Que tu sois Besma Belaid ou, anonyme, seulement tu souries de toutes tes dents -ou seulement des yeux- pour nous rappeler en tout lieu et bel aïd tel nom(*)..
Que tu aies pour couronne le martyre d'un camarade, et auréolé de ta dignité altière le deuil d'un peuple..
Et descendes dans la rue et marches fière, hissant au grand jour le V rituel, à la face des assassins déclarant victorieux l'assassiné et sa cause...
Que, sans être Besma Belaid mais du même sang combattant toutefois, tu montes d'un cran, avec le cran pour trône, et pour couronne civique ta résistance de citoyenne, et dises haut aux couillons vaincus :" couillons de mes deux, je vous emmerde!"
Que tu clames vif ton nom de femme sur une banderole flambant de ton feu, que rehausse comme pourpre des rubis la bannière au croissant étoilé..
Que bannière et banderole s'écrivent aux braises ardentes de l'amante à sa mère enlacée, ou sentent, non moins brûlant, le fard de l'amante et son rouge à lèvres..
Ou de rouges lèvres, sans le rouge ni fard aucun, sous la main en dôme tu roules, beaux, irrépressibles, assourdissants, les youyous fiers en salut au camarade monté au ciel, que le martyre apothéose..
Que -sœur de Besma Belaid, et délurée- tu montes au ciel et tances terre d'ordure et fumier pour que fumier et ordure sachent quelle femme tu es...
Ou non moins délurée pour qu'ordure et fumier sachent que tu t'en foutes comme de ta première serviette de jeune fille de la pourriture puritaine qui rêve de rogner ses ailes à la Tunisie, tu ouvres le bal printanier à ciel ouvert, à Sfax ou ailleurs, et danses, danses, danses, avec entrain, grâce, élégance, à ameuter par ta cadence ronde de badauds et danseurs en rond..que tu récidives sur toutes les places publiques..à mettre en transe la Tunisie et bientôt la Méditerranée..
Sous quelque visage tu émerges de la terre qu'ils veulent murer -mais taratata!..
Pour autant que tu sois toujours altière face au fumier, pour danser et résister, résister et tancer, marcher et résister, résister et aimer, aimer et te battre sans répit, je t'aime et salue ta grandeur altière, Tunisienne!
A.Amri
11.03.13
Notes:
1- Une clé de stylistique que réclame le non arabophone ici: en arabe, le mot "besma" signifie "sourire" (substantif féminin), d'où l'éponyme de Besma (nom propre féminin).
De même, Belaid (nom de famille) résultant de la contraction de ben (fils)+aïd (fête), le calembour "bel aïd/ Belaid" et le jeu poétique "sourire/Besma" s'éclairent ici.
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