dimanche 17 octobre 2010

Celui qui injuriait sa mère par amour du sein nourricier (2)

Celui qui injuriait sa mère par amour du sein nourricier (1)

Quand la Coquine fut partie, le sort de Boucetta ne varia pas d'un iota. Il dut même régresser pour quelque temps, contrairement à toutes les attentes -à supposer que Boucetta ait attendu quelque chose de ce départ- et aux promesses de l'indépendance naissante.

D'abord, alors qu'il n'a demandé à personne qu'il soit libéré, Boucetta fut des premiers frappés par l'état de grâce qui veut que toute indépendance nouvellement acquise soit fêtée par l'ensemble des citoyens, sans exclusivisme aucun ni exclusion. Les fellaghas et les politiques, d'abord, honneur oblige! puis les petits droit-commun condamnés à moins de trois mois, les gros droit-commun qui n'avaient plus que trois mois à purger, les quelque chanceux droit-commun atteints de maladies mortelles, dont on évaluait l'espérance de vie restante à trois mois et, enfin, quels que soient leurs délits et peines, tous les Habib et les Bourguiba, même s'il fallait corriger quelques noms pour en gratifier l'Indépendance, étaient libérés le même jour que la Patrie.

Dans ce large mouvement de désembastillement marquant l'avènement de l'ère nouvelle, on libéra donc Boucetta et, en grande pompe, on lui fit cadeau d'un petit drapeau national flambant neuf. C'était la première fois de sa vie qu'il touchait un drapeau. Rouge, avec son croissant blanc et la belle étoile au milieu. Boucetta l'avait tourné et retourné pour voir s'il n'y avait pas une poche fermée d'une ficelle quelque part, car la bourse tardait à venir depuis qu'il était libéré, mais il ne vit ni ficelle ni poche ni billet épinglé sur l'étoile ni pièce sonnante qui pût appesantir ce joli présent. Et puis c'était si petit, moins d'un empan, en tout et pour tout! Boucetta aurait quand même aimé que ce cadeau d'indépendance fût au moins aussi grand qu'une serviette, ou même un mouchoir de poche, mais son drapeau d'étrennes ne pourrait même pas faire une bourse pour y mettre le pécule du caoua.

"Par là, Boucetta!" que lui cria une sentinelle.
On l'aligna, la face au soleil, à côté des autres libérés massés devant la prison, en attendant que des véhicules spéciaux, réquisitionnés pour ce grand jour, viennent conduire tout le monde, fellaghas et patriotes en tête, vers la grande place de l'Indépendance. C'était là que la Patrie allait lui offrir lui et ses frères fellaghas, lui dit-on, le tribut de son regard pour les éminents services qu'ils ont rendus à la nation.

Boucetta qui ne savait pas jusque-là qu'il était fellagha avait beau chicaner, beau dire qu'il voulait rester à côté de son grabat et pas loin de son bol de soupe, pas un de ces enragés de l'indépendance ne voulait l'entendre ni croire un instant qu'il fut sincère. Et puis, sincère ou pas, la Patrie lui était redevable de son soleil nouveau et l'invitait en ce jour de gloire à recevoir son dû. Aucun résistant ni politique n'était aussi méritant que lui, et les papiers attestant tel mérite, les dossiers, les annales d'affronts qu'il avait fait subir à la Coquine, le compte total de nuitées loin de la famille, des amis, de la chaleur et du confort de son foyer pour l'amour de la Patrie, autant de preuves patentes feraient de Boucetta le méritant des méritants, le premier décoré de l'Ordre de la République, sitôt celle-ci proclamée. S'il voulait un permis de louage, le Parti le lui accorderait en priorité. Une licence de tabac ou d'alcool, personne ne l'aurait avant lui. La carte du Parti, il l'avait déjà, qui n'attendait que le versement de deux francs pour qu'on la lui mette dans la poche. Mais dans l'immédiat, en ce jour mémorable de liesse nationale, la Patrie voudrait le voir de si près, le couver des yeux, le serrer contre son sein, l'étreindre à la fois comme fils et amant, imprégner ses narines et poumons de sa chaleur et son parfum virils et lui dire:" Boucetta, tu m'as tout donné; alors prends tout à ton tour et lève haut la tête!"
S'il voulait faire le pitre, l'humble patriote, ce n'était vraiment pas le bon moment. La Patrie voudrait dédommager les héros un tant soit peu des sacrifices consentis pour elle et faire la fête avec eux. Sans eux, quel sens à la liesse?
Boucetta, le peuple en a décidé ainsi, serait le premier amant fêté sur la place de l'Indépendance, le récipiendaire numéro un des honneurs dus aux anciens combattants.

"Et le pécule du caoua, frères du cocuage?"

Boucetta avait beau articuler et répéter la question, les libérateurs des héros de la nation qui l'avaient déjà embarqué sur un grand camion militaire n'étaient plus là pour l'entendre ou lui faire le moindre écho.
"Gloire aux fellaghas!" qu'il entendit seulement, en guise de pécule sonnant! Et le camion démarra dans un nuage de poussière et de fumée, hoquetant, toussotant, pétaradant et tressautant sur la première goudronnée qui, le matin même, s'appela rue de l'Indépendance. Après avoir paradé tout au long de cette rue, encensant de son pot d'échappement ce beau matin du pays indépendant, il vira à droite. C'était l'avenue de l'Indépendance. Puis à gauche vers le boulevard de l'Indépendance. Une heure plus tard, fumant comme le char de l'enfer et pétant de plus belle, il était arrivé enfin à la Place de l'Indépendance.
"Gloire aux fellaghas!" clamait la foule. Et l'on invita Boucetta et ses frères d'armes, à travers l'encens du moteur moutonnant jusque sur la cime des palmiers, à daigner descendre pour se joindre aux invités du premier rang. "Honneurs aux Résistants!" criaient les hôtes. "Youyou! youyou!" explosaient des gorges féminines, tandis que de jeunes filles parées de leurs plus beaux atours mitraillaient de fleurs de jasmin les Résistants descendus de leurs chars.
"Honneurs aux Résistants!"

Et en fait d'honneurs, Boucetta et ses frères d'armes furent comblés. Placés au premier rang devant une grande estrade tapissée et un beau pupitre de toute part entouré de drapeaux, de banderoles et des photos du Combattant-Suprême, ils eurent à applaudir pas moins d'une douzaine de caïds, tous bien propres et frais, tous bien enflammés et beaux parleurs, qui s'étaient relayés pour annoncer à la foule l'indépendance du pays et ce que cela signifie. Et les vivats de la foule, acclamant Bourguiba cité par chacun de ses représentants, donnaient encore plus d'ailes à la verve de ces orateurs que le Combattant-Suprême, ne pouvant être à Tunis et dans le reste du pays en même temps, avait délégués en personne pour le représenter, dans cette forteresse du combat et du patriotisme, auprès du peuple.
"Et le pécule du caoua, frères de la patrie indépendante?"

Boucetta s'était bien avisé de parler comme les caïds, ayant sans doute réalisé entretemps que la belle époque du beau parler qu'il avait était peut-être révolue.
Néanmoins caoua et son pécule ne se faisaient pas entendre. Ni les discoureurs ni la foule qui n'arrêtaient, les uns de promettre les usines, le blé, l'or, la santé, le décollage, sans oublier les droits, la justice, l'égalité et les libertés, l'autre d'applaudir chacune de ces promesses empochées comme des bons de trésor, et d'entonner, toutes les deux minutes, l'hymne de la révolution, n'avaient entendu la petite phrase de Boucetta. Lui qui réclamait son pécule avant tout autre gage ou promesse mais ne recevait que bribes de discours et salves d'applaudissements fut vraisemblablement, en ce jour et lieu de liesse, le premier Tunisien indépendant à déchanter si rapidement. Non seulement l'indépendance lui volait son pécule, mais le rétablissait en même temps dans sa condition de SDF.

Dès qu'il put se frayer un chemin pour fausser compagnie aux patriotes et leur peuple en fête, Boucetta alla droit vers l'impasse de l'Indépendance, cherchant la première taverne qui ne fût pas de la fête, décidé à faire valoir ses droits d'ancien client et, si besoin, d'ancien combattant pour avoir à boire.

"Si ça se trouve, disait-il à part soi, aujourd'hui, c'est la tournée du patron. Une indépendance, pardi! ça s'arrose, patriotes. Comme le henné. On ouvre les vannes, et hop! allez, les bourriques, l'oasis, le cactus, les clebs, les chameaux! tout le monde à l'abreuvoir! et c'est la caisse de l'Indépendance qui paye. On devrait crier ça sur les toits, les minarets, les palmiers! Peuple, nation, à vos gardes! qu'un rouquin pur abreuve nos sillons! Citoyens, citoyennes, aux tavernes! Tournée de la patrie, par Allah! allez tout le monde ses trois kils! et n'oubliez pas de revenir demain! et après-demain! sept jours qu'il faut le faire téter le peuple, vendredi inclus! même les bigots, faut leur servir chacun ses trois kils de rouquin! tu veux prier, frère? viens par-là, d'abord! fais tes ablutions et pinte! Au corsaire, mon pote, à la bonne franquette! verse-s-en un peu sur la barbe, des fois qu'il y a un pou là-dedans, ça picole aussi un pou. Et puis deux petites larmes pour les bacchantes aussi, pardi! Dis-moi, c'est pas beau l'indépendance? Frères indépendants, buvez et lavez-vous de vos péchés! le rouquin pour les anciens combattants! la boukha pour les amoureux et les cocus! la bière pour les nanas! et kémia (1) pour ces bons et joyeux drilles, garçon, kémia pour le peuple! fèves et pois-chiches au cumin! envoie la soucoupe! des œufs durs et des trillias!(2) envoie la soucoupe! hergma (3) et bouzallouf, (4) envoie la marmite! Attention, personne qui paye, j'ai dit! la patrie l'interdit. En ce jour solennel où le peuple sort de sa longue nuit de soif, que la Patrie abreuve ses enfants!
Allez, Habib, faut dire ça à la radio! Envoie le Communiqué de salut public! ça peut pas attendre. On avise au plus pressé aujourd'hui. On dérouille le cœur et la gorge au peuple. Ensuite, on décolle en douce!"



A suivre...



A. Amri
16.10.10

1- Amuse-gueules servis aux bars et généralement gratuits.
2- Rouget de Provence (poissons).
3- Plat populaire à base de pied de veau.
4- Tête de mouton rôtie.

samedi 16 octobre 2010

Le sionisme moribond

Deux plaintes déposées en moins d'une semaine contre Souhail Chichah, enseignant et chercheur à l'ULB, l'une pour "antisémitisme", l'autre pour "incitation à la haine raciale". En parallèle, une campagne de diffamation des plus féroce contre ce même homme sur internet et les journaux belges. A quoi ajouter des pressions sur les autorités académiques de l'ULB en vue de briser sa carrière. Et des lettres anonymes sans nombre où foisonnent les menaces et les insultes. Et la cerise sur le gâteau: une tentative de meurtre à l'arme blanche visant sa personne.

L'arme des lâches est partout la même: intimidation, calomnies, cabales, coups bas. Et les sionistes ne s'embarrassent pas d'en user et "abuser", même avec les "mauvaises graines" juives, que ce soit à l'intérieur d'Israël ou à l'extérieur. Cette hargne contre les antisionistes où qu'ils se trouvent ne peut et ne doit que consolider le front des pacifistes de tous les pays, intellectuels ou simples citoyens, dans cette bataille des plus juste et noble pour le droit palestinien. L'issue de l'affaire Alima et Omar en France retentit encore de ce camouflet donné aux "redresseurs de torts antisémites", lobbyistes d’Europe et leurs commanditaires en Israël. La mascarade n'est pas terminée, certes, puisqu'il y a encore 79 procès à suivre. Mais l'élan de solidarité qui a précédé et accompagné ce premier procès, les papiers écrits, les déplacements individuels et en groupes pour assister au procès ou manifester devant le tribunal, toutes les initiatives concertées ou spontanées en marge de cet évènement témoignent, au delà de la responsabilité citoyenne de leurs auteurs, de ce sentiment de ras-le-bol qui se propage en Europe et ne fait que grandir. Ce qui semblait tenir, il y a quelques années seulement, d'un vent de sédition intellectuelle sans conséquence, circonscrit dans le cercle de l'élite, se révèle, jour après jour, d'une ampleur plus inquiétante pour les sionistes. Le vieux sentiment de culpabilité européenne à l'égard des juifs persécutés par les nazis ne trouve plus d'adhérents chez les nouvelles générations, d'autant plus que les victimes d'hier sont aujourd'hui des victimaires. La litanie de l'holocauste, confrontée aux crimes en live, au fleuve de sang arabe et palestinien qui, de Deir Yassine à Gaza, en passant par Sabra et Chattila, Jenine et Kana, sans compter les tueries moins tristement notoires ni les assassinats de chaque jour, n'a jamais tari ni connu la moindre décrue, confrontée aux destructions quotidiennes perceptibles sur tous les écrans, aux humiliations sans nombre de femmes, d'hommes et d'enfants dont les photos égayent les héros du Tsahal et leurs fans, confrontés au vol des terres et des maisons, à l'expropriation de tout un peuple au profit d'un autre, tel holocauste a perdu son aura de sainteté et sa crédibilité. L'effet anesthésiant que ce mot magique avait autrefois sur les vieilles générations européennes et qui permettait aux apôtres du sionisme de couvrir ou de faire absoudre les crimes de leur État en Palestine ou dans les pays limitrophes est aujourd'hui sans prise aucune sur les générations nouvelles. Libérées de ce croque-mitaine qui ne tient plus face au sang palestinien, ces générations se désolidarisent de plus en plus de leurs prédécesseurs pour rallier le camp de la justice et du droit. Et cette attitude antisioniste qui est en passe de devenir un trait de la nouvelle culture européenne, en même temps qu'un signe identitaire de tout projet de politique autrement, touche toutes les catégories sociales, pour autant que celles-ci soient informées. On peut en mesurer l'étendue sur la toile, sur les réseaux et les forums: les citoyens connectés à ce vent et impliqués dans son souffle ne sont plus seulement que des intellectuels ou une poignée de politiques réfractaires à la vieille doxa du continent. La contagion antisioniste paraît n'épargner personne, et qui mieux est, se répandre à l'intérieur même d'Israël.

N'en déplaise aux bons apôtres, l'épidémie ne fait que commencer. Et le vaccin comme le remède font défaut. Aucun laboratoire ni savant sioniste, quels qu'en soient les compétences, ne pourront inventer la pilule qui soit capable d'endiguer la pandémie mondiale ou d'en guérir les personnes atteintes. Car le mal n'est ni en Europe ni chez les intellectuels ou les antisionistes en général, mais là où le sionisme a construit ses murs et ses colonies, là où il a usurpé la terre palestinienne, là où il a fondé Israël. Tant que le foyer initial du virus est là, ni les armes, les assassinats, le terrorisme d'État sous toutes ses formes ni le mensonge ne pourront enrayer le mal ou guérir les malades. Et tant pis si les sionistes ne l'entendront pas de cette oreille!

Ce front qui unit Juifs, Arabes, Européens et d'autres combattants pour la paix, dans le reste du monde, aura raison du sionisme. Les actions de soutien au BDS et aux victimes des procès sionistes devront être reconduites et consolidées pour les rounds à venir. En France comme en Belgique ou ailleurs, là où nous pouvons marquer notre présence, boycotter ou faire boycotter un produit israélien, écrire un mot, transmettre une info, faire rallier au combat antisioniste un nouveau défenseur de la liberté de pensée et d'expression, dénoncer cette terreur aveugle qui vise des femmes et des hommes intègres, usons de la moindre parcelle accessible sur Internet ou ailleurs pour offrir le maximum de créneaux à la cause qui nous rassemble. Et en aucun cas, autant que possible, ne laissons pas seuls sur le terrain les sionistes. Car, et ce que je vais dire n’est pas un optimisme de pacotille, tout porte à croire que le vent de révolte qui souffle des cinq continents, et de l’Europe en tête, sur le sionisme et ses fondements n'est pas passager. Une nouvelle conscience universelle émergeant au jour depuis la dernière guerre contre le Liban et consolidée par le siège puis la guerre contre Gaza est en train de se dresser partout à la face du sionisme. Et les sionistes le savent bien, qui multiplient les fuites en avant et les faux-pas, répondent à l'argument percutant par les huées et les sifflements, la calomnie et la cabale, la menace anonyme et le couteau brandi, et ameutent en toute circonstance leurs chiens de garde pour un "oui" ou un "non" n'allant pas dans le sens qui les réconforte.

Ces sionistes savent que les jours de leur doctrine supposée les protéger mais se révélant piège mortel pour eux sont d’ores et déjà comptés.

Armés de cette foi fondée autant sur l’histoire du colonialisme et de l’apartheid et les signes récurrents d’un ras-le-bol humain face aux crimes incessants du sionisme, disons-le sans ambages : tôt ou tard, et plutôt tôt que tard, nous finirons bien par caser ce monstre moribond là où il ne fera plus de mal ni aux Palestiniens ni aux Juifs ni aux citoyens du monde. Dans le musée de l'histoire.

A. Amri

17.10.2010

Sur le même sujet:

Faut-il pendre ces intellectuels qui n'endossent pas le prêt-à-penser sioniste?

Liens externes:

Passion sioniste à l'ULB par Aurore Van Opstal

Cabale sioniste contre Souhail Chichah par Olivier Mukuna

La pétition de soutien à Souhail Chichah et Marc Van Damme

La liberté d’expression menacée de mort par Pierre Piccinin

vendredi 15 octobre 2010

Mon Dieu, aidez-moi contre eux - Poème de Esghaïer Ouled Ahmed (Traduction)


mon Dieu, 
aidez-moi contre eux
ils ont égorgé ma chamelle
et appellent à répandre mon sang
dans des maisons 
sur les tapis de prière desquelles
Vous avez interdit
l'effusion de sang 
mon Dieu
préservez-moi de la cruauté des miens
qui vendent du mauvais vin
et font beaucoup de mal 
à la nuit joyeuse et candide
de ceux qui
haïssant ce monde sordide
trouvent la paix
dans vos vignes, Seigneur! 


Mon Dieu, 
les billets classe Élus
du jour dernier
ont été tous vendus
je n'ai trouvé
ni l'argent ni le temps
ni l'excuse qualifiante
pour en acheter un
Daignez déchirer
Seigneur
leurs faux bons
de Trésor
Pour apaiser mon cœur
N'avez-vous pas promis
nonobstant leur démence
aux hommes votre clémence
Puissiez-vous, ô mon Dieu,
envoyer des bancs de criquets
sur tous leurs champs de blé
et les rendre désert
en tout lieu nettoyé 
de tout point vert
puissiez-vous, 
ô Tout-puissant
rendre en toute saison 
inculte leur sol
et pour y prévenir
fétu de paille
et surgeon volubile
envoyer encore 
des oiseaux ababils (1)

Votre Dit est la raison
Seigneur
les rois comme les présidents
incarnation de la nocivité
quand ils investissent une cité
y sèment la corruption
Alors détruisez les palais des rois
pour que les affaires des cités
au plus tôt soient réparées

Seigneur
faites qu'au lieu des dattes
des vers, des mille-pattes
poussent en régimes
sur les dattiers!

nous sommes allés tous
maintes fois aux élections
et pas une fois les urnes
n'ont retenu notre sélection 
Seigneur, Bien-Aimé
et Mien Soutien
j'ai publié un nouveau livre
Daignez le vendre pour moi
sans nombre de plafond
Seigneur qui êtes casanier
chez les prophètes
Pourquoi êtes-vous descendu
sur leur terre de cocuage
et  m'avoir logé 
au ciel sur un nuage?
Mon Dieu
S'il faut que je sois admis
demain au paradis convoité
faites que de ma compagnie
soient bannis les dévots!

Mon Dieu
je vous donne sans tarder
le profil de ma houri (2)
 ses lèvres
l'aréole de ses seins
son nom de famille
sa chevelure couleur de miel
ce qu'elle dit, et ne fait pas
Seigneur qui êtes aux cieux
Rajoutez ma houri
à la sourate des poètes (3)
Ouled Ahmed par Amina Bettaieb


mon Dieu
de la juste bouche des pieux
j'ai entendu dire de Vous
des propos horrifiants
je les ai alors 
par le Livre lapidés
Le Livre s'est dressé
transmué en vipère
la vipère les a tous mordus
Et le Livre m'est alors revenu
Seigneur le Tout-Haut
Ne pourrait-on pas dire
de moi
Que je suis prophète?
Esghaïer Ouled Ahmed
Traduction A.Amri
15.10.2010



 
Notes:
1-  Oiseaux ababils: Selon le Coran, essaims d'oiseaux porteurs de cailloux, que Dieu a envoyés pour mettre en déroute le gouverneur abyssin, Abraha, voulant conquérir à la tête de son armée la Mecque.
2- Dans le texte arabe, le poète évoque un signifié féminin par le pronom "elle": difficile de savoir s'il s'agit de la bien-aimée terrestre (une femme, ou le vin, féminin en arabe) ou la houri céleste convoitée ( femme très belle promise par le Coran aux Musulmans fidèles qui accèderont au paradis).
3- nom d'une sourate coranique.

vendredi 8 octobre 2010

Faut-il pendre ces intellectuels qui n'endossent pas le prêt à penser sioniste?

En réaction à ce vent de soulèvement intellectuel et citoyen qui souffle de l'Europe sur le sionisme et ses fondements, on assiste à une chasse aux sorcières dont les auteurs et leurs commanditaires font preuve de hargne certes mais aussi de vue courte qui n'est pas sans incidence sur les chasseurs eux-mêmes et la fin escomptée par leur action. Non seulement la persécution de la pensée et de l'expression est l'arme des lâches et des incapables mais cette arme s'avère aussi à double tranchant. Plus un intellectuel est persécuté plus il a "pignon sur rue". "L'effet pervers" de cette chasse aux sorcières, que la machine lobbyiste sioniste est incapable d'escompter, est mesurable déjà à travers de nombreux exemples. Les voix qu'on a voulu jusqu'ici proscrire et étouffer par la calomnie et l'ostracisme des sionistes sont aujourd'hui celles qui ont le plus de notoriété et d'autorité intellectuelles, que ce soit en Europe ou dans le reste du monde.

En France, on traîne devant la justice Alima Boumediene et Omar Slaouti pour seul motif que ces deux personnes ont exprimé leur indignation de voir des produits importés d'Israël dans un magasin Carrefour du Val d’Oise. Ils comparaîtront ce 14 octobre devant un tribunal à Pontoise pour "incitation à la haine raciale".

En Belgique, on fait de même pour Souhail Chichah pour seul motif que cet homme est un contradicteur impénitent et compétent des sionistes. Il a été convoqué ce 8 octobre 2010 par la police belge et interrogé durant une heure et demi, suite à une plainte déposée contre lui pour "incitation à la haine raciale". Une autre plainte a été déjà enregistrée contre lui au début de la semaine pour "antisémitisme".Qui sont les plaignants?Derrière l'affaire Boumediene et Slaouti, il y a Sammy Ghozlane, un redresseur de torts antisémites qui cumule la présidence de deux associations sionistes: BNVCA (Bureau National de Vigilance Contre l'Antisémitisme) et SFSI (Secours Français pour les Sinistrés d'Israël). A ce jour, celui qui se vante publiquement d'être l'épée de Damoclès brandie par dessus les antisémites a déjà poursuivi plus de 80 personnalités sur le sol français, toutes accusées d'incitation à la haine raciale.Quant aux poursuites visant Souhail Chichah en Belgique, elles émanent vraisemblablement d'associations juives appuyées par Joël Kotchk, Maurice Snowski et Viviane Teitelbaum, respectivement enseignants à l'ULB et députée bruxelloise du MR (Mouvement réformateur).Incitation à la haine raciale, ça veut dire quoi?Inutile de consulter Littré ou Larousse, ou tout autre dico des mieux référencés, pour trouver éventuellement un sens consacré par l'usage ou même un néologisme qui puissent assimiler l'appel au boycottage commercial d'un pays à un acte de racisme. Les faits qui ont conduit Alima Boumediene et Omar Slaouti à comparaître devant la justice française ne sont ni recensés dans les glossaires des insultes racistes ni pouvant l'être sous peu. Certes, la poétique sioniste est très fertile et il faut lui rendre cette justice qu'elle pond de temps à autre un beau néologisme (1) que le commun des hommes ne peut comprendre à la volée, mais de là à ce que la lutte pacifiste contre l'occupation devienne synonyme d'antisémitisme, il faut bien reconnaître que cette poétique enfourche un cheval ailé, un Pégase ou un dada de même sang, chargé de porter les éclairs et le tonnerre sur la cité francophone! Sammy Ghozlane ne le sait peut-être pas, ou l'a oublié, qu'au cœur même de Tel-Aviv, il y a des associations, des intellectuels, des citoyens(2) qui appellent au boycott des produits israéliens! Ces sémites nationaux sont-ils des antisémites, eux-aussi, justiciables et pendables au même titre que leurs acolytes les indigènes d'Europe? Et qu'attendre pour les faire comparaître devant les tribunaux de la France? Et tant qu'à combattre la haine et ses incitateurs, pourquoi exempter de ce bûcher les autochtones coupables du même délit, dont plus d'un -comme poussé par un vœu de pénitence expiatoire- a déjà formulé, en bonne et due forme, une requête de comparution! (3) Des milliers de Français, autant dans de nombreux pays ont péché par pensée et action contre les sionistes, comme Alima Boumediene et Omar Slaouti, par intime conviction que ce péché pour la justice et le respect des droits palestiniens vaut des honneurs et non des autodafés. Mais les sionistes ne l'entendent pas de telle oreille, qui doivent dresser déjà la liste des innombrables "sinistrés" et comptabiliser les dommages et intérêts que les poursuivis en justice auraient à verser à ces "sinistrés"!
Quant aux faits pour lesquels Souhail Chichah est poursuivi en Belgique, là encore, pour oser l'inouï et assimiler la critique d'un État à l'incitation à la haine raciale, il faut enfourcher le même dada ailé et pomper sans modération dans la poétique délirante. L'humanité serait-elle tenue d'aimer Israël, sans qu'elle le sache? Devrait-elle aussi, tant qu'à lui rappeler ses obligations, prêter allégeance à l'État sioniste?

Car c'est pour avoir manqué à des prétendues obligations de cet ordre qu'on traine devant la justice Souhail Chichah. S'il a osé dire, écrire, répéter , voire enseigner et prêcher qu'Israël est un état raciste, en quoi tout cela peut-il constituer un délit, une incitation à la haine raciale? ce
n'est pas un Bagatelles pour un massacre (4), messieurs-dames les Redresseurs de torts antisémites, ni le moindre propos raciste contre les juifs que de taxer de racisme Israël! Cet État est non seulement raciste mais assassin, fasciste, nazi, voleur de terre, spoliateur de droits, terroriste, et c'est peu dire, trop peu dire au vu de tous les crimes dont il est l'auteur.

Et menteur par dessus tout. Lui et sa machine lobbyiste qui persécute Souhail Chichah et ses semblables, dans le prolongement de cette politique raciste qui est au cœur de tous les problèmes du Moyen-Orient. Dès qu'une voix s'élève pour fustiger cette politique, la machine se met en branle, lâche sa meute de chiens de garde, n'a de cesse ni repos qu'elle ait répandu aux quatre coins du monde que telle voix est antisémite, nazie, négationniste et qu'il est du devoir de l'humanité de la proscrire. Ce sont de telles voix qu'on tente d'étouffer à travers les calomnies et les procès montés contre Souhail Chichah(5),
Alima Boumediene et Omar Slaouti . L'indigène du royaume, sa sœur et son frère de la république ont tort d'être instruits, tort de s'être constitué beaucoup d'amis en milieu politique, tort de se faire entendre en milieu juridique et universitaire, tort d'avoir la verve étourdissante, tort d'allier à telle verve l'argument percutant. Et cela n'est pas sans tourner la cervelle aux sionistes et les enrager.

Pourquoi le verbe antisioniste est-il terrifiant?

A un moment où les fedayins semblent pour la plupart sous terre ou sous les verrous, où la résistance armée palestinienne paraît neutralisée ou dissoute d'elle-même (6), le danger immédiat qui menace le plus les sionistes n'est plus
tout à fait à l'intérieur de la Palestine occupée  mais sur les frontières et au-delà. Certes, on lorgne incessamment du côté du Liban et, plus loin, de l'Iran dont la menace hante de façon obsessionnelle Israël. Mais on s'inquiète aussi de ces voix qui montent des pays amis. Le vent de la sédition intellectuelle qui souffle du Nord, faisant vaciller des mythes qu'on
croyait inébranlables et menaçant de se muer en une véritable révolution culturelle se propageant dans le monde entier, est actuellement ce qui terrifie le plus les sionistes. Les intellectuels européens ne se conforment plus à la vieille doxa du continent. Des Collon, Bricmont, Blanrue, Guigue, entre autres plumes arrachées aux ornières du prêt à penser sioniste, ou des artistes de la stature de Dieudonné, se révèlent aussi dangereux, voire plus que les terroristes qui se faisaient autrefois sauter dans un bus ou un café. Les attentats qui faisaient couler du sang juif en Israël drainaient toujours un capital de sympathie humaine, sans compter les autres capitaux. Et cela permettait aussi de se livrer à des représailles, dont l'ampleur est toujours sans commune mesure avec les attentats, sans que cela ne choque outre-mesure les sympathisants (7) ni ne freine le moindrement le flux des capitaux.

Aujourd'hui, ce n'est plus tout à fait le cas. Un peu, beaucoup même parce que la politique de la gâchette facile ne fait plus des dégâts seulement du côté
palestinien, mais aussi parce que ces dégâts qui délient de plus en plus de langues s'avèrent irréparables. Pogrom, Shoah, Holocauste, Antisémitisme, entre autres armes autrefois bien efficaces pour tétaniser la conscience universelle et l'aveugler face aux crimes d'Israël sont désormais sans effet, grippées, rouillées, usées, tout au plus bonnes pour la foire aux ferrailles ou le musée de la propagande, s'il en est un qui pourrait porter ce nom.

"Antisémitisme. Mot sésame, mot magique, il dit tout, il condense en un éclair les
affres du monde moderne. A peine proféré, il impose la circonspection et paralyse la pensée critique. Brandi comme une menace, il enjoint au silence, comme si quelque chose de terrifiant et de sacré était en jeu, condamnant chacun à surveiller ses propos de crainte de blasphémer." C'est en ces termes que Bruno Guigue (8) décrit le mal séculaire tétanisant la conscience humaine et, de nos jours, devenant asservissant, liberticide, insupportable. "Est-il permis de critiquer Israël?" titre son livre Pascal Boniface. "Israël, parlons-en!" lui répliquent Michel Collon et ses amis, titrant le leur. "Sarkosy, Israël et les Juifs" renchérit Paul-Eric Blanrue, au nom de cette nouvelle Europe exaspérée, excédée d'avoir indéfiniment à tourner sept fois la langue dans la bouche avant de parler d'Israël.

Quand il s'appuie sur le fait établi, sur l'image authentique, sur la perception
immédiate corroborée chaque jour par des faits nouveaux, le verbe devient la terreur de celui qui ne peut plus le contrecarrer par le verbe, faute de rhétorique persuasive , c'est-à-dire d'arguments. La litanie de l'holocauste , répétons-le, a fait son temps. Même les enfants de la maison ne veulent plus de cette soupe maison, tant les bons apôtres l'ont déjà affadie. Après Chomsky et Norman Fienkelstein, ce sont des Israéliens qui montent au créneau, allument le feu au domicile. Qui, de nos jours, serait plus nazi que Shlomo Sand, le négateur du peuple juif, qui d'un trait de plume a démoli ce que les mythomanes, pris au piège de leur propre mensonge comme les apprentis sorciers par leur balai, en étaient venus à considérer plus qu'apodictique?Grâce à ces plumes qui n'opinent plus dans le sens de l'assentiment et du consentement pro-israélien, une conscience humaine nouvelle s'est érigée un peu partout, libérée du sentiment de culpabilité de l'après-guerre, et refusant d'endosser le prêt à penser quand il s'agit de traiter de l'antisémitisme ou du sionisme. Ce sont ces plumes qui terrifient désormais Israël, par ce que de plus en plus virulentes et porteuses des pires virus.

Les Gazaouis de l'Occident

Quand les chiens de garde sionistes se sont révélés incapables de se mesurer intellectuellement à Norman Finkelstein, ils ont décrété le blocus autour de lui. Ils ont tout fait pour l'affamer en vue de le mettre à genoux. Après les campagnes de diffamation, on a claqué à son nez les portes de l'université. Et à ce jour, Norman Finkelstein est interdit d'enseigner. Mais ces redresseurs de torts ne pouvaient pas prévoir l'effet pervers de leur hargne, le contrecoup d'un tel coup bas. Depuis qu'il est devenu Gazaoui aux USA, Norman Finkelstein ne cesse de gagner en popularité comme en autorité dans le monde entier. Son nom et son œuvre n'en sont que plus rayonnants, cités et sollicités, alors que le sionisme n'en est que plus pitoyable et dénudé.

Avec Paul-Eric Blanrue en France, c'est encore un autre Gazaoui à qui on a voulu transmettre la même leçon. "Écris
ce que tu veux, mais tu seras interdit de circuler. Pas un éditeur ni un diffuseur français n'autoriseront tes livres à se faire lire." Néanmoins, toujours par effet de cette publicité indirecte que les sionistes ont faite à l'exclu de l'édition et diffusion locales, jamais Paul-Éric Blanrue n'a été aussi lu et connu que depuis sa mise en disgrâce par ses éditeurs et diffuseurs français.

Ce n'est pas sans rappeler le sot procès intenté à Flaubert il y a un siècle et demi et qui a fait aussi bien la célébrité de Madame Bovary que celle de l'auteur. Ce n'est pas sans rappeler non plus qu'il y a sept ans, un comique frappé d'ostracisme par la plupart des plateaux de télévision française, lui aussi indigène et Gazaoui de la République, était considéré comme fini. Olivier Mukuna, qui n'a
cessé de le suivre depuis écrit:" Depuis des années, il fait systématiquement salle comble dans toutes les villes francophones où il se produit. Il donne ses spectacles à guichets fermés à Londres, Dublin, Beyrouth ou Alger. Son dernier show intitulé « Mahmoud », joué dans son théâtre parisien, cartonne depuis le mois de juin avec plus d’un millier de spectateurs par semaine. Au-delà de ses engagements politiques, beaucoup - y compris parmi ses pairs - reconnaissent son talent artistique et, pour certains, s’en inspirent. Tout cela, malgré un discours médiatique français qui, depuis six ans, garde le silence sur chacun de ses nouveaux spectacles et le qualifie, contre toute réalité, « d’ex-humoriste » (9). Voila ce qu'il est advenu de Dieudonné que les sionistes clouent au pilori depuis sept ans.

Conclusion

Ce qui se trame actuellement contre les trois indigènes instruits de l'Europe , dont les récentes tribulations ne tarderont pas à produire l'effet non escompté par leurs détracteurs, est du même ordre.


Alima est sénatrice et couverte du pied en cap de diplômes, Omar professeur de physique-chimie et porte-parole d'un parti politique (10), Souhail assistant et chercheur à l'ULB. Déjà ces trois indigènes hors-normes ne sont pas là où ils auraient dû être. Le siège au parlement, la fonction politique, la chaire professorale ne devraient pas être prostitués, confiés à des Omar et consort. Si, en plus, ces Omar et consort ne se conforment pas à un code de conduite censé les tenir à l'écart de la liberté d'expression, du moins à celle qui touche à Israël, Israël étant comme la Shoah, pas seulement sacrée, c'est-à-dire incriticable, mais imprononçable sans le kippa ou l'étoile! s'ils contestent la prérogative autochtone..juive s'entend, ils deviennent alors franchement encombrants (11).

Indigènes à suivre...

A. Amri

08.10.10
1- En matière de néologisme sémantique, on doit déjà à Joël Kotchk "la nakba juive" qui désigne l'émigration massive des juifs du Maghreb et du Moyen-Orient vers Israël. Joël Kotchk fait table rase des révélations et témoignages accablants publiés par Naeim Gilad, juif irakien, dans son livre Ben Gurion's Scandals: How the Haganah and the Mossad Eliminated Jews.
Pas étonnant dès lors qu'au lendemain de la Guerre de Gaza qui a fait plus de 1300 morts palestiniens, dont les deux tiers sont des enfants et des femmes, sans compter les dégâts matériels, les sinistrés de cette guerre (dans la poétique de Sammy Ghozlane) soient israéliens. Demain, l'on nous dira que l'occupant c'est le Palestinien! et les pauvres Israéliens demanderont à être libérés des colons arabes. Et Joël Kotchk et Sammy Ghozlane en appelleront au sens de la justice des Nations-Unies pour en prendre acte.

2- " Nous, en tant que citoyens israéliens, élevons la voix pour appeler les dirigeants de l'UE: utilisez des sanctions contre la politique brutale d'Israël et joignez-vous aux protestations actives de la Bolivie et du Venezuela. Nous lançons un appel aux citoyens de l'Europe: s'il vous plaît, participez à l'appel de l'Organisation palestinienne des droits de l'homme , soutenu par plus de 540 citoyens israéliens... Boycottez les produits israéliens et les institutions israéliennes; suivez des résolutions telles que celles prises par les villes d'Athènes, Birmingham et Cambridge (États-Unis). C'est la seule voie à gauche. Aidez-nous tous, s'il vous plaît!.."
Ceci est extrait d'une lettre ouverte à l'opinion publique européenne, publiée par le Guardian en date du 17 janvier 2009 et signée:
- Professeur Yoram Carmeli (Haifa University)
- Professeur Rachel Giora (Tel Aviv University)
- Dr Anat Matar (Tel Aviv University
- Jonathan Pollak
- Dr Kobi Snitz Technion ( Israel Institute of Technology)
et 17 autres citoyens israéliens
Source

De son côté, l’ICAHD (Comité Israélien contre la démolition des maisons palestiniennes) qui a déjà soutenu BDS dès sa création, a lancé un nouvel appel au boycott d'Israël, dans lequel elle s'adresse à la communauté internationale - les Nations unies, les gouvernements, les partis politiques, les organisations pour les droits humains et politiques, les syndicats, les communautés universitaires et les organisations confessionnelles, de même que les particuliers concernés pour mettre en vigueur le boycott.
Source


3- Pour manifester sa solidarité avec Alima Boumediene et Omar Slaouti,
Jean-Guy Greilsamer, membre de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP), a envoyé une lettre ouverte au Président du Tribunal correctionnel de Pontoise dans laquelle il demande à comparaître lui aussi comme accusé.

4- Pamphlet antisémite de Louis-Ferdinand Céline.

5- Pour les détails des griefs reprochés à Chichah, Aurore Van Opstal et Olivier Mukuna ont écrit deux excellents articles qui font toute la lumière sur cette affaire:
Passion sioniste à l'ULB - par Aurore Van Opstal
Cabale sioniste contre Souhail Chichah - par Olivier Mukuna

6- Ce qui n'est pas tout à fait juste, en vérité, compte tenu de toutes les fractions qui soutiennent encore la voie de la lutte armée, que ce soit à Gaza et en Cisjordanie ou dans les camps de réfugiés des pays frontaliers.

7- Au moment où Israël commettait les massacres de Jénine en 2002, Kofi Annan, alors secrétaire général des Nations Unies, ne trouve mieux à déclarer que: "nous condamnons tout excès de violence"

8- Pour avoir écrit l'article dont ces mots sont extraits Bruno Guigue qui occupait le poste de sous-préfet a été démis de sa fonction.

9- Interview d'Olivier Mukuna : http://afiavi.free.fr/e_magazine/spip.php?article1337

10- NPA (Nouveau Parti anticapitaliste).

11- Souhail Chichah a été menacé à plusieurs reprises de mort et a été agressé au couteau alors qu'il sortait de son domicile.
_________
Liens externes:

- La pétition de soutien à Souhail Chichah et Marc Van Damme

-Témoignage de Serge Grossvak en vue du procès contre Alima Boumédiene et Omar Slaouti pour leur participation à une action de boycott de produits israéliens

- Demande de comparution - par Jean-Guy Greilsamer

- Passion sioniste à l'ULB - par Aurore Van Opstal


lundi 4 octobre 2010

Celui qui injuriat sa mère par amour du sein nourricier

Il s’appelait Boucetta, ou on l’appelait comme tel.
Il devait avoir la soixantaine, un peu moins, un peu plus, quand il est mort. Je dis « mort » car je présume qu'il n'est plus de ce monde, ne l’ayant revu nulle part depuis une bonne trentaine d’années. Et la dernière fois que je l’avais vu, comme la première dix ou quinze ans plutôt, Boucetta était plein comme un sac. Assez comme toujours pour baver sur les honnêtes citoyens, disons surtout leurs respectables institutions, leurs symboles sacrés, leurs amulettes, gris-gris, talismans et fétiches de patriotisme à la con, comme il disait, et tout le bataclan. Et se faire immédiatement jeter après en tôle. Médire de la Patrie et la maudire en un tel état d'ébriété, profaner ce qu'elle a de plus saint et, sauf votre respect, du pied en cap! était l'air à boire de Boucetta.
Heureusement qu'il y a la tôle! parce que sans ça, bonjour les dégâts! Vous conviendrez que ceux qui ont inventé la tôle, les premiers bâtisseurs de ces merveilles nées en même temps que la société policée, l'ont fait d'abord, voire exclusivement, par amour de la Patrie. Car il n'est de peste qui puisse inquiéter l'humanité, et à sa tête ceux qui ont l'ingrate tâche de l'en préserver, que l'impiété patriotique.
Boucetta était-il un impie patriotique?
Aux dires de ses vieux compagnons de tasse, le bonhomme n'était assurément ni saint ni apôtre en matière de piété patriotique. Mais ce n’était pas non plus le scélérat justiciable et pendable, et voici pourquoi. D'abord il n'était pas communiste! ni socialiste d'ailleurs. Ni anarchiste. Ni nationaliste. Ni -cela va de soi- intégriste, sauf à se méprendre un peu sur les vignes ou les palmes du Seigneur qui alimentaient son Courant. Opposant, traître, vendu, tous ces qualificatifs s'avèrent impropres à son sujet. Maboul alors? Timbré, et assez, pour se permettre un tel « air à boire»? Se le permettre et l’adopter comme style de vie, ou plutôt principe de survie tant qu'il fut de ce monde.
Non! que non! vous jureraient ses vieux compagnons de tasse. "Mais c'était par amour du sein nourricier que le scélérat insultait sa mère!" Il aurait été même, sauf respect des patriotes décorés de toutes les légions, plus patriotique que le meilleur de vous et moi. Mais il ne lui venait jamais à l'esprit de s'aligner comme vous et moi devant une perche sur laquelle un drapeau est perché pour saluer le drapeau. Ou même seulement la perche! "Pasque c'est pas un salut à vot' dapô qui m' faut à moi, pour mon salut!" qu'il disait Boucetta, quand quelqu'un le narguait là-dessus, manière de dérider un peu l'assemblée.

Et sans le moindrement vouloir faire l'apologie, n'en déplaise à Dieu! de l'impiété patriotique, je dirais qu'il aurait eu tout à fait raison de formuler et soutenir son pasque, ce scélérat d'ivrogne. Jamais salut en bonne et due forme patriotique ne lui assura parcelle de salut! l'injure patriotique, elle, tapageuse et assortie de la marche civile qui lui fut constamment associée, sauva toute sa vie feu Boucetta!
D'ailleurs, sa marche à Boucetta ne pouvait s'accommoder d'aucun alignement ni de perche aucune. Marche, comme la militaire, sauf que la sienne était civile, individuelle et plus dévote! L’injure à la Patrie, à ses dirigeants, était en quelque sorte son hymne national à lui. Et il ne manquait jamais de le scander en lieu et temps opportuns, ni ne se permettait de brider son zèle quand, le dernier verre vidé, il sortait du bistrot, se plantait au milieu de la rue la plus animée, se criait: "marche!" et de sa voix de ténor éraillée par l’alcool et le tabac, titubant mais décidé dans sa marche, s’acquittait ainsi de son devoir de patriote pas comme les autres.
Évidemment, dans une ville où le spectacle était souvent l'œuvre improvisée de la rue -il y avait deux salles de cinéma mais les chefs-d'œuvres de Hollywood pâliraient devant les productions inouïes de nos bars- la marche de Boucetta drainait toujours son fervent public. Badauds, touristes, clients des cafés avoisinants s'attroupaient sur le lieu dès qu'ils entendaient sonner le clairon du Patriote. La circulation s'arrêtait, les commerces suspendaient leurs activités, les balcons qui surplombaient la rue se bariolaient de leurs couleurs féminines, les pieux remettaient à plus tard l'heure de la prière. Et tout le monde prenait sa part à ce spectacle gratuit où l'on pouvait littéralement se tenir les côtes de rire. Il y avait même parmi les touristes quelques objectifs, férus d'art et d'insolite, qui se braquaient sur la scène, immortalisant cet instant qui rajoutait au dépaysement. Ça durait ce que cela pouvait durer, mais il y a toujours un moment où la police doit s'amener quand même -c'est toujours au beau milieu de la marche- non sans froisser une partie du public, pour remettre de l'ordre dans la rue. Et pour ce faire il fallait juste que le fauteur de trouble soit jeté dans le panier. Et que celui-ci ait immédiatement mené sa salade au commissariat.
Vous voulez savoir ce qui faisait sortir du moule commun un tel patriote, la raison de cette conduite, d'aucuns diraient inconduite, qu’aucun code de conduite civique ne reconnaisse ni ne puisse intégrer comme exemple à suivre, pour le bonheur de « bons citoyens » que nous sommes ?
C'est une histoire rocambolesque, pas nécessairement des mieux édifiante, mais puisque je l'ai déjà entamée, je n'ai d'autre choix que la mener à son dénouement. En vérité, de son vivant Boucetta était ce que l’on peut appeler rétrospectivement un SDF. Sans doute le meilleur de son rang, inégalé, sans pair aucun ni en Tunisie ni dans les pays mêmes où les SDF ont acquis ce statut de citoyens à part entière en même temps que ce sigle qui le dit si bien. Et cet SDF qui est parti un jour sans trop se faire remarquer, si ce n'est par des nostalgiques du "bon vieux temps" qui l'évoquent parfois à travers une anecdote comme celle-ci, avait une longue histoire bien ancrée dans le passé. Une histoire qui remonte à l'époque de la Tunisie beylicale. Et qui s'enchâsse aussi dans celle du protectorat français.
Du temps où ce protectorat avait encore quelques belles années devant lui, le premier à l’avoir insulté en public, et à cor et à cri, était Boucetta. Et c'était pour lui dire, à lui ou ses institutions protectrices, qu'en fait de protection certains Tunisiens espéraient encore qu'ils en seraient assurés tellement ils se sentaient orphelins! C’est vous dire de quelle pâte était ce patriote. Qui des Tunisiens vivant dans les années 30 ou 40 ait pu baver autant que Boucetta sur l’honneur de telle puissance coloniale, un empire qui maintenait sous sa domination on ne sait plus combien de pays répartis sur trois continents au moins ? « France, t'es là, ma coquine ? qu’il disait. Pétain, mais dis-moi combien de pères t'as, putain de maréchal!» Et ce ne serait que deux pâles graines dans le chapelet, encore que l'euphémisme inhérent à la traduction aurait expurgé en bonne partie ces graines, le français le mieux adapté au crû arabe ne pouvant rendre toute sa teneur ni même l’essence de sa verdeur aux propos insultants que Boucetta, dans les vignes ou palmes du Seigneur, vociférait à l’encontre de la République.
A quand remonte le baptême du feu, l’étincelle de la « lutte par insulte » contre l’occupant français ? Je m’étais enquis à ce sujet auprès de quelques vieux compagnons de bar de Boucetta, et confrontant les témoignages des uns et des autres, j'en conclus que la première fois que la gendarmerie française eut à arrêter Boucetta fut une nuit d’hiver. L’année ? D’après le calendrier consigné dans la mémoire des vieux, c’était l’Hiver du Gel. Ce n’est ni lunaire ni grégorien ni républicain mais gabésien, et pas moins digne d'historicité.
Un soir donc, au plus fort de l’Hiver du Gel, plein comme un sac mais sans le sou, Boucetta quitte le bar et fait : « brrr ! ça caille, nom de pipe ! » Il est pourtant drapé de son burnous, coiffé de sa chéchia, a un mégot qui brûle encore entre ses lèvres et les vapeurs de tout ce qu'il a pu biberonner le long du jour ne font que monter! En titubant, il fait deux pas à droite, trois à gauche puis, se ravisant, cinq pas d'affilée derrière! Il a fait demi tour pour demander au premier qui lui barre le chemin à ce qu’on condescende à le laisser cuver son vin sur une table vide! Quand il était bourré, Boucetta parlait toujours fekhi, c'est-à-dire comme les docteurs de foi, les ulémas à qui on prête l'oreille parce que justement on ne les comprend pas. Mais, compris ou pas, Boucetta se fait congédier alors même que sa belle langue vient juste de se délier. Il demande alors à ce qu'on veuille lui servir un dernier verre. "Et que ça saute!" appuie-t-il du ton le plus souverain sa requête. Mais ayant entretemps pivoté d'un demi pas et titubé de deux dans le sens le plus commode à cette valse à trois temps, il a juste le temps de voir claquer la porte à son nez.
Alors, étourdi, grisé autant par l'alcool que par le froid, il s’en va errant, comme Jean Valjean à un moment de ses tribulations. Et sans avoir lu les Misérables, à force de geler il s’écrie : « eurêka !» Et sans plus tarder, il va frapper à la porte de la gendarmerie.
« Messieurs ! dit-il quand on lui ouvre, auriez-vous l’amabilité de m’accueillir chez vous, dans la plus chaude des cellules si possible, jusqu’au lever du jour ? » Soit que les gendarmes étaient eux-mêmes bourrés soit qu'ils n’étaient pas enclins, ce soir-là du moins, à une hospitalité bon enfant, on rabroua sans ménagement Boucetta. Et la porte fut fermée à son nez.
Sans le sou, certes SDF pas mal rodé, mais jamais jusque-là confronté à un Hiver du Gel aussi digne de tel nom, Boucetta se sent subitement aux abois, totalement démuni. Que faire ? Que faire pour trouver le gîte jusqu’au lendemain ?
Pressé par l’envie d’uriner, de déféquer selon une autre version, Boucetta n’eut pas le loisir de chercher un abri pour ce faire. Il en voulait un peu aux gendarmes mais répondant bien plus à un réflexe de vivant qu’à une vraie rancune, il a fait ses besoins sur le seuil même de la gendarmerie. Aurait-il pris sa vessie pour une lanterne alors qu’il prenait dans telle posture ses aises ? ou fût-ce le génie du poivrot illuminé qui s’était éveillé en ce moment-là précis pour lui susurrer l’abracadabra salutaire de circonstance ?
« França, yelli bik wa âlik ! qu’il entonna. Pétain, ya « figues et raisins !» Et même l’arabe et le français bougnoul réunis ne feraient qu'ôter tout son jus à ce que Boucetta, dans sa langue crue intraductible, chanta en cette nuit immémoriale de l’An d’Hiver-Gelant. Sérénade ou aubade, peu importe ! Mais la lourde porte avait cédé. Et les gendarmes se firent de bon cœur hospitaliers. Et Boucetta eut à passer non seulement trois jours dans la cellule de dégrisement, mais trois mois supplémentaires en prison. Pour délit d’offense à la République, ce qui avait l’avantage de mettre Boucetta au rang des fellaghas. Le seul, à ma connaissance, à n'avoir pas eu sa pension d'ancien combattant ni son permis de taxi, et qui s'en foutrait si on le rappelait de sa tombe pour lui demander de réclamer son dû! Il les troquerait volontiers contre trois litres de pinard. Et une marche!
Quand il a fini de purger sa peine, Boucetta a décidé de tourner la page à sa vie de SDF. Finies les nuits à la belle étoile, les matins sans petit-déjeuner, les soirs sans bol de soupe ! Grâce à son premier pécule de libération, il a passé son (premier) jour de libéré à se désaltérer comme un chameau. Un chameau ayant sillonné le désert, 90 jours durant, dans l’abstinence totale. Et s’apprêtant à recommencer la traversée le soir même, dans les meilleures conditions. Son dernier litre injecté sous sa double bosse, il alla faire sa sérénade à la fieffée coquine du protectorat. Celle-ci, au fur et à mesure qu'elle se faisait insulter par cet orphelin, se prit d'amour pour lui. Jusqu'à l'indépendance de la Tunisie, elle lui assura gîte, soupe, grabat en son nom, pécule trimestriel du caoua et le loisir d'insulter la coquine en grande pompe pour être constamment à ses bonnes grâces.
A suivre...
Celui qui injuriat sa mère par amour du sein nourricier (2)
A. Amri
04.10.10

dimanche 3 octobre 2010

Se taire c'est dire oui

Il y a ceux, nombreux mais plus morts que vivants, qui voient l'injustice, les abus de pouvoir, les crimes, le mal dans ses manifestations les plus inhumaines, et laissent faire. Ceux-là, qu'ils le veuillent ou non, sont les complices, les alliés objectifs des auteurs directs du mal. Parce que tout silence à ce propos est synonyme de consentement. Se taire c'est dire oui.
Il y a ceux qui entendent à longueur de vie le mensonge et savent que c'est du mensonge. Mais ils ne pipent pas d'un quart de mot pour dire au menteur:" ça suffit!" Parce que poltrons, parce que le menteur est soi-disant puissant, parce qu'opportunistes, croyant que leur silence les assure des grâces du menteur, hypocrites, arrivistes ou pas assez conscients de ce qu'un tel abstentionnisme représente au juste: une incitation à la mythomanie, l'apologie de l'injustice, une bénédiction à ses auteurs.

Et il y a ceux qui, moins nombreux mais plus vivants, refusent d'être les témoins passifs de leur temps. Conscients des aboutissants de tout mutisme consenti, conscients de la répercussion que chaque mot est susceptible d'avoir, ils osent interpeller l'injuste et ses actes. Le moindre mot, le moindre cri, le moindre témoignage qui dénonce ce mal et ses auteurs peuvent contribuer à rendre notre monde plus vivable et nous-mêmes plus dignes d'en faire partie.

A. Amri
03.10.10

vendredi 1 octobre 2010

كيف تم ابتكار الشعب اليهودي - بقلم شلومو صاند - ترجمة أ.ع


 
" أنا من هؤلاء الإسرائيليين الذين كفوا عن الإدعاء لأنفسهم بحقوق تاريخية وهمية فحين نزعم بالفعل أن حدود "الحقوق"في تنظيم العالم تعود لألفي سنة خلت فإننا سنحول هذا العالم إلى ملجأ شاسع للطب النفسي. وكذلك حين نواصل تربية النشء في اسرائيل على أساس ذاكرة جماعية مزيفة لهذه الدرجة فلن نتمكن أبدا من تحقيق تسوية تاريخية دائمة . أنا أتبنى استعارة المؤرخ اسحاق دوتشر الذي شبه تأسيس دولة اسرائيل بوضعية شخص يسقط من منزل شب فيه حريق فإذا به يقع بكل وزنه على رجل آخر كان واقفا أمام بيته فيلحق بهذا الأخير بطبيعة الحال ضررا.  وحكمنا الأخلاقي على الساقط من فوق نسبي".

(شلومو صاند - اسرائيل: نصيبنا من الكذب -لوموند 04. 04. 2002)
 
 
شلومو صاند يهودي اسرائيلي ولد بالنمسا سنة 1946 وهو مؤرخ وأستاذ بجامعة تل أبيب. ينتمي لما يسمى بالجيل الجديد من المؤرخين أصدر سنة 2008 كتابا عنوانه كيف تم اختراع الشعب اليهودي كان له في اسرائيل وقع الزلزال المدوي وجلب له ولعائلته متاعب جمة إذ اعتبر هذا المؤلف شهادة خيانة من صاحبه لإسرائيل وشعبها . الكتاب يعيد قراءة التاريخ اليهودي بدءا بنزول التوراة ووصولا إلى الحقبة الحالية وبالاستناد لحجج دقيقة تعتمد آخر الاكتشافات الأثرية من ناحية ونصوص المؤرخين من ناحية أخرى بما فيها شهادات مفكرين وزعماء صهاينة يبين أن الشعب اليهودي هو في الواقع أسطورة لا أكثر تم ابتكارها من طرف الصهاينة لتؤسس لمشروعية العودة لــ"أرض الميعاد" وكل التاريخ الذي يستند إليه الصهاينة هو تأريخ لا واقع، أي نص تم وضعه منذ بداية المشروع الصهيوني بقصد تسليح الأساطير المؤسسة وإضفاء شرعية مختلقة لعودة "شعب الله المختار" لأرضه. 
 
نشير إلى أن هذا الكتاب تلته عناوين أخرى لنفس المؤرخ تتنزل في ذات السياق: تفكيك التاريخ الأسطوري بالاعتماد على براهين علمية مستقاة من التاريخ تارة ومن آخر ما كشفت عنه الحفريات في "أؤض الميعاد" المزعومة. ومن بين هذه العناوين نذكر بالخصوص "كيف تم ابتكار أرض إسرائيل"، و"كيف كففت أن أكون يهوديا" و" في باب أمة اليهود وشعبهم".

 
 
تفكيك التاريخ الأسطوري: كيف تم اختراع الشعب اليهودي
 
هل يمثل اليهود شعبا؟ سؤال قديم يجيب عنه مؤرخ إسرائيلي بمضمون جديد. فخلافا للفكرة الموروثة أصل يهود الشتات لا يعود ليهود تم طردهم من فلسطين ولكن يتصل باعتناقات دينية متتالية تمت في شمال إفريقيا وجنوب أروبا والشرق الأوسط. وهو رأي يقوض أحد أركان الفكر الصهيوني، وبالتحديد ذاك القائل بأن اليهود هم من نسل مملكة داود وليسوا، والعياذ بالله، ورثة محاربين برابرة أو فرسانا خزرا.
 
بقلم شلومو صاند
 
كل إسرائيلي يعرف بدون أدنى شك أن الشعب اليهودي موجود منذ نزلت عليه التوراة في سيناء وأنه من ذاك الأصل متفرع والكل يعتقد أن هذا الشعب حين أخرج من مصر استقر بأرض الميعاد حيث تم بناء مملكة داوود وسليمان المجيدة التي قسمت فيما بعد بين مملكتي يهوذا وإسرائيل ولا أحد يجهل
كذلك أن هذا الشعب قد عرف المنفى في مرحلتين: بعد تدمير المعبد الأول في القرن السادس ق.م ثم إثر تدمير الثاني سنة 70 ب.م وتلت ذلك حياة تشرد دامت ما يقرب من الألفي سنة وهي محنة قادته إلى اليمن والمغرب وإسبانيا وألمانيا وبولونيا وحتى أقصى أصقاع روسيا ولكنه تمكن دوما من الحفاظ على روابط الدم بين طوائفه المتباعدة وبتلك الصفة لم ينل من وحدته شيء حتى جاءت نهاية القرن التاسع عشر ونضجت الظروف الملائمة لعودته للوطن القديم ولولا الإبادة النازية لكان ملايين من اليهود قد عادوا لإعادة إعمار "إرتز إسرائيل" (أرض إسرائيل) ما داموا قد حلموا بها منذ عشرين قرناوفلسطين العذراء كانت تنتظر أن يعود إليها شعبها الأصلي لتزهر من جديد لأنها أرضه وليست لهذه الأقلية العربية التي لا تملك تاريخا وجاءت إليها بمحض الصدفة وبالتالي فإن الحروب التي خاضها الشعب المشرد لاستعادة أرضه مشروعة في حين أن معارضة السكان المحليين العنيفة تعد إجراما.
 
من أين جاء هذا التفسير للتاريخ اليهودي ؟ هو نتاج بنائين موهوبين في إعادة بناء الماضي خولت لهم مخيلتهم الخصبة ابتكارسلسة نسب على أساس من قطع الذاكرة الدينية، يهودية ومسيحية . والتأريخ(التأريخ وليس التاريخ)الوفيرلليهودية يشتمل بالأكيد على جمع كبير من المقاربات غير أن الجدل الدائر بين أصحابها لم يشكك قط في المفاهيم الأساسية التي تبلورت في نهاية القرن التاسع عشر وبداية القرن العشرين وحين تبرز اكتشافات من شأنها أن تتناقض مع صورة الماضي الخطي فإنها لا تحظى بأي اهتمام لأن الواجب الواطني مثل فك محكم الإغلاق كان يعوق أي نوع من التناقض والانحراف تجاه الرواية السائدة . والهيئات الخاصة بإنتاج المعرفة فيما يتعلق بالماضي اليهودي (الأقسام المخصصة حصريا لـــ"تاريخ الشعب اليهودي" مفصولة عن أقسام التاريخ الذي يسمى في اسرائيل "التاريخ العام") ساهمت بقسط وافر في خلق هذا الشلل النصفي الغريب فحتى الحوار ذا الطابع القانوني حول "من هو يهودي؟" لم يشغل قط بالا لهؤلاء المؤرخين فهم يعتبرون أن كل من ينحدر من الشعب الذي أكره على حياة المنفى منذ ألفي عام يهوديا. هؤلاء الباحثون "المخول لهم" التنقيب في الماضي لم يشتركوا أيضا في الجدل الذي أثاره"المؤرخون الجدد" في نهاية 1980 لأن جل الفاعلين في هذا الحوار العام، وعددهم قليل، جاؤوا من فروع معرفية أخرى أو من آفاق غير جامعية: علماء اجتماع ومستشرقون وألسنيون وجغرافيون واختصاصيون في العلوم السياسية وباحثون في الأدب وعلماء أثار صاغوا أفكارا جديدة حول الماضي اليهودي والصهيوني وكانوا يضمون في صفوفهم أيضا حملة شهائد وافدين من الخارج ولكن لم يصدر عن أقسام "التاريخ اليهودي" سوى أصداء خائفة ومحافظة تغلفها أساليب بلاغية دفاعية ترتكز على الأفكار الموروثة.
 
اليهودية دين تبشيري
 
بإيجاز في ستين عاما لم ينضج التاريخ الوطني إلا قليلا والأرجح أنه لن يتطور في المدى القصير ورغم ذلك فإن الحقائق التي كشفت عنها البحوث تفرض على كل مؤرخ نزيه أسئلة قد تبدو مذهلة للوهلة الأولى ولكنها جوهرية. هل يمكن اعتماد الكتاب المقدس ككتاب تاريخ؟ المؤرخون الأوائل الجدد مثل إسحاق ماركوس جوست أو ليوبولد زونز خلال النصف الأول للقرن التاسع عشر لم يكن لهم تصور كهذا للكتاب المقدس فالــ"العهد القديم" في رأيهم كتاب لاهوتي مكون للطوائف الدينية اليهودية بعد تدمير المعبد الأول ولقد توجب انتظار النصف الثاني من نفس القرن لنجد مؤرخين ونخص في المقام الأول هنريش غرائيتز حاملين لرؤية "وطنية" للكتاب المقدس فقد حولوا رحيل ابراهيم لكنعان والخروج من مصر أو المملكة الموحدة لداوود وسليمان لقصص تؤرخ لماض وطني حقيقي ومنذ ذلك الوقت دأب المؤرخون الصهاينة على اجترار هذه "الحقائق التوراتية" التي أصبحت الغذاء اليومي في وجبات التعليم الوطني.
 
ولكن زلزالا حدث في سنوات الثمانين هز كل هذه الأساطير التي أسست للشعب اليهودي فاكتشافات "علم الآثار الجديد" تتعارض مع احتمال نزوح كبيرلليهود في القرن الثالث عشر قبل الميلاد وكذلك لم يكن بوسع موسى أن يخرج العبريين من مصر ويقودهم باتجاه "أرض الميعاد" لسبب وجيه ألا وهو أن هذه الأرض في تلك الحقبة من التاريخ كانت بيد المصريين ومن ناحية أخرى لا نجد أي أثر لثورة عبيد في امبراطورية الفراعنة ولا لغزو خاطف لبلد الكنعان تم بيد عنصر أجنبي ولا توجد أيضا دلالة أو شهادة ذاكرة على وجود مملكة مترفة لدوود وسليمان . واكتشافات العشرية الماضية تبرز وجود مملكتين صغيرتين في الماضي، إسرائيل وهي أكبر المملكتين ويهوذا المسماة لاحقا اليهودية ولم يتعرض سكان الأخيرة أيضا لنفي في القرن السادس قبل الميلاد ، وإنما اضطرت فقط نخبها السياسية والفكرية للإقامة ببابل وقد نجم عن هذا الإلتقاء الحاسم مع المعتقدات الفارسية مولد اليهودية التوحيدية . 

 
و ماذا بخصوص تهجير سنة 70 بعد الميلاد: هل تم فعلا؟ إنها لمفارقة عجيبة أن يمر هذا "الحدث المؤسس" في تاريخ اليهود والذي يستمد الشتات منه فخرهم دون أن يصدر بشأنه أي مرجع باحث وذلك لسبب بسيط جدا وهو أن الرومان لم يهجروا قط شعبا على كامل الجناح الشرقي للبحر الأبيض المتوسط باستثناء المساجين الذين اصبحوا عبيدا أما سكان يهوذا فقد واصلوا العيش على أراضيهم حتى بعد تدمير المعبد الثاني.
 
وقد اعتنق جزء منهم المسيحية في القرن الرابع في حين أن الأغلبية الساحقة انضمت للإسلام خلال الغزو العربي في القرن السابع وجل المفكرين الصهاينة لا يجهلون شيئا بخصوص هذه الحقائق من ذلك أن اسحق بن زفي ثاني رؤساء إسرائيل، شأنه شأن ديفيد بن غوريون مؤسس الدولة كانوا يكتبون ذلك حتى 1929 سنة الثورة الكبرى للفلسطينيين وقد أشار كلاهما في أكثر من مناسبة إلى أن فلاحي فلسطين هم ذرية سكان يهوذا القديمة.
 
وفي انعدام حقيقة التشرد انطلاقا من فلسطين الرومانية فمن أين أتى هؤلاء اليهود الذين يقطنون في حوض المتوسط منذ القدم ؟ثمة حقيقة تاريخية عجيبة تختفي وراء ستار التأريخ الوطني، فمن ثورة المكابيين في القرن الثاني قبل الميلاد إلى تمرد بار كوشبا في القرن الثانس ب.م كانت اليهودية أول ديانة تبشيرية وقد أجبر الحشمونائيم الأدوميين بجنوب يهودا والإيتوريين بالجليل على اعتناق اليهودية وألحقوا بتلك الصفة بـــ"شعب اسرائيل" وانطلاقا من هذه المملكة اليهودية الهيلينية انتشرت الديانة اليهودية في جميع أنحاء الشرق الأوسط والبحر الأبيض المتوسط وفي في القرن الأول الميلادي على أرض كردستان الحالية برزت مملكة يهود هزوانيون التي لن تكون آخر مملكة تتهود إذ ستليها ممالك أخرى لاحقا.

كتابات يوسيفوس فلافيوس ليست هي الدليل الوحيد للحماسة التبشيرية لليهود، فمن هوراس لسينيكا ثم جوفينال فتاسيس ترجم العديد من الكتاب اليونانيين مخاوفهم من هذه الحماسة . المشناة والتلمود يسمحان بممارسة التهويد حتى وإن عبر بعض حكماء السنة التلمودية عن تحفظاتهم بهذا الموضوع تحت الضغط المتنامي للمسيحية.
 
انتصار ديانة المسيح في بداية القرن الرابع لم يضع حدا لانتشار اليهودية ولكنه دفع بالتبشير اليهودي نحو هوامش العالم الثقافي المسيحي وفي القرن الخامس برزت في موقع اليمن الحالي مملكة يهودية صلبة سميت حمير وهي مملكة سيحافظ فيها نسلها على معتقدهم بعد انتصار الإسلام وحتى وقتنا هذا. أضف إلى ذلك ما ساقه لنا المؤرخون العرب بخصوص وجود قبائل بربرية تم تهويدها في القرن السابع . ولعل أكثر ما يبرز هنا في سياق الزحف العربي الذي بلغ شمال افريقيا في نهاية ذلك القرن الصورة الشهيرة للملكة اليهودية دحية الكاهنة التي حاولت صد ذلك الزحف كما تبرز مشاركة برابرة ممن اعتنقوا اليهودية في غزو شبه الجزيرة الايبيرية وقد وضعوا فيها أسس تعايش فريد بين اليهود والمسلمين خاص بالثقافة الإسبانية العربيةإلا أن أبرز تهويد شامل وذي معنى هو ذلك الذي حدث بين البحر الأسود وبحر قزوين ويهم مملكة الخزر الكبرى في القرن الثامن وقد أولد انتشار اليهودية من القوقاز إلى أوكرانيا عدة طوائف تم كبحها عدديا بفعل غزوات الماغول في القرن الثالث عشر وحصرت في اتجاه أروبا الشرقية. وهناك سترسي هذه الطوائف بمعية اليهود القادمين من المناطق السلافية الجنوبية والأراضي الألمانية الحالية أسس الثقافة اليديشية الكبرى.
 
وهذه الروايات بخصوص الأصول المتعددة لليهود موجودة ولو بصفة محتشمة في التأريخ الصهيوني إلى غاية 1960 وتم فيما بعد تهميش هذه الروايات بصفة تدريجية قبل أن تندثر من الذاكرة العامة في اسرائيل، ذلك لأن الفاتحين لمدينة داوود سنة 1967 كان يتوجب عليهم أن يكونوا من السلالة الخالصة لمملكة داوود الأسطورية وليس ، والعياذ بالله، من ورثة المحاربين البربر او فرسان الخزر وتبرز صورة اليهود عندئذ على أنهم "أتنوس" خاص نجخ بعد ألفي عام من النفي والتشرد في الرجوع لعاصمته أرشليم . إن خصوصيات هذا السرد الخطي والغير قابل للتجزئة لا تحشد فقط اهتمامات مدرس التاريخ بل أيضا تدعو اهتمام علم الحياة ومنذ سنة 1970 هناك في اسرائيل سلسلة من الأبحاث "العلمية" تحاول بكل الوسائل أن تثبت القرابة الجينية لليهود بالعالم أجمع فــ"البحث عن أصول السكان" أصبح يمثل مجالا ثابت الشرعية والشعبية في علم البيولوجيا الجزيئية في حين ان كروموسوم واي الذكر قد حصل على مكان الشرف إلى جانب كليو اليهودية في السعي المحموم لإثبات تفرد لمنشأ "الشعب المختار". هذا التصور التاريخي يمثل أساس سياسة الهوية لدولة إسرائيل وهنا مكمن الداء الذي تجرح فيه البردعة لأن هذا التصور يعطي لليهودية تعريفا جوهرياتــيا وإثــنـيـا يغذي التمييز الذي يفصل اليهود عن غير اليهود سواء كان الأخيرون عربا أو مهاجرين يهودا أو عمالا مهاجرين. وبعد ستين عاما من تأسيسها ترفض اسرائيل أن ينظر إليها كجمهورية قائمة لمواطنيها، فما يقرب من ربع هؤلاء المواطنين يعتبرون غير يهود وفي جوهر قوانينها هذه الدولة ليست لهم وفي المقابل تدعي اسرائيل دوما أنها دولة يهود العالم بأسره حتى وإن أصبحوا لاجئين غير مضطهدين وإنما مواطنين ذوي حقوق كاملة يعيشون في ظل المساواة في البلدان التي يقيمون بها. وبعبارة أخرى فإن نظاما عرقيا بدون حدود يبرر التمييز القاسي الذي تمارسه الدولة تجاه جزء من مواطنيها، متعللة في ذلك بأسطورة الأمة الخالدة التي أعادت تشكيل نفسها لتجتمع على "أرض أجدادها"وبالتالي فإن كتابة تاريخ يهودي جديد، من وراء المنشور الصهيوني ليس مهمة سهلة فالنور الذي ينكسر عند المنشور يتحول إلى ألوان إثــنــية ثابتة والحال أن اليهود قد كونوا دوما طوائف دينية مشكلة في الغالب من اعتناقات جرت في مختلف أنحاء العالم. وبالتالي فهذه الطوائف لا تمثل "أتنوسا" حاملا لنفس الأصل الموحد ويزعم أنه تنقل متشردا بتلك الصفة على امتداد عشرين قرنا. إن تطور أي تــأريخ و عملية الحداثة ، بصفة أعم، يمران لفترة ما بابتكار الأمة. وقد شغلت هذه الأخيرة ملايين البشر كما نعرف خلال القرن التاسع عشر وطوال جزء من القرن العشرين وقد شهدت نهاية القرن الماضي بالتحديد أحلاما بدأت تنهار والعلماء، بعدد يتزايد يوما بعد يوم، يحللون ويشرحون القصص الوطنية الكبيرة وبالخصوص منها أساطير الأصل المشترك التي يتمسك بها مؤرخو الماضي أو كتاب الوقائع وإن كوابيس الأمس الهويتية ستحل محلها أحلام هوية أخرى والتاريخ مثل أي شخصية مكونة من هويات "سائلة" ومتعددة له أيضا هويته المتحركة.
 
شلومو صاند
 
ترجمة أحمد عامري
2010. 10. 01
 
 
النص الفرنسي

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