à celui qui m'a dit:
je me fais des illusions peut-être
mais c'est ainsi
j'ai mal de toi et je t'aime
il me peine de ne pas avoir
des souvenirs avec la mer
de bon matin il a pris les mouettes
je n'ai pas baptisé ma langue
au sel de son front
je n'ai pas immergé ma main
dans ses fonts baptismaux
je n'ai pas retiré de son vent
un fétu de souffle
je ne l'ai pas accompagné à un zoo
pour voir quelque oiseau encagé
ou, soupirant, un singe
je suis rentrée de l'amour
tel un rescapé de Tazmamart
distraite et incapable
de traduire par des équations logiques
le génie de mon cœur
Photo Mouna Rezgui |
il se retire toujours
comme de son sanglant combat le cerf mâle
décochant vers le troupeau un regard
qui émousse la brutalité de la savane
je ne cesse de me dire
quel feu m'envahira
quand l'herbage de l'oubli
aura conquis les sables de mon nom
dans les villages de tes yeux
alors que ton absence se pavane
pareille à un trait de lumière irisée
à la jonction précise de la mer avec la dure
je me dis par moments que je ne guérirai jamais
ce peut-être ma mauvaise volonté
souvent j'ai l'illusion
de ta voix rauque en éruption
qui détone dedans les murs de mon cœur
puis l'écho limpide qui couvre les arbrisseaux du patio
me voici devant toi impuissante et aphone
fane qui tombe de l'irréductible arbre de ton absence
pourquoi, la mer, as-tu changé de parfum ?
j'aimais à te humer et je ne sais
si je dois feuilleter un livre
ou embrasser un poète ?
Mouna Rezgui
Traduction A.Amri
20.02.2016
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