا عن حقوق المرأة التي تصلب اليوم باسم الله وتحكيم العقل الظلامي فينا 
 
 
أحمد العامري
 2010. 07. 24
 
 
نص الإشارة
Nos docteurs de foi sont formels: avec le consentement d'Allah et du père, votre épouse vous pouvez la prendre au berceau.

vendredi 23 juillet 2010

Garrote ta plaie et sanglote (Afef Bennaceur)

A la mère de Hafnaoui Al-Maghzaoui
parce qu'elle est en moi

Garrote ta plaie et sanglote
car il n'est de remède à ta blessure
à part le sel des larmes

Toi qui as aimé
et engendré un amour
dédié à la patrie
sanglote et recommande-lui
de transmettre le salut
à celui qui l'avait précédé
pour le repos des prophètes


Il n'est de remède à ta blessure
en l'absence des élégies
Le poème n'a de couleur
si ce n'est celle du pays
et il n'est de pays à ta peine
alors attends-le

La plus belle des mamans l'ayant attendu
et il t'est revenu en martyr

Est-il vrai que nous avons triomphé?
ou est-ce la défaite de la poésie
sous le feu des brûlures?
De quelles graphies soutiendrions-nous
notre taille
alors que toutes les lettres sont creuses?

Devrions-nous avoir honte de ta peine?
Le héros est le séducteur du poème
sa prophétie
Mentiraient-ils, les poètes?

Devrions-nous nous taire
quand le barde déclare l'amour des ports?

Ô flux du matin
et parfum des aires
Ô l'aveu du sang
le nom du pays
l'inviolable vérité
et l'appartenance!

Mon pays, tu me reviens
tu reviens à moi
visage comme tous les visages
déjà partis
la malédiction des prophètes t'a stérilisé
et le jour pleure ceux qui sont tombés

Agite les mouchoirs de notre mal du pays
à la face de la cité qui s'interroge
sur l'étoile des martyrs
Agite pour la rétroversion
de ceux qui sans s'être approvisionnés pour le voyage
se sont contentés de traverser le tunnel

Afef Bennaceur
Texte en arabe

Traduit par A.Amri
23.07.2008

mardi 20 juillet 2010

Butée comme trente-six mille mules

Au fur et à mesure que la trotteuse* fait des hanches et emboîte le pas à Socrate, escaladant au Nord le chemin du péripatéticien, la trotteuse politicienne au Sud, dont plus d'une dictature arabe est l'incarnation, esseulée et sans denier aucun, quand elle ne dévale pas la pente dans le sens opposé des aiguilles de la montre, se tient butée comme pas moins de trente-six mille mules.


Hamm : Quelle heure est-il?
Clov : La même que d’habitude.
Hamm : Tu as regardé?
Clov : Oui.
Hamm : Et alors?
Clov : Zéro.


Samuel Beckett (Fin de Partie)


*Ne pas se méprendre sur le sens ici: petite aiguille indiquant les secondes sur le cadran d'une montre.

Les autorités portuaires de Tunis-Carthage refoulent deux syndicalistes français sitôt débarqués

Deux Français, syndicalistes de Force Ouvrière ont été refoulés vers leur pays par les autorités tunisiennes, et ce dès leur débarquement à l'aéroport de Tunis -Carthage, vendredi dernier.


Les deux Français faisaient partie d'une délégation syndicale composée de 35 membres, venue en Tunisie à l'invitation de l'UTIT (Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens)*. L' association avait choisi cette année la ville de Bizerte pour y tenir ses travaux d'université d'été.
Deux autres membres de la même délégation ont décidé de revenir avec leurs camardes refoulés pour protester contre l'arbitraire des autorités portuaires tunisiennes.


Il convient de rappeler que la police de l'aéroport a confisqué les PC portables du reste de la délégation, et que ceux-ci n'ont été autorisés à quitter l'aéroport que six heures après leur arrivée.
Ces agissements arbitraires répétés visant des Tunisiens et des étrangers, les mesures d'interdiction d'embarquement ou de débarquement ainsi que la confiscation de bagages ont suscité la colère et l'indignation au sein du milieu syndical tunisien. De telles violations du droit, entre autres innombrables, ne peuvent que ternir l'image de la Tunisie à l'extérieur et renforcer l'isolement du pouvoir à l'échelle régionale et internationale.


Certains syndicalistes locaux sont allés jusqu'à dire que cet incident était la réponse télégraphique du pouvoir au message du Secrétaire général de l'Union Générale des Travailleurs Tunisiens. Deux jours plutôt, évoquant de manière indirecte le projet étatif de porter l'âge de retraite à 65 ans, ce dernier a souligné que l'UGTT ne transigerait pas sur les droits acquis des travailleurs ni sur l' indépendance de la centrale ouvrière de tout parti politique, y compris le parti au pouvoir.


*L'UTIT connue aussi sous l'appellation "Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives" (FTCR) est une association française qui a pour objectif de défendre les intérêts sociaux des tunisiens mais aussi des étrangers en France. Les travaux d'université d'été, effectués périodiquement depuis plusieurs années dans le pays, se font dans le cadre d'actions en partenariat avec l'UGTT.

UTIT (Section de la Jeunesse) au cours d'un séjour d'été en Tunisie

lundi 19 juillet 2010

Aïeux de haut parage

Cette histoire à mi chemin du conte oral et du mythe initiatique est ancrée dans le patrimoine familial. Léguée par mes ancêtres qui en perpétuaient la narration depuis bien de générations, je l'ai racontée mille fois à mes enfants, alors qu'ils étaient encore tout petits, pour les endormir. Comme on me l'a racontée à moi-même, sans doute pour les mêmes raisons, quand je fus de leur tendre âge.

A l'avoir tant entendue et racontée, il y a beau temps que j'ai acquis la certitude qu'il ne s'agit pas seulement d'une histoire à faire dormir les petits!

Détends-toi et dors, mon petit
Et si dodo boude tes paupières,

Il y a des rames sur ton lit
Navigue loin de ces bruyères
A bord de ta felouque, libre comme le vent qui ne campe nulle part, remonte à la nuit des âges, voyage à la source du temps. Tout aussi léger que le rêve des candides, traverse la chaîne des générations, le djebel des siècles. Va plus loin encore, au delà d'un espace tout aussi démesuré, et franchis sept mers et autant de montagnes, les frontières tracées par les sédentaires, compartimentant  pays et continents. Quand tu auras laissé derrière toi un désert incommensurable. tu pourras enfin toucher aux confins de ton sang.

C’est de si loin et de tels parages que descendent tes ancêtres. Leur souche est quelque part en Arabie heureuse, du temps que cette portion de l'immense péninsule était zone de la province unie de l’empire ottoman.
A ce qu'on dit, le géniteur de tes aïeux, paix d’Allah soit sur son âme, était coupeur de chemins!
Oh, ne baisse jamais la tête ni n’en rougis, petit!
Si quelque fanfaron de telle ou telle tribu ennemie te le rappelle, pour peu que ce soit sur un ton insultant, tu diras au bâtard: oui! mon grand aïeul était coupeur de chemins! coupeur de chemins et noceur! car ton aïeul avait épousé des femmes sans nombre. Dis-le haut et sois-en fier !

Certains affirment que ton ancêtre est yéménite. D’autres soutiennent qu'il est plutôt bahreïni, ayant migré au Yémen dans sa prime enfance avec sa tribu nomade. Bahreïni, Yéménite, Omanais, Qatari ou autre, quelle qu’en soit l’origine exacte, ton ancêtre était surtout arabe. Aussi revendiquait-il pour véritable patrie toute la péninsule arabique, c’est-à-dire cette immense portion du Moyen-Orient qui est aujourd’hui répartie entre pas moins de treize pays. (1)

De tous les nomades qui peuplaient la péninsule en cet âge lointain, les coupeurs de chemins étaient les bédouins les plus libres. Incessamment mobiles, ils ne campaient nulle part sous une tente. Ni ne s’accommodaient d’une quelconque loi, vivant hors de la société policée qui, là où on pouvait en soupçonner l’existence, n’avait de poids ni de sens que pour ceux qui obéissaient aux servitudes de la vie citadine. Même la tribu et la famille, les coupeurs de chemins n’en reconnaissaient aucune autorité, à part celle que dicte la piété liée à l’indissoluble lien de sang, laquelle en interdit l’oubli ou le rejet. Deux à trois fois par an, ils devaient rentrer au bercail pour honorer telle piété. Et chaque retour était pour eux une occasion de s’acquitter aussi d’un certain dû tribal.
Qui dit tribu dit un groupe où chacun travaille pour tous et personne n’a le droit de s’accaparer quoi que ce soit. Aussi étonnant que cela puisse paraître, sauf saâliks(2) même les coupeurs de chemins étaient soumis à cette règle, qui partageaient leur butin avec les leurs, comme ils bénéficiaient en tout bien commun de leur part à chacun.

Hormis ces rares moments où les retrouvailles avec la tribu leur permettaient de savourer quelques jours de farniente sous la tente, en cela semblables aux serpents les coupeurs de chemins formaient une race qui ne creuse de repaire ni ne dort à la belle étoile, comme on dit !
C’était sur les chemins des caravaniers sillonnant cette immense zone que ton ancêtre vivait surtout, un jour campant au milieu d’une barkhane, le lendemain dans une grotte ou un oued, le surlendemain au sommet d’un djebel qui surplombe un port, avec pour uniques compagnons son cheval, son outre de vin, son sacre et son épée.
Parce qu’il officiait toujours de nuit, on surnommait ce coupeur de chemins Jinnellil (3) . Sache, petit, que les conteurs de ta race, la plupart mythomanes, la fierté des faits et gestes des leurs voulant qu’ils fussent ainsi, ne manquaient jamais d’affabuler la légende de ton aïeul, paix d’Allah soit sur son âme, soulignant notamment que c’était la terreur vivante des caravaniers dans la péninsule arabique. Si l’on en croit ce que ces conteurs disent, Jinnellil n'aurait pas de sang sur les mains, hormis celui des bêtes qu'il chassait ou abattait pour se nourrir.
Néanmoins il a volé de tout: de l’amulette de sa grand-mère censée protéger contre le pouvoir des djinns aux chameaux chargés de leurs palanquins, avec les coffres de soie, d'épices, de parfums d'Arabie, et quelquefois un butin hors de prix, la houri d’Allah promise à quelque élu, mariée aux mains et pieds fraîchement marquées par l’imposition du henné, fiancée ou odalisque qu’on conduisait vers tel ou tel sérail lointain, de ses plus beaux atours parée et resplendissante comme le jour!
On raconte que Jinnellil menait ses attaques sans coup férir. Grâce à des ruses diaboliques mais surtout à la complicité de son cheval et son sacre qu'on disait savants, il touchait rarement à son épée pour en découdre avec ceux qu'il pillait. C'est surtout cela qui lui aurait épargné l'effusion de sang humain.
Ce qu’il ravissait aux caravanes la nuit, le jour d’après il le revendait dans tel ou tel souk de la péninsule ou à tel ou tel négociant spécialisé dans la traite des femmes.
Alors qu'il avait 25 ans et possédait de quoi s'acheter un beau titre de pacha et prendre déjà sa retraite s'il n'était trop racé pour se complaire dans la farniente ou la noblesse de pacotille, ton vaillant aïeul a décidé un beau jour de se convertir en piraterie maritime, sa tête étant entre-temps mise à prix là où il gagnait bien, et si honnêtement son pain! Néanmoins pour ce faire, il lui fallut s’expatrier, quitter les siens. Et comme la piété tribale, et filiale surtout, était sacrée en ces temps-là, avant de partir il a dû aller voir sa tribu et ses parents qui campaient au pied d’un mont aux alentours d’Amran, pour leur faire ses adieux. On raconte que sa mère qui craignait de ne plus le revoir tant elle était âgée a refusé de lui donner sa bénédiction pour le voyage tant qu’il n’ait pas satisfait à sa demande, voulant le « ligoter » à temps pour que la terre des ancêtres le rappelle aux solides attaches un jour.
« Ligoter » c’était le jargon qu’on employait à cette époque-là quand il s’agissait de marier un garçon. L'Émir des Ténèbres avait beau essayer de se soustraire à l’exigence de sa mère, beau invoquer toutes les raisons pouvant l’affranchir d’une telle corde, sa mère ne voulait pas lâcher prise. A contre-cœur, il finit par céder au désir de celle-ci. On le fit, donc, épouser une belle jeune fille qu’on lui choisit dans une tribu voisine, les alliances tribales étant en ces temps-là indispensables pour assurer la paix entre les tribus. Et quand sa mère put voir que le ventre de sa belle-fille répondait sinon du retour de son fils, du moins d’un gage de succession, quand bien même elle aurait aimé que l'Émir des Ténèbres patientât jusqu’à s’assurer que le produit de sa semence soit fait pour la relève espérée dans les coupe-gorges d'Arabie, elle consentit enfin à lui donner sa bénédiction et il put ainsi faire aux siens ses adieux.
A dos de chameau, il a pris la route du nord, traversé l’Arabie pétrée, campé quelque temps à Bassora où, dit-on, le souvenir de sa douce épouse le décida à épouser une deuxième femme ! Et quand celle-ci fut enceinte, tout en lui laissant le nécessaire pour lui permettre de subvenir à ses besoins et assurer un bel avenir à son futur enfant, il la quitta pour repartir vers le Chem: la vieille ville de Damas. Là encore, il fit de nouvelles noces, s’assura d’une succession en devenir mais ne résista pas plus longtemps à l’appel des chemins. Il mit le cap sur Srafand au sud de l’actuel Liban. Et alors qu’il faisait un somme à l’entrée de cette ville, par un jour de forte canicule, dit-on, il fut réveillé par une étrange brûlure à la jambe dont l’effet s’irradiait douloureusement au reste de son corps. Quand il a pu comprendre ce qu’il lui était arrivé, il a immédiatement invoqué l'indulgence de Hussein, le petit-fils du Prophète, qu'Allah prie sur lui et le salue!
C’est que deux heures à peine plutôt, ton scélérat d’ancêtre a profané sur son chemin une husseynate, sorte de paroisse chiite où il a volé, dit-on, l'épée de Hussein ! C'est une telle offense qu'il venait de payer si chèrement, mordu par un serpent qu’il put voir de ses propres yeux alors qu’il se repliait vers son repaire, un serpent à cornes dont le venin est mortel. On ne badine pas avec les saints ni les descendants du Prophète! Sache petit que, même si tu ne crois pas à ces histoires de blasphèmes, on n'offense pas impunément un symbole religieux.
Jinnellil a failli y laisser la vie. Il n'a dû son salut qu'à la bienveillance d'un fermier vivant dans les parages, qui l'a transporté chez lui, lui a offert le gîte, l'a soigné et a veillé à son chevet de longues nuits comme si ce passager dont il ignorait tout était son fils.
Au bout d'une semaine, quand le misérable coupeur de chemin s'en est totalement remis, en signe de gratitude à son bienfaiteur il a assommé ce dernier et ligoté et bâillonné sa femme! Puis il leur a ravi leur unique enfant, une jolie fille d'à peine quinze ans mais dont la constitution, les formes divinement gracieuses lui donnaient l'allure d'une femme! On raconte que c'était elle -qu'Allah lui pardonne! qui lui avait suggéré de récompenser ainsi ses parents!
On raconte aussi que ce scélérat d'ancêtre a exaucé le vœu de cette fille, non par amour pour celle-ci qui était prête à le suivre docilement jusqu'en enfer, mais parce qu'il comptait l'offrir en cadeau digne de Sa hautesse, au sultan d'Istanbul! C’est que dans ses projets initiaux, le coupeur de chemin rêvait d'aller jusqu'à Constantinople en Turquie, l’eldorado des corsaires en ces temps-là. De par sa position sur le Bosphore, la liaison de celui-ci avec la Mer Noire d’un côté et la Méditerranée d’un autre, le vieil Istanbul était au carrefour des lieux de pêche constamment hantés par les grands bandits de mer. D’autant que les gros poissons, femmes roumies, slaves, grecques, italiennes, entre autres, soit les denrées de luxe dont affriolaient les puissants seigneurs d’Arabie et d’Ifriqiya y faisaient foison. C’était pour cette raison-là que Jinnellil projetait d’aller en Turquie. On raconte qu'il espérait aussi retrouver là-bas les coffres d'or du légendaire pirate Barbaros! Et tant qu'à faire pourquoi ne pas tenter d'entrer en grâce auprès du sultan, en enrichissant le sérail de ce dernier par une si jolie houri venue de la terre libanaise?
Sache, petit, que tout en étant coupeur de chemins, ton vaillant ancêtre avait l'âme d'un Sindbad! Les hommes libres, en cela semblables aux oiseaux, ne sont pas faits pour les cages. Si tu veux être digne du sang ancestral, ne prête serment ni à femme, ni à tente, ni à patrie qui ne soient constamment sur une autre rive de la mer.
Au lieu de monter au nord pour traverser tout un pays avant d'arriver aux frontières turques, avec sa jeune captive qui risquait d'être retrouvée par d'éventuels poursuivants, ton ancêtre l'Émir des Ténèbres a jugé plus sage de choisir un itinéraire différent, qu'il croyait plus sécurisé, en empruntant une barque volée, ou pour être plus juste en troquant celle-ci contre son chameau qu’il avait amarré à sa place ! et en se jetant à la mer!
Histoire rocambolesque, non?
Pas assez jusqu'à présent! Un coupeur de chemin qui se jette à la mer, sans boussole pour trouver son nord à part une jolie fille qui le presse de trouver un huissier et deux témoins afin de consentir à devenir sa légitime! au bout de trois semaines de galère sur l'eau où ils n'ont croisé -en guise de témoins- que des requins, mais sans l'huissier, affamés, assoiffés, presque morts tellement la traversée était difficile, les voilà enfin en Turquie, ou presque! Car c'était dans une province à l'époque ottomane qu'ils ont débarqué après tout, sauf que cette province était sur l'autre rive de la Méditerranée, en Tunisie!
On raconte que la première chose que Jinnellil avait faite quand il a su qu'ils étaient au pays du jasmin, c'était de construire une mosquée dédiée au barbier du prophète! il espérait ainsi racheter ses fautes et purifier le peu d'argent qui lui restait pour commencer une nouvelle vie. Je ne sais pas si Allah lui a pardonné. Mais Sa clémence étant sans fin, il y a lieu d’espérer que la mosquée plaidera en faveur de l’admission de ton vaillant ancêtre au jardin des réjouissances éternelles.
D’autant que Jinnellil a épousé sa belle captive dont il a eu 12 enfants. Et alors qu’il allait sur la cinquantaine, il a décidé d’accomplir son pèlerinage à la Mecque pour parfaire sa pénitence. Ayant légué toute sa fortune à sa femme, ta vaillante aïeule, s’étant assuré que celle-ci ne manquerait de rien durant son absence, à dos de chameau, un beau matin il a mis le cap sur la terre des lieux saints.
Dont il n’est jamais revenu.
Certaines mauvaises langues disaient que le cheval de retour, le fieffé noceur, a dû croiser une autre vipère sur son chemin, quelque part à la Mecque, à Médine, en-deçà ou au-delà. D’autres disaient encore qu’il a dû réunir sa smala éparpillée ça et là en Orient pour veiller à la bonne éducation de ses descendants et transmettre à ceux-ci le génie qui lui a valu son tristement célèbre surnom deJinnellil!
Il y eut même des gens qui, surenchérissant, soutenaient la réédition d’une fugue par mer, le damné coupeur de chemin hanté par son rêve d’atteindre Istanbul aurait troqué son chameau contre une barque qui l’eût mené vers le Bosphore.
Détends-toi et dors, mon petit. Et si le sommeil ne veut pas fermer tes paupières, viens avec moi pour couper le chemin à une caravane!
A. Amri
19.07.10


1- Je suis désolé à devoir contrarier le savoir cimenté des géographes et des encyclopédistes à ce sujet. D'après Wikipédia, font partie de la péninsule arabique l'Arabie saoudite, le Yémen, Oman, le Qatar, les Émirats arabes unis, le Koweït et Bahreïn, ce qui limite ces pays à sept. Mais on oublie que l'Irak, la Syrie, le Liban, la Jordanie, la Palestine et le Sinaï font partie du prolongement géographique et ethnographique de l'Arabie.
2- Nom donné aux poètes brigands qui dans l’ère préislamique vivaient sur les axes de circulation pour piller les caravanes.

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