Si, né(e) sous une bonne étoile, vous vivez ailleurs qu'en Palestine, que pourriez-vous faire en 40 ans de vie normale ?
Sans doute beaucoup de choses. Dont l'acquisition des conditions (minimales ou optimales) faisant de vous un(e) citoyen(ne) plus ou moins heureux(e) et satisfait(e) de ce qu'il/elle a pu réaliser, de ce qu'il/elle a laissé derrière lui/elle et ce qu'il/elle lèguerait à sa postérité, comme fruit de ce laps de temps correspondant à presque la moitié d'une vie humaine moyenne.
Karim Yassine, Palestinien qui a été libéré des prisons israéliennes il y a presque un an[1], lui et la plupart de ses compatriotes, ne sont pas de ceux et celles que les bonnes étoiles couvent de leurs yeux quand ils/elles viennent au monde.
Karim Younès avant et après ses 40 ans de prison |
Né en 1955 en Ara, village arabe en Israël, situé dans la région de Wadi Ara, Karim appartient à ce que l'on a convenu d'appeler « les Arabes israéliens », c'est-à-dire les quelque 2 millions de Palestiniens non réfugiés, censés avoir les mêmes droits que les Israéliens qui occupent la Palestine.
Le 1er juin 1983, Karim a été arrêté par l'armée sioniste alors qu'il était dans l'amphi de l'université où il poursuivait ses études. Accusé de nombreux délits dont l'appartenance à Fatah (alors organisation interdite), la détention d'armes et le meurtre d'un soldat israélien, Karim a été initialement condamné à la peine capitale par pendaison. Puis cette peine a été commuée en prison à vie. Et enfin, c'est à 40 ans de détention que le jeune étudiant de 27 ans a été condamné.
40 ans « au trou ». Soit 14 600 jours. 350 400 heures. Et pour autant que l'on admette qu'une heure en prison est déjà une éternité, vous pouvez imaginer ce que ce Palestinien a pu endurer tout au long d'autant d'éternités.
Diaporama représentant les séquelles du temps sur le visage de Karim Younès
A l'heure où cette vidéo est en cours de publication, le nombre de prisonniers palestiniens incarcérés par l'entité sioniste est de 7 000, selon l'Agence palestinienne d'information (Wafa)[2]. 7000 dont 1700 arrêtés après le mémorable 7 octobre[3]. Et selon le président du Club des prisonniers palestiniens, ce chiffre est susceptible de s'élever pour atteindre d'ici fin 2023 près de 11 000[4].
A. Amri
20. 12. 2023
[1] Le 5 janvier 2023.
[3] Au sujet de ces derniers prisonniers, il faut souligner que ce qui a pu filtrer sur les conditions de leur détention est des plus alarmant : le journal israélien Haaretz et l'Observatoire Euro-Med des Droits de l'Homme parlent de torture et de meurtre par l'armée israélienne de civils palestiniens détenus dans différentes zones de la bande de Gaza (voir - 'New Guantanamo': Hundreds of Gazan detainees killed under torture)
A ce propos, le témoignage des rares personnes qui ont été remises en liberté après un bref séjour dans ce camp confirment cette triste réalité. Voir « Nouveau Guantanamo... un camp de détention israélien pour torturer les prisonniers palestiniens de Gaza [غوانتانامو جديد.. معسكر اعتقال إسرائيلي لتعذيب الأسرى الفلسطينيين من غزة] », vidéo publiée par Aljazeera TV.
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