mercredi 8 mai 2013

Le 8 mai 1987, meurt sous la torture Nabil Barakati

Le 8 mai 1987, meurt sous la torture Nabil Barakati, âgé seulement de 26 ans.
Instituteur communiste et militant de l'UGTT, Nabil Barakati a été arrêté une semaine plus tôt alors qu'il
distribuait dans la ville de Gaâfour un manifeste du POCT (Parti ouvrier communiste tunisien), à l'époque contraint de militer en clandestinité faute de reconnaissance officielle.

Tout au long de la période de son arrestation, Nabil Barakati a été soumis à la pire des tortures afin qu'il livre les noms de ses camarades dans la région. Résistant jusqu'au bout, seule la mort a pu le délivrer de la hargne de ses tortionnaires.

Mais quand on a un cadavre sur les mains, la police la plus assurée de l'impunité ne s'empêcherait pas de trembler pour telle ou telle tête pouvant tomber des suites d'une pareille bavure. Pour maquiller leur crime, les tortionnaires ont tiré une balle dans la tempe du martyr, mis le pistolet entre ses mains et jeté le cadavre non loin d'une voie ferrée à la sortie de la ville. En même temps, ils ont fait courir le bruit que Nabil Barakati a réussi à s'évader du commissariat en s'emparant du pistolet d'un brigadier. Ils croyaient pouvoir accréditer de la sorte la thèse d'un suicide, mais même au théâtre de l'Absurde une telle invraisemblance ne peut se défendre: on ne s'évade pas d'une manière tout aussi spectaculaire pour se donner immédiatement la mort.

Quand la population de Gaâfour a découvert le cadavre, des émeutes ont eu lieu et les tortionnaires n'ont dû leur salut qu'à la faveur d'une évacuation musclée par l'armée. Durant deux semaines, bien que la ville ait été placée sous couvre-feu, les manifestations réclamant la justice pour le martyr n'ont cessé de sillonner les rues.

Depuis, pour les amis de Nabil Barakati et les défenseurs des droits de l'homme le 8 mai est devenu journée nationale de la lutte contre la torture.

A.Amri
8 mai 2013

Le 8 mai 1945: victoire des Alliés ou carnage des Sétifois?


« Ohé, fonctionnaires, ouvriers, colons, hommes, jeunes gens et même vous, femmes d’origine française, maltaise, italienne, espagnole, ou tout autre- qu’importe ! pourvu que vous soyez Européens, venez ! [...] Unissez-vous ! Venez au salut de vos privilèges aujourd’hui menacés. Accourez donc ! Voici des révolvers, des fusils, des mousquetons, des mitrailleuses en nombre ! Choisissez, prenez, armez-vous au nom du colonialisme généreux et humain et tuez-nous tous ces Arabes, ces vaincus de 1830, ces va-nu-pieds, ces haillonneux, ces ventres creux, faits pour vous servir et qui osent maintenant parler de droit des gens, de dignité humaine et poussent la prétention jusqu’à vouloir être nos égaux et vivre comme des hommes sur cette terre d’Algérie qui doit nous appartenir pour l’éternité» ( Achiary, sous-préfet de Guelma, 10 mai 1945)1

Le 8 mai 1945, au moment où l'Europe fête la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale, au moment où le Premier ministre britannique Winston salue la foule à Londres et le le Général de Gaulle annonce par radio la bonne nouvelle aux Français, Sétif en Algérie "fête" tout autrement la victoire contre le nazisme.

En ce triste jour sétifois, pour avoir manifesté dans la rue avec un drapeau algérien, un jeune homme est tué par le tir d'un policier. La réaction des Sétifois ne se fait pas attendre. Des émeutes embrasent la ville de Sétif d'abord et s'étendent vite vers d'autres zones de Constantine, Guelma et Kherrata surtout. Elles s'étalent sur plusieurs jours.

Bilan: près de cent Européens ont trouvé la mort. Mais combien d'Algériens au juste ont été tués? Et pourquoi un tel massacre?

Les chiffres varient selon les sources. Alors que les autorités françaises de l'époque fixent à 1165 le nombre de morts autochtones, un rapport des services secrets américains datant de 45 note 17 000 morts et 20 000 blessés. Selon le gouvernement algérien, il y aurait 45 000 morts.

Quoiqu'il en soit, la boucherie semble avoir atteint son point

culminant le 10 mai à la ville de Guelma. Et elle avait pour principal instigateur le sous-préfet de cette ville, Achiary. C'est lui qui -après avoir proclamé la ville en état de siège- a distribué des armes aux Européens et appelé ceux-ci à faire la chasse aux "ratons". A ses administrés, il demande de liquider, dit-il, "ces va-nu-pieds faits pour nous servir, qui osent parler de dignité humaine et qui poussent la prétention jusqu'à vouloir être nos égaux et vivre comme des hommes sur cette terre d'Algérie qui doit nous appartenir pour l'éternité”.2

Et l'appel a été suivi pour la triste gloire du 8 mai 1945. Fêtes en France et en Grande Bretagne. Et deuils et colère sur la rive sud de la Méditerranée. Un massacre qui rappellera aux Algériens, aux Berbères, aux Arabes, aux Africains que la victoire sur l'Allemagne nazie, malgré le sang maghrébin et africain versé pour la libération de la France, n'est pas la victoire de l'humanité.


«C'est en 1945 que mon humanisme fut confronté pour la
Kateb Yacine, écrivain algérien
première fois au plus atroce des spectacles. J'avais seize ans. Le choc que je ressentis devant l'impitoyable boucherie qui provoqua la mort de plusieurs milliers de musulmans, je ne l'ai jamais oublié [...] A Sétif, se cimenta mon nationalisme.»
3   Kateb Yacine

 

« 1945, l'Armistice. La France célèbre la cérémonie de sa victoire dans la joie. Mais la promesse pour la liberté de l'Algérie fera l'objet d'une autre célébration, noyée celle-là dans le sang de milliers d'Algériens. Les localités de Sétif, Guelma, Kherrata, Ain-Abessa, Ain-Kebira, Ain-Rouah furent le théâtre d'un génocide mené par des forces militaires auxquelles s'étaient jointes des milices de fermiers européens qui n'hésiteront pas à massacrer sans distinction enfants, femmes et vieillards...»4 Abdelkader Benarab



A. Amri
08.05.2013

=== Notes ===

1- Guelma- La ville martyre, les hécatombes: premières exécutions et intervention de l'aviation sur dknews-dz.com

2- Ibid.



3- Cité par Boucif Mekhaled « Chroniques d’un massacre 08 mai 1945.Setif, Guelma, Kherrata. Syros. Paris.1995

4- Abdelkader Benarab, La bataille de Sétif, roman, L'Harmattan, 2011, p. 5









dimanche 5 mai 2013

Branches transies de froid - Mohammed Al-Maghout (traduit par Ahmed Amri)



Branches transies de froid
comme au bout de leurs membres les morts
talents alanguis
à la verdeur de leur printemps
prisons où s'encaquent les hommes libres
trains où s'entassent les migrants
discours improvisés depuis les balcons
manifestations gelées en tout lieu
bâilleurs et bâilleuses
aux cuisines, aux cafés, aux champs
aux écoles, aux temples, aux hôtels
aux piscines, aux bordels, dans les camps
ne pourrait-il pas y avoir un nouveau Naceur
serait-il seulement du grade de caporal?

Mohammed Al-Maghout
Poète, dramaturge, écrivain et scénariste syrien (1934-2006)
Traduction A.Amri
05.05.2013








Naji al-Ali: la caricature prémonitoire

Il y a 30 ans, sur un ton prémonitoire Naji al-Ali publiait une caricature (en-haut sur le collage ci-dessous)
qui illustrait et illustre encore l'incurable mal arabe.

Le personnage lecteur du journal au titre pompeux" Solidarité Arabe" dit:
" Si Israël attaque la Syrie, nous devrons attaquer aussi."
Ce à quoi l'un des personnages en face rétorque:
" Soyez plus explicite: nous devrons attaquer qui?"

Aujourd'hui en Tunisie et dans d'autres pays arabes, il doit y avoir beaucoup de bienheureux qui jubilent après le coup de main "fraternel" que les sionistes ont donné aux jihadistes embourbés en Syrie.

En Tunisie, les nahdhaouis et frères de confréries salafistes, Marzouki et partisans, Ben Jaâffar et suivants doivent se féliciter à l'exemple de ce wahabiste saoudien Hammoud Chamri qui, il y a une heure, twittait ce qui suit:

"En apprenant qu'Israël a bombardé la Syrie, je me suis prosterné louant Allah. Et j'espère qu'Israël poursuivra la frappe des bastions du régime. Les Alaouites sont bien plus mécréants que les juifs. Et les juifs sont bien plus courageux que les Arabes!"

Prosternez-vous et louez Allah, traîtres des peuples et de la nation!
Plus sioniste que vous, jamais!

A. Amri
05.05.2013

samedi 4 mai 2013

Elle n'est pas complément d'objet

L'une des fiertés nationales tunisiennes, c'est que le peuple dont 53% sont des femmes a une longue tradition de lutte féminine. Présente et pesante dans la révolution du 14 janvier, la femme tunisienne n'est pas prête à prêter l'allégeance pour une nouvelle dictature. Bien plus que les hommes, pour des raisons que le commun des Tunisiens n'ignore pas, les femmes n'accepteront jamais de se soumettre à la servitude d'un État islamiste.

S'il plait à quelque 20% de la population(1) d'être le bon troupeau des apôtres de l'obscurantisme, il est du devoir de chaque citoyen se reconnaissant dans le reste de l'électorat de défendre les fondements de son émancipation. La démocratie, les droits de l'homme, les libertés individuelles sont l'affaire de l'ensemble des forces opposées au projet islamiste, femmes et hommes confondus.

Quand, le 30 avril dernier, Leila Debba a "accueilli" à sa façon (voir vidéo ci-dessous) le prédicateur égyptien débarquant à l'aéroport de Tunis-Carthage, ce n'est pas seulement un acte de résistance féminine qu'il faut lire dans le geste de cette femme. N'en déplaise à la minorité tenue par le carcan islamiste, c'est la colère de tout un pays que cette brave avocate a traduite avec brio. Car ce peuple n'a pas besoin qu'on le catéchise ou lui rappelle l'islam. Il est musulman et fier de l'être depuis le 7e siècle, plus musulman que les camelots du wahabisme, vils rentiers de la foi altérée et transformée en industrie de l'ignorance(2) et de la mort. Il est de longue date musulman, ce peuple, et c'est lui qui a étendu vers l'Europe la conquête islamique, quand l'islam était lumières et grâces pour l'humanité. Il est musulman et il se réclame de cette noble lignée d'esprits phares qui font la richesse de son patrimoine: Saint-Augustin, Ibn Khaldoun, Lella Manoubia, Kheirddine Pacha, Ahmed Ben Dhief, Béchir Sfar, Tahar Haddad, Mohamed Ali El-Hammi, Farhat Hachad, Mohamed Fadhel Achour, Habib Bourguiba, Chokri Belaid... Ce ne sont pas les wahabistes qui pourraient citer autant de références dans leurs lumières, autant de jalons phares dans leur histoire, mais ce sont les Tunisiens. Ceux-là mêmes qui ont initié le Printemps arabe, déboulonnant l'une des plus puissantes dictatures au monde et brisant pour les peuples frères le mur de la peur. Ce ne sont pas les wahabistes qui ont réalisé cela mais les héritiers des lumières tunisiennes, femmes et hommes libres de ce pays.


Les wahabistes eux, en l'an 2013, considèrent que la terre est plate et ne tourne pas! et ils jugent hérétique quiconque dira le contraire!(3)

Quand, le 30 avril dernier, Leila Debba a "accueilli" à sa façon le prédicateur égyptien débarquant à l'aéroport de Tunis-Carthage, ce n'était pas de sa part un geste de provocation qui vise les islamistes de ce pays. C'était plutôt la réaction légitime de sa conscience libre, le front de fierté à lever face aux profanateurs de la Tunisie (locaux et étrangers confondus), l'irrépressible cri pour le peuple tunisien et musulman qui en a ras-le-bol de ces insultes répétées à l'endroit de sa tunisienté et son islam. L'islam authentique qui ne rime pas avec l'islamisme.

L'énième prédicateur invité par Ennahdha dans notre pays aux dépens du contribuable, blanchi, nourri et rémunéré en devises fortes pour les conférences débiles et abrutissantes qu'il doit donner aux âmes damnées du wahabisme, nuit à notre jeunesse et n'accomplit rien de salutaire pour le peuple confronté à tous les besoins et tous les périls. Terrorisme, fascisme, cherté de prix, chômage, constitution qu'on tente de détourner au profit d'un parti, élections qu'on renvoie incessamment aux calendes grecques, légitimité de pouvoir jour après jour contestée et devenue caduque. Et le parti islamiste arguant de cette légitimité pour faire de la Tunisie sa légitime irrépudiable n'a d'autre souci que de dérouler des tapis rouges sous les pieds des pâtres de chameaux qui se relaient pour nous "éclairer".

Pour le parti qui se croit l'élu de Dieu, ces "lanternes wahabistes", ces pondeurs de fatwas inouïes autorisant, ou appelant ouvertement la femme à concourir au jihad par le vagin(4),  rendent incontestablement d'éminents services. Ils détournent l'attention des périls qui menacent et des besoins qui pressent. Et de par le bourrage de crâne qu'ils accomplissent, le lavage des cerveaux, ils poursuivent le travail de sape engagé depuis les élections du 23 octobre 2011 contre les défenses de la cervelle tunisienne. Ce que le prosélytisme wahabiste veut réaliser au pays de Haddad et Bourguiba, aux pays des lumières musulmanes, c'est ni plus ni moins que conquérir et domestiquer la cervelle qui pense. Condition sine qua non de la viabilité de tout projet islamiste. Tant que le Tunisien est intelligent, que son esprit critique n'est pas tétanisé, l'islamisme ne peut faire long feu en Tunisie. D'où la tâche dévolue aux bons apôtres du wahabisme, conquérants par procuration de la cervelle jusqu'ici imprenable.

Alors quel mal à ce que la femme tunisienne botte au cul les ennemis de l'intelligence tunisienne?
Cette femme n'est pas complément d'objet. Pas sujet passif. Pas sujet de calife. Pas pronom de l'absent comme le veut la grammaire de ceux qui vivent à 15 siècles derrière la révolution. Ceux qui se vautrent dans le cloaque du puritanisme dénaturant l'humain, respirent l'obscurantisme infect et se nourrissent des crottes merdeuses de l'ignorance.


La femme tunisienne est une citoyenne et un être humain à part entière(5). Et elle n'entend pas céder aux phallocrates, islamistes ou de tout autre bord, ni sa part de vie ni sa part de combat. Leila Debba, Besma Belaid, Khaoula Rachidi, Radhia Nasraoui, Maya Jribi...et ce ne sont que d'infimes graines ans le chapelet des figures féminines tunisiennes, sont l'âme inaltérée de la Tunisie pionnière, berceau du droit constitutionnel et promotrice des émancipations(6). Il y a près de 3000 ans, l'histoire de la femme tunisienne débute avec Didon (Elissa), fondatrice et première reine de Carthage. Avec Sophonisbe, deux siècles avant J-C, c'est la première Bouazizi au féminin qui s'immole pour l'honneur de Carthage. Au 7e siècle, Al Kahina est l'incarnation de la résistance nationale face au conquérant arabe. Au 8e -douze siècles avant Bourguiba et le Code du Statut Personnel, Aroua abolit la polygamie! Au 14e, Lella Manoubia instaure la mixité dans les lieux de prière et devient cheftaine de confrérie religieuse!


Et cette histoire rayonnante du combat féminin se poursuit encore sous l'occupation française: Aziza Othmana(7) , Bechira Ben M’rad(8), Tawhida Ben Cheikh(9), Radia Haddad(10)...


Mais cela, il n'est pas certain que les ennemis de l'intelligence tunisienne sachent ouvrir un livre l'histoire et le déchiffrer pour comprendre la teneur de ces propos. Tant pis pour eux!




Leila Debba: une colère légétime

A. Amri 
03.05.2013

Notes:

1-
Chiffre des électeurs islamistes ayant voté le 23 octobre 2001 pour Ennahdha.

2- L'exemple de Cheikh Ibn Bâz contestant la rotondité et la mobilité de la terre (voir note 3) peut nous faire rire tant il parait insolite à l'âge des satellites et de la conquête spatiale. Mais nombreux sont les exemples illustrant cette ignorance offerte en pâture aux ânes bâtés qui la gobent, faute de cervelle chez ces âmes damnés du wahabisme et ses prédicateurs.
Une belle illustration sur la vidéo ci-dessous:


Louées soient les crottes de nos cheikhs!

Une autre sur ce lien: un prédicateur wahabiste considéré par ses disciples comme "une sommité de l'islam", le plus savant des humains! La panacée de la pauvreté et de la crise économique en terre musulmane, concoctée par Cheikh Abou Ishak al-Houini 

3- "Allah nous informe qu’Il a fait de la terre une demeure stable et qu’Il l’a fixée et stabilisée grâce aux montagnes. Il en a fait une demeure stable pour Ses créatures. Ils peuvent se déplacer, dormir, cultiver et planter des arbres. Ils peuvent également avoir des activités sur les mers pour survenir à leurs besoins. Si quelqu’un prétend qu’elle vogue dans l’espace, cela ne signifie pas forcément qu’il dit vrai, indépendamment du fait qu’il soit communiste, chrétien, juif ou musulman. La Parole d’Allah est plus véridique que toute autre parole..." Cheikh Ibn Bâz

4- Le jihad du niqah institué par des fatwas wahabistes permet à la femme de satisfaire les besoins sexuels des jihadistes engagés en Syrie. Toute femme âgée d'au moins 13 ans peut contribuer à cette "guerre sainte" en accordant ses faveurs à autant d'hommes qu'elle peut afin d'entretenir le moral des soldats de Dieu.

5- Le poète Mohamed Essghaier Ouled Ahmed pourrait même faire des enchères à ce propos, qui affirme que "la femme tunisienne est une femme et demi en-sus !"



Oyoun Al-Kalam (Amel Hamrouni & Khmaïes Bahri)

les femmes de mon pays
 
J'ai écrit, tant écrit
Épuisant les lettres et les dits
J'ai décrit, tant décrit
Épuisant les mots inédits
Je dis, donc, en bref et je passe
la femme de mon pays
est mesurable à l'aune 
d'une femme et demi
6- Premier pays à se doter d'une constitution au monde arabo-musulman (1861), historiquement la Tunisie est aussi le pays de la meilleure constitution au monde selon Aristote qui, entre -350 et -360, écrivant son livre Politique dans lequel il étudie l’origine, la finalité et le fonctionnement de l’État, rend hommage à la constitution carthaginoise: "Carthage paraît encore jouir d'une bonne constitution, plus complète que celle des autres États sur bien des points, et à quelques égards semblable à celle de Lacédémone. Ces trois gouvernements de Crète, de Sparte et de Carthage, ont de grands rapports entre eux ; et ils sont très supérieurs à tous les gouvernements connus. Les Carthaginois, en particulier, possèdent des institutions excellentes ; et ce qui prouve bien toute la sagesse de leur constitution, c'est que, malgré la part de pouvoir qu'elle accorde au peuple, on n'a jamais vu à Carthage de changement de gouvernement, et qu'elle n'a eu, chose remarquable, ni émeute, ni tyran.
Je citerai quelques analogies entre Sparte et Carthage. Les repas communs des sociétés politiques ressemblent aux Phidities lacédémoniennes ; les Cent-Quatre remplacent les Éphores ; mais la magistrature carthaginoise est préférable, en ce que ses membres, au lieu d'être tirés des classes obscures, sont pris parmi les hommes les plus vertueux. Les rois et le sénat se rapprochent beaucoup dans les deux constitutions ; mais Carthage est plus prudente et ne demande pas ses rois à une famille unique ; elle ne les prend pas non plus dans toutes les familles indistinctement ; elle s'en remet à l'élection, et non pas à l'âge, pour amener le mérite au pouvoir. Les rois, maîtres d'une immense autorité, sont bien dangereux quand ils sont des hommes médiocres; et ils ont fait déjà bien du mal à Lacédémone."
Aristote (Politique) - Traduction française : BARTHÉLEMY SAINT-HILAIRE
La Tunisie est également l'un des pays pionniers de l'abolition de l'esclavage (1846), et de l'institution des droits de minorités,
ayant proclamé le Pacte fondamental( عهد الأمان).5- ) en 1857.

7- Cette femme est le symbole du pouvoir dévoué à son peuple, pour les œuvres de bienfaisance accomplies et ses rapports hors commun avec le personnel du palais. 

8- Militante du mouvement national et fondatrice de  l'UMFT (Union musulmane des femmes tunisiennes).

9- P
remière bachelière de Tunisie, première femme médecin et gynécologue au monde arabe, initiatrice avec Bourguiba du planning familial en Tunisie.

10- Militante du mouvement national tunisien, elle est vraisemblablement la première femme en Tunisie à avoir rejeté le port du voile. Après l'indépendance, présidente de l’UNFT (Union Nationale des femmes de Tunisie) elle est l’une des premières femmes parlementaires en Afrique et dans le Monde Arabe.

jeudi 2 mai 2013

Safa Mtaallah, journaliste qui dérange

Photo Safa Mtaallah
Le 19 fevrier 2013, l'hebdomadaire tunisien Akher Khabar (Dernière Info جريدة آخر خبر) publie un article-reportage ayant pour titre: "Des familles traumatisées pour leurs enfants partis en Syrie au nom du jihad". Le lecteur y apprend surtout que des légions de jeunes tunisiens partis en Libye, présumés pour tirer bénéfice des opportunités d'emploi qu'offre ce pays "en voie de reconstruction", ont en fait rallié l'internationale jihadiste et sont partis en Syrie.

Écrit par Safa Mtaallah, journaliste jeune mais maîtrisant parfaitement son sujet et ayant les qualités et les compétences du journalisme d'investigation(1), l'article a eu l'effet d'une bombe dans la région de Hammam Al Ghezaz (Kélibia), lieu de l'enquête menée par la journaliste. Non seulement les révélations ont alarmé des familles ayant des enfants en Libye et ne soupçonnant pas que les leurs puissent transiter à partir de ce pays vers la Syrie, mais elles ont dévoilé aussi l'existence de  cellules endormies de Al-Qaida.Cellules autour desquelles s s'effectue l'enrôlement des jeunes hammamois envoyés vers l'enfer syrien.
En outre, ces révélations ont de quoi embarrasser certaines parties politiques supposées impliquées à tel ou tel niveaux du recrutement jihadiste, même si, observant la déontologie de la profession, Safa Mtaallah
Article de Safa Mtaallah, en date du
19.02.2013
n'avait cité ni des noms de personnes ni -de manière explicite- le parti politique qu'on présume trempé dans ledit recrutement.

Le 23 avril 2013, Safa Mtaallah est convoquée par la police (Brigade d'enquête et d'information judiciaire) qui lui signifie qu'une plainte a été déposée contre elle par les habitants de Hammam Al Ghezaz. Selon ladite brigade, les plaignants l'accusent de diffamation.

En vérité, il ne s'agit que d'une manœuvre fasciste visant à bâillonner les plumes et les médias libres. "Le premier qui dit la vérité, chante Guy Béart, il doit être exécuté." Et Safa Mtaallah, ainsi que la  ligne éditoriale de Akher Khabar (Dernière Info جريدة آخر خبر) ne peuvent laisser indifférente la machine répressive islamiste. Car les plaignants réagissant à la prétendue diffamation journalistique auraient agi sur ordre de responsables nahdhaouis. Ils auraient même subi des pressions, selon plusieurs témoins oculaires ayant contacté la journaliste et assuré celle-ci (2)de leur engagement à déposer devant le tribunal, pour autant qu'ils soient cités comme témoins.


A.Amri
02.05.2013


Notes:

1- Safa Mtaallah est également une belle plume littéraire. En tant que jeune nouvelliste, elle a récemment obtenu un prix national qui augure d'un florissant avenir pour cette plume.
2- Safa Mtaallah sur Nessma TV

mercredi 24 avril 2013

Soldat rêvant de lis blanc (Mahmoud Darwich)



« je rêve de lis blancs
d'une rue pleine de chansons et d'une maison illuminée
je veux un cœur tendre, non charger un fusil
je veux un jour ensoleillé
non un moment fou de victoire intolérante
je veux un enfant adressant son sourire à la lumière du jour
non un engin dans la machinerie de guerre
je suis venu pour vivre le lever du soleil
non son déclin »

                              Mahmoud Darwich (Soldat rêvant de lys blanc)

Histoire d'une amitié


Ils s'étaient rencontrés à la faveur d'un poème paru en 1964, traduit de l'arabe à l'hébreu puis à d'autres langues: سجل أنا عربي "Inscris: je suis arabe", et devenu hymne international de soutien à la cause palestinienne (cf vidéo ci-dessous).


Nous sommes à la fin des années 1960, en ce pays dont la nakba de 1948 est commémorée sur les trois quarts de sa terre occupée, tous les 14 mai, comme journée d'indépendance israélienne.

Mahmoud Darwich, Palestinien né en 1942, poète maîtrisant l'hébreu autant que l'arabe
1, qui a publié son premier recueil à l'âge de 19 ans,  redouté pour sa verve
en Israël bien plus qu'un fedayin2, fréquemment harcelé par les soldats de l'occupation, tantôt détenu tantôt assigné à résidence dans sa maison à Ramallah.

Shlomo Sand, juif né en Autriche, en 1946, avant d'émigrer avec ses parents en Israël pour y grandir et découvrir toute la vérité sur le sionisme: l'Eretz d'Israël n'est qu'une terre volée aux Arabes.

Le jeune Sand ne savait pas l'arabe. Il avait découvert Darwich à travers Rameaux d'olivier (Awraq Al-zaytun), le recueil qu'il a lu en hébreu.  Et à la faveur d'un coup de cœur pour le poème précité3 il est allé voir à Ramallah Darwich. La rencontre a dû se dérouler peu de temps avant la guerre de 67.  Shlomo Sand avait 21 ans et était encore étudiant. Mahmoud Darwich, alors âgé de 27 ans, avait fini ses études, publié un deuxième recueil et travaillait comme rédacteur à Al-Fajr.

Depuis, Darwich et Sand étaient devenus de grands amis. Et frères d'armes luttant chacun dans son parti contre le sionisme: le premier au Matzpen, parti d'extrême-gauche, révolutionnaire et internationaliste; le deuxième au Maki, parti communiste descendant du
PCP (Parti communiste palestinien ).


 La soirée bien arrosée


Juin 67: Shlomo Sand est incorporé dans l'armée israélienne et participe en tant que soldat à la guerre de six jours. Une expérience traumatisante dont il ne sortira pas indemne. Il n'oubliera surtout pas un vieillard arabe torturé à mort à Jérusalem, par l'armée du Tsahal. La guerre finie, alors qu'il est toujours mobilisé il est allé voir Mahmoud Darwich pour lui annoncer qu'il repartirait en Europe et n'en reviendrait plus.4

L'ami arabe s'y est alors farouchement opposé: la Palestine a besoin de ses enfants, de toutes races et confessions, arabes et juifs unis pour la défendre. Les ennemis des Palestiniens n'ont jamais été les juifs, mais les Sionistes, et uniquement les Sionistes, qui au reste ne sont pas les ennemis des seuls Palestiniens. Quitter la terre occupée ce serait une façon de la desservir, la livrer à ceux qui ne demandent pas mieux que de la purifier des antisionistes.

Et afin de ne laisser repartir son ami qu'une fois ce dernier revenu sur sa décision, Darwich l'a retenu chez lui pour une "nuit blanche"! Une beuverie commencée au coucher du soleil et terminée au
lever du jour suivant. Toute la nuit, à bâtons rompus ponctuant bouchées de kémia et lampées de rouge, le plaidoyer de l'un "pour pas quitter" la Palestine, et le contre-plaidoyer de l'autre "pour pas rester" en Israël.


Avant de s'être séparés au lendemain de cette soirée bien arrosée, Shlomo Sand a vomi tout ce qu'il a bu et mangé chez son ami. Mais pas assez son complexe culpabilisant d'Israélien. Il ne guérira jamais de l'impression d'avoir "volé une terre arabe". Néanmoins, parce que son ami ne voulait pas qu'il «désertât», il a pris la ferme résolution de rester. Rester pour « se battre et aimer. Aimer à s’en rompre le cœur ».5

Aujourd'hui en Israël, comme l'était de son vivant Mahmoud Darwich, Shlomo Sand est considéré pire qu'un fedayin.

Ci-dessous
Soldat rêvant de lis blanc, le poème que Mahmoud Darwich a dédié à son ami Shlomo Sand, au lendemain de cette nuit blanche arrosée de rouge.6
La traduction est de Abdellatif  Laâbi.

(A. Amri) 
24.04.2013
  
Soldat rêvant de lis blanc
il rêve de lis blancs
d'un rameau d'olivier
de la floraison de ses seins au soir
il rêve – m'a-t-il dit –
de fleurs d'orangers
il ne cherche pas à philosopher autour de son rêve
il comprend les choses
uniquement comme il les sent, hume
il comprend – m'a-t-il dit – que la patrie
c'est de boire le café de sa mère
et de rentrer au soir

je lui ai demandé : Et la terre ?
il a dit : Je ne la connais pas
et je ne sens pas qu'elle soit ma peau ou mon pouls
comme il en va dans les poèmes
Soudainement, je l'ai vue
comme je vois cette boutique, cette rue ou ces journaux
je lui ai demandé : L'aimes-tu ?
il répondit : Mon amour est une courte promenade
un verre de vin ou une aventure
— Mourrais-tu pour elle ?
— Que non !
tout ce qui me rattache à la terre
se limite à un article incendiaire, une conférence
On m'a appris à aimer son amour
mais je n'ai pas senti que son cœur s'identifiait au mien
je n'en ai pas respiré l'herbe, les racines, les branches
— Et son amour
était-il brûlant comme le soleil, la nostalgie ?
il me répondit avec nervosité :
— Ma voie d'accès à l'amour est un fusil
l'avènement de fêtes revenues de vieilles ruines
le silence d'une statue antique
dont l'époque et le nom ont été perdus


il m'a raconté l'instant des adieux
comment sa mère pleurait en silence
lorsqu'il fut conduit quelque part sur le front
et la voix affligée de sa mère
gravant sous sa peau une nouvelle espérance :
Ah si les colombes pouvaient grandir au ministère de la Défense
si les colombes pouvaient grandir !

il tira sur sa cigarette, puis ajouta
comme s'il fuyait une mare de sang :
J'ai rêvé de lis blancs
d'un rameau d'olivier
d'un oiseau embrassant le matin
sur une branche d'oranger
— Et qu'as-tu vu ?
— J'ai vu l'œuvre de mes mains

un cactus rouge
que j'ai fait exploser dans le sable, les poitrines, les ventres
— Combien en as-tu tué ?
— Il m'est difficile de les compter
mais j'ai gagné une seule médaille
Je lui ai demandé, me faisant violence à moi-même :
Décris-moi donc un seul tué
il se redressa sur son siège
caressa le journal plié
et me dit comme s'il me faisait entendre une chanson :
Telle une tente, il s'écroula sur les gravats
il étreignit les astres fracassés
sur son large front, resplendissait un diadème de sang
il n'y avait pas de décoration sur sa poitrine
il était, paraît-il, cultivateur ou ouvrier
ou alors marchand ambulant
telle une tente, il s'écroula sur les gravats
ses bras
étaient tendus comme deux ruisseaux à sec
et lorsque j'ai fouillé ses poches
pour chercher son nom
j'ai trouvé deux photos
l'une... de sa femme
l'autre de sa fille

je lui ai demandé : T'es-tu attristé ?
il m'interrompit pour dire : Ami Mahmoud, écoute
la tristesse est un oiseau blanc
qui ne hante guère les champs de bataille, et les soldats
commettent un péché lorsqu'ils s'attristent
Là-bas, j'étais une machine crachant le feu et la mort
transformant l'espace en un oiseau d'acier

il m'a parlé de son premier amour
et après cela
de rues lointaines
des réactions d'après guerre
de l'héroïsme de la radio et du journal
et lorsqu'il cacha un crachat dans son mouchoir
je lui ai demandé : Nous reverrons-nous ?
il répondit : Dans une ville lointaine
Mahmoud Darwich et Tamar Ben Ami7

lorsque j'ai rempli son quatrième verre
j'ai dit en plaisantant : Tu veux émigrer ? Et la patrie ?
il me répondit : Laisse-moi
je rêve de lis blancs
d'une rue pleine de chansons et d'une maison illuminée
je veux un cœur tendre, non charger un fusil
je veux un jour ensoleillé
non un moment fou de victoire intolérante
je veux un enfant adressant son sourire à la lumière du jour
non un engin dans la machinerie de guerre
je suis venu pour vivre le lever du soleil
non son déclin

il m'a quitté, car il cherche des lis blancs
un oiseau accueillant le matin
sur un rameau d'olivier
car il ne comprend les choses
que comme il les sent, hume
il comprend – m'a-t-il dit – que la patrie
c'est de boire le café de sa mère
et rentrer, en paix, avec le soir


Extrait mis en musique

Le premier passage du poème a été mis en musique par Joseph Khalife. En le présentant, Majda Erroumi qui s'adressait au président du Liban dit:"Monsieur le Président, j'ai chanté pour la première fois cet extrait, il y a une vingtaine de jours, c'est-à-dire au moment où finissait le dernier épisode de la guerre
8. Je l'ai chanté en espérant que l'on comprendra que nous en avons assez avec les guerres, que l'on comprendra qu'il y a autre chose de plus beau à faire depuis les 33 ans que nous faisons la guerre."



Mahmoud Darwich
Traduit par Abdellatif Laâbi9

Introduit par A.Amri
24.04.2013



Inscris: je suis arabe (poème Mahmoud Darwich)
Comment le peuple juif fut inventé   (traduction arabe d'article écrit par Shlomo Sand)


=== Notes ===

1- Voici ce que Mahmoud Darwich dit à propos de la richesse culturelle qu'il doit à son bilinguisme: "nous avons appris l'hébreu en même temps que l'arabe. Toute ma génération maîtrise l'hébreu. La langue hébraïque est pour nous une fenêtre donnant sur deux mondes: celui de la Bible d'abord, celui de la littérature traduite ensuite. Ma première lecture de Lorca se fit en hébreu. De même pour Neruda. Je ne peux que reconnaître ma dette envers l'hébreu pour ce qui est de ma découverte des littératures étrangères. Je considère que la Bible est partie intégrante de mon héritage, alors que l'islam ne fait pas partie, [aux yeux de l'Israélien] de l'héritage de l'Autre. Je n'ai aucun problème à me considérer comme le produit, le métis, de tout ce que cette terre palestinienne a dit, de tout ce que l'humanité a dit... "

Mahmoud Darwich, La Palestine comme métaphore, entretiens traduits de l'arabe par Elias Sanbar et de l'hébreu par Somone Bitton, éditions Actes-sud Babel

2- Shlomo Sand écrit au sujet de son ami: "Mahmoud devint bientôt un élément subversif : dans les années 1960, Israël redoutait plus les poètes que les chahîds. Il fut fréquemment maintenu en détention, assigné à son domicile, et, dans les périodes plus calmes, il lui était interdit de quitter Haïfa sans autorisation de la police. Il endura ces tracasseries et persécutions avec un sang-froid stoïque dépourvu de toute poésie. Il se consolait de cette réclusion par le fait que ses amis venaient à pied lui rendre visite dans son appartement de Wadi Nisnas, à Haïfa."                                 
Comment le peuple juif fut inventé, Shlomo Sand, Fayard, 2008, p.18

Il faut souligner aussi, pour compléter le témoignage de Sand, que le poète plus redouté que les chahids était très apprécié par les Israéliens qui ont pu le lire. Pour rappel, Yossi Sarid, ministre israélien de l'Éducation dans le gouvernement de coalition d'Ehud Barak (1999-2001) a proposé d'insérer quelques uns de ses poèmes au programme du secondaire. Et Ehud Barak s'y est opposé. Exemple qui illustre d'un côté comme de l'autre quel pouvoir détient cette plume à la fois irrésistible, prisée pour ses qualités esthétiques, et redoutable, bannie des manuels scolaires en raison de ses capacités "subversives". Autre exemple non moins significatif: Ariel Sharon, celui qu'on surnommait le Bulldozer, n'a pas caché le plaisir qu'il trouvait à lire Darwich, et son coup de cœur pour "Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude?"

3- Le poème débute par ces vers adressés au fonctionnaire de police israélien qui lui demande, pour un contrôle, un procès verbal ou une simple provocation, de décliner l'identité:
« Inscris !
Je suis arabe
Le numéro de ma carte : cinquante mille
Nombre d'enfants : huit
Et le neuvième [...] arrivera après l'été 1
Et te voilà furieux ! »

Afin d'éclairer le contexte précis qui fut derrière ce poème, rappelons que, sur leurs pièces d’identité, les Palestiniens qui ont pu rester en Israël ne sont ni Israéliens ni Palestiniens. En vertu d'un décret appliqué dans tous les services administratifs, définissant leur "nationalité", carte d'identité, passeport ou autre document désignent leur nationalité par le mot «Arabe».
Ce racisme qui ne dit pas son nom, ou qui le dit explicitement plutôt, fait dire à Shlomo Sand qu'"Israël est l'un des seuls lieux au monde où sont reconnues non seulement la nationalité catalane mais aussi la nationalité arabe !"  (Comment le peuple juif fut inventé, Shlomo Sand, Fayard, 2008, p.18)

4- Évoquant dans un récit à la 3e personne le personnage qu'il fut à cette époque, Shlomo Sand écrit: "Il se sentait très mal à l'aise et exhalait l'odeur nauséabonde de la guerre. Il brûlait de l'envie de partir au loin, de tout abandonner, mais il voulait auparavant rencontrer une ultime fois le poète qu'il admirait." ( Ibid. p.19)

5- Abdellatif Laâbi, Le règne de barbarie, (Préface de Ghislain Ripault), Edition: Seuil, 1980

6-  Le poème a été écrit en arabe et traduit le même jour en hébreu par Mahmoud Darwich. Shlomo Sand s'étant rendormi après avoir vomi "de tout son être", il se l'est fait lire par le poète, en se réveillant vers le coup de midi,
(Comment le peuple juif fut inventé, Shlomo Sand, Fayard, 2008, p.19)


7- Tamar est l'amour de jeunesse de Mahmoud Darwich, la belle juive à qui il a dédié son poème célèbre Entre Rita et mes yeux, mis en musique et chanté par Marcel Khalife.




8- Par «dernier épisode de la guerre», Majda Erroumi fait allusion aux affrontements armés qui, entre le 7 et 14 mai 2008, ont opposé les forces de la coalition du 8 mars (opposition) aux miliciens du Courant du futur (fidèles au gouvernement) à la suite de la tentative du Premier ministre Fouad Siniora de reprendre le contrôle de l'aéroport de Beyrouth. Ces affrontements ont fait 80 morts.

9- Rien qu’une autre année - Anthologie poétique (1966-1982), traduit par Abdellatif Laâbi, Minuit, 1983,





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