D'Avicenne
ou arabe tout court, le mot a fini par se faire aliéner les racines. Quand les
idiomes romans se sont fait des plumes pour devenir des langues
nationales, les ailes de ces langues, à ce qu'il paraît, ont oublié de quel duvet s'étaient faites les plumes1. Dans le zèle de tel oubli, anca et tant d'autres mots ont été déboités du vieux contexte civilisationnel qui fut derrière leur intégration en latin. Le mot est passé dans toutes les langues romanes, pour la plupart sans subir d'altération notable. Les langues germaniques et celtiques l'ont intégré également, mais avec une prothèse plus
ou moins sensible. Toutefois la mémoire philologique de certains Occidentaux,
souvent nombriliste et pas trop arabophile, ne se souvient plus de
Constantin l'Africain2. Ni des mots que celui-ci a fait venir autrefois
d'outre-Méditerranée. Dont ancha.
Cependant, il faut bien le souligner, cette amnésie n'a pas frappé tout le monde. Beaucoup de philologues, historiens, médecins, linguistes, ont rappelé, à divers moments depuis la naissance des premiers dictionnaires en Europe, l'origine de ancha. En France, Du Cange en 16783, et Albin d'Abel de Chevallet, en 18534, ont exhumé la première trace du mot dans les textes latins, associée au Pantegni. Le premier l'a fait du vivant de Ménage; le second presque au moment même où Diez a fini de ficeler la mythémologie tudesque du mot. En 1823, le médecin et naturaliste Hippolyte Cloquet remarque que «ce mot parait d'origine arabe [et] a été employé comme synonyme de hanche par les traducteurs d'Avicenne»5. En 1826, Pierre-Augustin Béclard et d'autres médecins français ont rappelé encore cette philologie associée à Avicenne6. Dans le reste de l'Europe, le médecin néerlandais Steven Blankaart (1650-1740), qui fut l'auteur de nombreux dictionnaires médico-physiques, est l'un des premiers lexicographes à avoir explicité, dès 1650, l'arabité du mot. Ancha, écrit-il, est un «arabicis scriptoribus usita vox» 7. En 1743, le médecin anglais Robert James (1703-1776) publie le premier des trois volumes composant son Medicinal Dictionary, et il note que ancha est un «terme dont Avicenne et Forestus quelquefois se sont servis».
Pour rappel, à travers l’œuvre de Petrus Forestus (1521-1597), médecin des Provinces-Unies (actuelle Hollande), ancha n'est ni un hapax ni le seul arabisme et indice textuel montrant les nombreuses connexions de l'auteur avec les écrits des médecins arabes tels que Rhazès, Avicenne, Abulcasis...
En 1879, l'autrichien Joseph Hyrtl, médecin et auteur de plusieurs ouvrages d'anatomie, a fait davantage mieux que l'ensemble des auteurs cités. Non seulement il a réitéré plus d'une fois le rappel du mot arabe, et au bon moment à notre sens8, mais il a consacré un livre entier, un glossaire anatomique de plus de 150 mots et expressions, arabes et hébreux9, empruntés par le latin et passés aux langues néo-latines. A chaque mot, l'auteur a restitué son contexte historique, l’œuvre et l'auteur, ou les auteurs, arabes, dont il fut tiré, par quel traducteur et quand ce mot fut latinisé. Hyrtl a rappelé ce que le vocabulaire anatomique occidental doit à l'arabe, à travers les translittérations des Avicenne, Rahazès, Mesué, Abulcasis et autres. Mais aussi à travers Constantin Afer10, à qui l'Autrichien a rendu un hommage particulier pour son De communibus medico cognitu necessariis loci, «le livre le plus riche, écrit-il, qu'il ait pu avoir toujours à portée de sa main» 11. Dans deux ouvrages au moins, et non des moindres12, Hyrtl a maintes fois souligné l'origine arabe de ancha. Rappelons que cet anatomiste autrichien était membre correspondant de l'Académie de Berlin, et ses écrits à ce sujet précis, publiés une trentaine d'années après les thèses mythémologiques diéziennes, constituent un cinglant démenti au fondateur de la linguistique romane.
En 1860, le Polonais Albert Kazimirski de Biberstein, orientaliste arabisant, publie un dictionnaire bilingue arabe-français, et le أنقاء anqa13 (en toutes lettres arabes) y figure, bien que trop condensé (et sans la transcription latine) pour rendre compte de son sens exact de hanche.
En 1883, le poète et écrivain anglais Gerald Massey cite le "ancha arabe" dans un corpus de philologie comparative.
Plus récemment en outre-Manche, Charles Singer, historien britannique en sciences, technologies et médecine, a rappelé encore une fois, en 194614, la filiation du mot avec le médecin originaire d'Ifriqia. Tout en soulignant que c'est dans le Pantegni (De communibus medico cognitu necessariis locis, II, ch. 8 ) que l'on trouve la première attestation du mot en latin, l'historien britannique a cité Ibn Sidah (1007-1066) et son glossaire anatomique, à l'appui de l'origine arabe du mot. De ce fait, Charles Singer est aussi le premier occidental à avoir mis en doute, sur la base d'une lexicographie arabe explicite, la supposée étymologie allemande de hanche.
Quand les philologues ressemblent aux plagiaires
Cependant, il faut bien le souligner, cette amnésie n'a pas frappé tout le monde. Beaucoup de philologues, historiens, médecins, linguistes, ont rappelé, à divers moments depuis la naissance des premiers dictionnaires en Europe, l'origine de ancha. En France, Du Cange en 16783, et Albin d'Abel de Chevallet, en 18534, ont exhumé la première trace du mot dans les textes latins, associée au Pantegni. Le premier l'a fait du vivant de Ménage; le second presque au moment même où Diez a fini de ficeler la mythémologie tudesque du mot. En 1823, le médecin et naturaliste Hippolyte Cloquet remarque que «ce mot parait d'origine arabe [et] a été employé comme synonyme de hanche par les traducteurs d'Avicenne»5. En 1826, Pierre-Augustin Béclard et d'autres médecins français ont rappelé encore cette philologie associée à Avicenne6. Dans le reste de l'Europe, le médecin néerlandais Steven Blankaart (1650-1740), qui fut l'auteur de nombreux dictionnaires médico-physiques, est l'un des premiers lexicographes à avoir explicité, dès 1650, l'arabité du mot. Ancha, écrit-il, est un «arabicis scriptoribus usita vox» 7. En 1743, le médecin anglais Robert James (1703-1776) publie le premier des trois volumes composant son Medicinal Dictionary, et il note que ancha est un «terme dont Avicenne et Forestus quelquefois se sont servis».
Pour rappel, à travers l’œuvre de Petrus Forestus (1521-1597), médecin des Provinces-Unies (actuelle Hollande), ancha n'est ni un hapax ni le seul arabisme et indice textuel montrant les nombreuses connexions de l'auteur avec les écrits des médecins arabes tels que Rhazès, Avicenne, Abulcasis...
En 1879, l'autrichien Joseph Hyrtl, médecin et auteur de plusieurs ouvrages d'anatomie, a fait davantage mieux que l'ensemble des auteurs cités. Non seulement il a réitéré plus d'une fois le rappel du mot arabe, et au bon moment à notre sens8, mais il a consacré un livre entier, un glossaire anatomique de plus de 150 mots et expressions, arabes et hébreux9, empruntés par le latin et passés aux langues néo-latines. A chaque mot, l'auteur a restitué son contexte historique, l’œuvre et l'auteur, ou les auteurs, arabes, dont il fut tiré, par quel traducteur et quand ce mot fut latinisé. Hyrtl a rappelé ce que le vocabulaire anatomique occidental doit à l'arabe, à travers les translittérations des Avicenne, Rahazès, Mesué, Abulcasis et autres. Mais aussi à travers Constantin Afer10, à qui l'Autrichien a rendu un hommage particulier pour son De communibus medico cognitu necessariis loci, «le livre le plus riche, écrit-il, qu'il ait pu avoir toujours à portée de sa main» 11. Dans deux ouvrages au moins, et non des moindres12, Hyrtl a maintes fois souligné l'origine arabe de ancha. Rappelons que cet anatomiste autrichien était membre correspondant de l'Académie de Berlin, et ses écrits à ce sujet précis, publiés une trentaine d'années après les thèses mythémologiques diéziennes, constituent un cinglant démenti au fondateur de la linguistique romane.
En 1860, le Polonais Albert Kazimirski de Biberstein, orientaliste arabisant, publie un dictionnaire bilingue arabe-français, et le أنقاء anqa13 (en toutes lettres arabes) y figure, bien que trop condensé (et sans la transcription latine) pour rendre compte de son sens exact de hanche.
En 1883, le poète et écrivain anglais Gerald Massey cite le "ancha arabe" dans un corpus de philologie comparative.
Plus récemment en outre-Manche, Charles Singer, historien britannique en sciences, technologies et médecine, a rappelé encore une fois, en 194614, la filiation du mot avec le médecin originaire d'Ifriqia. Tout en soulignant que c'est dans le Pantegni (De communibus medico cognitu necessariis locis, II, ch. 8 ) que l'on trouve la première attestation du mot en latin, l'historien britannique a cité Ibn Sidah (1007-1066) et son glossaire anatomique, à l'appui de l'origine arabe du mot. De ce fait, Charles Singer est aussi le premier occidental à avoir mis en doute, sur la base d'une lexicographie arabe explicite, la supposée étymologie allemande de hanche.
Quand les philologues ressemblent aux plagiaires
Du Cange citant Constantin l'Africain en 1678 |
Ce n'est qu'un arabisme, diraient les uns. Oui, somme toute ce n'en est qu'un. Dans le tas dissimulé, ou assimilé, à quoi les dictionnaires raisonnés, appuyés sur l'autorité de la chose jugée, ont délivré des bulletins de naissance frappés du sceau indo-européen.
Mais si nous laissons de côté la langue de bois, si nous laissons tomber certains euphémismes, la mythémologie savante et le plagiat, à notre sens, peuvent paraître contigus, voire logés à la même enseigne. La seule différence qui les sépare, et qui permet de noyer en toute honnêteté le poisson, est que là où le plagiaire littéraire ou artistique, quand il est confondu, n'a aucune excuse pour se blanchir, le plagiaire étymologiste, quant à lui, ayant toujours en sa faveur la présomption d'innocence, ne peut en aucun cas être confondu. Et comme le larcin étymologique profite surtout à la collectivité, et pas tant à son auteur direct, non seulement ce vol est halal dans les canons philologiques, mais on peut même le considérer, sous certains rapports, comme une haute vertu civile.
Le ward impérativement aryen
Parce que la vertu civile le réclame, nous allons oublier un moment le mot hanche, et rappeler au sujet d'un autre étymon arabe, lui aussi lésé par la mythémologie savante, une vieille querelle épistolaire.
En date du 15 avril 1874, la British Academy reçoit une lettre, fort courtoise mais abrégée, de William Wright. Ce monsieur, célèbre orientaliste britannique et professeur d'arabe à l'université de Cambridge15, n'a pu rester indifférent à « une légère erreur » commise par
Mais si nous laissons de côté la langue de bois, si nous laissons tomber certains euphémismes, la mythémologie savante et le plagiat, à notre sens, peuvent paraître contigus, voire logés à la même enseigne. La seule différence qui les sépare, et qui permet de noyer en toute honnêteté le poisson, est que là où le plagiaire littéraire ou artistique, quand il est confondu, n'a aucune excuse pour se blanchir, le plagiaire étymologiste, quant à lui, ayant toujours en sa faveur la présomption d'innocence, ne peut en aucun cas être confondu. Et comme le larcin étymologique profite surtout à la collectivité, et pas tant à son auteur direct, non seulement ce vol est halal dans les canons philologiques, mais on peut même le considérer, sous certains rapports, comme une haute vertu civile.
Le ward impérativement aryen
Parce que la vertu civile le réclame, nous allons oublier un moment le mot hanche, et rappeler au sujet d'un autre étymon arabe, lui aussi lésé par la mythémologie savante, une vieille querelle épistolaire.
En date du 15 avril 1874, la British Academy reçoit une lettre, fort courtoise mais abrégée, de William Wright. Ce monsieur, célèbre orientaliste britannique et professeur d'arabe à l'université de Cambridge15, n'a pu rester indifférent à « une légère erreur » commise par
Max Müller. Il écrit ce qui suit:" J'espère que le professeur Müller voudra bien m’excuser de corriger une légère erreur dans laquelle il est tombé. Verd, rose en turc, n'est pas persan, c'est-à-dire mot aryen, mais arabe, c'est-à-dire mot sémitique..."16 Ce à quoi le philologue allemand, une semaine à peine plus tard, répondait par une longue lettre qui commence ainsi: "Il
y a peu de mots, je crois, sur lesquels l'aryen, le sémitique, et même
les érudits hamitiques se sont battus avec autant d'insistance que le
nom de Rose. Mais si le professeur Wright est vraiment lui-même
convaincu que le corps de Patrocle appartient à l'armée sémitique, et
non pas à l'Aryen, je l'espère, il nous donnera ses raisons".17
Warda Al-Jazaïria |
L'on devine le rapport entre la vertu civile que nous évoquions précédemment et l'extrait de Müller ici cité. Le grief formulé à demi-mot à l'encontre de Wright et
le ton, à la fois narquois et amer, sur lequel Müller le formulait, nous
permettent de comprendre l'une des lois fondamentales qui régissent la mythémologie savante.
Certains estiment que, sous la plume de Müller, le mot Aryen n'a jamais de « coloration raciste »18. En vérité, cet exemple montre bien à quel point les tenants de cette thèse se gourent.
Quand le philologue allemand se rebiffe ainsi pour un mot19, quand il reproche à l'arabisant britannique de ne pas partager sa piété pour Patrocle et pour le sang aryen, quand cette rebuffade devient un argument académique, un contre-argument de poids pour défendre, coûte que coûte, la thèse à préserver, qu'appelle-t-on cela ? Si ce n'est pas là du racisme, on admettra bien quand même que pour ce qui est de la vertu civile du philologue, Max Müller est indiscutablement magistral.
Alors que William Wright avait cru de son devoir de corriger un collègue qui se méprenait grossièrement sur l'origine d'un radical, l'Allemand a jugé de son devoir aussi de réagir, non pas pour invalider une thèse en se conformant à une éthique épistémologique, non pas par l'objectivité d'un savant qui fasse abstraction de ses propres jugements de valeur, mais par une remontrance citoyenne. La correction moralisante qui substitue à l'argument scientifique une arme rhétorique de persuasion met à nu le soi-disant discours scientifique.
On ne s'étonnera pas de voir Littré suivre à la lettre ce maître.
Le sanscrit vrad, qui signifie « se courber, être flexible» devient l'étymon raisonné de rose. Et des grecs rhódon et wrodion, bien entendu. Tandis que l'arabe ward, qui n'a d'autre sens que rose, M. Littré ne le trouvait sûrement pas aussi pertinent que le sanscrit.
Le TLF, qui exemplifie amplement l'historique de ce mot, ne fournit aucune indication sur l'étymologie, si ce n'est le latin rosa. Allez savoir pourquoi il n'aime remonter ni au grec ni au sanscrit. C'est pareil pour le Wikitionnaire. Et la seule exception pour les dictionnaires en ligne semble venir du Wikipédia, apparemment sous forme de complément à une publication antérieure.
Alors que William Wright avait cru de son devoir de corriger un collègue qui se méprenait grossièrement sur l'origine d'un radical, l'Allemand a jugé de son devoir aussi de réagir, non pas pour invalider une thèse en se conformant à une éthique épistémologique, non pas par l'objectivité d'un savant qui fasse abstraction de ses propres jugements de valeur, mais par une remontrance citoyenne. La correction moralisante qui substitue à l'argument scientifique une arme rhétorique de persuasion met à nu le soi-disant discours scientifique.
On ne s'étonnera pas de voir Littré suivre à la lettre ce maître.
Le sanscrit vrad, qui signifie « se courber, être flexible» devient l'étymon raisonné de rose. Et des grecs rhódon et wrodion, bien entendu. Tandis que l'arabe ward, qui n'a d'autre sens que rose, M. Littré ne le trouvait sûrement pas aussi pertinent que le sanscrit.
Le TLF, qui exemplifie amplement l'historique de ce mot, ne fournit aucune indication sur l'étymologie, si ce n'est le latin rosa. Allez savoir pourquoi il n'aime remonter ni au grec ni au sanscrit. C'est pareil pour le Wikitionnaire. Et la seule exception pour les dictionnaires en ligne semble venir du Wikipédia, apparemment sous forme de complément à une publication antérieure.
En 2010, Jean-Claude Rolland consacre un livre à l'étude de 10 mots arabes dont ward20.
Et la conclusion à laquelle il aboutit pourrait bien faire remuer dans
sa tombe Max Müller. Mais Rolland n'est pas le premier à avoir rendu à
l'arabe ce dû. En 1837, Antoine Laurent Apollinaire Fée remarquait déjà
que le grec ροζ [roz] et le latin rosa dérivent de l'arabe21.
Pour revenir à hanche sans déhancher notre propos, dans la tête de beaucoup d'Aryens irréductibles, ce serait une nouvelle profanation de la mémoire des Patrocle, Achille, Hélène, Sappho, Alexandre, Héphestion, et nous en passons, que de livrer leurs hanches à l'armée des chacals.
Etant bien endentés et pour la circonstance cannibales, les adives risquent fort de réclamer bien plus que les hanches !
Pour revenir à hanche sans déhancher notre propos, dans la tête de beaucoup d'Aryens irréductibles, ce serait une nouvelle profanation de la mémoire des Patrocle, Achille, Hélène, Sappho, Alexandre, Héphestion, et nous en passons, que de livrer leurs hanches à l'armée des chacals.
Etant bien endentés et pour la circonstance cannibales, les adives risquent fort de réclamer bien plus que les hanches !
A. Amri
06.03.2016
==== Notes =====
1- "A côté du latin et du grec, écrit Georges A. Bertrand, l’apport de l’arabe paraît, bien sûr, assez maigre ! Mais il faut tout de même savoir qu’il est bien supérieur à celui du gaulois et à peu près équivalent à celui du germain." Dictionnaire étymologique des mots français venant de l’arabe, du turc et du persan (Editions L’harmattan, 2007)A son tour, Salah Guemriche, auteur de Dictionnaire des mots français d'origine arabe écrit à ce propos: "on estime qu’il y a deux fois plus de mots français d’origine arabe que d’origine gauloise.
Selon une estimation attribuée à René Naba, il y aurait 8000 mots français d'origine arabe.
2- L'oubli ne se restreint pas à ce personnage et ce qu'il a transmis comme savoir médical à partir de Salerne, mais le dépasse pour englober le transfert de savoir astronomique qui, à travers un grand nombre de traductions faites aussi bien à Tolède qu'en Sicile, a véhiculé lui aussi l'emprunt du même mot comme nom d'étoile. Nous y reviendrons le moment venu.
3- L'auteur écrit: "Constantin l'Africain, lib. 2, cap. 8: ossa pedum medici in tria dividunt. Sunt etiam Ancharum, sunt et crurum atque pedum. Ancharum ossa ante et retro superius cum ani ligantur ossibus, cujus unaquaeque pars in tria dividitur ossa. Os medium atque superius proprie Ancha vocatur, quae ligatur cum ani ossibus concavitatem suam intrantibus; hæc proprie Ancha vocatur, pyxis vero ejus concavitas." Glossarium mediae at infimae latinitatis, p. 245, article Anca (Ed° Paris, 1840)
4- Origine et formation de la langue française (Paris, 1853-1857), vol.1, p. 517
5- Dictionnaire raisonné des termes d'Anatomie et de Physiologie, Volume 1 (Paris, 1823); p.53
6- Nouveau dictionnaire de médecine, chirurgie, pharmacie, physique, chimie, histoire naturelle, etc., Volume 1 (Paris, 1826); p. 118
7- Lexicon medicum (Kühn, 1650); p.99, art. Ancha.
8- A un moment où l’œuvre de Friedrich Christian Diez lèse l'arabe dans une bonne part de ses emprunts attribués à d'autres langues, les écrits de l'anatomiste autrichien, même s'ils n'ont pas incité Diez à revoir sa copie, ont rendu à l'arabe une partie, et non des moindre, de son dû.
9- L'italique est de nous, et elle ne sous-entend pas un déni de la part incombant aux non Arabes dans la médecine et les sciences de la période médiévale, mais elle vise à relativiser à bon droit ce que certains attribuent de façon surestimée à l'hébreu.
10- Afer, abréviation assez courante chez les auteurs latins et quelques historiens, du surnom Africain.
11- Onomatologia Anatomica. Geschichte und Kritik der anatomischen Sprache der Gegenwart (Vienne, 1883); p. 40, note 1.
12- Ibid. p.155
Das Arabische und Hebräische in der Anatomie « L'arabe et l'hébreu dans l'anatomie », Vienne, 1879; p.116, 117 (entre autres)
13- Dictionnaire arabe-français, contenant toutes les racines de la langue arabe, leurs dérivés, tant dans l’idiome vulgaire que dans l’idiome littéral, ainsi que les dialectes d’Alger et de Maroc (Paris, 1860, réédition 1944, Beyrouth, éditions du Liban, et 2005, édition Albouraq); p.1334 (voir en bas de la colonne 1 et en haut de la colonne 2)
14 - A Prelude to Modern Science (University Press Cambridge, 1946) p. 35, note 39.
15- Il a consacré une vingtaine de livres à des études portant sur la littérature arabe et la langue syriaque. Son livre de grammaire arabe connu sous le nom Wright's Grammar est l'une des meilleures références pour pour les étudiants arabisants.
16- The Academy, Janury - June, Volume 5 (London, 1874); p. 488
17- Ibid.
18- C'est ce que soutient dans sa thèse de doctorat en philosophie, publiée sous le titre Mythe, Mythologie et Création, de Max Müller à Stéphane Mallarmé, Christian Do (p.12, note 36). Le document (en PDF, 10 MO) est téléchargeable ici. C'est aussi ce que nous dit indirectement l'article consacré sur Wikipédia à Müller, lequel souligne à propos de ce dernier que «ses théories sur les cultures originelles « aryennes » ne s'accompagnaient pas de thèses racistes.»
19- En fait, nous sommes conscients qu'il s'agit bien plus d'un mot. C'est un système à la fois mythologique et mythomane qui tient l'Occident en entier, et qui veut que tout soit ramené la Grèce, mère des arts, du Beau, de la littérature, et presque de tout. Aux yeux de Max Müller, s'il ne convient pas à un Occidental, fût-ce pour un idéal scientifique des mieux fondé, de profaner la mémoire de Patrocle, c'est que la rose est imbriquée dans ce système-là.
Sans compter tout ce qui appartient à la mythologie grecque liée exclusivement à la rose (elle doit sa naissance à Chloris, déesse des fleurs, qui la fait jaillir du corps inanimé d'une nymphe; Aphrodite lui donne la beauté, Dionysos dépose entre ses pétales du nectar dont elle tire son parfum; les trois Grâces la comblent en lui donnant le charme, l'éclat et la joie; et Apollon la couronne Reine des Fleurs), il y a une énorme littérature stratifiée dans l'inconscient de l'élite, aussi bien allemande qu'occidentale en général, au sujet du personnage homérique, ami et amant d'Achille. L’Iliade mais aussi, indirectement, Les Amours de Leucippé et Clitophon, roman d'Achille Tatius, ont construit un large réseau de symboles s'articulant sur la rose, et associé à l'évocation de Patrocle. C'est tout un édifice de mythes et de fantasmes construit là-dessus. Et le moindre doute jeté sur l'origine de l'étymon en question, ward, entrainerait fatalement des avaries pouvant mettre à faux les fondements mêmes d'un tel édifice. Comment défendre, à titre d'exemple, le très poétique vers homérique évoquant la fille du matin, l'aurore aux doigts de rose, ou Éos en robe de safran, si rose et safran s'avèrent arabes ? Comment interpréter le mythe de Crocus si crocus s'avère arabe ? Comment soutenir les fantasmes liés aux nymphes et à la nymphomanie si nénuphar s'avère arabe ?
20- Dix études de lexicologie arabe Par Jean-Claude ROLLAND, autoédité, 2010 , p.35-41
21- Antoine Laurent Apollinaire Fée, Flore de Virgile: composée pour la collection des Classiques Latins, Nicolaus Eligius Lemaire, , p.252
De deux mots il faut choisir le moindre
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