Aux origines de ce texte, la tentative inaboutie de
traduire un poème arabe que j'ai déniché sur le web en 2010, intitulé يوم بكت عزّة الشرع [Le jour où
Azza Echaraâ a pleuré].
D'après la page qui le publie, le poème aurait été composé le jour même
de la chute de Bagdad, et, fait singulier, son auteur serait mort à peine son
texte achevé.
Curieux d'en savoir plus sur ce poète inconnu et les
circonstances exactes de sa mort, j'avais beau naviguer, beau chercher,
je ne pus rien trouver à ce
propos, à part des pages reproduisant le poème en question, et la maigre
indication que l'auteur, irakien et s'appelant Ahmed Omar Bakr, vivait à
Al-Qaïm, ville frontalière avec la Syrie. C'était non seulement frustrant pour moi, mais intrigant. D'autant plus que le texte, bien ficelé, d'une métrique irréprochable et d’un style châtié, ne
semble pas écrit par quelque
rimailleur faisant son baptême de feu dans l’écriture poétique. Une telle compétence littéraire ne saurait
s'attribuer à un poète né et mort le même jour, dans ce contexte tragique lié à
la chute de Bagdad, et à la faveur d'une communion avec l'émotion débordante
d'une journaliste qui pleure en direct à la télévision.
Le nom Ahmed Omar Bakr [1] ne serait-il pas un pseudonyme derrière lequel une personnalité irakienne illustre se serait cachée, par pudeur, ou plus vraisemblablement par réserve politique, le tournant historique dans lequel l'Irak s'engageait alors, dictant une telle prudence ? La pertinence de cette hypothèse n'a cessé de se consolider dans mon esprit ; et au fur et à mesure que je relisais le poème, j'y décelais une foule d'indices corroborant cette conviction. J'ai même fini par me demander, à la lumière de l'indice faisant appartenir l'auteur à Falloujah, si ce poète ne serait pas tout simplement l'un des proches collaborateurs de Saddam Hussein, ou même Saddam en personne.
Quoiqu'il en soit, l'hommage que ce poète rend à Azza Echaraâ, vibrant, m'a littéralement saisi. Et j'ai tenté à plusieurs reprises de le traduire. Sans toutefois réussir à obtenir la mouture digne d'être publiée. La rhétorique du texte arabe et sa dimension mélodique, deux aspects ayant motivé mon coup de cœur pour le poème, me paraissaient difficilement transposables en français, et je ne voulais pas les sacrifier pour une traduction qui tienne uniquement compte du sens. Ce serait une manière de charcuter misérablement le texte original. De guerre lasse, j'ai décidé d'abandonner la traduction tout en transmettant à ma manière le message, ou l'hommage que l'auteur rend à sa destinataire, refondu dans le présent article. Le "je" qui marque celui-ci à certains passages, véridiquement mien, factuel dans tout ce qui a trait à l'histoire, devient pronom partagé avec le poète, à partir du moment où je confronte des épanchements pleuraux historiques avec celui de la journaliste syrienne.
[1] En Irak, mais c'est également valable pour d'autres pays musulmans, ces trois prénoms ont une dimension symbolique évidente : pour les sunnites, ils font figure de hagionymes, étant respectivement prénoms du Prophète et des deux califes qui lui ont succédé, Abou Bakr et Omar. Le signataire du poème est un sunnite, et il s'adresse à un lectorat de cette confession : la femme même à qui il rend hommage est également sunnite.
Au square Firdos de Bagdad
De quelque télé que puisse fuir un Arabe en ce mercredi 9 avril 2003, c'est au cœur de Bagdad que sa télécommnde le jette.
Il est 16h moins quelques minutes, et les télés du monde entier transmettent en direct, depuis le Square Firdos, les inoubliables images de la chute de Bagdad. On focalise sur la foule en liesse qui escorte les chars libérateurs. On y surfocalise sur toutes les chaînes. Comme pour nous dire que l'humanité peut palper des yeux l'Irak qui commence à respirer, qui va tourner sous peu une sombre page de son histoire, son âge chronique du bronze. Et les jeunes qui prodiguent sourires et cris de joie, le bain de foule offert aux chars, les bras locaux qui prêtent main forte aux démolisseurs du dictateur: toutes ces images et d'autres à suivre, plus éloquentes encore, ne peuvent qu'être propices à l'euphorie. La guerre est finie, les malheurs de l'Irak aussi, et une nouvelle ère va commencer dès aujourd'hui.
Le temps fort, l'intensité dramatique de ce western joué en terre arabe, c'est la "danse du scalp" autour de la statue de Saddam. Un instant d'ivresse pour les caméras: on sent qu'il y a derrière chaque objectif des yeux qui papillotent, des pupilles qui papillonnent, comme si le moment historique où culmine l'exploit du conquérant engage aussi cette armée médiatique. Comme si chaque correspondant, son équipe technique, l'organe de presse qu'ils représentent, ayant leur part eux aussi au triomphe historique, demandent à recevoir et partager en toute équité les honneurs de la consécration. Leur tronçon de bronze à chacun si possible. Leur tranche de trophée, serait-elle des plus mince, en souvenir de ce jour saillant dans leur vie professionnelle.
Puis, à travers un plan large, Saddam qui s'incline. Tout semble avoir été calculé pour que cette posture s'étire dans le temps, soit suffisamment perceptible, s'imprègne dans l’œil de l'histoire qui filme, et l'histoire qui aura à visionner et revisionner cette séquence. Les cordes métalliques tirent le dictateur aplati. Les cris de la foule montent. Et Saddam tombe enfin, coupé en deux. La foule en transe accourt. Et commence alors la danse du scalp.
Chez Azza à Damas
Loin de Bagdad, à Damas et dans les studios de la télé syrienne, Azza Al-Shara عزة الشرع est sur le plateau pour le journal de 16h.
L'édition dont elle a préparé la présentation quelques minutes plus tôt est fin prête. Le compte à rebours commence. Le réalisateur lui fait signe d'ouvrir le micro et de prendre la posture d'adresse au public. Azza ne soupçonne pas encore ce qui se passe à Bagdad.
Elle entame la lecture des titres. Avec le même sourire qui lui est habituel. Divinement attachant. La
même grâce naturelle qui lui donne un charisme particulier. Pour le contexte historique qui nous concerne, peu de ses pairs, je crois, auraient ce fluide magnétique qu'elle a, et grâce à quoi, en Syrie comme dans le reste du monde arabe, elle a pu fidéliser à son journal des millions de téléspectateurs.
Mais ce 9 avril 2003, à peine le journal de 16h commencé, une dépêche imprévue ravit l'éclat du visage et sa grâce. L'imprévu intervient au moment précis où la femme finit la présentation des titres. Un papier qu'elle voit glisser entre ses mains, qu'elle parcourt d'un œil pendant que l'autre intercepte les premières images de la statue en cours de démolition. Tandis que sur un écran qui reprend en différé le début de l'action, les images montrent le drapeau américain encagoulant la tête de la statue.
En matière de "live" et ses imprévus, ses agréments et désagréments, Azza n'en était pas à sa période de noviciat. Tant de fois elle a eu à se heurter contre ces difficultés qui interviennent au milieu d'un journal, tombent quand on ne les attend pas. Ces écueils du direct, elle en a vu des tas par le passé. Et n'a jamais manqué de tact pour les contourner avec succès à chaque fois. Mieux: c'était surtout dans ces moments qui bousculent les plans échafaudés, brisent le cours initial du journal, que la journaliste savourait le véritable charme du direct. Sa capacité d'improviser, de rattraper de ses propres ailes tel ou tel évènement, l'histoire courant incessamment plus vite que l'information, ou meubler un silence, un vide, une défaillance techniques, l'absence d'images, le reportage qui ne suit pas son annonce: c'étaient là où réside son vrai talent de journaliste. De sorte que lorsqu'ils surgissent, ces écueils du direct deviennent pour elles des moments de défi plus gratifiants que des journaux sans incident: son charisme n'en est que plus servi.
Et les millions d'Arabes, dont beaucoup, dépités par "l'objectivité" surprenante d'Aljazeera, étaient de nouveaux convertis à la chaine syrienne, ces téléspectateurs qui ont pu voir en la circonstance Azza Al-Shara n'oublieront jamais, à mon sens, ce 9 avril des années 2000. Non pas tant à cause de ce qui s'est passé à Bagdad. Mais à cause de cette émotion, singulière et si poignante, qui a pris en traître la vedette de télévision syrienne.
Comme la masse écrasante de ses frères et sœurs dans le monde arabe, Azza était la dupe du mensonge médiatique. Et c'est d'autant plus cruel pour elle que sa propre chaine, et elle-même en conséquence, étaient partie prenante dans cette duperie.
Une heure seulement plus tôt dans le journal de 15h, Azza rappelait aux téléspectateurs la dernière déclaration du ministre irakien de l'information, datant de la veille, le 8 avril 2003. Une déclaration prévenante comme d'habitude. Comme d'habitude rassurante, qui barrait le chemin à toutes les inquiétudes. Azza a beau être de ceux qui font l'opinion, beau savoir faire la part de la propagande, être habituée à ces communiqués militaires qui bercent la foule crédule, disant toujours, et partout, que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, avec la "Mère des Batailles" elle s'est laissée piéger par son cœur. Ce 9 avril 2003, elle est loin de s'attendre à un tel décalage entre l'image et le communiqué de la veille. Même le théâtre de l'Absurde serait incapable de produire un tel inédit.
Trente-six ans plus tôt, à la veille de la guerre des six jours, c'était presque le même ton, la même promesse épique, la tonalité berceuse du discours archétypal, les communiqués bus dévotement, et jamais soumis à quelque examen froid et critique, comme si la critique et la froideur, en telle circonstance, étaient synonymes de trahison.
Retour à Azza
Les paupières tentent de les ravaler. L'âme altière aurait tout fait pour réprimer ses larmes, endiguer l'épanchement. Et plus d'un téléspectateur probablement à son tour saisi, pris dans les rets de tels cils qui l'hypnotisent à tant éclipser le reste de l'écran, se serait demandé si le sel qu'il ressentait lui-même aux yeux, brûlant, sortait de son cœur ou de la poitrine de Azza Al-Shara. Azza qui suffoquait encore de l’irrépressible sanglot tempêtant sous ses côtes.
Quand elle a craqué enfin, c'est certain : ils ne doivent pas être rares ces Arabes -croyant faire partie d’une secte vaccinée contre le pouvoir de l'image, qui auraient détourné la face ! Pour cacher leurs propres larmes.
Réflexe puéril de vanité virile ! Vaine parade de la cuirasse masculine qu'entame l'épreuve, réaction sans effet de la peur soupçonnant la contagion...[4]Ken Norton |
J'ai vu maintes fois des volcans émotionnels exploser sous mon nez.J'ai vu pleurer en live des hommes et des femmes, sur maintes télés.
J'ai vu, adolescent, Bourguiba pleurer. Mais Azza et Bourguiba sont incomparables. Les moments historiques pareillement.
J'ai vu en 76, à ce jour indélébile, une montagne de muscles fondre en pleurs. Un boxeur trahi par ses hoquets, jugeant en fin de match que l'arbitre l'avait volé. La télé était encore en noir et blanc. Cependant, dans la rémanence continuelle de l'image, le visage de Ken Norton battu aux points par Mohamed Ali Clay est resté le même. Ne s'est pas déteint malgré le temps. Ce 28 septembre 1976, bien que fan inconditionnel de Clay, pour ce match-là je n'ai pas oublié les larmes de Norton. D'autant qu'à l'époque, je me souvenais encore de deux duels précédents, datant de 1973, perdus eux aussi aux points par ce boxeur tout aussi méritant que Clay. Chaque fois que mon souvenir rappelle les larmes de cet homme, c'est de son côté que je me range. Sans complaisance aucune pour son adversaire, envers et contre guerres de religions et dictées de ralliement. L'injustice, quelles qu'en soient la nature et les motivations, si vous vous y complaisez par intérêt ou sympathie, tôt ou tard elle vous en réclamera le tribut.
Un autre souvenir plus vivace encore. Datant de septembre 82.
Caroline Bourgeret, RTBF- Septembre1982 |
Fouad Siniora Chef du gouvernement libanais (Juillet 2005- Novembre 2009 |
J'ai vu d'autres larmes, d'autres sanglots, des torrents lavant des petits et grands écrans. Que j'ai oubliés avec le temps.
Mais l'écran que je n'oublierai jamais, quoique ne l'ayant "vu" qu'à travers un poème, c'est cet écran associé aux larmes de Azza Al-Shara. Je ne pense pas avoir été si viscéralement empoigné par le passé, ni ne crois pouvoir l'être pour l'avenir, comme je l'ai été par les larmes coulant sur la joue de Damas pour sa sœur Bagdad, à travers le vibrant hommage que dédie Ahmed Omar Bakr à la journaliste syrienne !
"Nous" ce sont les blasés de ce vieux monde, qui en sommes sortis depuis 67. Vomissant tout ce qui pouvait nous attacher encore à lui, nous avons cru pouvoir lui échapper, totalement nous défaire de lui, partis à la dérive comme des fugueurs, au vent nous lavant de nos attaches et souillures, en voulant à l'histoire de nous avoir cocufiés et jetés loin de l'âge autorisant la fraicheur émotionnelle.
"Nous" ce sont ces millions de blasés par le quotidien et ses lots d'horreur, son mektoub incessamment au rendez-vous. Au rendez-vous alors même que nous n'en voulions plus, l'ayant répudié et déclaré publiquement délié de nous.
"Nous" ce sont ces allergiques aux journaux de 20h, et de toutes les heures, qui s'ouvrent sur le palais, saluant le maître de céans, et n'en sortent que nous morts ou endormis!
Sans la télécommande qui dut nous être salutaire un moment, nous permettant de fuir la médiocrité de l'info locale, nous donnant au moins le loisir de zapper au bon moment, comme pour claquer la porte au nez du maître de céans, il y aurait belle lurette que nous ne serions plus sur terre!
Et même zappant à la recherche d'une zone de l'écoumène qui soit vivable, qui ne sente pas la fumée et le fumet de nos cadavres brûlant sur tous les bûchers, impossible de claquer la porte au nez de l'histoire arabe! Désespérant de ce monde fou qui nous poursuit, asphyxie où que nous berce l'illusion d'en être sortis et séparés, qui à l'infini nous tue à bout portant, nous avons fini par boycotter, purement et simplement, l'image.
Sauf de temps à autre, histoire de ne pas payer indument la redevance de la télé, et c'était pour voir la grâce d'un visage comme celui de Azza !
Azza Al-Shara |
13.04.2013
[2] Ce terme a été francisé sous diverses orthographes (elche, helche, eledj, euldj, ‘oldj, aaldj) dont la première, « eledj », datant de 1836 sous la plume de Joseph Toussaint Reinaud, signifie : « chrétien ne reconnaissant pas l’autorité musulmane ».
[3] En 2003, contrairement à de nombreuses chaînes arabes satellisées, la télévision syrienne était encore au stade de l'émission hertzienne, ce qui ne lui permettait pas d'être reçue dans des zones plus éloignées.
[4] Je sais que les féministes invétéré(e)s ne me pardonneront pas cette « essentialisation », plus ou moins phallocrate, qui voudrait insinuer que les larmes sont l’apanage des femmes, et que seules celles-ci auraient le droit à les « extérioriser ». Mais la suite du texte, je crois, prouvera que mon propos va plutôt à l’encontre de ce que ce contexte précis permettrait de supposer.[5] En 82 j'étais encore en France, étudiant. Et les deux seules chaines de télévision françaises de l'époque, auxquelles il faut rajouter la FR3 régionale, sont Antenne2 (aujourd'hui France2) et TF1. Je pense avoir découvert les massacres de Sabra et Chatila sur cette dernière chaine. Néanmoins, malgré des fouilles tout azimuts sur le web, je n'ai pas réussi à retrouver le correspondant concerné. Quelquefois je me dis que ce pourrait être Jacques-Marie Bourget, correspondant du VSD magazine, ou Pierre-Pascal Rossi qui travaillait pour le compte de la TSSR (Télévision suisse romande) ou encore, intervenant comme témoin, l’écrivain Jean Genet.
[6] Il y a 30 ans, Sabra et Chatila.
[7] En Septembre 1982, Jacques-Marie Bourget et Marc Simon, respectivement reporter et photographe de VSD, s’embarquent vers l'enfer et expliquent pourquoi pleurer : « Au milieu de l’équarrissage pour tous pourquoi ne pas pleurer ? Le seul geste qui apparaît possible, qui a le mérite du silence, celui qui accompagne les vraies douleurs. Je vois Marc baisser la tête et tous les deux nous partageons une honte qui nous tombe dessus. Honte pour l'humanité. Honte pour ces dirigeants, les nôtres, qui ont signé la promesse que ce massacre n'arriverait jamais. »[8] Qu’on ne dise plus jamais qu’il ne s’est rien passé à Sabra et Chatila
[9] Le 7 août 2006, subissant le contrecoup de 27 jours de bombardement israéliens, le chef de gouvernement libanais Fouad Siniora, alors en réunion avec les ministres arabes des affaires extérieures, s'effondre en pleurs.
[10] « Que d'autres peuples, d'autres continents
existent également, qui revendiquent une place bien méritée, non seulement dans
l'histoire universelle mais encore dans notre propre histoire occidentale,
c'est un état de fait que nous ne pouvons plus ignorer à une époque où nous
parlons de la conquête de l'espace.
Aussi le moment semble-t-il venu
de parler d'un peuple qui a profondément marqué le cours des évènements
mondiaux, un peuple auquel l'Occident et avec lui l'humanité tout entière
doivent beaucoup. En dépit de quoi et sur cent traités historiques que vous
feuilletterez, vous n'en trouverez guère plus de deux qui mentionnent son nom.
Aujourd'hui encore [...] l'Europe prémédiévale ne retient guère l'attention,
pas plus que les évènements extra-européens contemporains du Moyen Age. Qu'en
ce temps-là, aux portes mêmes de l'Europe, les Arabes aient porté pendant les
trois quarts d'un millénaire le flambeau de la civilisation, qu'ils aient donc
connu une période de splendeur deux fois plus longue que celle des Grecs,
qu'ils aient en vérité influencé l'Occident plus directement et plus
diversement que ces derniers, qui s'en soucie ? » (Sigrid Hunke - Le
soleil d'Allah brille sur l'Occident (Albin Michel 1963).
les larmes amères coulant sur tes joues
Car , Dieu m'est témoin, cette terre demeurera
Azza Al-Shara, Al-Shara l'a dit depuis longtemps
Ce qui est au delà de toutes les endurances
Azza Al-Sara, ceux-là n'ont pu entamer notre noblesse
Toute mère est pour nous une Khansa qui résiste
يا عزة الشرع سيف الحق بتار *** فلتسلم الشام كي
تبقى لنا الدار
جحافل الغزو قد جاءت مدججة *** درع، مشاة، صواريخ
وأقمار
لتطفئ البسمة الزهراء في شفة *** ولتسق الورد مما
جاد آذار
يا عزة الشرع في عينيك أقلقني *** دمع حزين على
الخدين مدرار
فلتطمئني، بل كوني على ثقة *** بأن أرواحنا للشام
أسوار
يا عزة الشرع دير الزور معبرنا *** الى بلاد بها
عزم وإصرار
فهذه الأرض بسم الله باقية *** والمردفون لنا في
الحرب حضار
يا عزة الشرع قال الشرع من زمن *** سطو المسلح
فيه الخزي والعار
لقد صبرنا وآذتنا جرائمهم *** ما ليس يصبره في
الصبر عمار
هم اشعلونا بنار من قذائفهم *** كوني سلاما
وبرداً أنت يا نار
في ام قصر أرى ارتالهم سحقت *** وفي المطار لنا
شأن وأسرار
يا عزة الشرع والاخيار تسألني *** ما بال بغداد
بالساعات تنهار
قلت الخيانة أعيت كل داهية *** والحرب نادى لها
عبد وسمسار
فالعبد قد خبأت حقدا عباءته *** والآخر العجل قد
ساموه تجار
صار الصباح خسيسا في معاجمنا *** وفوق هذا وذاك
فهو غدار
بوش يخوض حروبا من خزائنهم *** بقر حلوب وفي
الخلجان خوار
أما الرعاديد من أعراب امتنا *** عهدا قطعناه
منهم يؤخذ الثار
يا عزة الشرع ما نالوا عراقتنا *** وان أصبنا
بضعف فهو دوار
فالشام فخر وبغداد لنا أمل *** هما العرينان
والباقون هم عار
فكل ام لنا خنساء صابرة *** وكل خال لنا صخر
وكرار
يبقى العراق منارا هاديا ابداً *** كأنه ( علم في
رأسه نار)
سيبزغ الفجر من انبارنا وغداً *** من ارض فلوجتي
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احمد عمر بكر
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