Avec la
coupe à boire incrustée de lapis-lazuli, attends-la
sur la mare d'eau, autour du ciel et de l'eau de Cologne, attends-la
avec la patience du cheval équipé pour les pentes raides des montagnes,
attends-la
avec l'étiquette raffinée du bel émir, attends-la
avec sept coussins garnis de nuages, attends-la
avec le feu de l'encens féminin moutonnant à plein, attends-la
avec la fragrance virile des étalons fleurant le santal,
attends-la
et ne t'empresse pas, si elle vient après le rendez-vous, attends-la
si elle vient avant, attends-la
n'effarouche pas les oiseaux
au-dessus de ses tresses, attends
qu'elle s'assoie à son aise comme un verger à l'apogée de sa beauté, attends
qu'elle expire cet air étrange qui lui pèse sur la poitrine, attends qu'elle retrousse au dessus des jambes, pan à pan, sa robe, attends-la
et conduis-la vers un balcon pour qu'elle voie une lune dans son bain de lait
attends-la, et sers-lui de l'eau avant le vin
ne t'avise pas de lorgner les perdrix jumelles enlacées sous le corsage
attends-la, et comme pour résorber des larmes de rosée humectant sa peau
touche en douceur sa main quand elle repose sur le marbre la coupe, et attends
parle-lui comme une flûte qui rassure une corde apeurée du violon
comme si vous étiez deux témoins du lendemain, et attends
jusqu'à ce que la nuit te dise
il ne subsiste dans l'univers que vous deux
prends-la alors vers ta mort convoitée, et attends
Texte arabe oralisé par Darwich
Mahmoud Darwich
Traduit par A. Amri
16. 05. 2022
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